MONDIALISER LA PROTECTION SOCIALE 70% de la population mondiale est encore privée d’une protection sociale complète, pourtant un droit humain universel depuis 1948. Dans son rapport mondial 2014/2015, l’Organisation Internationale du Travail (OIT) le rappelle. Français, nous comptons parmi les 30% les mieux protégés. Née de décisions historiques européennes, particulièrement en Allemagne, Grande-Bretagne et France, la protection sociale embrasse les mécanismes de prévoyance collective permettant aux individus de faire face à des diminutions de ressources : vieillesse, maladie, invalidité, chômage, charges de famille… Sans l’Assurance maladie obligatoire, composante majeure de la protection, nos systèmes de santé et l’industrie des soins n’auraient pas connu un tel développement. Or, si les dépenses sont mesurées et soulignées, les bénéfices humains, souvent la vie elle-même, sont sous-estimés. La froideur des comptes, la complexité des règles obèrent fréquemment l’ambition, la dynamique sociale et économique de telles constructions. Alors l’OIT rappelle le rôle de la protection dans tout développement durable et juste, le premier des investissements que les États puissent organiser et encourager. Brésil, Chine, Inde… En 1988, la Constitution brésilienne prévoit un accès gratuit et universel aux services publics de santé. De 2005 à 2010, la Chine affilie en assurance santé 16 millions de personnes chaque mois. Transcendant ses États, l’Inde progresse vers une couverture maladie de base. Jusqu’aux États-Unis où « l’Obama Care » de 2010 porte ses premiers effets positifs par l’extension de la couverture familiale jusqu’à 26 ans ou encore l’interdiction du refus d’assurer les personnes malades. Cette mondialisation-là nous passionne et nous mobilise. Si, dans la première phase de la crise de 2008, de par le monde, divers plans ont permis de protéger les plus vulnérables, depuis 2010, de nombreux gouvernements réduisent des couvertures santé et retraite. Toujours l’opposition de l’économique et du social. L’OIT invite à appréhender les politiques sociales non seulement comme un coût pour l’économie, mais comme un investissement. Un investissement à même de stimuler croissance soutenable et emploi, de mieux répondre aux besoins sociaux, santé, famille, retraite, dépendance mais aussi précarité, pauvreté, faible qualification ou encore ruptures et isolement. Assurances sociales et investissement social, deux logiques complémentaires à encourager et promouvoir. La mutuelle de l’Éducation s’engage. Alors qu’en 2050, l’Afrique abritera un quart de la population mondiale, une personne sur dix seulement y dispose d’une assurance santé. Dans ce contexte, 8 pays, ceux de l’Union Économique Monétaire Ouest Africaine (UEMOA)*, ont décidé d’une seule et même règlementation encourageant les mutuelles à devenir des vecteurs puissants d’un premier socle de protection santé pour tous. Les liens des mutuelles africaines avec la MGEN sont anciens. Autour de la Mutualité française, avec d’autres, la MGEN s’engage dans une action de coopération et d’expertise pour que le mouvement mutualiste africain prenne toute sa place dans les développements actuels de la protection sociale. Sur la voie d’une mondialisation porteuse de progrès humain. (*) Benin, Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Guinée-Bissau, Mali, Niger, Sénégal, Togo L’ Organisation Internationale du Travail rappelle le rôle de la protection dans tout développement durable et juste. Thierry Beaudet Président de la MGEN 3