Chapitre II : David Ricardo (1772 – 1823). « Les principes de l’économie politique et de l’impôt » Ricardo est un riche courtier en immobilier qui a monté son propre cabinet. Le style et le ton de son ouvrage sont très différents de celui de Smith. Ricardo est un homme de sciences, ce qui l’amène à expliquer et illustrer toutes ses conclusions. I. Thomas Malthus (1766 – 1835) Son ouvrage publié en 1798 s’intitule « essai sur le principe de population ». La croissance spontanée potentielle de la population (croissance géométrique) excède la croissance maximum de l’offre de la subsistance (croissance arithmétique). Malthus considère que la population double tous les 25 ans (2,8% / an). Sa théorie est une généralisation des observations du taux de croissance qu’il a mené dans les états d’Etats-Unis du nord, où les moyens ne manquent pas. Malthus voit par ailleurs une croissance arithmétique du taux de production car la surface de production est bornée, n’est pas extensible et les rendements de la terre sont décroissants. Par conséquent, quelle que soit la situation de départ et quelques soient les raisons des deux progressions, la population doit rattraper l’offre de subsistance. La question est de savoir quels sont les facteurs qui font que la croissance effective de la population s’adapte à la croissance des subsistances ? Selon lui, il existe deux freins à l’expansion démographique : - Un frein destructif : exercé par deux voies : la misère (sous-alimentation, disette, épidémies…) et le vice (débauche, irrégularités sexuelles…) qui est nuisible à la procréation. - Un frein préventif : il se manifeste par la vice et par la maîtrise morale de soimême. Pour Malthus, parler du principe de population signifie 3 choses ou conséquences : - Tout excédent de subsistance par rapport au niveau de la population sera progressivement comblé par l’accroissement de la population. De plus, aucun des freins destructifs ou préventifs ne joue tant que cet écart n’est pas comblé. - Tout déficit de subsistance se traduit par l’élimination de la population excédentaire et donc par le jeu des facteurs destructifs. - La coïncidence entre le taux de croissance de population et le taux de croissance des subsistances est assurée par une combinaison de malheurs, de vices ou de contraintes morales. Malthus a une conception très mécanique du comportement humain qui aura des implications économiques très radicales. Selon lui, secourir les pauvres ne fait que se reproduirent les pauvres, et cela entraînerait une généralisation des pauvres. Sur le plan théorique du principe de population, Ricardo va construire une théorie cohérente et logique du salaire. Ricardo croit au système de Malthus. Si la population croit au maximum compatible avec la subsistance, il en résulte que la rémunération du travail se fera à l’équilibre au minimum vital. Avec le principe de population, le salaire net devient le coût de production du facteur travail qui, à l’équilibre statique, peut être définit comme celui qui assure la reproduction à l’identique de la population. Mais ce minimum vital est-il biologique ou historique ? Les classes considèrent que ce minimum est marqué historiquement, ce qui autorise pendant les phases de croissance une croissance du salaire au dessus du taux naturel. Cependant, pour Malthus et Ricardo, ce minimum est biologique. En effet, comment concevoir que la pauvreté puisse éliminer l’excédent de population quand le salaire est inférieur au minimum si ce minimum n’est pas vital au sens biologique du terme. II. Le système Ricardien A. La théorie Ricardienne de la valeur Ricardo, tout comme Smith commence par rappeler les notions de valeur d’usage et de valeur d’échange et souligne que la valeur d’usage est une condition nécessaire à l’apparition de la valeur, mais en reprenant l’exemple de l’eau et du diamant, accepte la position de Smith suivant laquelle l’utilité ne peut pas fondre la valeur. Les sources de la valeur, selon Ricardo sont la rareté et la quantité de travail. La rareté est source de la valeur des biens dont l’offre est fixe : les biens non reproductibles. Dans le cas de ces biens, l’offre fixe la quantité et la demande fixe le prix. Prix Offre Demande Quantité « Les biens qui relèvent de cette analyse sont peu nombreux » et Ricardo s’intéresse aux biens reproductibles dont le principe général est énoncé de la façon suivante par lui-même : « La valeur d’une marchandise ou la quantité de toute autre