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Vol. 17 No. 4 2006
1. Les maladies rares
Selon le seuil retenu en Europe, une maladie
est dite rare lorsqu’elle affecte moins d’une
personne sur 2000. Le nombre de malades
varie considérablement d’une maladie à
l’autre. La plupart des maladies rares ne
touchent que quelques milliers, quelques
centaines, voire quelques dizaines de ma-
lades. Malgré la faible prévalence de chaque
maladie rare, il est estimé que ces maladies,
prises dans leur ensemble, affectent 6–8%
de la population, soit plus de 27 millions
d’Européens, l’équivalent de la population
cumulée des Pays Bas, de la Belgique et du
Luxembourg.
Au cours des dix dernières années, l’Europe
a fait preuve d’une véritable prise de consci-
ence sur les difficultés rencontrées par les
patients atteints de maladies rares avec en
particulier l’inégalité d’accès au diagnostic,
au traitement et à la prise en charge. La
définition de la «rareté» d’une maladie ne
doit donc pas masquer l’importance des
enjeux de santé publique que représentent
ces maladies1), 2). Un grand nombre de ces
pathologies sont aussi dites «orphelines»
parce que les populations concernées ne
bénéficient d’aucune réponse thérapeu-
tique. Par analogie, un médicament est dit
«orphelin» lorsque sa viabilité commerciale
n’est pas assurée en raison d’un marché
potentiel limité. C’est un médicament non
développé par l’industrie pharmaceutique
pour des raisons de rentabilité mais qui
répond à un besoin de santé publique.
On dénombre aujourd’hui près de 7000
maladies rares différentes et cinq nouvelles
pathologies sont décrites chaque semaine
dans la littérature. 80% des maladies rares
ont des origines génétiques identifiées, qui
impliquent un ou plusieurs gènes ou anoma-
lies chromosomiques. Elles concernent de
3 à 4% des naissances. Les autres origines
peuvent être infectieuse, auto-immune, té-
ratogènes, dégénérative ou proliférative
(cancers). On notera que tous les cancers
pédiatriques sont des maladies rares.
Les maladies rares sont le plus souvent gra-
ves et invalidantes, affectant les capacités
physiques, intellectuelles, comportemen-
tales ou sensorielles avec parfois mise en
jeu du pronostic vital. Dans plus de la moitié
des cas, les symptômes apparaissent à la
naissance ou pendant l’enfance comme par
exemple l’amyotrophie spinale, la maladie
de Crohn, la mucoviscidose, l’ostéogenèse
imparfaite, le syndrome de Rett, la chon-
drodysplasie et la plupart des maladies
métaboliques.
Il faut souligner par ailleurs que des mala-
dies relativement communes peuvent dissi-
muler des maladies rares. C’est le cas, par
exemple, de l’autisme (dans le syndrome de
Rett, la sclérose tubéreuse de Bourneville,
l’X fragile, la maladie de Sanfilippo…) ou
de l’épilepsie (syndrome de West, épilepsie
myoclonique sévère du nourrisson, maladie
de Unverricht-Lundborg…). Bien que des
symptômes de nombreuses maladies appa-
raissent dès l’enfance, le diagnostic de ma-
ladie rare peut prendre plusieurs années.
La souffrance des personnes atteintes de
maladies rares et celle de leur famille est
souvent aggravée par un isolement psycho-
social, le manque d’espoir thérapeutique et
l’absence de soutien pratique dans la vie
quotidienne. Cet impact sur les familles est
majeur et ce sont elles qui se sont mobili-
sées pour faire reconnaître l’importance de
ces maladies encore souvent ignorées.
La majorité des maladies rares sont égale-
ment insuffisamment connues des profes-
sionnels de santé. Cette méconnaissance
est non seulement à l’origine d’une errance
diagnostique, source de souffrance pour
les malades et leur famille et d’un retard
dans leur prise en charge, parfois préju-
diciable, mais elle contribue également à
l’augmentation des coûts de la santé.
Leur diagnostic précoce ainsi que leur
suivi nécessitent le recours à des équipes
pluridisciplinaires, associant à la fois une
expertise scientifique et une compétence
médicale, permettant de faire bénéficier
au plus vite les malades des progrès de la
recherche. Ces équipes spécialisées, en
nombre limité, doivent être reconnues et
clairement identifiées par les personnes
malades et les professionnels de santé.
Au vu de ce qui précède, force est de cons-
tater que les pédiatres sont au devant de la
scène en matière de dépistage des maladies
rares. En effet, en tant que médecins de
premier recours, leur approche globale de
la santé et le suivi du patient sur le long
terme rendent leur rôle déterminant dans
la reconnaissance des signes et symptômes
et dans l’orientation du patient vers les
spécialistes.
2. Présentation d’Orphanet
(www.orpha-net.ch et www.orpha.net)
Orphanet a été créé en France en 1997
conjointement par la Direction Générale de
la Santé et l’INSERM (Institut National de la
Santé et de la Recherche Médicale).
Orphanet est aujourd’hui considéré comme
le portail Européen au service de la com-
munauté des maladies rares; il offre en
libre accès une information et des services
spécifiques pour les maladies rares et les
médicaments orphelins. Ce portail peut être
consulté par les professionnels et tous les
autres types de public; il offre un choix de 6
langues: Français, Allemand, Anglais, Italien,
Espagnol et Portugais (Figure 1).
2.1 Objectifs
Les objectifs d’Orphanet sont de contribuer
à l’amélioration du diagnostic, de la prise
en charge et du traitement des patients
atteints de maladies rares, d’accélérer le dé-
veloppement de la recherche, de renforcer
l’implication de tous ceux concernés par les
maladies rares et d’améliorer l’utilisation
des ressources existantes.
2.2 Partenaires
Grâce à un financement de la Commission
européenne depuis 2000, Orphanet est
aujourd’hui mené par un consortium euro-
péen. Coordonné par l’équipe française, le
réseau est composé de 34 pays majori-
tairement en Europe, dont la Suisse. Les
équipes nationales participant au projet,
y compris la Suisse, sont en charge de la
collecte d’information sur les services spé-
cialisés en lien avec les maladies rares, dans
leurs pays respectifs.
2.3 Organisation
Orphanet propose, d’une part, une ency-
clopédie, produite par des experts inter-
nationaux, qui liste environ 3800 maladies
et couvre une information plus détaillée
sur plus de 1500 maladies rares. D’autre
Orphanet: Le portail européen au service
de la communauté des maladies rares
Loredana D’Amato Sizonenko, Genève, Coordinatrice Orphanet Suisse