Entreprises Loi pour l’initiative économique (en attente de promulgation) La loi relative à l’initiative économique repose sur la conviction que favoriser la création d’entreprises, c’est accélérer la croissance, soutenir l’emploi, renforcer la cohésion sociale et promouvoir l’égalité des chances. Constatant un décalage grandissant entre le désir d’entreprendre (plus d’un quart des Français envisagent de créer leur entreprise au cours de leur vie) et la création d’entreprise effective (moins de 2 % des Français ont actuellement un projet d’entreprise ou bien ont créé ou repris une entreprise au cours des trois dernières années), ce constat a amené à tirer les conséquences des obstacles à la création et à la transmission d’entreprises. Outre les barrières d’ordre culturel, la complexité du processus de création d’entreprise, les obstacles juridiques et sociaux rencontrés lors de la transmission entre le statut de salarié et celui d’employeur et un manque de souplesse du droit du travail expliquent les réticences des créateurs d’entreprise. La difficulté pour trouver des financements constitue néanmoins le principal frein pour les porteurs du projet. C’est à cette multiplicité d’obstacles et de contraintes que tente de répondre cette loi dont l’objectif est de modifier en profondeur l’environnement juridique dans lequel évoluent les créateurs et entrepreneurs en France. Elle s’articule autour de six titres traitant de : - la simplification de la création d’entreprise, la transition entre le statut de salarié et celui d’entrepreneur, le financement de l’initiative économique, l’accompagnement social des projets, le développement et la transmission d’entreprise, le dernier titre étant consacré aux dispositions diverses. La simplification de la création d’entreprise Pour simplifier la création d’entreprise, la loi prévoit un certain nombre de mesures, notamment la libre fixation, dans les statuts, du capital social de la SARL, pour une meilleure adaptation de ce capital social à la réalité de chaque projet d’entreprise ; l’immatriculation de l’entreprisse en ligne, pour accomplir des formalités à domicile ; la domiciliation chez soi pendant cinq ans, pour permettre de réduire les coûts au démarrage pour les jeunes entreprises. De plus, la loi institue à l’article 2 un « récépissé de dépôt de dossier de création d’entreprise » délivré au dépôt du dossier complet pour l’immatriculation, qui préserve le rôle des greffiers, tout en offrant la possibilité aux centres de formalités des entreprises (CFE) des chambres de commerce, des chambres d’agriculture et des chambres de métiers, d’intervenir lorsque de jeunes créateurs font appel à leurs services. L’usage de ce récépissé est limité aux seules démarches auprès des organismes publics et des organismes privés chargés d’une mission de service public, à l’exclusion de la possibilité de retirer les fonds provenant de la libération des parts sociales. Les démarches entreprises le sont sous la responsabilité personnelle de la personne physique ayant la qualité de commerçant ou qui agit au nom de la société en formation. La transition entre le statut de salarié et celui d’entrepreneur La loi modifie notamment les règles actuelles relatives au congé et accorde au salarié un nouveau droit au temps partiel pour création ou reprise d’entreprise, et permet l’exonération temporaire des charges sociales des salariés créateurs d’entreprises. Afin de tirer les conséquences du constat selon lequel une entreprise sur deux échoue avant cinq ans, la loi institue un contrat d’accompagnement dans lequel porteurs de projets et accompagnateurs peuvent collaborer à la création d’une entreprise pendant une année, renouvelable deux fois. En outre, lorsque le projet accompagné présente un intérêt qui rencontre des priorités des pouvoirs publics, l’Etat et les collectivités publiques pourront mobiliser des aides financières ou logistiques au titre de cet accompagnement. Le financement de l’initiative économique Six articles visent à renforcer les fonds propres des entreprises, deux autres tendent à remédier au rationnement du crédit bancaire au détriment des PME et à accroître la confiance mutuelle entre les PME et leurs établissements de crédit. Une nouvelle catégorie de fonds communs de placement risques (FCPR) est créée : les