´
Equations diff´
erentielles ordinaires
Sylvie Benzoni
11 mai 2007
2
Chapitre I
Introduction
La forme la plus g´
en´
erale d’une ´
equation diff´
erentielle ordinaire (en abr´
eg´
e´
E.D.O.) est
F(t, u, u0, . . . , u(k))=0,
o`
uuest une fonction inconnue de la variable r´
eelle t`
a valeurs dans Rnou plus g´
en´
eralement
dans un espace de Banach X,u0,...,u(k)d´
esignent les d´
eriv´
ees successives de u, et Fest une
fonction donn´
ee, suppos´
ee «r´
eguli`
ere »(on pr´
ecisera comment par la suite) sur I×U×U1×
···Uko`
uIest un intervalle ouvert de R,U,U1, ..., Uksont des ouverts connexes de X. On ne
s’int´
eressera dans ce cours qu’`
a des ´
equations diff´
erentielles r´
esolues, pour lesquelles il existe
une fonction G, r´
eguli`
ere sur I×U×U1× ···Uk1telle que
F(t, u, u0, . . . , u(k))=0 u(k)=G(t, u, u0, . . . , u(k1)).
On observe de plus que
u(k)=G(t, u, u0, . . . , u(k1))U0=G(t, U),
U:=
u
u0
.
.
.
u(k1)
,G(t, U) :=
0I . . . 0
.......
.
.
I
0. . . 0
U+
0
0
.
.
.
G(t, u, u0, . . . , u(k1))
,
la fonction G´
etant ´
evidemment aussi r´
eguli`
ere que G. On supposera donc sans perte de g´
en´
eralit´
e
k= 1.
D´
esormais, on consid`
ere «une »1´
equation dite d’ordre 1, de la forme
du
dt=f(t, u)
o`
uuest une fonction inconnue de la variable r´
eelle t`
a valeurs dans un espace de Banach X, et
fest une fonction donn´
ee sur I×U, ouvert connexe non vide de R×X. Lorsque fne d´
epend
pas de t, l’´
equation diff´
erentielle est dite autonome.
Remarque I.1 On peut toujours se ramener, par une astuce, `
a une ´
equation autonome. En effet,
il suffit de consid´
erer l’´
equation ´
etendue
d
dsu
t=f(t, u)
1.
1Les guillemets sont l`
a pour souligner qu’en g´
en´
eral il s’agit en fait d’un syst`
eme d’´
equations!
3
4CHAPITRE I. INTRODUCTION
Cette approche, parfois utile, est malgr´
e tout artificielle. Il faut savoir ´
etudier directement
certaines propri´
et´
es des ´
equations dites `
a coefficients variables, o`
ufd´
epend vraiment de t. Ce
sera le cas au moins dans les deux premiers chapitres.
Exemples et contre-exemples. De nombreux mod`
eles physiques (en m´
ecanique, ´
electricit´
e,
chimie, ´
ecologie, etc.) s’expriment au moyen d’´
equations diff´
erentielles ordinaires en dimen-
sion finie. Citons simplement l’´
equation de la m´
ecanique des points mat´
eriels :
md2x
dt2=F(x),
qui s’´
ecrit de fac¸on ´
equivalente dans le plan de phase
dx
dt=v ,
dv
dt=1
mF(x).
Dans cette ´
equation, pos´
ee dans R2et autonome, F(x)repr´
esente la r´
esultante des forces ap-
pliqu´
ees au point x, suppos´
e de masse m. Des exemples d’´
equations diff´
erentielles en dimen-
sion infinie peuvent venir de la discr´
etisation d’´
equations aux d´
eriv´
ees partielles. Prenons par
exemple l’´
equation de la chaleur
tv=2
xxv .
Une fac¸on d’approcher les solutions de cette ´
equation est de chercher v(jx, t)'uj(t)(o`
u
xest un pas de discr´
etisation et jZ) avec
duj
dt=1
x2uj+1 2uj+uj1.
Ceci est une ´
equation diff´
erentielle ordinaire dans l’espace de suites `p(Z), qui est un espace
de Banach quel que soit p[1,...,+]. Attention, pour voir l’´
equation de la chaleur elle-
mˆ
eme comme une ´
equation diff´
erentielle ordinaire, il faudrait disposer d’un espace fonctionn-
nel qui soit un espace de Banach stable par 2
xx ! De fac¸on g´
en´
erale, la th´
eorie des ´
equations
diff´
erentielles ordinaires ne s’applique pas aux ´
equations aux d´
eriv´
ees partielles. (Toutefois, les
´
equations aux d´
eriv´
ees partielles d’´
evolution lin´
eaires pos´
ees dans tout l’espace se ram`
enent `
a
des ´
equations diff´
erentielles ordinaires grˆ
ace `
a la transformation de Fourier...)
