PK 050813 f Text G Fischer

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Conférence de presse du 5 août 2013
De sensibles augmentations salariales s’imposent !
L’économie est particulièrement stable en Suisse et les perspectives s’avèrent en majorité
positives. Les prévisions conjoncturelles sont réjouissantes pour l’année en cours et l’année à
venir ; la conjoncture suisse devrait gagner en vigueur. La contribution qu’ont fournie les travailleurs et travailleuses en Suisse a permis à l’économie de se maintenir à flot malgré des
temps agités. Dans la plupart des secteurs, le temps est venu d’honorer aussi l’engagement
personnel des travailleurs et travailleuses. Travail.Suisse, l’organisation faîtière indépendante
des travailleurs et travailleuses, demande dans le cadre des négociations salariales 2014 de
sensibles augmentations de salaire pour les personnes actives.
Gabriel Fischer, Responsable de la politique économique, Travail.Suisse
L’économie suisse a bien surmonté la crise financière et celle de la croissance de 2008. Déjà au milieu de l’année 2010, la Suisse atteignait le niveau d’avant la crise et se trouve depuis lors, en termes
de comparaison, dans une phase de croissance impressionnante, bien que le contexte soit difficile.
Les prévisions pour cette année et l’année prochaine sont positives ; la Suisse semble bénéficier d’un
vent favorable qui souffle sur une conjoncture mondiale qui se reprend.
Dans un contexte difficile, l’économie suisse se maintient très bien
Alors que la zone euro doit continuer de lutter contre les retombées de la crise économique et faire
face à une régression des performances économiques également pour 2013, l’économie suisse reste
très robuste et résiste à la crise. Le secrétariat d’Etat à l’économie SECO 1 prévoit une croissance
économique de 1.3 pour cent pour l’année courante et, pour 2014, de 2.1 pour cent, synonyme donc
d’une économie qui se redresse. Toutefois, les différences restent patentes entre une conjoncture
intérieure dynamique et le solide secteur des exportations, quoique encore mitigées.
Un marché intérieur qui reste très dynamique
Comme au cours des années précédentes, la consommation privée est un pilier de la conjoncture
suisse. Le Centre de recherches conjoncturelles KOF2 estime qu’en 2013 la consommation privée
aura augmenté de 2.3 pour cent et il table sur une croissance de 1.9 pour cent pour 2014. Ces prévisions cadrent avec l’indice du climat de consommation constamment en augmentation depuis le début
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Tendances conjoncturelles été 2013
KOF: prévisions conjoncturelles de l’été 2013
de l’année. Donc, dans un proche avenir, la consommation privée va de nouveau contribuer positivement à l’évolution de la conjoncture. D’une part, ce soutien apporté à la conjoncture découle de
l’immigration, d’autre part il suppose cependant des augmentations continues de salaire associées à
une évolution positive du revenu réel.
Le second catalyseur de la croissance économique suisse restera dans un proche avenir le secteur
de la construction. Les capacités dans ce secteur continuent d’être bien exploitées, ce qui se traduit
aussi par un soutien apporté à la conjoncture.
Le secteur des exportations est particulièrement solide
Ces dernières années, le secteur des exportations a été confronté à une situation très délicate, engendrée par la récession dans la zone euro et la vigueur du franc suisse. Dans l’ensemble, l’évolution
de l’économie suisse et en particulier la solidité du secteur des exportations sont d’autant plus remarquables dans un tel contexte. Les exportations ont elles aussi atteint rapidement le niveau d’avant la
crise et on constate depuis qu’elles sont en croissance, quoique encore mitigées. Mais ici, de grandes
différences apparaissent entre les branches.