marchandise contre laquelle elle s’échange dépend de la quantité relative de travail nécessaire pour la produire. » La valeur est envisagée par Ricardo en termes relatifs c'est-à-dire de l’échange et non en termes absolus. Quand le seul facteur de production dans la société est le travail, aucune différente ne se présente. Mais Ricardo va plus loin que Smith. Pour Smith la théorie de la valeur travail était valable pour décrire le fonctionnement d’une société pré-capitaliste. Mais pour Ricardo, la validité de la valeur travail est générale parce qu’il suppose que le travail lui-même est constituée par du travail passé emmagasiné. Par conséquent, la valeur d’une marchandise est gouvernée par la quantité de travail direct et indirect qui a été consacré à la production. Le problème est donc de pouvoir évaluer cette quantité de travail passé et emmagasiné et qui affecte la valeur totale d’une marchandise. Ricardo montre que la structure des capitaux est cruciale pour déterminer la valeur d’une marchandise. Exemple : On suppose 2 capitalistes. Le premier : il emploi seulement du capital circulant (le travail de l’ouvrier) et produit du blé. Il emploi 100 ouvriers qu’il va payer 50 chacun par an. Il emploi donc un capital de 5000 chaque année. Si le taux de profits est de 10%, à la fin de l’année, le blé produit sera à 5000 + 10*(5000/100) = 5500 L’année suivante, il réitère son opération, donc gagne autant qu’à l’année précédente, à savoir 5500. Le deuxième : il emploi du capital fixe et du capital circulant. La première année, il emploi 100 ouvriers, payés 50/an à construire une machine destinée à tisser des draps. Si le taux de profits est le même (10%), la machine vaudra 5500 lorsqu’elle sera construite, à la fin de l’année. La deuxième année, le capitaliste produit des draps avec le même nombre d’ouvriers payés la même somme et avec l’aide de la machine construite. Le taux de profit reste le même. Donc à la fin de l’année, les draps vaudront le prix du capital engagé l’année 2 (salaires) + les profits fait sur ce capital engagé + les profits faits sur le capital engagé pendant l’année 1, donc les profits déduits de la valeur de la machine. 5000 + 10*(5000/100) + 10*(5500/100) = 5000 + 500 + 550 = 6050 On peut voir ainsi que des capitaux peuvent consacrer la même quantité de travail à créer la même quantité de marchandise sans que celle-ci ait la même valeur et cela en raison des capitaux fixes et du travail accumulé dans chacun d’eux. L’accroissement d’une valeur d’une marchandise naît du temps plus ou moins considérable que nécessite sa production et son transport sur le marché. Ainsi c’est l’allongement du processus de production qui créé l’augmentation de la valeur. Le problème c’est que le temps n’agit que par le taux annuel de profit qui, lui, demeure inexpliqué. Le 2e problème, c’est que l’emploi de capitaux créé des problèmes d’évaluations difficiles à résoudre. En effet, les machines ne différent pas les unes des autres par leur durée respectives mais aussi par leur coût de fabrication (donc par les taux de salaires et de profits prévalant à l’époque de leur construction par des taux de profits et de salaires qui ont prévalu ensuite par leur usure et donc par la méthode d’amortissement que l‘on a adoptée pour tenir compte de l’usure et de l’obsolescence. Ce sont des problèmes complexes qui interdisent à une pure théorie de la valeur travail d’expliquer les prix relatifs à un moment quelconque du temps. Ricardo l’admet et il est obligé d’abandonner la thèse stricte de la valeur travail. Mais il sera amené à la conserver en considérant qu’elle est une bonne approximation de la réalité. Pour Smith, la théorie de la répartition n’est qu’une application de la théorie de la valeur (théorie des prix naturels), une théorie des coûts de production appliquée au service des facteurs production aussi bien qu’aux marchandises. Chez Smith, c’est donc l’évaluation des services des facteurs qui va déterminer la répartition du revenu naturel. Pour Ricardo, la théorie de la répartition ne s’identifie pas à la théorie de la valeur, elle a une véritable autonomie, et le cœur de la théorie de la répartition de Ricardo est sa théorie de la rente foncière. B. De la théorie de la rente foncière à une théorie générale de la répartition L’intérêt porté à l’analyse de la rente foncière est lié aux circonstances historiques et aussi pour des raisons qui tiennent à la conduite de l’analyse théorique. Les