fonds d’investissement de proximité (FIP), auxquels est conféré un avantage fiscal important. Ces FIP devront investir au moins 60 % des fonds récoltés dans les PME exerçant la majeure partie de leur activité dans la zone géographique qu’ils ont choisie, et réserver 10 % de cette somme au financement des entreprises de moins de 8 ans. La loi propose à l’article 26 (article 13 du projet de loi) de rendre certaines entreprises éligibles aux investissements des FIP à raison de la localisation de leur siège social. Le Sénat l’avait proposé pour ne pas exclure de cette forme d’apports en fonds propres les entreprises en réseaux établies sur tout ou partie du territoire national. La loi propose également d’autoriser les FIP créés jusqu’au 31 décembre 2004 à ne respecter leur quota d’investissements de 60 % qu’après trois années, au lieu de deux dans le régime de droit commun. Cette dérogation temporaire facilitera la création des premiers FIP. S’agissant du crédit bancaire, le texte propose principalement de supprimer le plafonnement des taux d’intérêt sur les concours accordés « à froid » par les établissements de crédit à l’ensemble des personnes morales se livrant à une activité industrielle, commerciale, artisanale, agricole ou professionnelle non commerciale. L’accompagnement social des projets La loi prévoit un certain nombre de mesures pour renforcer la sécurité personnelle des entrepreneurs face aux aléas de la vie économique et une meilleure prévention des risques. Elle prévoit notamment l’élargissement du rôle des Groupements de Prévention Agréés pour améliorer la prévention des difficultés de l’entreprise ; une meilleure information et protection de celles et ceux qui se portent « caution », et qui s’engagent parfois sans percevoir tous les aléas de l’activité économique ; la possibilité de continuer à percevoir ses allocationschômage en complément de ses revenus pendant les 18 premiers mois d’activité ; et enfin, la possibilité de retrouver ses droits aux allocationschômage en cas d’arrêt de son activité dans les trois ans après la création d’entreprise. . Le développement et la transmission de l’entreprise La loi allège l’imposition au titre des plus-values professionnelles. Le relèvement des seuils d’exonération des plus-values de cession concernera 85 % des transmissions. L’article 41 de la loi prévoit de « lisser » le bénéfice des exonérations partielles lorsque le montant des recettes annuelles est compris entre les seuils d’exonération totale et le double des plafonds ouvrant droit, dans le dispositif initial, à l’exonération de 25 %. Dans ce nouveau dispositif, le taux de l’exonération décroît de manière linéaire et continue de 100 % jusqu’à 0 % en fonction du pourcentage de dépassement des seuils fixés. Ainsi, l’exonération reste totale si le montant des recettes n’excède pas 250.000 € ou 90.000 € selon les activités précitées ; l’exonération est ensuite dégressive pour atteindre un taux nul lorsque les recettes excèdent 350.000 ou 126.000 € suivant les mêmes activités, soit respectivement 250.000 + 40 % et 90.000 + 40 %. Cette mesure, introduite par le Sénat, permet donc de ne pas créer d’effets de seuil entre les seuils d’exonération totale, restés inchangés, et les plafonds maximum d’exonération partielle, qui ont été, en revanche, doublés. En outre, le dispositif prévoit d’accorder le bénéfice de l’exonération aux plus-values réalisées à l’occasion de la cession de matériel agricole et forestier. La loi amorce, par ailleurs, une réforme de l’impôt sur la fortune (ISF). La loi concilie le réalisme économique et la nécessité d’un engagement réel au service du développement et de la pérennité des entreprises. Elle prévoit d’exonérer d’ISF les investissements dans les PME, d’alléger de moitié l’ISF pour les actionnaires s’engageant à conserver pendant six ans 20 % des titres d’une société cotée et 34 % d’une société non cotée, et d’abaisser à 50 % de leur patrimoine total le seuil d’exonération de l’ISF pour les dirigeants d’entreprise. L’article 47 de la loi ouvre une exonération partielle d’ISF pour les parts ou actions de société que les propriétaires s’engagent à conserver dans le cadre d’un accord collectif. Si le législateur a renoncé à distinguer, en matière de sanctions, la personne responsable de la rupture de l’engagement