ANSM - 08/01/2014
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In vitro leur affinité au récepteur CB1 est au moins aussi voire beaucoup plus importante que celle du ∆9-THC.
Au sein d’une même famille chimique, les affinités sont toutefois variables et difficilement prédictibles. L’effet
cannabinomimétique se retrouve chez l’animal. Les doses supérieures ou égales à 20 µg/kg conduisent à des
effets sur le comportement et amènent des réponses typiques des cannabinoïdes.
Toxicologie :
Un certain nombre d’effets non recherchés sont documentés : tachycardies/palpitations, troubles psychotiques,
anxiété, agitation. Trois cas d’infarctus du myocarde ont été rapportés chez des jeunes ayant consommé du
K2. Plus récemment, 16 cas d’insuffisance rénale aigüe après une prise de XLR-11 ont été documentés aux
USA. Une récente étude australienne montre que 68 % des usagers de cannabinoïdes de synthèse ont
rapporté au moins un effet non recherché au cours de leurs dernières utilisations. Les analyses toxicologiques
sont rarement documentées. Sur les cas rapportés en 2010-2011, le lien est souvent fait avec le JWH-018 ou
073, qui peuvent être identifiés par une technique analytique. Les données sont insuffisantes pour établir un
profil toxicologique différencié pour chaque substance, hormis le XLR-11 dont la néphrotoxicité est établie.
Pharmacocinétique :
La concentration urinaire des métabolites du JWH-018 est maximum après 3 à 16 heures en cas d’inhalation,
avec une persistance de 3 à 5 jours.
En termes de potentiel d’induction de dépendance, une étude de discrimination chez le singe montre une
généralisation du JWH-018 et 073 pour le ∆9-THC. Un cas de syndrome de sevrage a été publié chez un
homme de 20 ans suite à une consommation de « spice gold ».
Concernant l’épidémiologie de l’usage et de l’abus, plusieurs études nord-américaines ont été réalisées auprès
d’étudiants qui rapportent une utilisation des cannabinoïdes de synthèse de 8 à 14 %. Une étude menée au
Royaume-Uni auprès de 15 000 usagers rapporte une consommation de 17 %. Le CAP (Centre Anti poison) du
Texas a montré que 60 % des usagers de cannabinoïdes de synthèse versus 40 % des usagers de cannabis
avaient présenté un critère de gravité.
En termes de problèmes de santé publique, aucun cas n’a été rapporté en France dans le cadre de l’enquête
DRAMES. 6 cas ont été notifiés par le réseau CEIP-A en 2011-2012 portant sur 7 cannabinoïdes de synthèse
différents. Deux nouveaux cas ont été rapportés en octobre 2012 et mai 2013. Un décès a été rapporté en
Suède (association de méthoxétamine et de 4 cannabinoïdes de synthèse) et le CAP de Fribourg a rapporté
29 cas d’hospitalisation avec détection d’un cannabinoïde de synthèse.
Utilisation thérapeutique et industrielle :
A ce jour, aucun médicament contenant un cannabinoïde de synthèse n’est autorisé en France. La spécialité
Cesamet® (nabilone) commercialisée au Royaume-Uni, au Canada et en Espagne est utilisée dans le
traitement des nausées induites par la chimiothérapie du cancer et classée comme stupéfiant. Aucune
utilisation industrielle des cannabinoïdes de synthèse n’est connue.
Production, consommation et commerce international :
Les cannabinoïdes de synthèse peuvent se trouver sur de nombreux sites de vente en ligne, sous des
appellations différentes. Le nombre de sites identifiés en Europe est passé de 170 en 2010 à 693 en 2012. Le
nombre de consommateurs reste difficile à estimer. Au niveau européen, 65 substances étaient identifiées en
2012 contre 80 en mai 2013. Dans le cadre des saisies douanières en France, les cannabinoïdes de synthèse
sont les substances les plus fréquemment retrouvées, en faibles quantités. Les produits saisis contiennent
généralement 3 à 4 cannabinoïdes de synthèse différents et un même produit commandé à deux moments
différents peut avoir une composition très différente.
En ce qui concerne les actuels contrôles internationaux, on trouve soit des classements génériques comme
c’est le cas au Royaume Uni, au Danemark, en Suisse et en Espagne (à l’étude) avec des classements plus ou
moins étendus, soit des classements par substance, comme en Suède et en Allemagne.
En conclusion, dans chacune des 7 familles identifiées, on trouve au moins une substance ayant une affinité
importante pour CB1 et au moins une substance détournée. On retrouve deux substances identifiées comme
ayant une forte affinité pour CB1 et une toxicité rénale (HU-243 et XLR-11). Les données sont insuffisantes
pour d’autres cannabinoïdes de synthèse (adamantoylindoles présentant affinité pour les récepteurs CB2).
La question posée ce jour à la Commission des Stupéfiants et Psychotropes est la suivante :