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Conférence de presse du 9 septembre 2008 (Seul le texte prononcé fait foi)
L’abaissement de l’âge de la retraite prive l’économie de 150'000
actifs, favorise les abus et le travail au noir
Edi Engelberger, conseiller national, président de l’Union suisse des arts et métiers
L’Union syndicale suisse (USS) prétend vouloir flexibiliser l’âge de la retraite. Si l’on ne se
contente pas de lire le titre mais que l’on examine le texte de l’initiative, on s’aperçoit
rapidement qu’elle vise en réalité un tout autre but. L’initiative ne demande rien d’autre en
effet qu’un abaissement généralisé de l’âge de la retraite à 62 ans. Toute personne
disposant d’un revenu inférieur à 120 000 francs (montant actuel exact : 119 340 francs)
aurait à partir de 62 ans et jusqu’à la fin de sa vie droit à une rente de vieillesse complète.
L’âge actuel de la retraite ne jouerait plus grand rôle puisque les personnes disposant d’un
revenu supérieur à 120 000 francs pourraient, de leur côté, bénéficier de 63 à 65 ans d’une
rente simplement réduite. En matière de flexibilisation, l’initiative syndicaliste n’apporte
absolument rien de nouveau : la possibilité d’anticiper ou d’ajourner la rente existe
aujourd’hui déjà et la perception de rentes partielles est clairement prévue dans la 11e
révision de l’AVS. Les auteurs de l’initiative trompent donc délibérément les citoyens,
sachant pertinemment que la population est beaucoup plus favorable à une flexibilisation de
l’âge de la retraite qu’à un abaissement généralisé de celui-ci. Il s’agit là d’une méthode
répréhensible, que nous condamnons avec force.
L’acceptation de l’initiative aurait de lourdes conséquences sur l’économie suisse, qui se
verrait privée d’un coup de 150 000 actifs possédant pour la majorité d’entre eux une bonne
formation et une grande expérience. Il serait illusoire de croire que toutes les personnes
prenant une retraite anticipée pourraient être remplacées par des chômeurs ou des jeunes.
Le manque de main-d’œuvre qualifiée enregistré depuis de nombreuses années ne ferait
que s’aggraver de manière considérable. Par ailleurs et compte tenu du vieillissement
démographique de notre société, le jour approche où les personnes atteignant l’âge ordinaire
de la retraite seront plus nombreuses que les jeunes entrant dans la vie active. Les dernières
années ont montré que lorsque le taux de croissance du PIB s’élève à 2 ou 3% il y a déjà
pénurie de main-d’œuvre qualifiée ; seul l’apport d’un grand nombre de travailleurs étrangers
spécialisés nous a permis de maintenir la production intérieure. Dans ce contexte, il serait
donc désastreux pour l’économie de réduire la durée de la vie active de trois années
complètes.
L’initiative de l’USS pose aussi problème au niveau de l’exécution. Tout d’abord, elle exige
que l’assuré cesse d’exercer une activité lucrative pour percevoir une rente AVS. Qui
effectuera les contrôles nécessaires hors de notre pays ? Comment veut-on empêcher qu’un
travailleur étranger quitte à 62 ans l’emploi qu’il occupe en Suisse, rentre dans son pays et,
là-bas, arrondisse sa retraite en travaillant à son propre compte ou en exerçant une activité
lucrative ? Obliger à abandonner l’activité lucrative augmenterait aussi fortement le travail au
noir dans notre pays. Les personnes désireuses de travailler au-delà de 62 ans feraient en
effet quasi cadeau de leur rente, ce que certainement aucune ne souhaite ! Il faudrait donc
s’attendre à ce que nombre d’assurés abandonnent leur activité pour exercer ensuite un
travail au noir. La valeur-limite donnant droit à une rente AVS non réduite pose également
problème, car elle peut encourager l’un ou l’autre assuré à déclarer son revenu de manière à
ne pas dépasser cette limite fatidique. En bref : l’initiative populaire « pour un âge de l’AVS
flexible » ouvre grand la porte aux abus, au travail au noir et à d’autres tricheries. C’est la
raison pour laquelle nous recommandons aux citoyens de lui opposer un refus net et
catégorique.
30.09.2008 115