collectif de conservation et les autres signataires du pacte, il a prévu, en revanche, d’ouvrir un délai d’un an pour permettre à ces derniers signataires de conclure, si nécessaire, un nouveau pacte leur permettant de respecter les seuils de 20 % ou de 34 % du capital, selon que la société est cotée ou non, et de conserver ainsi l’exonération. L’article 48 qui exonère d’ISF les souscriptions en numéraire au capital de PME non cotées, autorise les apports en nature au capital des PME, à l’exception des actifs immobiliers et des valeurs mobilières. Dispositions diverses relatives à l’agriculture et à la viticulture Des articles additionnels relatifs aux secteurs agricole et viticole, ont été introduits par le Sénat dans le cadre des dispositions diverses. L’article 52 de la loi élargit le champ d’application du dispositif de lutte contre les crises agricoles conjoncturelles issu de la loi d’orientation agricole de 1999 (devenu l’article L.611-4 du code rural) à d’autre produits que les seuls fruits et légumes. L’article 53 élargit les conditions d’extension des contrats interprofessionnels conclus pour faire face à une crise agricole conjoncturelle. L’article 54 instaure une procédure civile de réparation du préjudice causé par un producteur, un commerçant, un industriel ou un artisan pratiquant, en situation de crise conjoncturelle, des prix de première cession abusivement bas. L’article 55 vise à favoriser la reconnaissance de nouvelles organisations interprofessionnelles dans le secteur viticole. Calendrier d’entrée en application des mesures de la loi Mesures applicables aux apports en capital réalisés après le 1er janvier 2003 (déductions de l’Impôt sur le Revenu 2003 payable en 2004) - Aider fiscalement l’apport en fonds propres dans les entreprises Améliorer le traitement fiscal des pertes en capital Mesures applicables dès la date de promulgation de la loi - La SARL au capital librement fixé Domicilier son entreprise et exercer son activité chez soi L'information et la protection des cautions professionnelles Les clauses d’exclusivité inopposables au salarié-créateur Le droit au travail à temps partiel pour le salarié-créateur Le remplacement des salariés en temps partiel par des salariés en CDD Utiliser les sommes versées dans un LEE pour investir dans la création Simplification du volontariat à l'étranger L'élargissement du rôle des Groupements de Prévention Agréés Mesures applicables dès la publication du décret d’application (4ème trimestre 2003) - Le Récépissé de Création d’Entreprise (RCE) L’immatriculation de l’entreprise en ligne Protéger sa résidence principale Le Contrat d’Accompagnement au Projet d’Entreprise (CAPE) Le préavis de rupture du concours bancaire Les Fonds d’Investissement de Proximité Utiliser les sommes versées dans un PEA ou un PEL pour investir dans la création Assouplir les conditions de prêts aux entreprises Accompagner plus de petits projets par l’extension du dispositif EDEN Des dons aux réseaux d’accompagnement à la création et à la reprise Des revenus de solidarité maintenus et harmonisés Fusion du réseau des CFCE et d'UBIFRANCE Mesures applicables dès le 1er janvier 2004 - Relèvement du seuil d’exonération des plus values Réduction d’impôt en cas de reprise d’entreprise financée par un prêt Encourager la transmission anticipée d’entreprise Respiration de l'engagement de conservation de titres Exonération des droits de mutation pour les donations aux salariés Harmonisation des droits d’enregistrement sur les cessions Des cotisations sociales allégées pour le salarié-créateur Des activités occasionnelles facilitées - Paiement immédiat des charges sociales des entreprises sous le régime micro-fiscal Différer le paiement des charges sociales de la première année Exonération pour moitié de l'ISF lors d'engagement collectif de conservation de titres Exonération totale de l'assiette de l'ISF des sommes investies dans les PME Modification d'un seuil de définition de l'outil de travail. Les députés socialistes ont déposé, le 22 juillet 2003, un recours au Conseil constitutionnel estimant que cinq articles du projet de loi sont contraires à la Constitution. Il s’agit des articles 24 et 24bis (allègement des droits de mutation), ainsi que des articles 26bis, 26ter et 26quater (exonération partielle d’ISF).