Des augmentations salariales différenciées d’un montant modeste sont possibles
La surévaluation du franc pénalise l’économie suisse, mais toutes les branches ou les exploitations ne
sont pas touchées de la même manière. Il faut donc aborder l'automne salarial avec une approche
différenciée. Pour les entreprises dont l’existence est menacée par la problématique du taux de
change, des solutions basées sur un partenariat social sont proposées pour protéger les emplois. Dans
la mesure où les problèmes sont exposés de manière transparente et qu’une symétrie des sacrifices
équilibrés ne met pas seulement les travailleurs et travailleuses à contribution, des mesures à durée
déterminée ayant pour but la sauvegarde des emplois sont envisageables. Dans ces situations
d’exception, il est possible de renoncer à une augmentation salariale pour contribuer de manière
supplémentaire à la sauvegarde des emplois. Dans le même temps, Travail.Suisse et les fédérations
affiliées Syna, transfair et Hotel&Gastro Union exigent que les gels de salaire restent exceptionnelles et
que la majorité des travailleurs et travailleuses puissent profiter d’augmentations salariales équitables.
Comme à l’accoutumée, les fédérations de Travail.Suisse ont une approche différenciée et tiennent
compte des situations spécifiques de chacune des branches et des entreprises. Il devrait être possible
d’octroyer à la majorité des travailleurs et travailleuses des augmentations salariales entre 0.5 et 1.5%.
Evolution modeste des salaires nominaux au cours des dernières années – redistribution unilatérale
L’augmentation des salaires a été très modérée depuis 2010, malgré un rétablissement économique
rapide après la crise économique et financière mondiale à partir de 2007. La tradition en Suisse voulant
que les augmentations de salaire soient modérées durant la période de croissance économique
favorable et qu'en contre-partie, les augmentations de salaire soient octroyées également dans des
périodes économiquement plus tendues a été clairement pratiquée. Les travailleurs et travailleuses ont
contribué, avec un développement modéré de leurs salaires et un grand engagement lié à une grande
flexibilité, au bon maintien de la Suisse durant les années de crise mondiale. Il est d’autant plus
important qu’aujourd’hui la volonté d’engagement et la performance des travailleurs et travailleuses
soient récompensées. Dans un avenir proche, c’est notamment la consommation privée qui reste un
pilier important de la conjoncture suisse. Il est donc important que les négociations salariales 2016
renforcent le pouvoir d’achat des travailleurs et travailleuses et soutiennent la consommation privée.
Les études faites par Travail.Suisse sur les salaires de managers montrent que l’écart salarial, l’écart
entre le salaire le plus élevé et le plus bas dans une même entreprise, s’est encore creusé au cours
des dernières années. Alors que les étages supérieurs ont multiplié leurs parts du gâteau, les
travailleurs et travailleuses n’ont eu que quelques augmentations minimes, en guise de miettes. Si la
croissance obtenue profite en premier lieu aux chefs et aux actionnaires, cela conduit à une répartition
inégale des revenus. A côté d’une solution politique au problème des salaires abusifs des managers, il
faut obligatoirement avoir des augmentations de salaire conséquentes et continues pour ne pas mettre
en danger la cohésion sociale de la société.
Focalisation sur les salaires minimum et les salaires des femmes :
Du point de vue de Travail.Suisse, cet automne salarial doit notamment voir augmenter les salaires
minimum. Les employeurs doivent prouver leur volonté d’améliorations ciblées dans les négociations
salariales pour les travailleurs et travailleuses aux plus bas revenus, comme cela est toujours annoncé.
La surévaluation du franc entraîne en 2015 également un recul du renchérissement. Selon les