Les dysphasies de développement C. Billard* Stéphane est le deuxième d’une fratrie de quatre. Deux de ses sœurs n’ont aucun trouble des apprentissages, tandis que la cadette est suivie dans un CAMPS pour un “retard de langage”. Son père, deux de ses cinq oncles et tantes ainsi que sa grand-mère paternelle parlent peu, mal et sont illettrés. Stéphane a un développement moteur et relationnel normal, mais il n’a à 3 ans aucune expression de langage. À 5 ans, son langage est limité à une dizaine de mots intelligibles, sans phrases, et il est suivi dans un centre médico-psychologique. À 7 ans, après deux grandes sections de maternelle, son langage reste quasi inintelligible. Il n’apprendra pas à lire malgré deux cours préparatoires et sera examiné par le psychologue scolaire en vue d’une orientation. Son coefficient intellectuel, mesuré par un test psychométrique (ne différenciant malheureusement pas l’intelligence verbale et non verbale) est à 65, et Stéphane sera orienté vers une structure pour enfants déficients mentaux. L’ensemble de Définition des dysphasies * Catherine Billard est médecin des hôpitaux, neurologue, pédiatre et neuropsychologue. Elle a consacré son activité clinique, d’enseignement et de recherche à la lutte contre les troubles spécifiques et sévères des apprentissages de l’enfant. Elle dirige une unité hospitalo-universitaire dans le service de neuropédiatrie de l’hôpital de Bicêtre, où sont pratiqués le diagnostic, l’évaluation et la prise en charge de ces déficits. Elle travaille également à la création d’un partenariat étroit en réseau ville-hôpital, avec les représentants de l’Éducation nationale et les professionnels libéraux assurant les soins. Enfin, sa recherche clinique a contribué à améliorer le dépistage de ces troubles, et ses liens avec la recherche fondamentale à en assurer les soins. Les critères de définition des dysphasies de développement sont à la fois simples et insuffisants. La définition comporte des critères positifs et négatifs. Les critères positifs sont le déficit du développement du langage oral touchant son expression et éventuellement sa compréhension, sévère et durable, perdurant après 6 ans. Le critère négatif est le caractère primitif et spécifique de ce déficit qui ne s’explique pas par une paralysie des muscles effecteurs, une surdité, un retard mental, des lésions cérébrales patentes, comme une infirmité motrice cérébrale, un trouble de la communication ou de la personnalité ou une carence sévère, socio-environnementale ou affective. Les limites de cette définition sont l’équipe est marqué par la particularité de Stéphane, dont le trouble de langage reste massif, le rendant quasiment inintelligible, alors qu’il paraît par ailleurs intelligent. Il est évalué à 10 ans dans une unité spécialisée. Au WISC-R, son QIP est normal à 110, tandis que son QIV n’est pas mesurable du fait de l’intensité du déficit langagier. Sa compréhension lexicale et syntaxique est subnormale. Il est non lecteur et ne peut écrire autre chose que son prénom. Il sera à l’origine de la création d’une structure pour enfants dysphasiques, où il va apprendre à lire avec une dysorthographie sévère, mais il ne présente pas de difficultés majeures en mathématiques. Il réintégrera un collège d’éducation spécialisée et passera son CAP de menuisier. Stéphane, devenu adulte, a toujours des difficultés phonologiques et syntaxiques, n’entravant plus néanmoins l’intelligibilité. Act. Méd. Int. - Neurologie (4) n° 1, janvier-février 2003 L es dysphasies de développement se caractérisent par un trouble sévère, spécifique et primitif du développement du langage oral. Elles constituent un des grands déficits neuropsychologiques du développement, dont la prévalence peut être estimée entre 0,5 et 1 %. Ses conséquences sur la vie socio-affective et scolaire sont considérables et peuvent aboutir à l’illettrisme. Mais elles sont en partie “solubles”, au prix d’une prise en charge très spécifique justifiant leur détection précoce. La littérature anglosaxonne inclut les dysphasies à l’intérieur des Specific Language Impairment, ou troubles spécifiques du développement du langage oral, et ne les différencie pas des retards de langage et de parole, caractérisés également par un trouble spécifique, mais modéré et transitoire, du langage oral. nombreuses. Le critère de sévérité est difficile à cerner : autant il est facile de parler de dysphasie à 6 ans devant un déficit important et spécifique du langage, autant il est souvent difficile d’anticiper l’évolution chez un enfant de 3 ou 4 ans. La définition des critères de gravité – dont la description des caractéristiques de déviance du langage – devrait être précisée par des études longitudinales. La distinction entre troubles primitifs et secondaires 17 Plate-forme : troubles du langage I Plate-forme du langage n’est pas toujours facile : le diagnostic différentiel avec une paralysie des effecteurs est évident, de