L'évaluation clinique doit être continue tout au long de la mise en condition et de la
réalisation du bilan lésionnel. Nombre de lésions évoluent pour leur propre compte
(choc hémorragique), d'autres ne se révèlent que secondairement (insuffisance
cardiaque révélée par un remplissage vasculaire, décompensation d'un
pneumothorax sous ventilation mécanique).
Il. Les 3 étapes de la prise en charge hospitalière
Les difficultés viennent de l'intrication des différentes étapes de la prise en charge
d'un polytraumatisé. L'examen clinique se fait simultanément avec les premiers
gestes thérapeutiques, la mise en condition peut se poursuivre sur la table de
radiographie, le bilan lésionnel pourra être complété après un geste d'hémostase au
bloc opératoire. La prise en charge initiale doit être pratiquée par une équipe
entraînée dans laquelle le rôle de chacun est déterminé à l'avance.
1. L'interrogatoire
Il permet de connaître les circonstances de l'accident et le mécanisme lésionnel,
l'état clinique initial, le délai de prise en charge et les éventuels traitements entrepris.
2. L'évaluation clinique initiale recherche 3 détresses vitales
- Une détresse hémodynamique suspectée devant un blessé pâle, agité ou prostré,
couvert de sueurs froides; un temps de recoloration capillaire augmenté; un pouls
petit, filant, rapide, perceptible uniquement sur les gros troncs artériels ou au
contraire une bradycardie; une pression artérielle effondrée, voire imprenable; un
tableau de tamponnade péricardique* associant état de choc et grosses jugulaires
(figure n°2).
- Une détresse respiratoire évoquée devant: une tachypnée superficielle ou au
contraire une bradypnée, des pauses respiratoires, des gasps; des signes de lutte
pouvant associer battement des ailes du nez, cornage, tirage sus-claviculaire ou
intercostal, balancement thoraco-abdominal; des signes d'épuisement avec une
respiration paradoxale*; l'immobilité d'un hémithorax, un fracas costal, un volet, une
plaie soufflante, un emphysème sous-cutané; une toux douloureuse avec crachats
sanglants ou une hémoptysie abondante; une cyanose qui peut être masquée par
une déglobulisation ou une vasoconstriction (figure n ° 3).