Boko Haram Boko Haram, de sa dénomination abrégée en haoussa, ou groupe sunnite pour la prédication et le djihad est un mouvement religieux du Nigeria classé comme organisation terroriste par les ÉtatsUnis et fréquemment qualifiée de secte. Fondée par Mohamed Yusuf en 2002, l'organisation est surtout active au nord-est du Nigeria et a pour objectif de faire appliquer strictement la charî'a dans tout le pays. Le groupe, activement combattu par les forces armées nigérianes, s'est illustré par une série de violences à l'encontre du gouvernement, des chrétiens et de la population musulmane des régions où il est implanté. Prônant un islam radical et rigoriste, voire sectaire et hétérodoxe, l'idéologie du mouvement s'inspire lointainement des talibans d'Afghanistan, rejetant la modernité et visant à instaurer la charia dans les États du nord du Nigeria et à l'étendre à l'ensemble du pays. Il lui est reproché de multiples exactions et des actes qualifiables de crimes contre l'humanité. Idéologie Le nom « Boko Haram » signifie « L'éducation occidentale est un péché ». Boko (de book, « livre » en anglais, mais l'explication est contestée) est un alphabet latin, créé par les autorités coloniales anglaises (principalement) et françaises, pour transcrire la langue haoussa et, par dérivation, il désigne l'école laïque. Haram est un mot arabe signifiant « interdit » ou « illicite » dans l'islam. Bien que revendiquant une filiation avec l'islamisme salafiste et les Talibans afghans, Boko Haram est fréquemment qualifié de secte. Dès ses débuts, il est sectaire de par son intransigeance religieuse, son culte du chef, ses techniques d’endoctrinement, son intolérance à l’égard des autres musulmans et son fonctionnement en vase clos ». D'après lui, son discours est également très hétérodoxe : « la doctrine de Boko Haram ne correspond pas vraiment au modèle wahhabite : c'est une secte qui endoctrine et a recours à la magie. Certains fidèles de Boko Haram portent des grigris, cela ne ressemble pas vraiment à Al-Qaeda. » Pour Mathieu Guidère, professeur d'islamologie à l'Université Toulouse - Jean Jaurès, « Boko Haram n'est pas une secte, c'est un mouvement insurrectionnel islamiste ». L'historien Bernard Lugan souligne néanmoins qu'il ne faut pas négliger les querelles ethniques, l'aspect économique (pétrole), voire les activités de banditisme classique pour comprendre le phénomène Boko Haram. Dénonçant la Constitution nigériane comme calquée sur les valeurs occidentales, Boko Haram déclare vouloir instaurer la Charia et un « État islamique », sur l'ensemble du Nigeria. Mais, le gouverneur Aliyu estime que la plupart des activités du groupe, sont en fait anti-islamiques et contraires à la charî'a. Selon la BBC, le parallèle avec Al-Qaeda serait sujet à caution, car les deux groupuscules poursuivent des objectifs différents. Bien que tous deux opposés à la modernité et aux valeurs occidentales, Boko Haram se distingue par des attaques essentiellement anti-gouvernementales et non contre des intérêts occidentaux. De plus, ses membres se réclament des Talibans afghans, sans pour autant entretenir de liens directs avec eux. Cependant, à partir de 2010 et surtout des attentats de l'été 2011, il est possible que Boko Haram ait tissé des liens avec Al-Qaeda au Maghreb islamique (l'ancien Groupe salafiste pour la prédication et le combat algérien). Selon Athmane Tazaghart, essayiste et spécialiste de l'islam radical, Boko Haram serait ainsi passé d'une secte salafiste réactionnaire, à une formation djihadiste pratiquant le terrorisme islamiste. Mais pour Bertrand Monnet, directeur de la chaire Management des risques criminels de l'EDHEC, l'agenda de Boko Haram est « exclusivement nigérian » et « ne prône pas le djihad international », contrairement à sa branche dissidente Ansaru. Dans une vidéo diffusée le 13 juillet 2014, Abubakar Shekau apporte son soutien à la fois à : Abou Bakr al-Baghdadi, calife de l'État islamique, Ayman al-Zaouahiri, émir d'Al-Qaïda et au Mollah Omar, chef des Taliban. Ansaru L'Avant-garde pour la Protection des Musulmans en Afrique noire, plus connu sous le nom d'Ansaru, est une organisation islamiste djihadiste basée dans le nord du Nigeria. C'est une branche dissidente de la grande organisation Boko Haram mais elle a des objectifs plus internationaux. Dans le premier communiqué sur Internet en janvier 2012, le leader du groupe, Abu Usmatul alAnsari, décrivit les actions de Boko Haram comme « inhumaines envers l'Oummah musulmane ». Allégeances et objectifs Ansaru se réclame du Califat de Sokoto et de son fondateur Usman dan Fodio, un roi peul. Dans une autre vidéo sur Internet publiée en juin 2012, le groupe al-Ansaru proclame qu'il ne tuera pas des non-musulmans innocents ou des officiers de sécurité, sauf en cas de légitime défense et que le groupe défendra les intérêts de l'Islam et des Musulmans non seulement au Nigeria mais dans toute l'Afrique. Ils se réclameraient du panislamisme.