Proposition de correction : sujet de spécialité sur Ricardo, Nouvelle Calédonie, session novembre 2008
1) David Ricardo (1772 – 1823) est un économiste de l’école Classique qui, dans son ouvrage « Des principes de
l’économie politique et de l’impôt » de 1817, développe une réflexion libérale. Parmi ses thèmes de prédilection,
il insiste particulièrement sur le nécessaire libre échange entre le nations. Ce dernier doit empêcher l’avènement
d’une « économie stationnaire ».
Pessimiste comme son ami Thomas Malthus, il reprend le raisonnement du « pape » du libéralisme, Adam Smith,
en termes d’avantage absolu, pour expliquer comment et pourquoi, les pays doivent se spécialiser et échanger
librement leur production.
Chaque pays doit, en effet, se spécialiser dans la production de biens pour lesquels il possède un avantage absolu
ou relatif par rapport aux autres pays. C’est à dire des biens qu’il est capable de produire avec moins de travail, ou
relativement moins de travail, que dans les autres pays (conformément à la théorie de la valeur travail des
classiques). Le pays ainsi spécialisé dans sa production exportera ses biens pour lesquels il est le meilleur ou le
moins mauvais et importera tout ce qu’il n’est pas capable de produire efficacement, donc à moindre coût.
Cette spécialisation productive par pays permet, non seulement de tisser des liens commerciaux entre les nations,
ce qui pacifie les relations internationales comme le disait Montesquieu avec sa thèse du « doux commerce »,
mais en plus elle entraîne souvent un enrichissement mutuel dans l’échange. Le commerce international est ainsi
un jeu à sommes positives et non une guerre d’argent conformément aux principes mercantilistes.
En effet, chaque pays en utilisant ses facteurs de production de la façon la plus efficace produit bien plus et
surtout moins cher, ce qui profite aux consommateurs et même aux producteurs pour leurs consommations
intermédiaires. Cette allocation optimale des ressources rares, au sein et entre les pays, va donc augmenter la
production mondiale permettre à chacun de consommer plus et mieux, grâce au développement d’un commerce
interbranche.
Autre avantage essentiel du libre échange aux yeux de Ricardo, c’est qu’il limite la baisse des profits industriels
qui doit mener à une « économie stationnaire » faute d’investissements. En effet, la libre importation de produits
nécessaires à la subsistance des ouvriers de l’industrie, comme les céréales notamment pour l’Angleterre, doit
permettre de réduire les salaires nominaux des prolétaires et augmenter d’autant les profits afin de développer le
capital productif, source de croissance économique.
Ainsi, on comprend mieux pourquoi Ricardo a milité pour l’abolition des « corn laws », ces fameuses lois qui
protégeaient les intérêts de l’aristocratie terrienne (Gentry) par d’importants droits de douanes. Ce combat
politique ne sera remporté que post mortem en 1846, lorsque Richard Cobden fera abolir ces lois par les
« communes » et engagera résolument la Grande Bretagne dans le libre échange et dans une spécialisation
manufacturière. En reprenant à leur compte une phrase célèbre d’un physiocrate : « laisser faire les hommes,
laisser passer les marchandises », les libéraux sont donc de fervents défenseurs du libre échange multilatéral, gage
de prospérité et de paix pour le monde.
2) Avec cette phrase, Ricardo illustre les conséquences de son raisonnement en termes d’avantage comparatif ou
relatif, en montrant que les pays doivent se spécialiser dans des productions pour lesquelles ils sont les plus
efficaces ou les moins mauvais. Conformément à son exemple célèbre du drap et du vin qui lui avait permis de
dépasser le raisonnement réducteur de Smith en termes d’avantage absolu, Ricardo montre bien l’existence d’un
commerce interbranche entre les pays. Ainsi, le Portugal et la France, richement dotés en terres viticoles et au
climat propice, se spécialisent dans la production de vin, les Etats-Unis et la Pologne aux immenses surfaces
agricoles dans le blé et l’Angleterre, en avance industriellement, dans des productions manufacturières. On
retrouve dans ces exemples l’idée qui sera développée par la suite par des économistes néo-classiques, de
l’importance des dotations factorielles afin d’expliquer l’origine des avantages comparatifs (Théorème « HOS »).
3) David Ricardo et son raisonnement en termes d’avantage comparatif font quasiment l’unanimité pour expliquer
la division internationale du travail (DIT), par contre certaines hypothèses de son modèle sont remises en question
par certaines évolutions du commerce mondial.
Ainsi, il partait du principe d’un total libre échange entre pays où les facteurs de production étaient parfaitement
mobiles sur le plan interne et immobiles au niveau international. Cela devait se traduire par le développement
d’un commerce mondial interbranche entre pays à structures productives nettement spécialisées. Ainsi, le
document 2 infirme clairement ces hypothèses de Ricardo. En effet, aujourd’hui la mondialisation a favorisé la
libre circulation internationale des facteurs de production (main d’œuvre, capitaux, technologies …), en
particulier via l’activité croissante des firmes transnationales.