économistes européens (fin XVIIe et début XIXe) n’étaient qu’au début de la révolution industrielle, c’était donc l’agriculture qui constituait l’activité dominante. Par conséquent, la rente foncière, en constituant une charge pour le fermier et en constituant le revenu des propriétaires fonciers était au centre de la vie économique. Le sujet a fasciné les économistes de l’époque parce qu’ils se rattachaient à l’une des plus anciennes théories de l’analyse économique, à savoir la notion de surplus, et surtout parce que le traitement de cette question a obligé les économistes à accomplir des progrès importants dans leur méthodes d’analyse en les conduisant à pratiquer l’analyse à la marge. 1) La théorie de la rente Selon la célèbre définition de Ricardo, « la rente est cette portion du produit de la terre que l’on paie au propriétaire pour avoir le droit d’exploiter les facultés productives et impérissables du sol. » Il ne faut pas confondre la rente avec le profit du capital investi en terre que procure le propriétaire foncier. Ricardo constate que les terres sont de fertilité différentes et que la rente (différentielle) naît du différentiel de fertilité et de qualité entre les terres. Il est important de noter que la dernière terre mise en culture ne perçoit pas de rente. Celle-ci n’apparaît que pour les terres précédentes (meilleures par hypothèse) D’autre part, c’est la différence de qualité qui va promettre au propriétaire des terres de percevoir une rente. Ricardo fournit une explication de la rente différentielle et refuse l’existence d’une rente absolue (celle que percevrait la dernière terre mise en culture) Supposons que des terrains 1, 2, 3 rendent moyennant l’emploi d’un même capital, un produit net de 100, 90, 80 unités de blé. Dans un pays neuf où la quantité produite excède le nécessaire à la population, où par conséquent il suffit de cultiver le terrain 1, tout le produit net restera au cultivateur aussi bien que le profit du capital qu’il aura avancé. Aussitôt que l’augmentation de la population sera devenue telle qu’on soit obligé de cultiver le terrain 2 qui ne rend que 90 unités, les salaires des laboureurs déduits, la rente commencera pour le terrain 1. Que ce soit la population ou une autre personne qui cultive le 1, dans les 10 unités de blé supplémentaires produites par rapport au terrain 2 constitueront toujours la rente puisque le cultivateur du terrain2 obtiendrait le même résultat avec son capital soit qu’il cultivât le terrain 1 en payant 10 unités de blé de rente, soit qu’il continuât à cultiver le terrain 2 sans payer de rente. En T=3 la rente du terrain 3 = 0 De même il est clair que lorsqu’on aura commencé à défricher le terrain 3, la rente du terrain 2 devra être de 10 unités de blé ou de leur valeur tandis que la rente du terrain 1 devra atteindre 20 unités. Le cultivateur du terrain 3 récupère le même profit que celui qui cultive le terrain 2. 3 points essentiels : Les conditions de mise en culture sont les mêmes sur les 3 terrains, car sur chacun d’eux est la même surface exploitable et on emploi également le même capital. La valeur dont il est question ne comporte que les salaires. 100, 90, 80 sont des valeurs de produit net. La raison pour laquelle on est conduit à mettre en culture de nouvelles terres (moins riches) est l’augmentation de la population. Avec Ricardo et la théorie de la rente différentielle, apparaît le raisonnement à la marge. Sur la terre marginale (dernière terre mise en culture) le produit est tout juste suffisant pour rémunérer le capital et le travail. D’où la conclusion de Ricardo, la rente est toujours la différence entre les produits obtenus de 2 quantités égales de capital et de travail. En appliquant des quantités égales de facteurs de production à des terres de moins en moins fertiles le produit marginal, c'est-à-dire celui de la dernière terre mise en culture décroît. En raisonnant ainsi à la marge extensible de la culture, la rente naît de la fertilité décroissante et décroît avec cette fertilité. On peut aussi raisonner à la marge extensible de culture. Supposons que l’on applique des quantités successives de facteurs de production (capital et travail) à un sol homogène et d’une certaine superficie. Chaque unité de facteurs de production supplémentaires apporte un produit supplémentaire c'est-à-dire un produit marginal (positif) mais ce produit marginal décroît à mesure que l’on ajoute du capital et du travail. Cette décroissance