Pour les patients soignés par de faibles doses de corticostéroïdes inhalés, cette étude ne montre
pas de différence des résultats entre l’adjonction de salmétérol ou de montélukast. A ce sujet,
nous souhaitons faire une remarque importante. Dans cette étude, la dose de corticostéroïde
inhalé est relativement basse pour des patients présentant un asthme chronique avec plaintes
persistantes, en l'occurrence deux fois 100 µg de fluticasone par jour. Les guides de bonne
pratique belges préconisent pour l’asthme modéré chronique persistant une dose de 200 à 1 000
µg de béclométasone (équivalent de 100 à 500 µg de fluticasone) 2. On peut se demander si
l’étude aurait livré les mêmes résultats si les chercheurs avaient utilisé, pour cette population
d’asthmatiques, une dose «normale» de corticostéroïdes inhalés selon les recommandations
actuellement en vigueur. Il est à noter, en outre, que l’analyse des résultats s’est faite par des
employés de Merck, ce qui n’exclut pas un biais d’interprétation. Dans leur formulation, les
auteurs suggèrent que le montélukast ne serait pas seulement équivalent mais même supérieur
aux corticostéroïdes inhalés. Les résultats ne montrent cependant pas cette supériorité.
Une précédente étude n’a pu montrer d’avantage en faveur des antagonistes des récepteurs des
leucotriènes comme traitement ajouté aux corticostéroïdes inhalés pour l’asthme chronique
persistant 3,4. Dans une synthèse, Ducharme conclut que les antagonistes des récepteurs des
leucotriènes en tant que médication «addon » aux corticosteroïdes inhalés permettent d'obtenir
une amélioration légère du contrôle de l’asthme. Néanmoins, la différence de réduction du
nombre d’exacerbations pour lesquelles des stéroïdes systémiques furent nécessaires n’est pas
statistiquement significative (RR 0,61; IC à 95% de 0,35 à 1,05). Cette recherche dans la
littérature qui s'est clôturée en août 2001,n’a pu retrouver d’étude qui compare l’adjonction
d’antagonistes des récepteurs des leucotriènes avec une majoration des doses de
corticosteroïdes inhalés 5. Dans une synthèse de la littérature ultérieure du même auteur, deux
autres études sont incluses, qui comparent la majoration de la dose des corticostéroïdes à
l’adjonction d’antagonistes des récepteurs des leucotriènes. La puissance de cette méta-analyse
est cependant trop faible que pour se prononcer sur l’équivalence des deux traitements. Il n'est
également pas possible de se prononcer sur un éventuel effet des antagonistes des récepteurs
des leucotriènes quant à une diminution des doses de corticostéroïdes 6. Clinical Evidence 7
mentionne deux RCTs supplémentaires. Une étude donne un résultat positif (plus de jours sans
asthme et moins de réveils nocturnes) pour le montélukast comparé au placebo comme
médication «add-on». Une deuxième étude ne montre pas de différence dans le nombre
d’exacerbations d’asthme entre l’adjonction de montélukast et le doublement de la dose de
budésonide. Deux RCTs, reprises également dans Clinical Evidence, comparent le salmétérol au
montélukast comme thérapie «add-on» et montrent, sur une période de douze semaines, la
plus-value du salmétérol sur le nombre de jours et de nuits asymptomatiques, sur l’amélioration
de la fonction pulmonaire et sur la réduction de l’usage de thérapie d’urgence. Il n'existe
cependant pas de différence significative dans le nombre d'exacerbations 8,9. En résumé: une
méta-analyse et une RCT supplémentaire n’ont pas pu montrer de plusvalue de l’adjonction