LA SCLÉROSE EN PLAQUES ET SON TRAITEMENT PAR IMMUNOMODULATEURS
Un guide pour le patient, sa famille et l'équipe soignante
INTRODUCTION
Le traitement de la sclérose en plaques (SEP) de forme à poussées et rémissions a
beaucoup évolué ces dernières années. Dans les années 1990, il y a eu l’arrivée de
l’interféron-bêta et de l’acétate de glatiramère. Dans les années 2000, ces produits
ont commencé à être administrés à un stade plus précoce de la maladie, parfois dès
le premier épisode suggérant la SEP. Depuis décembre 2007, une nouvelle classe
de médicaments a été introduite en Belgique : le Tysabri®. Il s’agit d’anticorps ciblant
une protéine située à la surface des globules blancs. Bien qu’il s’avère très efficace
dans la prévention des poussées, ce traitement comporte des risques potentiels. En
février 2012 a été introduit le premier traitement oral contre la SEP, le Gilenya®.La
Novantrone® est quant à elle utilisée depuis longtemps, bien qu’à des doses limitées
en raison de ses possibles effets secondaires.
L’interféron-bêta et l’acétate de glatiramère restent les deux produits de première
ligne pour le traitement des formes à poussées et rémissions de la sclérose en
plaques. S’ils se montrent insuffisants et que des poussées subsistent, un traitement
au Tysabri®, au Gilenya® ou à la Novantrone® peut être envisagé.
La Ligue de la Sclérose en plaques édite cette brochure à l’intention des patients, de
leur famille et du personnel soignant afin de les informer de la nature et du mode
d'action de ces médicaments ainsi que de leur effet dans les différentes formes de la
SEP.
Votre neurologue est la personne la plus indiquée pour vous guider à travers le flux
d’informations publiées dans diverses brochures et sur l’internet. Ce spécialiste
pourra vous fournir des réponses plus détaillées aux questions qui vous concernent
personnellement et vous aider dans le choix du traitement qui vous convient le
mieux.
LES FORMES DE LA SEP
La SEP peut évoluer de diverses façons. Généralement, la maladie se déclare par
des crises de symptômes neurologiques, également appelées exacerbations ou
poussées, suivies par une rémission totale ou partielle. Entre les poussées, l’état du
patient reste stable ou stationnaire. Cette évolution porte le nom de forme à
poussées et rémissions. De nombreux patients atteints de cette forme de SEP
verront le nombre de crises se réduire, voire disparaître au fil des ans, mais
indépendamment de ces poussées, ils enregistreront une détérioration constante de
leur état. La maladie est alors entrée dans sa phase secondaire progressive. Dans
une petite minorité de cas, la maladie suit un déroulement progressif dès le
début,une forme qualifiée de primaire progressive.
Tous les traitements ayant prouvé une certaine efficacité jusqu’à aujourd’hui sont
positifs surtout dans le sens ils réduisent le nombre des poussées. Ils n’ont par
contre aucun effet sur la phase progressive de la maladie. Ce qui signifie dès lors
qu’à l’heure actuelle, il n’existe aucun traitement influençant le déroulement de la
SEP primaire progressive ni de la SEP secondaire progressive lorsque les crises ont
disparu.
TRAITEMENT DE PREMIÈRE LIGNE :L’INTERFÉRON-BÊTA et L’ACÉTATE DE
GLATIRAMÈRE
a. Que sont les interférons ?
Les interférons sont des substances chimiques présentes dans notre organisme. Ils
jouent un rôle essentiel dans la régulation et le fonctionnement du système
immunitaire,qui nous protège des infections, du cancer et autres maladies. Il y a trois
types d'interféron : alpha, bêta et gamma. Tous exercent une action de contrôle sur
la stimulation et l'inhibition du système immunitaire. Dans des circonstances
normales, ils assurent son bon équilibre.
Dans le cas de la sclérose en plaques, il y a une réaction de défense anormale qui
provoque des inflammations de la substance isolante (myéline) formant une gaine
autour des fibres nerveuses du cerveau et de la moelle épinière. De nombreux
chercheurs pensent que l’interféron-gamma contribue fortement au déclenchement
de cette réaction de défense anormale et à la destruction de la myéline qui en
résulte. A l’inverse, l’interféron-ta inhiberait l’action nocive de l’interféron-gamma
ainsi que la production d’autres substances favorisant l’inflammation.
L’interféron-bêta naturel peut être reproduit artificiellement et en grande quantité
dans des cellules vivantes, en dehors de l’organisme. Ainsi, le Betaferon® (Bayer) et
l’Extavia® (Novartis), l’interféron-bêta 1b, sont produits par des bactéries. L’Avonex®,
l’interféron-bêta 1a de la firme Biogen-Idec, et le Rebif®, l’interféron-bêta 1a de la
firme Merck-Serono, sont quant à eux produits par des cellules de mammifères.
b. Qu’est l’acétate glatiramère ?
L’acétate glatiramère, autrefois connu sous le nom de copolymère-1, est une
substance qui ne se retrouve pas dans l’organisme mais qui présente certaines
similitudes avec des composants de la myéline. Il s’agit d’un produit entièrement
synthétique composé de quatre acides aminés assemblés de façon arbitraire
(alanine, acide glutamique, lysine et tyrosine).
