classes d'âge, catégories socioprofessionnelles, niveau de vie, habitat, etc. Les outils sont très utiles
pour l'établissement d'un plan médias.
Un élément important de la stratégie publicitaire est la mesure de l'efficacité du message sur le
consommateur. Beaucoup de méthodes classiques sont employées, appelées notamment " post-test
". Il s'agit essentiellement de sondages effectués après une campagne pour évaluer son impact
auprès d'un groupe cible. On manque encore toutefois d'outils rigoureux et de normes communes qui
permettraient d'évaluer véritablement l'efficacité publicitaire.
On a coutume de décrire le travail de la publicité comme lié essentiellement à la définition d'une
certaine image d'un produit spécifique, ou d'une marque. Face à la multiplication de produits
semblables pour répondre à un même besoin, le discours publicitaire a pour rôle, en effet, de les
différencier.
Mais de plus en plus, à travers l'objet qui s'offre, le consommateur achète une certaine image de lui-
même, et vit, par imaginaire interposé, un certain style de vie qu'il désire. L'objet, selon la formule
d'Hennion et Meadel, " nous contient déjà parce que nous lui avons été incorporés dès sa production
par mille techniques ".
Un phénomène de société
Les rapports entre publicité et société sont complexes : les contenus du discours publicitaire peuvent
être analysés comme le reflet partiel de la société qui les sécrète, mais aussi comme source
d'influence possible sur les stéréotypes et les images qui circulent parmi les individus. Ses promoteurs
se posent alors, selon l'expression du chercheur américain Stewart Ewen, comme de véritables "
capitaines de conscience ". La publicité moderne a été l'objet constant de polémiques, et de prises de
position divergentes de la part de ceux qui la pratiquent, qui l'observent ou la critiquent.
Ses promoteurs utilisent plusieurs arguments pour défendre cette activité comme utile et nécessaire
au développement économique. La publicité est, selon eux, le meilleur outil pour écouler la
marchandise produite et, en contribuant à accroître la consommation et, par conséquent, la
production, elle permet une diminution des prix. Un autre avantage de la publicité mis en avant est
qu'elle fournit d'importantes ressources qui subventionnent les médias d'information (notamment, la
totalité du coût de la radio et de la télévision commerciales aux États-Unis). D'une manière générale,
elle favorise le dynamisme nécessaire à une économie compétitive, concourt àétendre les marchés,
ainsi qu'à créer des emplois. Cette " féerie de la communication " constitue, par exemple pour le
philosophe Gilles Lipovetsky, une composante " foncièrement démocratique " de nos sociétés. De
nombreux cadres législatifs fixent des limites à son influence. En France, par exemple, le législateur a
prévu, pour parer à tout excès éventuel, de punir toute publicité fausse ou mensongère : l'article 44 de
la loi Royer (10 janvier 1978) dispose qu'est interdite " toute publicité comportant, sous quelque forme
que ce soit, des allégations, indications ou présomptions fausses ou de nature à induire en erreur ".
À cette série de prises de position, les critiques répondent que la publicité favorise le gaspillage en
créant entre les entreprises une compétition artificielle fondée sur des questions secondaires ; ils
affirment également que le coût de la publicité représente une trop large part du prix des produits
qu'elle annonce. Sur un autre plan, on reproche à la publicité d'uniformiser les comportements sociaux
et de promouvoir un certain conformisme social. Les sociologues américains Paul Lazarsfeld et Robert
King Merton constatent que la nature même de la finalité publicitaire la pousse à demeurer
conservatrice et à s'opposer aux changements qui iraient à l'encontre du statu quo. La critique
féministe, pour sa part, accuse la publicité de discrimination sexiste. Elle représente en effet trop
souvent les femmes comme des objets d'apparat, utilisant pour cela l'image des top models ou, à
l'opposé, dans des rôles stéréotypés de ménagères. La publicité aurait ainsi perdu la fonction
d'information qu'elle prétendait avoir à l'origine, au profit d'une fonction d'incitation et de manipulation.
Certaines techniques actuelles de persuasion, parfois très subtiles, font que les individus ont l'illusion
d'agir spontanément alors qu'ils ne jouissent que d'une fausse liberté : " L'essence de la persuasion
clandestine, écrit le philosophe Jean-François Revel, c'est le fait que l'individu soit totalement
déterminé au moment même où il éprouve le sentiment d'affirmer au plus haut point sa personnalité. "
Le philosophe Jean Baudrillard, tout en renonçant à parler de la publicité en termes de
conditionnement, souligne toutefois que celle-ci nous prive de la possibilité de nous représenter le