Réponse à la motion Büttiker
La CSI sur la sellette
La motion Büttiker pour rétablir le «caractère officieux» de la CSI a trouvé l’aval du Conseil des
Etats. L’usam salue cette prise de position. La CSI devrait désormais restreindre son champ
d’action et se limiter à émettre des recommandations.
Le Nouveau certificat de salaire (NCS) a servi de révélateur de l’influence de la Conférence suisse
des impôts (CSI). Créée en 1919, cette association regroupant les chefs de services des administra-
tions fiscales cantonales et fédérale a exercé une véritable mainmise sur l’élaboration du nouveau
formulaire en s’arrogeant non seulement des compétences de nature technique mais également des
prérogatives politiques, telle notamment la fixation de l’entrée en vigueur du NCS.
Rebelote avec l’adoption de la circulaire N°28 sur l'estimation des titres non cotés en vue de l'impôt
sur la fortune. La CSI a révisé cette circulaire en catimini sans avoir au préalable consulté la Confé-
rence des directrices et directeurs cantonaux des finances (CDF), l’organe politique censé superviser
ses activités, ni les milieux économiques concernés, qui ont été mis devant le fait accompli.
Réduire son activité à sa fonction originelle
Est-il légitime qu’une poignée de fonctionnaires prenne des décisions aussi lourdes de conséquences
pour l’ensemble de l’économie? Assurément pas. Face à cet abus de démocratie, où le fonctionnaire
se substitue au politique, il y a lieu de limiter la sphère d'activité de la CSI en la réduisant à sa fonction
originelle, à savoir une plate-forme facilitant l’échange d’information entre administrations fiscales et
favorisant la préparation de circulaires destinées à la CDF. Autre garde-fou: les milieux concernés –
en particulier les associations économiques – doivent être associés à l’élaboration des publications
de la CSI.
C’est précisément ce que réclamait la motion «Conférence suisse des impôts. Rétablir son caractère
officieux», déposée en juin dernier au Conseil national par Sylvia Flückiger et au Conseil des Etats par
Rolf Büttiker. Constatant que «ces derniers temps la CSI s’est immiscée de façon inopportune dans
les domaines politiques délicats en tentant de légiférer, alors qu’elle n’a aucun mandat ni aucune
légitimité à cet effet», les deux membres du Comité directeur de l’Union suisse des arts et métiers
usam demandait au Conseil fédéral de mettre fin à cette pratique qui contrevient aux principes fonda-
mentaux de notre démocratie. A relever qu’une intervention similaire a été déposée dans plusieurs
Parlements cantonaux par des représentants des arts et métiers.
La CSI n’a aucun pouvoir législatif
Dans sa récente réponse à la motion Büttiker, le Conseil fédéral abonde dans le sens du sénateur. Il
précise tout d’abord que «les constatations, les circulaires, les directives et autres recommandations
de la CSI n'ont pas de caractère obligatoire pour les cantons. Il incombe à chacun d'eux de mettre en
oeuvre les régimes fiscaux cantonal et fédéral conformément au droit». Dit autrement, la CSI a un
caractère officieux et n'a aucun pouvoir législatif. Elle émet des recommandations qui doivent être
approuvées avant d’etre mises en œuvre par les autorités cantonales compétentes.
Le Conseil fédéral reconnaît par ailleurs que «la communication peut être améliorée dans le cadre de
l'élaboration des recommandations de la CSI» et que «Les organisations économiques intéressées
devraient notamment être associées à ce processus plus tôt». Tout en précisant qu’il n'a pas de
compétence lui permettant de donner suite de manière formelle aux mesures préconisées par la
motion, l’exécutif fédéral va malgré tout examiner les moyens qui peuvent être mis en oeuvre pour
améliorer la communication. Lors de la session d’automne, le Conseil des Etats a adopté à l’unanimité
ladite motion.