Dans le secteur des exportations règne d’ailleurs la plus grande incertitude conjoncturelle, mais certains domaines semblent mieux aller qu’il y a quelques trimestres.Les domaines suivants sont déterminants pour l’évolution future des exportations :

La grave crise de la dette semble être jugulée pour le moment. La vigoureuse intervention de
la Banque centrale européenne a un effet positif, mais cela n’a pas encore immédiatement
prise sur l’évolution de la conjoncture. Pour l’économie suisse, la zone euro devrait être aussi
en 2013 synonyme de contexte récessif, on ne peut s’attendre à un retour dans la zone de
croissance qu’en 2014. Les énormes problèmes qui affectent le marché du travail – taux de
chômage effrayants, en particulier dans les pays du Sud - viennent se greffer sur cette situation.

L’évolution de l’économie mondiale en dehors de la zone euro est plus réjouissante. Les USA
se trouvent manifestement déjà sur le chemin de la croissance. Quant aux pays émergents,
leurs évolutions économiques sont différentes, ils sont cependant d’importants piliers de la
conjoncture mondiale.

La forte appréciation du franc a placé le secteur suisse des exportations face à de grands défis. Même si la situation reste tendue dans certains secteurs, l’économie suisse montre ici sa
robustesse. Le choc de la soudaine appréciation a été surmonté entre-temps, de sorte que le
taux minimum fixé par la Banque Nationale a apporté la sécurité au niveau de la planification
et qu’il a été possible, au cours des derniers semestres, de procéder aux ajustements indispensables. En outre, ces derniers temps, le taux de change s’est constamment éloigné du
taux plancher et a même atteint ces derniers mois le cours de change le plus élevé depuis
plus de 2 ans.
Certes, le taux d’utilisation des capacités dans l’industrie se situe encore en dessous de la moyenne,
mais l’évolution est de nouveau sur une pente ascendante, ce qui peut être interprété comme un
signe positif. Le KOF3 s’attend en outre pour 2014 à une forte augmentation des investissements en
biens d’équipement. Un signe que les entreprises procèdent davantage à des investissements, modérés auparavant à cause de l’incertitude générée par la crise, et à se rattraper dans ce domaine.
Le marché du travail est stable
La solidité du marché suisse du travail est patente. Certes, ces derniers mois, on a enregistré une
légère augmentation du chômage et le taux de chômage s’élève en juin 2013 à 2.9 pour cent. Les
indicateurs montrent qu’il ne faut pas s’attendre à un effondrement sur le marché du travail ; bien au
contraire, le KOF4 table sur une croissance de l’emploi qui va s’accélérer jusqu’à fin 2014. On craignait une prolifération d’horaires de travail réduits, mais elle ne s’est pas non plus confirmée. Quant
au nombre d’heures perdues, il se situe constamment à un bas niveau depuis le début de 2012, niveau auquel il s’est accroché après la forte augmentation durant les années de crise 2009/2010.
De sensibles augmentations salariales pour 2014
Les négociations salariales 2014 sont incontestablement placées sous le signe des années passées,
marquées par une grande incertitude et au cours desquelles les prestations des travailleurs et travailleuses ont malgré tout été élevées, alors qu’en même temps la charge de travail était lourde. Travail.Suisse et les fédérations affiliées Syna, transfair et Hotel&Gastro Union revendiquent, pour les
raisons précisées ci-après, de sensibles augmentations salariales pour les travailleurs et travailleuses.
Comme toujours, les fédérations de Travail.Suisse procèdent en fonction de la situation spécifique de
chaque branche, voire de chaque entreprise.
Modeste évolution des salaires nominaux l’an passé
Les augmentions de salaires pour 2013 ont été très modestes. L’enquête UBS de l’automne 2012
table sur une augmentation des salaires nominaux de 0.8 pour cent. En dépit du renchérissement
clairement négatif enregistré en 2012, l’augmentation des salaires réels a été acceptable pour les
travailleurs et travailleuses. D’ailleurs, l’évolution négative du renchérissement devrait prendre fin. On
s’attend pour 2013 à un renchérissement quasi nul et, pour 2014, les prévisions indiquent une inflation
modérée. Il ne faut plus s’attendre à une croissance du pouvoir d’achat générée par l’inflation, comme
ce fut le cas l’an passé, une augmentation des salaires nominaux doit donc être accordée aux travailleurs et travailleuses. Travail.Suisse attend dans le cadre des négociations salariales 2014 une augmentation des salaires nominaux bien plus conséquente que celle de l’année passée.
