2/ Je suis toujours assez perturbée par le statut particulier de l’interne : à la fois
étudiant, en plein apprentissage et théoriquement sous la responsabilité de plusieurs
personnes ; et d’un autre côté souvent livré à lui-même, gérant des patients seuls. Ce
double statut a un effet troublant : envie de se faire un peu confiance, et peur de faire
des erreurs. Par conséquent, une erreur de diagnostic ou de traitement peut générer
chez l’interne des réactions très différentes : soit un intense sentiment de culpabilité,
avec perte de confiance en soi et une perte d’autonomie ; soit un rejet de la
responsabilité sur la hiérarchie et une distanciation.
Dans tous les cas, la première étape est de reconnaître l’erreur et d’accepter sa part de
responsabilité. Pour le patient comme pour soi, c’est l’étape inévitable pour que
l’erreur médicale soit vécue de manière saine et pour pouvoir aller de l’avant.
« En tant que victime de l’erreur, le patient va juger intolérable une attitude médicale
retranchée derrière le rejet de responsabilité et l’absence d’empathie .A l’inverse,
quand le praticien reconnait son erreur, formule des excuses, cherche à trouver avec
le patient le moyen d’atténuer les conséquences de son erreur et met en place des
mesures pour éviter que cette erreur se reproduise, les conditions de l’acceptation par
le patient sont réunies.» Dr Latil
« Le professionnel de santé doit accepter d’écouter. Il s’efforce d’être empathique
tout en restant ferme. Il doit montrer au patient qu’il l’écoute, reconnaît son point de
vue, le respecte, le comprend et compatit de manière sensible et humaine. » Dr
Galam
Ensuite il faut se demander quels sont les éléments qui ont favorisé la survenue de
l’erreur et tenter de les corriger : fatigue, manque d’attention ou de concentration,
défaut de connaissance, défaut de communication, surcharge de travail...
Il faut prendre des mesures pour éviter que ce type d'erreur ne se répète: savoir passer
la main quand il le faut, mettre ses connaissances à jour par des FMC...
Mais il est également important d'avoir un point de vue extérieur, et pour cela il faut
avoir le courage de partager l'expérience des erreurs, en particulier entre pairs. Cela
permet par ailleurs de dédramatiser ses erreurs et de se rendre compte que personne
n'est à l'abri.
Pour cela, il existe des associations qui facilitent ces rencontres et ces moments
d'échange. C'est le cas du GROUPE REPERES. Crée en 1990 par des médecins
généralistes, « sa méthode se fonde sur l’analyse réflexive et une inter formation
insérées dans nos vécus et leurs contextes. Elle associe l’information pertinente et le
travail à partir des cas cliniques des médecins. »
Parmi ses séminaires phares, il y a « dédramatiser et travailler nos erreurs »:«C’est
pour dépasser cette solitude et réintroduire l’erreur médicale dans son contexte
collectif que le groupe REPERES a entamé ce travail. »