PHYSIOPATHOLOGIE DE L’INFECTION A VIH
Les cellules cibles du VIH :
Schématiquement deux catégories de cellules exprimant la molécule CD4 sont infectées par le VIH.
Les lymphocytes CD4+, dits lymphocytes T helper. Ils ont pour fonction de coordonner
l’ensemble des réactions immunes humorales et cellulaires. Ils sont impliqués dans un cycle
hautement réplicatif du virus.
Les cellules présentatrices d’antigènes : tels les monocytes et macrophages, les cellules de
Langhérans, les cellules folliculaires dendritiques ganglionnaires, les cellules microgliales du
système nerveux central. Elles sont impliquées dans un cycle peu réplicatifs et participent à la
diffusion et la dissémination du virus dans l’organisme, elles constituent, entre autres, un pool
réservoir du VIH.
Ces diverses cellules sont présente au sein de tout le système lymphoïde (ganglions, thymus,
intestin...) au niveau de la peau, des muqueuses génitales, du placenta, du cerveau... Leur circulation
est assurée par les voies lymphatiques et sanguines.
Dynamique de la réplication virale :
L’infection par le VIH est chronique et persistante. Grâce aux possibilités de quantification de la
réplication du virus (charge virale), il a été observé qu’après une période d’intense production virale
(primo-infection), il persistait ensuite une réplication continue du VIH, dont l’intensité était inversement
proportionnelle aux capacités de réaction immunitaire de l’hôte (en quantité et en qualité).
Plusieurs millions de particules virales sont produites et détruites chaque jour, l’intensité de cette
réplication virale (charge virale) reflète le nombre de lymphocytes CD4 infectés. En phase chronique
de la maladie, il s’établi un « état d’équilibre », variable suivant les individus, entre la production virale,
la destruction de cellules infectées et le renouvellement de la population lymphocytaire CD4.
Dans le secteur sanguin, on a estimé le taux de lymphocytes infectés à 1 / 1000 en phase
asymptomatique précoce et 1 / 100 en phase symptomatique plus tardive; mais les mesures
sanguines n’explorent que 2 % de la population lymphocytaire totale. C’est dans les organes
lymphoïdes, où l’intensité de la réplication virale est 10 à 20 fois supérieure, que se passent l’essentiel
des phénomènes physiopathologiques liés à l’infection à VIH.
Selon le type de cellules infectées, on distingue (figure 4) :
un cycle de réplication rapide où de nouveaux lymphocytes CD4+ naïfs activés sont infectés
en permanence, leur demi-vie est appréciée à un jour.
un cycle de réplication lente, où le virus infecte des cellules présentatrices d’antigènes à
demi-vie plus longue, de 6 à 25 jours pour les macrophages.
un véritable pool cellulaire réservoir du VIH est représenté par les lymphocytes CD4+
mémoire, hébergeant le virus sous sa forme d’ ADN proviral. Leur demi vie est estimée à
plus de 120 jours pour une population d’un million de cellules ; 40 à 60 ans de blocage
complet de la réplication virale seraient nécessaires à l’élimination de cette population
cellulaire potentiellement infectieuse.
Ce dernier secteur cellulaire est d’importance capitale quant aux possibilités d’éradication du VIH. Les
antirétroviraux actuels n’agissent que sur un virus en réplication. Le système immunitaire ne peut
reconnaître une cellule non activée, n’exprimant pas les antigènes viraux à sa surface. Ces cellules
mémoire hébergent un virus qui est réduit à sa simple expression génomique mais qui conserve
pleinement, à très long terme, son potentiel infectieux.