du produit marginal provenant soit de la mise en culture d’une terre supplémentaire soit de l’application d’une unité de facteurs de production sur une terre donnée est connue sous le nom de la loi des rendements décroissants. La question est de savoir si la rente est un élément du produit ou si elle est une conséquence du prix de vente. Smith répondrait que la rente s’ajoute aux salaires et avec le profit pour déterminer le prix naturel du produit. Pour Ricardo, la rente est déterminée par le prix du produit. Exemple : K engagé (€) Rémunération salariale (€/h) Heures de travail (h) Profits réalisés (%) Production de blé (kg) Prix du blé (€/kg) Chiffre d’affaires Rente (€) Terre 1 20000 8 Terre 2 20000 8 1000 1000 10 10 10000 20000 (8x1000 + 10%x20000) = 1 1 10000 10000 20000 0 10000 La rente n’est pas une cause de la valeur du blé mais une conséquence de celle-ci. « Le grain n’a pas un prix élevé parce qu’on paye une rente, mais on paye une rente parce que le prix du grain est élevé. » Le fait que la rente soit une conséquence du prix est lié au facteur très particulier du système de production. En effet, alors que les autres facteurs de production c'est-à-dire capital et travail sont mobiles, la terre est un facteur immobile et n’a pas d’autre usage que la production agricole. Ou bien la terre est utilisée, ou bien le coût d’opportunité est le prix que l’on paie en exploitant pas cette ressource qui pourrait l’être. Si une terre n’est pas assez utilisée, c’est qu’elle n’est pas assez rentable pour rémunérer les autres facteurs de production, elle ne peut pas être utilisée pour autre chose. Ainsi le coût d’opportunité de la terre étant nul, il n’entre pas dans le coût de production. Définition du coût d’opportunité : c’est l’activité la plus importante pour soi dont on se prive lorsqu’on choisit de faire autre chose. Exemple : un terrain : il y a 2 possibilités : soit le cultiver, soit le transformer en une aire de jeu payante. Si le propriétaire décide de cultiver son terrain, le coût d’opportunité sera l’argent qu’il aurait pu gagner en l’exploitant en aire de jeu. Supposons, par ailleurs, une 3e possibilité : garder le terrain intact pour en faire un lieu de détente personnel. Si le propriétaire eu préféré cette solution à l’aire de jeu, le coût d’opportunité de la culture du terrain aurait été simplement le fait de pouvoir disposer de son terrain.) En conclusion de la théorie de la rente, on peut dire que c’est le prix du produit agricole, déterminé par la valeur de la production de la terre la moins productible qui fixe le niveau de la rente pour les autres terres plus productives. 2) La théorie de la répartition Ricardo met l’accent sur l’évolution des prix en longue période, ce qui l’amène à préférer le jeu de l’offre et de la demande en courte période. Ce qui intéresse Ricardo, ce sont les prix naturels, c'est-à-dire les prix de longues périodes qui correspondent à une théorie des coûts de production et des éléments constitutifs. Seuls le salaire et le profit sont des composantes du coût de production pour Ricardo. Cependant, la rente subsiste en tant que revenu de transfert, et c’est la théorie de la répartition qui nous informe de l’évolution de la rente dans le temps. La théorie des salaires de Ricardo oppose comme pour Smith prix naturels et prix courants. Ricardo définit le prix naturel de la façon suivante : « le prix naturel du travail est celui qui fournit aux ouvriers le moyen de subsister et de perpétuer leurs espèces sans accroissement ni diminution. » Il s’agit donc simplement du salaire de subsistance, qui doit être compris comme un ensemble de biens et non comme une somme d’argent. Ainsi en valeur, le salaire naturel croît si le prix des biens qui le composent augmente également et décroît dans le cas inverse. Le prix courant du salaire est simplement déterminé par l’offre de travailleurs. Quand la croissance est forte, l’accroissement du capital est soutenu, le fond des salaires augmente et le taux courant du salaire s’élève au dessus du prix naturel. Cependant dans le long terme, le taux de marché doit converger vers le taux naturel de salaire. Pour sa démonstration, Ricardo va utiliser le principe de population de Malthus. « Un salaire courant au dessus du taux naturel permet à l’ouvrier de maintenir une famille robuste et nombreuse. La population augmente donc et le salaire courant baisse à la suite de cette augmentation de l’offre de bras. » Cependant