même qu’avec la surdité et les pathologies de la communication. Les difficultés comportementales posent plus de problèmes. La dysphasie, qui prive l’enfant de son moyen le plus riche d’expression et le met en échec, peut générer des troubles comportementaux tels l’isolement, la marginalisation mais aussi l’hyperkinésie. Clinique Les aspects sémiologiques des dysphasies ont des éléments quasi constants et d’autres très variables selon les enfants et leur âge. Les symptômes communs touchent la perception et l’expression. La perception Les troubles perceptifs concernent la discrimination des sons proches (“canif” et “caniche”), la capacité à segmenter une phrase en mots (“le/garçon/joue”) ou un mot en syllabes (“ra/pi/de”). Plus récemment, Tallal et ses collaborateurs ont décrit l’existence d’un trouble du traitement séquentiel de la parole. Lorsqu’on présente à un enfant dysphasique une séquence de deux sons successifs (“ba” et “da”) avec une rapidité de passage du “b” au “a”, variant de quatre secondes à quelques millisecondes, seules les séquences séparées par un temps d’au moins 400 millisecondes sont discriminées, alors que l’enfant “normal” discriminera les séquences séparées par un intervalle de 8 millisecondes. L’expression Les troubles du langage oral les plus constants concernent l’expression, et essentiellement sa phonologie et sa syntaxe. Les troubles phonologiques sont, en général, majeurs et persistants. Les enfants dysphasiques font souvent des erreurs au niveau de l’articulation des consonnes présentées isolément, comme le “g” prononcé “d”. Mais le trouble phonologique se caractérise surtout au niveau du mot par des simplifications (“brouette” : “buette”) qui peuvent aller jusqu’à la production d’une voyelle isolée (“chapeau” : “o”). Il s’agit aussi d’élisions des fins de mots ou des débuts de mots (“poire” : “oir” ou “poi”), d’inversions de sons (“près” : “per”), d’assimilations (“allumette” : “amumette”), de substitutions (“ciseau” : “kiso”), de complexifications (“ami” : “alimi”) ou encore d’approches phonémiques (“radis” : “ra..rami..rapi..radis”) qui contribuent à rendre le langage peu intelligible. Les troubles syntaxiques sont aussi constants dans le langage spontané, induit par des images ou en répétition. La simplification de la syntaxe persiste parfois très tard (“elle la lèche avec sa langue” produit “langue lécher”). Ailleurs, le non-respect de l’ordre des mots, l’absence des “petits mots” (article, pronom, etc.), l’utilisation de structures erronées (“un table”, ou “des cheval”), l’absence de flexion verbale signent l’agrammatisme décrit dans la littérature. Mickael, 10 ans, produit “cheval attend bientôt bébé” en répétition de “on a vu que le cheval attendait un bébé pour bientôt” et “na pond na œufs” pour “ça pond des œufs”. Le déficit en grammaire peut altérer aussi la compréhension syntaxique. Certaines phrases, comme “le livre sur la table est marron”, amènent l’enfant dysphasique à montrer l’image avec une table marron, ses stratégies de compréhension reposant avant tout sur l’ordre des mots... Malgré la pauvreté de son langage, l’enfant dysphasique sait se faire comprendre. À côté de ces signes quasi constants de la dysphasie, la variabilité de la gravité et de l’importance relative des symptômes explique une grande diversité. Tous les observateurs rentrant dans une structure spécialisée pour enfants dysphasiques sont frappés par le “concept”, tant ces enfants sont particuliers, à la fois caractérisés par le contraste entre leurs capacités intellectuelles et de communication et par le peu d’intelligibilité du langage. Mais, en observant plus précisément, ils sont aussi frappés par la disparité des présentations. La diversité porte sur l’intensité des troubles, certains enfants restant inintelligibles à plus de 9 ans, d’autres étant intelligibles, même si leur langage est altéré, dès 7 ans. Elle porte aussi sur l’intensité des troubles de compréhension et sur la proportion relative des troubles phonologiques et syntaxiques. Cela a amené certains auteurs à proposer des classifications en référence à des modèles adultes, attitude discutée par d’autres. En pratique, il existe deux formes très différentes de dysphasies : l’une exceptionnelle, caractérisée par une atteinte réceptive majeure réalisant au maximum une “agnosie verbale congénitale”, et l’autre – de loin la plus habituelle – où l’atteinte expressive est prédominante. Évolution L’évolution à long terme est peu décrite dans la littérature car, malheureusement, les études prospectives longitudinales manquent. L’expérience clinique souligne la variabilité de l’évolution d’un enfant à l’autre, aussi bien sur le plan du langage oral que sur celui du langage écrit. Le langage oral évolue toujours lentement, sans aucune stabilité dans les acquisitions, mais diversement d’un enfant à l’autre. Une étude, qui a concerné 14 enfants dysphasiques suivis longitudinalement de 6 