«R´
esolution »des ´
equations diff´
erentielles. Dans le chapitre II, on va s’int´
eresser `
a l’exis-
tence, `
a l’unicit´
e, et `
a la d´
ependance des solutions par rapport aux «conditions initiales »
u(t0) = u0. On (re)verra des r´
esultats essentiellement th´
eoriques, car il y a tr`
es peu d’´
equations
diff´
erentielles dont on connaˆ
ıt explicitement les solutions, en dehors des ´
equations lin´
eaires `
a
coefficients constants (dont les solutions s’expriment `
a l’aide de l’exponentielle de matrice) et
des ´
equations scalaires d’ordre 1 autonomes (dont le calcul des solutions se ram`
ene `
a un calcul
de primitive). Le chapitre III sera consacr´
e aux propri´
et´
es sp´
ecifiques des ´
equations lin´
eaires, en
insistant sur le cas `
a coefficients variables. `
A partir du chapitre IV, on s’attaquera aux propri´
et´
es
qualitatives des ´
equations diff´
erentielles : sans pr´
etendre r´
esoudre ces ´
equations, on peut en effet
obtenir beaucoup d’informations sur le comportement de leurs solutions. (Cette id´
ee g´
en´
erale
remonte `
a Poincar´
e.) On ´
etudiera notamment l’existence et la stabilit´
e de solutions particuli`
eres,
comme les solutions stationnaires et les solutions p´
eriodiques (qui jouent un grand rˆ
ole dans les
applications).
5
Unoutilindispensable. La th´
eorie des ´
equations diff´
erentielles utilise abondamment le lemme
(ou l’in´
egalit´
e) de Gronwall. Ce chapitre introductif est l’occasion de le rappeler.
Parfois, on appelle (`
a tort) lemme de Gronwall le fait suivant : si une fonction u`
a valeurs
dans R, de classe C1, satisfait une in´
egalit´
e diff´
erentielle du type :
u0(t)b(t) + a(t)u(t),pour tout t[0, T ]
alors
u(t)eRt
0a(s) dsu(0) + Zt
0
b(τ)eRt
τa(s) dsdτ , pour tout t[0, T ].
En effet, l’in´
egalit´
e diff´
erentielle implique
d
dteRt
0a(s) dsu(t)eRt
0a(s) dsb(t),
et donc par int´
egration entre 0et ton obtient imm´
ediatement l’in´
egalit´
e annonc´
ee. Le lemme de
Gronwall est un peu plus subtil, puisqu’il suppose une in´
egalit´
e int´
egrale et non une in´
egalit´
e
diff´
erentielle (la seconde impliquant la premi`
ere mais pas l’inverse). Or les estimations a priori
que l’on obtient en g´
en´
eral sont plutˆ
ot du type int´
egral, d’o`
u l’int´
erˆ
et de ce lemme, dont la
preuve est n´
eanmoins ´
el´
ementaire.
Lemme I.1 (Gronwall) Si u∈ C([0, T ]; R+)est telle qu’il existe aet b∈ C([0, T ]; R+)avec
u(t)b(t) + Zt
0
a(τ)u(τ) dτ , pour tout t[0, T ],
alors
u(t)b(t) + Zt
0
b(τ)a(τ)eRt
τa(s) dsdτ , pour tout t[0, T ].
D´
em. La seule astuce consiste `
a majorer l’int´
egrale du second membre
v(t) = Zt
0
a(τ)u(τ) dτ
par la m´
ethode d´
ecrite pr´
ec´
edemment. Comme
v0(t) = a(t)u(t)a(t) ( b(t) + v(t) )
par hypoth`
ese2, on a donc
d
dteRt
0a(s) dsv(t)eRt
0a(s) dsa(t)b(t),
d’o`
u apr`
es int´
egration (notez que v(0) = 0 par d´
efinition) :
v(t)Zt
0
a(τ)b(τ)eRt
τa(s) dsdτ , pour tout t[0, T ].
En majorant de cette fac¸on v(t)dans l’in´
egalit´
e de d´
epart, on obtient le r´
esultat. 2
2Attention, ici intervient de fac¸on cruciale le fait que asoit positive !
1 / 73 100%
La catégorie de ce document est-elle correcte?
Merci pour votre participation!

Faire une suggestion

Avez-vous trouvé des erreurs dans linterface ou les textes ? Ou savez-vous comment améliorer linterface utilisateur de StudyLib ? Nhésitez pas à envoyer vos suggestions. Cest très important pour nous !