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Conférence de presse du 21 décembre 2011
Résultats des négociations salariales 2012
Automne salarial mitigé sur fond d’instabilité économique
Les négociations salariales 2012 se sont jouées sur un fond d’insécurité économique croissante. Travail.Suisse, l’organisation faîtière de 170’000 travailleuses et travailleurs, juge le
résultat des négociations comme mitigé. Mais grâce à la faiblesse du renchérissement, les
pertes de salaire réel n’affecteront qu’un petit nombre de travailleuses et de travailleurs.
Les salaires augmenteront début 2012 de 0,3 à 2,5 %.
Susanne Blank, responsable de la politique économique, Travail.Suisse
Les perspectives conjoncturelles se sont assombries depuis début août, moment où Travail.Suisse et
ses fédérations affiliées Syna, transfair et Hôtel & Gastro Union ont entamé les négociations salariales 2012. Les pronostics de croissance ont été corrigés vers le bas, passant de 2,8 % à 1,9 % pour
l’année courante et de 1,9 % à 0,5 % pour l’année prochaine. Les expectatives de renchérissement,
déjà modestes, ont été rabaissées à 0,3 % pour l’année courante et de moins 0,3 % pour 2012. A
propos du chômage, il faut s’attendre à un renversement de tendance avec une augmentation du
nombre des chômeurs l’année prochaine. Mais le tableau n’est pas si sombre, la Suisse ne devra pas
compter avec une récession l’année prochaine et la tendance sera définitivement à la croissance à
partir de 2013.
Les branches de l’exportation sous pression, l’économie intérieure en pleine forme
Ce fléchissement a été causé par plusieurs facteurs : détérioration de la conjoncture en Europe et
aux Etats-Unis, insécurité persistante à propos de la crise de la dette européenne et force du franc,
qui lui est liée. La détérioration conjoncturelle de l’économie mondiale et la force du franc, qui font
pression sur les marges et les volumes, ont affecté en première ligne l’industrie d’exportation, les
sous-traitants et la branche du tourisme. En revanche, l’économie intérieure fonctionne en grande
partie très bien. Dans l’artisanat et l’ensemble de la branche de la construction, les carnets de commande sont pleins.
Modération et nuance des revendications salariales : de 1 à 3 % pour 2012
Les fédérations de Travail.Suisse ont présenté en août des revendications réalistes et nuancées qui
tiennent compte de la diversité des situations économiques des branches et des entreprises. Les
revendications salariales se sont montées à 1 à 3 % nominaux (à partir du taux annuel de renchérissement de 0,7 %, estimé plus haut à cette époque). Les fédérations voulaient accorder une attention
particulière à l’égalité salariale entre femmes et hommes et avaient pour but de négocier avant tout
des augmentations de salaire générales et régulières.
Négociations salariales 2012 : résultats hétérogènes
Sur fond d'assombrissement de la situation économique, les négociations ont été difficiles. Les résultats 2012 sont par conséquent très hétérogènes. Dans de nombreuses branches de l’économie intérieure heureusement, les augmentations de salaire ont atteint leur niveau ordinaire. Plus que méritées, elles ne sont pas un cadeau car un rattrapage était tout à fait nécessaire et ces branches marchent bien. Dans les branches tournées vers l’exportation, les négociations ont été très dures : d’une
part, l’insécurité économique freinait les employeurs. D’autre part, la force du franc a servi
d’argument bienvenu pour exhorter à la réserve en matière d’augmentation salariale. Mais ce n’est
pas toujours justifié : en effet, la force du franc a entraîné une baisse des coûts d’importation des
matières premières ou des produits semi-finis qui a profité à de nombreuses entreprises. Dans la
branche de la restauration, les employeurs sont mêmes allés jusqu’à remettre encore une fois en
question la nouvelle grille des salaires négociée dans le cadre de la convention collective censée entrer en vigueur en 2012. La représentation des travailleuses et des travailleurs n’a rien pu faire
d’autre que s’opposer à cette tactique effrontée de retour en arrière.
Résultats entre 0,3 et 2,5 % nominaux : les résultats des négociations salariales 2012 se situent dans
une fourchette de 0,3 et 2,5 % nominaux. En définitive, la baisse récente du renchérissement (renchérissement négatif) a permis de faire aboutir d’intéressantes augmentations en termes partiellement réels. Les tableaux en annexe donnent les détails des résultats par branche ou entreprise.
La tendance critique aux augmentations individuelles se maintient : la pression en faveur des augmentations individuelles de salaire s’est de nouveau faite forte cette année. Les fédérations ont naturellement revendiqué des augmentations générales qui profitent à tous les travailleurs. En effet,
l’individualisation des augmentations salariales risque d’introduire l’arbitraire et le favoritisme dans
l’entreprise, notamment lorsqu’il n’y a pas de système salarial transparent. Mais les arguments selon
lesquels les augmentations générales sont positives, permettent une évolution salariale homogène
dans l’entreprise et signifient aussi constance et prévisibilité pour les travailleuses et les travailleurs,
n’ont pas trouvé d’écho.
Prolifération des paiements uniques : il est tout à fait insatisfaisant de constater que les augmentations de salaires régulières sont de nouveau remplacées par des paiements uniques. Malgré leur net
caractère de reconnaissance, ils ne représentent pas un véritable élément de salaire car ils ne garantissent ni le relèvement du niveau du salaire pour les années suivantes, ni l’augmentation de la prévoyance vieillesse. Les paiements uniques sont admissibles seulement lorsqu’on peut clairement
démontrer que l’évolution économique est tout à fait incertaine. C’est pourquoi, l’ordre de priorité
commande d’assurer les places de travail lorsqu’il n’y a pas de marge de manœuvre pour des augmentations régulières.
Nécessité d’un soutien de la consommation privée : les augmentations de salaire négociées pour 2012
sont importantes pour la relance de la consommation privée. Selon les pronostics, il s’agit du plus
important facteur de stabilisation de l’année prochaine et elle fournira une contribution importante
à la croissance économique, comme déjà lors des années précédentes.
… et voilà pourquoi 6 semaines de vacances pour tous sont supportables et méritées
Le moment de trancher des questions qui intéressent les travailleuses et les travailleurs ne paraît
jamais idéal. Mais c’est un fait : en mars 2012, les électrices et électeurs voteront sur l’initiative « 6
semaines de vacances pour tous ». Cette dernière soulève des questions importantes comme la santé au travail, le maintien de la motivation et de la durabilité de la capacité de travail, la conciliation
entre vie professionnelle et vie privée ainsi que le temps pour les loisirs et la créativité. L’initiative
signifie en moyenne suisse une semaine de vacances supplémentaire, ce qui est parfaitement mérité
au regard de l’augmentation de la productivité du travail de ces vingt dernières années. Introduit par
étapes jusqu’en 2018, le droit à 6 semaines de vacances est supportable pour les entreprises du
point de vue des coûts et de l’organisation.
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