l’augmentation de la population exige une augmentation de la production agricole et donc nécessite la mise en culture de terres de moins en moins fertiles. On sait que les terres les moins fertiles à un moment donné ne rapportent aucune rente. Ce sont les terres plus fertiles qui du fait de la loi de la valeur offrent à leur population une rente. Celle-ci est d’autant plus élevée que le salaire est productif. Prenons la dernière terre, celle qui est la moins fertile ne procure aucune rente alors que la production, en revanche, qu’elle contribuera à réaliser va se vendre sur le marché. Comment va se répartir le fruit de la vente ? Une partie va aux travailleurs, et c’est le salaire qui se trouve au minimum vital, et le reste constituera le profit. Ramenée à la quantité de capital utilisé, le profit indique quelle est sur cette terre le taux de profit pour le capitaliste, c’est le taux de profit de la terre la moins productive. Mais c’est aussi du fait de l’égalité des taux de profits dans toute l’économie, le taux naturel de l’économie. Considérons une économie en progrès (terme utilisé par les classiques). La population augmente, une nouvelle terre moins fertile que toutes les autres est mise en culture, alors pour produire une même quantité de produits agricoles que le sol précédemment le moins riche, il faut encore plus de travail. La valeur et le prix des produits agricoles s’élève donc. En effet, la valeur se détermine sur le terrain le plus pauvre. Comme le prix des produits agricoles augmente, le salaire nominal des ouvriers va augmenter aussi afin qu’ils puissent conserver leur pouvoir d’achat qui se trouve au minimum vital. Une autre question importante est l’évolution des taux de profit en longue période. Ricardo montre que plus on met en culture de terres nouvelles, et donc plus difficiles à travailler, plus le taux de profits tend à baisser. Mais ce n’est pas comme chez Smith, l’abondance relative des capitaux qui est à l’origine de ce déclin, c’est le jeu normal de la loi de la valeur qui est en cause. Exemple : On met en culture une nouvelle terre moins fertile que les autres. Un ouvrier produit moins que sur la terre précédemment la plus pauvre. Pourtant, son salaire reste le même. Supposons que l’ouvrier a besoin de 50kg de blé. Il s’agit du salaire minimal vital en dessous duquel on ne peut pas descendre. Si au temps t=1 sur la terre la moins fertile, il produit 70kg de blé, le profit sera de 70 – 50 = 20 Si maintenant, au temps t=2, il produit sur une terre encore moins fertile 60kg de blé, le profit sera de 60 – 50 = 10. Le profit tombe à 10kg de blé car le taux de profit est le même dans tous les secteurs comme le capital est mobile entre les secteurs. Sur la nouvelle terre, la rente est nulle, et sur la terre précédemment la moins fertile, la rente est de 10kg de blé. A l’équivalence, les taux de profits sont identiques dans tous les secteurs de l’économie. Ainsi au total, sur tous les salaires, les taux de profits diminuent et la rente augmente. Le taux de profit baisse donc au fur et à mesure que s’accroît la population car l’augmentation de la population conduit à la mise en culture de terres de moins en moins fertiles. Viendra alors un temps selon Ricardo où le taux de profit sera devenu tellement bas que plus personne ne sera incité à épargner, à accumuler des capitaux pour produire. La population cessera de progresser, ce qui conduira à l’économie dans un état stationnaire. Il est important de noter que toute la constitution théorique de Ricardo repose sur une inégale fertilité des terres et sur le caractère décroissant de la productivité obtenue à partir d’une quantité donnée de facteurs de production. C’est une vision pessimiste de la croissance que nous propose Ricardo, vision d’autant plus pessimiste qu’elle est doublé de conflits entre classes sociales puisque les intérêts des propriétaires fonciers sont manifestement contraires à ceux des capitalistes et des ouvriers et à l’intérêt de la société en général. Ricardo sera ainsi un fervent adversaire des lois sur le blé en Angleterre. Ces lois limitent l’importation par des mesures de protection douanières. Ricardo prône au contraire le libre échange. Pour empêcher la baisse du taux de profit, il faut ouvrir les frontières et importer des produits agricoles en provenance de pays où la loi des rendements décroissants ne joue pas encore. Le libre échange est un moyen essentiel pour rebrousser l’état stationnaire.