PD Sept initiatives pour une Organisation internationale du travail

Service médias Travail.Suisse Edition du 26 août 2013
Conférence internationale du travail 2013
Sept initiatives pour une
Organisation internationale du travail (OIT) bientôt centenaire
Dans le cadre de la Conférence internationale du travail, le tout récent Directeur de
l’organisation, M. Guy Ryder, a invité à un examen prospectif de la place du travail « dans
nos vies et nos sociétés ». On retiendra aussi le fait que pour la première fois la Conférence
s’est penchée sur le thème des emplois verts qui gagne clairement en importance au vu des
défis environnementaux. Quant à la commission de l’application des normes, elle a pu heu-
reusement, après le blocage de l’an passé, examiner à nouveau les cas individuels de pays
ne respectant pas l’application des conventions internationales du travail. Enfin, parallèle-
ment à la Conférence, la Suisse a adopté, avec les partenaires sociaux, une stratégie natio-
nale pour l’engagement suisse à l’OIT.
Denis Torche, Responsable politique internationale, Travail.Suisse
Le chiffre sept portera-t-il bonheur à l’OIT et aux travailleurs et travailleuses ? Il faut l’espérer. En
tout cas le Directeur de l’OIT, M. Ryder se veut visionnaire en annonçant sept initiatives pour célé-
brer le centenaire de l’OIT en 2019. Les « Sept initiatives pour le centenaire » concernent la gou-
vernance, les normes, les entreprises, les emplois verts, la pauvreté, les femmes et l’avenir du
travail. Ces initiatives devraient renforcer le rôle de l’OIT pour redonner au travail plus de poids
dans le contexte de la globalisation de l’économie, source de plus grandes richesses mais aussi
d’inégalités accrues et de précarisation du travail.
Plusieurs résolutions ont été adoptées par la Conférence :
Une résolution qui invite l’OIT à agir pour promouvoir l’emploi et la protection sociale pour rele-
ver le défi démographique. Il est indispensable d’accroître les taux d’emploi pour satisfaire les
besoins en matière de protection sociale et de développement économique.
Des politiques destinées à améliorer la productivité peuvent compenser le tassement de la
main-d’œuvre dans les sociétés vieillissantes dans des domaines comme la formation tout au
long de la vie, l’amélioration des conditions de travail ou des pratiques antidiscriminatoires par
rapport à l’âge. Par exemple, les limites d’âge pour l’accès à l’apprentissage et à la formation
devraient être supprimées. Une revendication que Travail.Suisse demande aussi en Suisse.
Une résolution concernant la discussion sur le dialogue social, lequel constitue pour l’OIT, avec
le tripartisme, le modèle le plus favorable à la justice sociale, à des relations professionnelles
équitables et au travail décent. Un plan d’action est prévu pour favoriser le dialogue social.
Le dialogue social se fonde sur le respect de la liberté syndicale et la reconnaissance effective
du droit de négociation collective. Ces droits s’appliquent aux travailleurs et aux travailleuses
de tous les secteurs, au titre de toute forme de relation de travail, y compris à ceux du secteur
public, de l’économie informelle, de l’économie rurale, des zones franches d’exportation et des
micro, petites et moyennes entreprises, ainsi qu’aux travailleurs domestiques et migrants. Avec
la crise économique, on constate que dans un certain nombre de pays les réformes affectant
tant le secteur public que le secteur privé ont limité la portée du dialogue social, affaibli les mé-
canismes de la négociation collective et restreint l’autonomie des partenaires sociaux.
Une résolution concernant le développement durable, le travail décent et les emplois verts. Les
conclusions de cette résolution devraient être prises en compte lors de l’adoption de futurs
programmes de l’OIT. Ainsi, le développement durable n’est possible qu’avec la participation
active du monde du travail. Des gains nets dans l’emploi total sont possibles grâce à des in-
vestissements dans la production et la consommation écologiquement durables.
Mais il faudra aussi se soucier, dans le cadre d’une transition juste, de la reconversion et du
perfectionnement professionnel des employés qui perdront leur emploi en raison de pertes
d’emplois dans des branches ou secteurs qui polluent l’environnement.
La commission de l’application des normes a pu examiner 25 cas de pays posant des problèmes,
souvent très graves, en matière d’application des droits du travail. L’an passé, cela avait été rendu
impossible parce que le groupe des employeurs contestait en particulier l’interprétation faite de la
convention no 87 sur la liberté syndicale et le droit de grève qui en découle implicitement. Les
questions de fond ne sont toujours pas réglées mais il y a une volonté de les résoudre.
Outre les cas de violation des conventions internationale du travail, la Commission de l’application
des normes discute chaque année d’une étude d’ensemble sur un thème choisi. Cette année, il
s’agissait de la négociation collective dans la fonction publique qui est couverte par les conventions
no 151 sur les relations de travail dans la fonction publique, 1978, et no 154 sur la convention col-
lective, 1981. L’étude d’ensemble souligne les difficultés rencontrées par les travailleurs et travail-
leuses de la fonction publique en ce qui concerne le droit à la liberté syndicales et la négociation
collective. Au cours des dernières décennies, les conditions de travail ont subi des changements
substantiels réduisant la distinction dans de nombreux pays entre les employés de la fonction pu-
blique et ceux du secteur privé.
Une stratégie de la Suisse pour l’OIT
En marge de la Conférence internationale du travail, il faut saluer le fait que la Suisse est dési-
reuse d’être plus active à l’OIT. C’est la raison pour laquelle une stratégie
1
a été élaborée au sein
de la Commission fédérale tripartite pour les affaires de l’OIT dans laquelle Travail.Suisse est re-
présentée.
Cette stratégie est fondée sur trois axes prioritaires : l’engagement pour le renforcement de l’OIT,
l’application et la promotion de manière crédible des principes et normes de l’OIT en Suisse et la
1
Pour la justice sociale : l’engagement suisse à l’Organisation internationale du travail. SECO. 8p.
promotion du travail décent dans le monde. Dans un monde où l’internationalisation croissante de
l’économie relègue au second plan les objectifs sociaux, du travail et de l’environnement, tout ren-
forcement de l’OIT - qui est la seule organisation tripartite (gouvernements, employeurs, travail-
leurs) mondiale et qui s’occupe des questions du travail - est à saluer.
Travail.Suisse, Hopfenweg 21, 3001 Berne, tél. 031 370 21 11, info@travailsuisse.ch,
www.travailsuisse.ch
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