La part des travailleurs qui ne profitent pas des avantages de la croissance économique croît
inlassablement et l'objectif de couvrir le minimum existentiel par le salaire est de plus en plus
éloigné.
Conclusion: Les pertes du pouvoir d'achat doivent être urgemment compensées.
De hauts salaires mais un pouvoir d'achat moyen
Les entrepreneurs ne manqueront pas de signaler lors des prochaines négociations que
nous avons les plus hauts coûts horaires de travail en Europe. Ils l’affirmeront, dans l'espoir
que les travailleurs et travailleuses tempèrent leurs revendications salariales.
Si nous examinons les différences de pouvoir d'achat entre les différents pays d'Europe, la
situation est tout à fait différente. Mesurée au standard du pouvoir d'achat (KKS) qui élimine
les différences de prix entre les pays, la Suisse ne figure plus à la première place mais seu-
lement en 9ème position derrière la Grande Bretagne. Clairement au-dessous du niveau des
pays voisins, l'Autriche, l'Allemagne et la France.
Ainsi clairement prouvée, la place économique suisse n'est pas inattractive comme de nom-
breux capitaines de l'industrie le prétendent.
Conclusion: La perte du pouvoir d'achat des travailleurs et des travailleuses doit être
améliorée par de sensibles augmentations réelles des salaires.
Haute productivité, faible croissance salariale
Selon l'OCDE, la productivité horaire en Suisse est de 4 à 6 fois plus haute que celle de la
Pologne, de la Tchéquie ou de la Slovaquie. Les hauts salaires helvétiques sont compensés
par la haute productivité atteinte dans notre pays. Un phénomène similaire pour des diffé-
rences salariales plus modestes peut également s'appliquer lors des comparaisons avec nos
voisins, l'Allemagne et la France.
Ceci est une des raisons pour lesquelles la Suisse conserve sur son sol des entreprises très
concurrentielles tournées vers l'exportation.
Les travailleurs et travailleuses n'ont pas ou peu été honoré-e-s ces dernières années pour
leurs prestations. Au contraire, on a exigé d'eux plus de disponibilité, de flexibilité, l'accom-
plissement d'heures supplémentaires qui, très souvent, n'ont été ni compensées en temps ni
en argent.
Conclusion: Les travailleurs et travailleuses doivent urgemment recevoir leur part du
succès de la croissance de la productivité.
Prestations à peine honorées
Cette affirmation n'est pas valable pour les managers. Alors que le salaire réel des travail-
leurs et des travailleuses a crû de 3.7% en moyenne de 1993 à 2005, soit de 0.3% par an-
née, les managers se sont octroyés l'année passée des augmentations salariales variant
souvent de 10% à 20%.
Dans les salons feutrés de certaines entreprises, les directions semblent ignorer les pertes
réelles de salaires que les travailleurs ont enregistrées, soit 0.5% en 1999, 0.3% en 2000 et
0.2% en 2005.