ans à l’âge adulte, souligne cette inégalité dans l’évolution. Deux adultes, alors que leur efficience non verbale mesurée à plusieurs reprises était normale entre 6 et 9 ans, ont, à l’âge adulte, une déficience intellectuelle globale avec un QIP et un QIV inférieurs à 60. Tous les autres ont, à l’âge adulte, une 18 Plate-forme : troubles du langage I Plate-forme efficience intellectuelle de performance comparable à celle qu’ils avaient à 8 ans. Quatre jeunes adultes restent difficilement intelligibles dans leur expression, du fait de la persistance d’un déficit encore sévère de la programmation phonologique. Deux adultes ont un langage social normal. Les six autres adultes ont des séquelles portant sur la phonologie et la syntaxe, de gravité variable mais perceptibles dans une conversation. L’évolution est également variable dans les acquisitions du langage écrit qui sont fondamentales pour l’avenir scolaire – donc social et professionnel – mais aussi pour l’amélioration du langage oral. Menyuk a comparé les suivis prospectifs d’un groupe d’enfants porteurs d’un retard de langage et d’un autre groupe d’enfants atteints d’une dysphasie à celui d’un groupe contrôle constitué d’anciens prématurés. Elle a montré que 95 % des dysphasiques et 25 % des enfants en retard de langage étaient de mauvais lecteurs à 8 ans et demi, comparativement à 10 % dans le groupe contrôle. Les troubles observés sont avant tout un déficit des stratégies d’assemblage et de conversion entre graphies et phonèmes impliquées dans la lecture et l’orthographe. Les difficultés à segmenter les phrases en mots ou les mots en syllabes, les confusions de phonèmes, les omissions de lettres ou de syllabes, les simplifications des sons complexes se voient également en lecture et en orthographe. Traitement La prise en charge retient trois axes : les troubles associés, le langage oral et l’apprentissage du langage écrit. La prise en charge des troubles associés dure souvent tout au long du parcours des enfants dysphasiques et est parfois la première étape thérapeutique, soulignant l’importance d’une approche pluridisciplinaire. Minorer le retentissement comportemental quasi inéluctable d’une telle entrave à la communication et de l’échec scolaire par une guidance psychothérapique est souvent indispensable. Les troubles comportementaux, qu’ils soient causes ou conséquences, doivent être pris en compte, mais en aucun cas cela ne contre-indique la rééducation orthophonique et l’aide pédagogique, car elles seules sont susceptibles d’améliorer les troubles instrumentaux. Reconnaître un syndrome hyperkinétique et le traiter spécifiquement, rééduquer les difficultés motrices par la psychomotricité sont des projets à discuter individuellement. La rééducation du langage oral doit être précoce, intensive, prolongée, adaptée au déficit linguistique de l’enfant, régulièrement réévaluée et intimement liée à l’apprentissage du langage écrit. Elle doit débuter dès que la coopération de l’enfant le permet, c’est-à-dire dès 3 ans-3 ans et demi. Elle doit s’attaquer à chaque trouble : perceptif, phonologique, difficultés de structuration de la phrase et des règles grammaticales. La rééducation de la perception comporte les exercices de discrimination de sons non verbaux (atelier sonore) et verbaux (en travaillant sur les syllabes semblables ou différentes). L’évaluation de programmes plus modernes, comme l’entraînement de la perception de la parole avec voix modifiée, suggérés par Tallal, reste à réaliser et à évaluer. La rééducation phonologique et syntaxique se fonde aussi sur l’utilisation de codes. L’utilisation de codes augmentatifs de la communication s’impose chez tout enfant dysphasique restant inintelligible. Qu’il s’agisse de la “mimogestualité” représentée par une reprise des gestes de l’enfant, de l’utilisation d’un code formel, de type “Français signé” ou “Makaton” (qui réunit les gestes du Français signé et des pictogrammes), l’objectif du code est d’améliorer la communication de l’enfant en l’apprenant à son environnement. Act. Méd. Int. - Neurologie (4) n° 1, janvier-février 2003 La rééducation du langage écrit est un combat essentiel. La plupart des dysphasiques ont des difficultés dans la lecture au niveau du déchiffrage, de l’appariement des graphies aux phonèmes correspondants et vice versa, du fait d’un code phonologique déficient. Dans beaucoup d’expériences, une pédagogie et une rééducation spéciales adaptées, fondées sur des codes, leur permettent de finaliser l’apprentissage de la lecture. L’apprentissage du lexique orthographique est aussi un temps essentiel. On conçoit la difficulté majeure du parcours de ces enfants dans une scolarité en milieu ordinaire, sans aide spécifique, où l’apprentissage de la lecture se fera en règle par une méthode différente de celle utilisée par les rééducateurs, et où les rééducations indispensables alourdissent l’emploi du temps. Ce constat a amené plusieurs