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Chapitre II : Stress
1. Objectifs du chapitre
Ce chapitre vise à donner aux généralistes
o Une introduction théorique qui aidera à faire la distinction entre stress et anxiété
o Une description des symptômes à identifier afin de déterminer si le stress est
pathologique
o Un arbre décisionnel comprenant tant les plaintes somatiques que psychologiques
o Les diagnostics différentiels à envisager tant sur le plan somatique que
psychologique
o Les étapes de la prescription et de la prise en charge d’une personne présentant un
stress pathologique
2. Introduction
Il est parfois difficile de distinguer un stressé d’un anxieux dans la mesure où tous les stressés
présentent une anxiété significative. Cependant l’inverse n’est pas vrai. Par ailleurs, il s’agit de
processus neurophysiologiques totalement différents, tant l’anxiété est de l’ordre du cortex
préfrontal tant le stress est lui dépendant du rhinencéphale.
Enfin, il faut rappeler que si tout le monde est soumis à des stress divers, tout le monde ne va pas
développer un stress pathologique. Il y a donc lieu de distinguer réaction de stress et processus
(pathologique) de stress.
La réaction de stress est au départ une réponse physiologique normale. Devant un danger
imminent, un animal dont l’homme, va déclencher une réaction massive, globale et non
modulable qui vise à lui assurer la survie, c’est la réaction orthosympathique. Cette réaction le
prépare l’animal à attaquer ou à fuir en augmentant le rythme cardiaque et respiratoire, en
fermant les sphincters et en créant un afflux de sang vers les muscles, etc. Si l’animal a la vie
sauve, s’ensuit normalement la réaction inverse, dite parasympathique, le rythme cardiaque et
respiratoire se ralentit, les sphincters s’ouvrent, le sang va vers les téguments et une érection est
possible. Il faut noter que ces réactions ne sont absolument pas toxiques pour autant que chaque
réaction orthosympathique soit suivie d’une réaction parasympathique complète s’en suive.
Le processus de stress s’enclenche lui, lorsque après une phase d’alerte qui déclenche la réaction
orthosympathique, il n’y a pas de réponse (adéquate) possible. L’animal ne peut ni attaquer, ni
fuir (cfr travaux de Henri Laborit : l’Eloge de la fuite ou le film d’Alain Resnais « Mon Oncle
d’Amérique »). Dans cette situation l’ortho et la parasympathique fonctionnent simultanément
(et non successivement) pour éviter un emballement du rythme cardiaque, de l’hypertension
artérielle, le blocage rénal, etc. Comme la réaction orthosympathique est jugulée, l’animal s’y
adapte, c’est pourquoi Selye parle de Syndrome Général d’Adaptation. L’ennui, c’est que
d’adaptation en adaptation le corps finit par aboutir à ses limites de résistance. On voit alors
apparaître des décompensations massives, brutales et majeures comme des infarctus, des
hémorragies cérébrales, des ulcères perforés, des accidents de voiture ou des suicides. Le stress
à terme est donc une maladie mortelle à prendre très au sérieux.