Qu’est-ce que la dysphasie ?
PROFIL D’ENFANT DYSPHASIQUE
Tentative de définition :
Une altération du développement des fonctions langagières entraînant l’échec d’une
acquisition normale du langage expressif et/ou réceptif, qui ne résulte ni d’une déficience
intellectuelle, ni d’une déficience auditive, ni d’une malformation congénitale du mécanisme
oral périphérique, ni d’une hypo-stimulation, ni d’un désordre affectif grave.
On observe un contraste entre un vif désir d’apprendre présent chez l’enfant et une absence
réelle d’efficience scolaire.
Les difficultés observées dans les dysphasies portent sur les aspects complexes :
- Soit de la réception et de la compréhension du langage,
- Soit de la programmation des sons de la langue puis de leur production,
- Soit sur la disponibilité des mots ou encore sur leur agencement syntaxique au sein de la
phrase.
Ces domaines du langage peuvent être déficitaires ou préservés, indépendamment les uns des
autres. C’est pourquoi, les enfants doivent faire l’objet de diagnostics précis par un médecin
permettant de poser les indications thérapeutiques.
Elle touche entre 3 et 6 % de la population infantile.
Troubles associés :
- Trouble d’abstraction
- Trouble de généralisation
- Trouble de perception du temps
- Difficultés praxiques
- Difficultés de perception spatiale
Sa concentration est de très courte durée.
Des problèmes sociaux peuvent être engendrés par la marginalisation et l’isolement de ce
profil d’enfant.
Il a moins tendance à initier des interactions sociales
Il manifeste cependant un grand désir de communiquer, il cherche à intervenir par le regard,
les mimiques, les gestes.
Il est persévérant et courageux. Il met souvent beaucoup d’efforts dans l’exécution d’une
tâche et réussit bien celles qui ne requièrent pas le langage.
Ceci n’est pas exhaustif, de même, chaque enfant dysphasique peut présenter une partie des
troubles et difficultés cités.
À noter, cependant, que l’apprentissage de la langue écrite constituera un tremplin pour une
meilleure intégration du langage oral.
Toutefois, les troubles ont un retentissement constant sur les apprentissages scolaires
classiques, puisque le langage est l’outil privilégié de la transmission du savoir à l’école.
Signaux d’alerte : dès le cycle I. (Concernent tous les cycles pour les nouveaux inscrits)Au
cours d’observations multiples dans des situations variées, on constate que l’enfant :
- Parle mal, tardivement, jargonne ou grimace
- Désire communiquer avec d’autres et souffre de ne pas pouvoir s’exprimer correctement
- A des difficultés à segmenter les mots, à convertir les phonèmes en graphèmes
- N’utilise pas les mots de liaison
- Est incohérent dans la structure de la phrase et utilise un style télégraphique
- Écrit en " guirlande "
- Veut réussir et fournit de gros efforts
RECOMMANDATIONS POUR UNE MEILLEURE INTERVENTION AUPRÈS DE
L’ENFANT DYSPHASIQUE
1. Problèmes au niveau du langage réceptif
-> Attirer l’attention de l’enfant quand on lui adresse un message
- Nommer l’enfant
- S’assurer d’un contact visuel et même physique (épaule, main)
- Mimer le message quand c’est possible
-Exagérer les gestes pour frapper l’imagination
-> Ajuster la complexité du message verbal selon le niveau de compréhension de l’enfant
- Diminuer la quantité d’informations à traiter pour une consigne donnée
- Ne donner qu’une consigne à la fois
- Utiliser des mots de vocabulaire connus de l’enfant
- Favoriser la communication à travers des éléments concrets
- Ralentir le débit verbal
-> Reformuler le même message
- Utiliser la redondance
- Reproduire le message par écrit, par dessins, par pictogrammes
-> Vérifier la compréhension verbale de l’enfant
- Permettre à l’enfant de répéter le message entendu
- Ajouter les éléments qui manquent
- Poser des questions sur le message
2. Problèmes au niveau du langage expressif
->Rendre disponible les aides visuelles pour faciliter la communication
-> Inciter à produire des gestes de communication non verbale
-> Vérifier la compréhension du message de l’enfant par une demande de reformulation
-> Amener l’élève à illustrer son message, son raisonnement, sa démarche
-> Développer ses habiletés métaphonologiques de formation des mots (nombre de syllabes
du mot à évoquer, phonème initial, terminaison)
-> Sensibiliser l’enfant aux règles morphologiques de formation des mots (radical et
terminaison, suffixe et préfixe)
3. Organisation fonctionnelle de la classe
->Établir une routine très simple au début
-> Planifier de façon détaillée les évènements de la routine
-> Complexifier la routine très progressivement
-> Illustrer la routine par des images, des pictogrammes
-> Prévoir un support visuel pour signaler les événements spéciaux
-> Se référer à un calendrier (horaire) pour toute gestion du temps
->Établir des règles claires de communication
-> Ne tolérer qu’un seul élève parle à la fois
->Être consistant dans ses demandes, constant dans ses exigences
->Être persévérant dans l’application d’un plan d’intervention ; le plan trop élaboré dès le
départ risque d’être rigide et difficile d’application ; il vaut mieux rajouter des éléments
progressivement au plan que d’en retrancher
-> Varier le type d’activités sur un même thème
-> Prévoir des activités de courte durée
-> Alterner les activités verbales et celles impliquant de la manipulation
-> Utiliser les pairs pour vérifier la compréhension d’un enfant dysphasique
4. Organisation matérielle de la classe
->Éviter la réorganisation fréquente des pupitres
-> Placer l’enfant près du professeur, loin des fenêtres, loin de la porte, de manière à ce qu’il
puisse voir l’enseignant
->Éviter la sur-stimulation : trop d’images peut être aussi dommageable que trop de mots
-> Permettre l’utilisation de l’ordinateur en classe pour rédiger correctement en utilisant les
aides grammaticales et orthographiques du traitement de texte, tout en continuant d’écrire
au stylo certaines tâches bien spécifiques
5. Pour favoriser les apprentissages
-> Faire de nombreuses démonstrations
-> Favoriser la modélisation, l’imitation
-> Automatiser le plus possible
6. Pour l’enseignant et le parent
-> Avoir une communication fréquente avec les parents des enfants en difficulté
-> Ne pas attendre la " catastrophe ", informer d’avance qu’on souhaite une communication
fréquente en raison des difficultés qu’éprouve l’enfant
->Évaluer fréquemment les enfants à risque pour éviter la mauvaise surprise
-> Solliciter l’aide des parents
-> Indiquer aux parents un thème qui sera prochainement discuté en classe pour qu’ils
abordent le vocabulaire de ce thème avec leur enfant
-> Contrôler les efforts ; il faut se rappeler que l’enfant doit constamment fournir un effort
pour suivre le rythme des activités de la classe ; il est normal qu’il se fatigue plus vite que les
autres enfants. Il faut donc fournir de courtes périodes d’explications et accorder plus
souvent des poses
-> Permettre à l’élève d’utiliser l’ordinateur pour rendre ses devoirs imprimés et enfin
propres, lisibles.
Neuropsychologie de l’enfant : Troubles développementaux et de l’apprentissage
Francine LUSSIER et Janine FLESSAS Ed : DUNOD, 2001
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