Différenciations pour les dysphasies
ATTENTION !
Tout ce qui suit, concerne des enfants normalement intelligents et très souvent en souffrance !
ACCUEILLIR UN ENFANT DYSPHASIQUE
1. Définitions DES DYSPHASIES
Trouble spécifique et sévère du langage oral se manifestant par des difficultés de manipulation du code
entraînant des altérations durables dans l'organisation du langage oral à différents niveaux :
phonologique : par ex. « tantagne », « panpagne » pour campagne, absence de langage oral, ne prononce pas tous
les sons, en particulier ne prononce pas les consonnes, jargon…
lexical : ne trouve pas ses mots, vocabulaire pauvre, paraphasie sémantique (« tigre » pour lion), ou phonologique
(« menton » pour mouton)
syntaxique : mots-phrases, absence de connecteur, verbes à l’infinitif, mauvaise utilisation des pronoms
personnels, erreurs de choix du déterminant (le maison, une téléphone), n’arrive pas à généraliser les règles de la
langue…
sémantique : emploi inapproprié, vocabulaire approximatif…
pragmatique : discours peu informatif, désorganisé malgré une structure linguistique correcte, langage plaqué…
Ces troubles peuvent se retrouver en expression et /ou en réception.
A l'origine, il ne semble pas exister de causes apparentes (absence de surdité, de déficience intellectuelle, de
troubles neurologiques...).
A l’âge de l’entrée à l’école maternelle, le langage de l’enfant est construit.
On ne pose pas de diagnostic à 3 ans mais on émet des hypothèses qui seront vérifiées au cours de son évolution.
Toute altération du langage oral doit être explorée.
Le travail proposé en classe s’appuiera sur les conseils de l’ensemble des professionnels qui suivent l’enfant, en
particulier l’orthophoniste, dans le cadre d’un PAI voire d’un projet d’intégration en fonction de la gravité des
troubles.
La prise en charge rééducative de l’enfant dysphasique doit être la plus précoce possible et intensive.
2. Les signes d’alerte et les aides possibles en classe
Lorsque l’expression du langage est atteinte : dysphasies d’expression.
Les signes d’alerte
- Absence de langage malgré le désir de communiquer entraînant une difficulté de repérage du trouble chez les plus
jeunes
- Jargon : inintelligibilité des mots
- Mots-phrases avec préférence de la communication par gestes, style télégraphique
- Persistance de l’écholalie : répétition des mots et des questions prononcés par l’autre
- Coq à l’âne (le discours peut être perçu comme incohérent)
- Répétition impossible de mots simples et de bisyllabes, (ne prononce parfois que les voyelles)
- Insuffisance du langage d’évocation (dans la forme, dans l’organisation temporelle du récit)
- Prise de parole spontanée rare : l’enfant n’initie pas le dialogue, ne pose pas de question…
- Confusion du genre et du nombre
- Non-conscience du temps du verbe
- Non-utilisation des pronoms personnels et des connecteurs
- La copie est réussie mais la production d’écrits est échouée massivement
- Présence d’une instabilité psychomotrice en lien avec sa difficulté à traduire sa pensée
Les aides en classe
- Mettre à sa disposition des aides visuelles pour faciliter la communication et permettre l’évaluation de sa capacité
de compréhension (utilisation de pictogrammes pour « parler », images pour raconter, supports écrits…)
- Favoriser le passage à l’écrit qui apporte une aide précieuse à la construction du langage oral
- Amener l’élève à illustrer son message, son raisonnement, sa démarche
- Inciter à proposer des gestes de communication non verbale (langage des signes, Langue Parlée Complétée…)
- Favoriser l’expression corporelle pour lui proposer des situations de réussite afin de compenser son incapacité
verbale
- Développer ses habiletés phonologiques (entraînement à la conscience phonologique)
- Sensibiliser l’enfant aux règles morphologiques de formation des mots : familles de mots, suffixes, préfixes, jeux
sur l’attaque et la rime…
Lorsque la compréhension du langage est atteinte : dysphasie de réception.
Les signes d’alerte
- Absence d’intérêt pour l’apprentissage des mots entraînant une pauvreté lexicale
- Incompréhension des consignes simples pouvant entraîner une répétition de la question en écholalie
- Incompréhension des notions abstraites, des prépositions spatiales, des histoires, des devinettes, des blagues…
- Incapacité à repérer les critères pertinents d’un récit ou les inférences
- Présence d’une inhibition car ne comprend pas ce qu’on attend de lui à partir de consignes orales
- Parle peu avec un discours peu informatif
Les aides en classe
- Attirer l’attention de l’enfant lorsqu’on lui adresse un message (le nommer ou s’assurer d’un contact physique,
reformuler toute consigne collective, utiliser la redondance, la répétition)
- Accompagner le message de gestes qui peuvent être exagérés pour marquer l’imagination, d’écrits, de dessins,
pictogrammes
- S’assurer que le message est compris
- Permettre à l’enfant d’imiter les autres car c’est en puisant dans le contexte qu’il comprend ce qu’on lui demande
- Diminuer la quantité d’informations à traiter pour une consigne donnée
- Ne donner qu’une consigne à la fois
- Utiliser préférentiellement des mots connus de l’enfant
- Ralentir le débit verbal
Dans les deux cas, on peut proposer dans l’organisation fonctionnelle de la classe
Difficultés Aides
Manque de confiance en soi
Rassurer par un rapport privilégié, répondre de façon positive aux tentatives de communication de l’enfant
Manque de repérage temporel
Planifier de façon détaillée les événements de la journée et le déroulement des séquences et s’y référer
régulièrement (illustrer les emploi du temps, plan de travail, calendrier)
Trouble de la communication
Établir des règles simples de communication avec les autres élèves (un seul parle à la fois, …)
Communiquer de toutes les façons possibles
Présenter de courtes informations, de préférence successivement et non simultanément
Tendance à éviter la sollicitation
Être consistant dans ses demandes, avoir des exigences constantes tout en évitant la surstimulation
Manque de repérage spatial
Stabiliser sa place et ses référents d’environnement
Éviter la surcharge d’affichage, de référents
Distractibilité
Éviter la surcharge d’affichage, de référents
Placer l’enfant dans la situation spatiale la plus favorable aux stimulations
Difficultés d’apprentissage
Faire de nombreuses démonstrations, favoriser la modélisation, l’imitation, automatiser le plus possible
Solliciter la participation des parents (on communiquera les thèmes abordés en classe pour que le vocabulaire
soit repris à la maison)
Lenteur
Lui accorder du temps et/ou réduire la tâche
Mémorisation parfois déficiente
Favoriser les automatismes, reprendre les consignes régulièrement, concrétiser ses acquis avec lui sur un
cahier, par exemple, où il pourra à tout moment se référer (y compris pendant les contrôles)
L’enfant dysphasique développe des compétences particulières
Il a un sens développé de l’observation qui sera renforcé par l’utilisation de supports visuels
Il est généralement volontaire, persévérant dans les tâches qui ne requièrent pas le langage, ce qui autorisera à
avoir des exigences d’apprentissage
Il est autonome dans les activités de la vie quotidienne, lui donner des responsabilités en vue de favoriser son
intégration.
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