76 | La Lettre du Pharmacologue • Vol. 26 - n° 3 - juillet-août-septembre 2012
ÉDITORIAL
Sclérose en plaques :
vers une nouvelle ère thérapeutique
Multiple sclerosis: towards a new therapeutic era
“
David-Axel
Laplaud
Inserm UMR1064, Nantes ;
service de neurologie,
CHU de Nantes
La sclérose en plaques (SEP) est une maladie que d’aucuns décriraient comme
terrible. En effet, elle touche le plus souvent dejeunes adultes qui débutent
dans leur vie professionnelle etdans leur vie affective. Le diagnostic vient
alors les faucher et remettre en cause leurs choix de vie. L’impact de cette maladie
surleur qualité de vie est majeur, comme cela a été montré par de nombreuses études.
Onpeut donc comprendre que même si le nombre de cas est relativement faible (avec
une prévalence de l’ordre de 1/1 000 en France, la SEP est considérée comme “la plus
fréquente des maladies rares”), il s’agit d’unproblème de santé publique.
Au cours de ces dernières années, des progrès importants ont permis de mieux
comprendre la physiopathologie de la maladie même si, finalement, laoulescauses
de la SEP sont encore obscures. Ainsi,les progrès technologiques appliqués à la
génétique ont montré, par l’étude de populations larges, l’existence d’unecinquantaine
de gènes associés au risque de développer uneSEP. Cesgènes appartiennent tous
à des fonctions du système immunitaire et sont la preuve d’unedérégulation
du système immunitaire présidant au déclenchement delamaladie. Les études
anatomopathologiques, les études menées sur le système immunitaire, et en
particulier celles portant sur des sous-populations cellulaires, ainsi que lesmodèles
animaux ont permis de décrypter les mécanismes physiopathologiques conduisant
àla formation lésionnelle au sein du système nerveux central. Cesconnaissances ont
permis, au cours de ces dernières années, le développement de nombreux traitements
qui améliorent la prise en charge des malades.
Il faut se rappeler qu’il y a 15ans seulement, un seul traitement avait
uneautorisation de mise sur le marché (AMM) dans cette indication,
l’interféronβ-1b. Depuis, 3autres interférons sont venus compléter l’éventail
thérapeutique, ainsi qu’unautre immunomodulateur, l’acétate de glatiramère,
dont l’efficacité est comparable. La mitoxantrone, un agent antinéoplasique,
aensuite montré sonefficacité dans les formes agressives. Plus récemment,
unimmunosuppresseur, le natalizumab dont le mécanisme supposé est d’empêcher
la transmigration cellulaire à travers la barrière hématoencéphalique, a fait la preuve
de son efficacité. Destravaux récents ont même montré que sous ce traitement,
plus de 30 % despatients n’avaient aucune évolution de leur maladie, aussi bien
sur des critères cliniques que radiologiques. On parle enfin, et pour la première
fois, de “rémission” de la maladie, ce qui constitue en soi une véritable révolution
thérapeutique. Malheureusement, les risques liés à l’utilisation de cette molécule
rendent nécessaire une évaluation rigoureuse de la balance bénéfice/risque avant
del’utiliser, etsonlibellé d’AMM le restreint d’ailleurs aux formes d’emblée
agressives ou àcellesqui résistent auxinterférons.