contrebande, grand banditisme mafieux, etc.) et par des soupçons constants que l’individu
en cause pourrait être un vecteur de violence ethnique, de criminalité internationale, voire
de terrorisme. (Crépeau, 2003a, 2003b; Crépeau-Jimenez, 2004). Cette transformation de
la perception et du discours autour de l’image de migrants, de plus en plus souvent
qualifiés de non désirés, est complexe. Elle affecte l’ensemble des champs de l’agir
social : le politique, les médias, l’activité policière, les métiers du droit, les acteurs de la
santé, etc. Le migrant vulnérable, devenu cible sécuritaire, voit ses droits et libertés
restreints sans qu'il puisse toujours réagir juridiquement (les voies de droit se
rétrécissent), politiquement (il est indésirable) ou socialement (sa discrétion est gage de
survie). Les politiques de sécurité sont certes nécessaires et elles doivent être adoptées
dans des circonstances bien particulières. Pour les États, la lutte contre la migration
irrégulière, devenue problème sécuritaire majeur au plan médiatico-politique, pose de
nombreux problèmes de compatibilité avec la protection des droits et libertés due à toute
personne, en vertu tant du droit international des droits humains auquel ils se sont
commis, que des normes de droit interne (constitutionnelles et législatives) qui les lient.
Les politiques de sécurité peuvent, par exemple, autoriser des discriminations étendues et
prolongées selon l’origine ethnique et le phénotype. Ces discriminations peuvent aussi
s’étendre à des migrants naturalisés, précarisant ainsi le statut de personnes détenant le
statut juridique de citoyens et dont le seul crime est d’avoir vu le jour à l’étranger. Un
autre crime est l’appartenance religieuse présumée : ainsi, les pays d’origine des
ressortissants étrangers visés par la « Special Registration » du Department of Homeland
Security américain s’élèvent à 25 : « Special Registration, put in place after September
11, 2002, to keep track of those entering and leaving our country in order to safeguard
U.S. citizens and America’s borders […] was the first step taken by the Department of
Justice and then by the Department of Homeland Security in order to comply with the
development of the Congressionally-mandated requirement for a comprehensive entry-
exit program.” (Department of Homeland Security, 2006). Selon la C.I.A. (2006), la
population de 24 de ces 25 pays compte de 60 à 100% de musulmans. Le traitement du
migrant vulnérable constitue le cas limite qui teste la solidité des fondements
démocratiques de l'État de droit. Les droits et libertés proclamés comme fondamentaux et
inhérents à toute personne humaine doivent être mis en oeuvre en faveur de tous, quels