2 SYLVIE BENZONI
1. Topologie faible
D´esormais, Xest un R-espace de Banach, c’est-`a-dire un espace vectoriel norm´e complet
sur R. Il est muni de la topologie engendr´ee par les boules ouvertes, que l’on appellera
topologie forte. On va d´efinir la topologie faible comme ayant moins d’ouverts et on verra
qu’elle a plus de compacts que la topologie forte. On note X0le dual topologique de X,
c’est-`a-dire l’espace des formes lin´eaires continues sur X: c’est un espace de Banach pour
la norme 9·9d´efinie par
9f9= sup
x6=0
hf, xi
kxk,
o`u h·,·i d´esigne le crochet de dualit´e (c’est-`a-dire que hf, xid´esigne l’image de xpar la
forme lin´eaire f).
D´efinition 2. La topologie faible sur Xest la topologie la moins fine telle que toutes
applications f:X→Ravec f∈X0soient continues.
Ceci est une «vraie »d´efinition au sens o`u il est possible de construire la topologie
faible. En effet, celle-ci doit au minimum contenir tous les ensembles de la forme f−1(U)
o`u Uest un ouvert de Ret f∈X0. Si l’on consid`ere toutes les r´eunions quelconques
d’intersections finies de tels ensembles, on obtient une topologie, et c’est bien sˆur celle qui
a le moins d’ouverts parmi les topologies ayant les ensembles f−1(U) comme ouverts.
La topologie faible est moins fine que la topologie forte, c’est-`a-dire que tous les ouverts
faibles sont fortement ouverts, car c’est le cas des ouverts faibles de la forme f−1(U) o`u
Uest un ouvert de Ret f∈X0.
En dimension finie, la topologie faible co¨
ıncide avec la topologie forte. En effet, notons
(e1, . . . , en) une base de Xet (f1, . . . , fn) sa base duale. Si Uest un ouvert fort, si x0∈U
il existe r > 0 tel que la boule ouverte de centre x0et de rayon rsoit incluse dans U. Or
d’apr`es l’in´egalit´e triangulaire, cette boule contient l’ouvert faible
V(x0) := {x∈X;|hfi, x −x0i| < r/n , ∀i∈ {1, . . . , n}} .
Ainsi Uest la r´eunion des ouverts faibles V(x0) lorsque x0parcourt U, c’est donc un
ouvert faible.
En dimension infinie en revanche, la topologie faible est strictement moins fine que la
topologie forte : une boule ouverte n’est pas faiblement ouverte, voir [1, p. 37].
La topologie faible est s´epar´ee. Ceci est une cons´equence du th´eor`eme de Hahn-Banach
(forme g´eom´etrique, voir [1, p. 7]): si x16=x2il existe f∈X0et α∈Rtels que
hf, x1i< α < hf, x2i.
Par suite, les ouverts faibles O1:= {x∈X;hf, xi< α}et O2:= {x∈X;hf, xi> α}
s´eparent les points x1et x2.
Rappelons qu’on appelle voisinage d’un point xtout ensemble contenant un ouvert
contenant x, et qu’une base de voisinages est une famille de voisinages telle que tout
ouvert contenant xcontient au moins un de ces voisinages. Quel que soit x0∈X, une
base de voisinages faibles de x0est form´ee par les ouverts faibles de la forme
{x∈X;|hfi, x −x0i| < ε , ∀i∈I},
o`u ε > 0, Iest fini et fi∈X0.
On distingue la convergence d’une suite pour la topologie faible en la notant *(au lieu
de →pour la convergence forte). Grˆace aux bases de voisinages d´ecrites ci-dessus, on voit
que la convergence faible est caract´eris´ee par :
xn* x ⇔ ∀f∈X0,hf, xni→hf, xi.