La situation économique actuelle suppose des augmentations salariales
L’économie suisse s’est très bien comportée dans un contexte difficile. Malgré la crise de la dette et la
forte appréciation du franc suisse, la croissance n’a disparu que très brièvement. Malgré un franc
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KOF: prévisions conjoncturelles de l’été 2013
KOF: prévisions conjoncturelles de l’été 2013
suisse surévalué, une grande partie du secteur des exportations a pu mener à bien les ajustements
indispensables et la situation de l’économie mondiale est plus réjouissante que celle constatée il y a
quelques semestres. Pour la Suisse s’ajoute un marché intérieur dynamique, de sorte qu’il faut
s’attendre pour l’an prochain en Suisse, et dans une bonne partie du monde, à une croissance plus
soutenue de l’économie. Des augmentations salariales s’alignant sur la croissance de l’économie sont
donc réalistes pour la plupart des branches.
Les augmentations salariales sont un pilier pour la consommation privée et alimentent l’économie
nationale
L’économie suisse se trouve sur le chemin d’une solide croissance, notamment grâce à une robuste
consommation privée et une demande intérieure dans l’ensemble florissante. Jusqu’à ce que
l’économie mondiale se redresse vraiment et en particulier jusqu’à ce que la zone euro soit consolidée, la consommation privée va rester un pilier essentiel de la conjoncture suisse. D’après le SECO5,
il semblerait que le rythme élevé de croissance ne pourra guère être maintenu en raison de la modeste croissance des salaires nominaux l’an passé et de la fin du renchérissement négatif. Il importe
donc que les négociations salariales 2014 renforcent le pouvoir d’achat des travailleurs et travailleuses et soutienne la consommation privée.
Juste répartition des fruits de la croissance
Il ressort des études menées par Travail.Suisse sur les rémunérations des managers que l’écart salarial – le rapport entre le salaire le plus haut et le salaire le plus bas dans une même entreprise – s’est
beaucoup élargi ces dernières années. Alors que les augmentations de salaires se sont multipliées
dans les étages supérieurs de la hiérarchie, seules de maigres augmentations ont été accordées aux
simples travailleurs et travailleuses. Lorsque la croissance atteinte bénéficie en priorité aux chefs et
actionnaires, il en découle une répartition inéquitable des gains. En plus d’une limitation des salaires
des managers, il est impératif d’accorder chaque année à tous les travailleurs et travailleuses de sensibles augmentations salariales.
Pas de bonus, mais des augmentations salariales régulières, pas d’augmentations salariales
individuelles, mais générales
Travail.Suisse demande pour les travailleurs et travailleuses des augmentations salariales régulières
au lieu de bonus. Seules des augmentations salariales régulières garantissent une évolution durable
des salaires et viennent consolider le droit à une rente. Certes, un bonus peut être un apport financier
bienvenu, mais il ne peut être un élément permanent du salaire. Un bonus ne doit être versé que dans
des cas exceptionnels et il ne doit pas remplacer des augmentations salariales régulières.
Travail.Suisse demande d’accorder tout d’abord des augmentations de salaires à l’ensemble des travailleurs et travailleuses. Tous et toutes doivent être associés à la croissance économique. Seule une
petite partie des augmentations salariales doit être accordée individuellement. Alors que depuis 2010,
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Tendances conjoncturelles printemps 2013
la proportion des augmentations salariales générales a augmenté6, les chiffres les plus récents de
l’Office fédéral de la statistique montrent clairement qu’en 2013 la moitié des augmentations salariales
a été accordée individuellement. Il est impératif de corriger une telle évolution.
Pour plus d’informations :
Gabriel Fischer, tél. 076/412.30.53
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OFS, Accords salariaux conclus pour 2012 dans le cadre des conventions collectives de travail 2012
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