équipes à mettre en place des structures, trop rares en France, assurant harmonieusement la rééducation du langage oral et l’acquisition du langage écrit, indispensables pour optimiser l’avenir de ces enfants. Étiologie L’absence d’explication univoque aux troubles sévères du développement du langage oral a provoqué une polémique entre la responsabilité des facteurs “extrinsèques” liés à l’environnement socioculturel, linguistique, relationnel, d’une part, et celle des facteurs “intrinsèques” neurologiques, d’autre part. L’étiopathogénie des dysphasies de développement est certainement multifactorielle. Notre propos n’est pas de nier la responsabilité éventuelle de facteurs extrinsèques, mais de faire le point sur certaines données neurologiques. Anatomiquement Les études neuropathologiques ont documenté des lésions cérébrales dysplasiques de la région périsylvienne 19 Plate-forme : troubles du langage I Plate-forme unilatérale gauche associées à une absence de l’asymétrie physiologique du planum temporal. L’absence de l’asymétrie cérébrale physiologique n’est pas liée à un planum temporal gauche trop petit, mais à un planum temporal droit excessivement gros, n’ayant pas subi son involution. Ces arguments sont évidemment ponctuels, mais l’hypothèse d’une particularité “anatomique”, témoin d’un “cerveau singulier” chez les enfants dysphasiques, a une certaine cohérence. Pour diverses raisons génétiques ou sporadiques, des troubles de la migration neuronale dans la zone dévolue au langage pourraient être responsables d’une non-involution du planum temporal droit et d’une insuffisance de tous les réseaux dendritiques à partir des neurones hétérotopiques. Les études récentes en IRM n’ont pas mis en évidence de lésions focales mais ont confirmé cette absence d’asymétrie cérébrale physiologique. Ces éléments suggèrent une anomalie de la spécialisation hémisphérique anatomique à différentes étapes du développement et en rapport avec diverses étiologies. L’imagerie fonctionnelle Par l’étude du débit sanguin (SPECT), l’imagerie a donné des résultats apportant un argument supplémentaire au trouble de la spécialisation hémisphérique, de même que les anomalies observées lors des tâches de stimulation hémisphérique, comme l’écoute dichotique. Les études électrophysiologiques Elles donnent des résultats contradictoires. Tous les auteurs sont d’accord sur la fréquence plus élevée de paroxysmes intercritiques dans une population de dysphasiques par rapport à une population contrôle. En revanche, la proportion des enfants dysphasiques avec de tels paroxysmes est discutée, ainsi que la fréquence des anomalies et leur signification. Une responsabilité directe des paroxysmes dans le trouble du langage, à l’image du syndrome de Landau-Kleffner, paraît exceptionnelle, et aucun cas d’amélioration du langage secondaire à la disparition des paroxysmes n’a été rapporté. Les aspects génétiques S’ils n’offrent pas non plus une explication universelle, ils seront certainement une voie de recherche dans l’avenir. Les descriptions de cas familiaux ont en commun de montrer une homogénéité intrafamiliale du déficit linguistique, la coexistence dans la fratrie d’enfants sains et atteints, et l’atteinte d’un des deux parents. Ces arguments en faveur d’une théorie génétique de certaines dysphasies méritent d’être rapprochés des travaux effectués dans les dyslexies et, en particulier, des découvertes récentes d’un trait sur le chromosome 6 lié aux dyslexies familiales et d’un gène pathologique en 7q31, appelé “speech 1”, dans une grande famille de trouble phonologique massif. Conclusion Le “générique” des dysphasies de développement mérite d’être reconnu. Le diagnostic est relativement simple à évoquer mais n’est souvent confirmé que tardivement au prix d’investigations neuropsychologiques précises et répétées. Les conséquences thérapeutiques en sont fondamentales. Beaucoup reste à faire : concernant la sémiologie, en s’aidant des connaissances sur le développement psycholinguistique ; concernant les étiologies, sans rien négliger ni de “l’histoire” de l’enfant ni des techniques actuelles qui évoquent un trouble de la spécialisation hémisphérique d’origines diverses : génétique, anténatale, voire épileptique ; concernant la prise en charge, qui doit progresser pour permettre à ces enfants dysphasiques sans pathologie mentale ni psychiatrique d’accéder à l’avenir professionnel et socio- affectif qu’ils méritent. Bien que les dysphasies soient relativement rares, leur reconnaissance, associée à la mise en place dans chaque région de structures pluridisciplinaires adaptées, s’avère indispensable à l’amélioration de leur pronostic. Références 1. Silva PA, McGee R, Williams SM. Developmental language delay from 3 to 7 years and its significance for low intelligence and reading difficulties at age 7. Dev Med Child Neurol 1983 ; 25 : 783-93. 2. 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