Il y a aussi d’autres cas, qui, eux, ne sont plus des phénomènes de masse liés à la
société qui nous entoure, mais bel et bien à la façon de penser de chacun d’entre nous : il
existe aussi certaines personnes pour qui le désir peut se contenter de la réalité.
Tout d’abord, voyons le cas de l’éternel satisfait. Cette personne pense avoir tout ce
dont elle a besoin pour réussir sa vie, et est pleinement satisfaite de son existence. Par
conséquent, faute d’avoir à désirer, elle ne voudra rien d’autre ni même n’y songera (que
demander de plus lorsqu’on a tout ?) Dans ce cas, tous ses désirs auront été réalisés, ce qui
implique qu’ils étaient réels ! Puisque cette personne est satisfaite de sa condition, nous
pouvons donc dire qu’elle a été contentée par la réalité.
Il y a aussi la personne qui ne désire pas (grâce à un travail d’ascète qu’il a effectué
auparavant.). Celle-ci a su éliminer ses désirs, et, parce qu’elle ne veut plus rien, a su se
contenter de la réalité telle qu’elle se présentait à ses yeux.
La personne qui considère que posséder quelque chose est déjà beaucoup,
autrement dit la personne qui ne rêve pas de transcender sa condition se rapproche de la
précédente. Elle a des désirs simples qui sont ancrés dans la réalité, et qui sont assez faciles
à satisfaire. Elle ne rêve pas de chimères ni de quoi que ce soit d’irréalisable. La réalité lui
apporte tout ce dont elle a besoin, et cela lui convient parfaitement.
Nous voyons donc que la manière d’être de certaines personnes amène cette
caractéristique du désir, qui est de se contenter de l’existence réelle, et par extension, de ce
qu’ils ont.
En conséquence, nous pouvons constater qu’il arrive que le désir sa satisfasse
de la réalité. Mais est-ce bien toujours vrai ?
Nous avons vu que parfois, le désir parvient à se satisfaire de la réalité. Mais il
existe aussi d’autres situations où il n’en va pas toujours de même.
Ainsi, en psychanalyse, et notamment avec Freud, il paraît impossible que le désir
puisse se satisfaire de la réalité. Tout simplement parce que, pour la psychanalyse de
Freud, tout désir est désir sexuel, car expression d’un fantasme inconscient. C’est par
l’interdit que naît le désir. Et si le désir naît de l’interdit, n’est-il pas désir de quelque
chose que l’on ne peut avoir ? Et dans ce cas, n’en devient-il un fantasme ? Un fantasme
est une production de l’imagination par laquelle le moi cherche à échapper à l’emprise de
la réalité. Par conséquent, si le désir est un fantasme, il ne peut être ancré dans la réalité,
ni se satisfaire d’elle. Le désir serait donc une chimère crée par notre esprit pour échapper
à la réalité. Mais à quoi bon échapper à celle-ci, vu qu’on ne peut s’y soustraire que par la
mort et l’imagination ? Echapper à la vie grâce à son imagination signifie s’entourer
d’illusions, de mirages qui nous éloignent de la réalité aussi sûrement que
pernicieusement. Si le désir signifie mourir ou vivre dans un monde que l’on s’est inventé,
comment ne pas devenir fou ? Le désir ne peut être un sentiment aussi pessimiste. Mais la
vérité est, qu’en ces cas-là, il ne peut se suffire de la réalité.
Tout comme dans le cas de l’éternel insatisfaction. Lorsqu’on veut toujours plus que
ce que l’on a, voire plus que la réalité ne peut nous offrir, quand on rêve de perfection,
quand on trouve toujours quelque chose qui ne va pas, qui choque, qui contraste… alors