A l'inverse d'autres approches, la démarche comportementale ne se caractérise ni par
l'adhésion à un corpus théorique déterminé, ni par la prééminence d'un modèle
thérapeutique particulier, ni enfin par la filiation à un père fondateur. L'évolution vers un
éclectisme croissant tant sur le plan des modèles théoriques que des méthodes
d'intervention témoigne de la permanence au sein de la recherche et de la pratique du
scepticisme constructif, de la remise en cause constante de ce qui semblait "acquis" et, par
conséquent, du refus du dogmatisme. Toutefois, le raisonnement expérimental reste le
ciment méthodologique qui unit les différents points de vue et assure la cohérence interne
du mouvement comportementaliste.
Les thérapies comportementales attirent par leurs aspects pragmatiques et leur efficacité.
Elles sont souvent perçues comme moins confortables au niveau intellectuel et moins
séduisantes sur le plan théorique que d’autres systèmes proposant de vastes théorisations
hypothético-déductives, apparemment cohérentes mais ne reposant, la plupart du temps,
sur aucune démonstration fiable. Toutefois, « cette incomplétude apparaît comme plus
prometteuse d’avenir que certaines certitudes fondées sur le dogmatisme » (Fontaine &
Rognant).
2. Les modèles diagnostiques
A – MODELE MEDICAL
L’approche diagnostique la plus répandue se fonde sur le modèle physiopathologique ou
« pasteurien ». Le symptôme constitue la manifestation directe d’une déficience d'un
organe ou d'un système de l'organisme qui résulte elle-même de facteurs étiologiques
spécifiques. La cause d’une maladie réside dans un facteur spécifique (organique) de
nature diverse qui suffit à expliquer le processus pathogène (déterminisme biologique)
- ETIOLOGIE PHYSIOPATHOLOGIE SYMPTOMATOLOGIE
Les relations entre les symptômes, les déficiences et les facteurs étiologiques sont
essentiellement analysées selon des rapports de causalité linéaire. Cette analyse débouche
sur des traitements symptomatiques, physiopathologiques ou idéalement étiologiques
lorsque la cause de la maladie est identifiée.
La fécondité du modèle médical dans le diagnostic et le traitement d'un grand nombre de
maladies organiques est indubitable. Mais, celui-ci rencontre ses limites lorsqu’il se
confronte à l’analyse des atteintes fonctionnelles et des perturbations mentales. Face à la
réalité mouvante des troubles comportementaux, cette approche s’acharne d’une part, à
décrire des maladies et à répertorier des syndromes ou des sous-syndromes qui n’ont guère
d’utilité dans la pratique clinique et d’autre part, à en rechercher les corrélations avec les
symptômes et les facteurs étiologiques invoqués. Les classifications nosologiques et les
traitements statistiques sophistiqués n’accèdent ni à une analyse des troubles, ni à une
détermination précise de leur étiologie, ni à une décision thérapeutique claire, ni à un
pronostic fiable.
La critique du diagnostic médical en psychopathologie n'est pas uniquement l'apanage des
comportementalistes. D'autres courants de pensée, tel celui de la psychiatrie sociale, ont
également relevé les insuffisances de la nosographie qui « fige, structure, empaquette,