L’acétate glatiramère agit également sur le système immunitaire mais selon un autre
mode d’action que l’interféron-bêta, peut-être en inhibant la multiplication de
certaines cellules qui favorisent la destruction de la myéline.
L’acétate glatiramère de la firme Teva est commercialisé sous le nom de Copaxone®.
c. Qu’attendre d’un traitement par interféron-bêta ou par acétate glatiramère ?
Ces médicaments ne peuvent pas réparer les dégâts préalablement infligés au
système nerveux. En revanche, ils sont en mesure de ralentir les réactions
d’inflammation du système nerveux ainsi que les symptômes qui vont de pair. Des
études ont démontré que des personnes atteintes de SEP avec poussées qui ont été
traitées à l’interféron-bêta ou à l’acétate glatiramère voyaient le nombre de ces
poussées réduit de 30 % par rapport aux patients n’ayant pas reçu le principe actif.
Aucun effet bénéfique n’a été constaté chez les patients qui ne faisaient plus de
poussées ou n’en avaient jamais eu.
d. Comment stocker et administrer le Betaferon®, l’Extavia®, l’Avonex®, le Rebif® et
la Copaxone® ?
Le stockage des médicaments peut varier en fonction de la substance
utilisée :certains doivent être conservés au frigérateur, d'autres peuvent être
conservés à température ambiante.
e. Quels patients peuvent bénéficier d’un traitement par interféron-bêta ou par
acétate glatiramère remboursé par les mutualités ?
Un traitement à l’interféron-bêta ou à l’acétate glatiramère n’a qu’un effet partiel et
coûte plus de 10.000 euros par an. L’INAMI a dès lors soumis son remboursement à
de strictes conditions. Il est réservé aux patients dont la maladie présente de nets
signes d’activité sous la forme de poussées. Tous les produits n’ont pas été étudiés
ou ne démontrent pas d’effet dans toutes les situations, leur indication peut donc
varier. Chaque année, le neurologue doit transmettre au médecin-conseil de la
mutualité du patient un rapport confirmant que ce patient répond bel et bien aux
critères de remboursement.
e1. SEP à poussées-rémissions
Dans le cas d’une SEP à poussées-rémissions, un traitement à l’interféron-bêta ou à
l’acétate glatiramère réduit la fréquence des poussées de 30 %.Le Betaferon®,
l’Extavia®, l’Avonex®, le Rebif® et la Copaxone® peuvent être prescrits lorsque les
conditions ci-après sont remplies :
la sclérose en plaques est de type à poussées et rémissions, cliniquement
prouvée et démontrée par la positivi d'au moins deux des tests
suivants :examen du liquide céphalo-rachidien (prélevé par ponction
lombaire), potentiels évoqués, IRM.
le patient peut marcher plus de 100 m sans aide (ce qui correspond à un
score EDSS inférieur ou égal à 5,5).
le patient a présenté au moins deux exacerbations au cours des deux
dernières années (avec récupération complète ou incomplète), c’est-à-dire la
survenue de nouveaux symptômes ou l’aggravation de symptômes existants,
ayant duré au moins 24 heures, sans fièvre, suivie d’une période stable d’au
moins 30 jours et ayant nécessité un traitement par glucocorticostéroïdes.
Le doute plane quant à la durée du traitement par interféron-bêta mais elle est
généralement très longue.
En cas de poussée intervenant chez une personne traitée à l’interféron-bêta ou à
l’acétate glatiramère, il ne faut pas interrompre le traitement pour administrer des
corticoïdes.
e2. Première poussée et hausse du risque de développer une SEP
Des études cliniques ont montré qu’un traitement à l’interféron-bêta, entamé après
un premier épisode de symptômes neurologiques passagers suggérant une première
poussée de SEP, est susceptible de retarder une deuxième poussée.
Les patients considérés à haut risque de développer une SEP formelle sur la base
des anomalies IRM classiques (9 lésions et une lésion prenant le produit de
contraste) et autres caractéristiques peuvent se voir prescrire et rembourser de
l’Avonex®, du Betaferon®, de l’Extavia® ou de la Copaxone®, moyennant le respect
de certaines conditions.
e3. SEP secondaire progressive
Les résultats des études cliniques consacrées à l’action de l’interféron bêta sur le
déroulement de la SEP secondaire progressive sont moins probants. Dans une
première étude sur le Betaferon® menée en Europe, un faible effet retardateur de la
progression de la maladie a été observé, mais cette action positive n’a pas été
relevée dans une étude américaine sur le même produit. Une étude sur le Rebif® n’a
révéléaucun ralentissement de la détérioration de l’état de l’ensemble de la
population, mais en a enregistré un au sein du petit groupe de patients présentant un
nombre relativement élevé de poussées. Enfin, une étude sur l’Avonex® a observé
un effet positif sur le fonctionnement de la main et du bras mais pas sur la marche.
À l’heure actuelle, les patients belges peuvent demander le remboursement du
Betaferon®, de l’Extavia® et du Rebif® dans les conditions suivantes :
le diagnostic de SEP secondaire progressive est prouvé cliniquement et
s’appuie sur au moins deux des trois tests suivants: examen du liquide
céphalo-rachidien, potentiels évoqués et IRM.
le patient peut marcher au moins 20 m avec appui bilatéral, sans se reposer
(ce qui correspond à un score EDSS inférieur ou égal à 6,5).
le patient a présenté au moins deux poussées au cours des deux dernières
années.
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