PHYSIOLOGIE ET TROUBLES DE L`ÉRECTION

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338. Troubles de l’érection
Objectifs généraux
- Devant un trouble de l’érection, argumenter les principales hypothèses
diagnostiques et justifier les examens complémentaires pertinents.
Objectifs spécifiques
- Savoir la définition d’un trouble de l’érection.
- Avoir pris connaissance des principes physiologiques de l’érection.
- Connaître la fréquence d’augmentation des troubles de l’érection en fonction de
l’âge.
- Connaître la fréquence respective des troubles de l’érection avec une étiologie
organique prédominante, psychologique prédominante, ou mixte.
- Connaître et savoir identifier les principales pathologies ayant une conséquence sur
l’érection (diabète, pathologies cardio vasculaires, dyslipidémies, pathologies
neurologiques) et leur association fréquente avec un trouble de l’érection.
- Connaître le rôle des traitements médicamenteux dans le genèse d’un trouble de
l’érection.
- Enumérer les principales classes médicamenteuses favorisant un trouble de
l’érection.
- Savoir par l’interrogatoire, dépister les éléments orientant vers une cause
organique ou psychologique et évaluer la demande réelle du patient.
- Savoir qu’il faut examiner tout examiner tout patient consultant pour et quels
éléments cliniques rechercher.
- Savoir quels sont les examens complémentaires à pratiquer en première intention.
- Avoir connaissance des examens complémentaires possibles en seconde intention.
- Connaître les principes de la prise en charge thérapeutique d’un trouble de
l’érection (équilibration des pathologies associées et modification des prises
médicamenteuses et prise en charge psychologique et traitement pharmacologique).
- Connaître les principes des traitements permettant de provoquer des érections.
sur le marché de traitements efficaces.
PHYSIOLOGIE DE L'ERECTION
DEFINTION
L’érection peut se définir comme l’augmentation de volume de la verge entraînant la
rigidité progressive de celle-ci. Elle survient en réponse à une stimulation sexuelle
mais également pendant les phases de sommeil paradoxal voire spontanément.
LES ELEMENTS EN PRESENCE
Les corps érectiles
- les corps caverneux sont constitués d'un tissu conjonctivo-musculaire organisé en
travées. Celles-ci vont délimiter de petites alvéoles ou cavernes tapissées de cellules
endothéliales. Les muscles lisses, situés au sein de cette véritable éponge, vont
permettre par un mécanisme actif l'ouverture des cavernes qui se gorgeront alors de
sang. Ce tissu érectile est entouré d'une membrane résistante et peu extensible
: l'albuginée. Elle joue un rôle important dans le passage de la phase de tumescence
à celle de rigidité.
- Le corps spongieux a une structure qui s'apparente à celle des corps caverneux.
Cependant, il n'est que tumescent durant l'érection et ainsi il ne comprime pas
l'urètre qui le traverse.
Les artères
Les artères caverneuses, branches des artères honteuses internes, vascularisent le
tissu érectile des corps caverneux. Ces artères sont de type terminal et leur intégrité
est indispensable pour assurer un débit sanguin suffisant à l'érection.
Les veines
Il existe un drainage veineux sous-albuginé (situé entre le tissu érectile et l'albuginée
des corps caverneux) et un drainage veineux extra-caverneux. Ces veines vont se
drainer dans le plexus de Santorini et vers le réseau honteux externe.
L'innervation
Les centres médullaires de l'érection sont situés au niveau des 2ème, 3ème et 4ème
métamères sacrés. L'innervation motrice des muscles annexés aux organes érectiles
est assurée par le nerf honteux interne. L'innervation neurovégétative est le fait des
nerfs érecteurs qui vont converger vers le plexus hypogastrique. Ceux-ci peuvent
être lésés lors d'interventions sur le pelvis (chirurgie carcinologique) ou lors de
traumatismes
du
bassin.
L'érection
est
un
phénomène
neurovégétatif
parasympathique. Il existe un tonus orthosympathique inhibiteur permanent,
expliquant l'état de flaccidité de base, d'où l'action inhibitrice du stress
(catécholamines).
Ces centres médullaires sont contrôlés au niveau cérébral par des noyaux situés
dans le bulbe rachidien et l’hypothalamus. La sérotonine et l’ocytocine seraient les
médiateurs impliqués dans ce contrôle. C’est à ce niveau qu’agit l’apomorphine
utilisée dans le traitement des troubles de l’érection
Chez le sujet normal, il existe des érections physiologiques nocturnes survenant lors
des phases de sommeil paradoxal. Ces érections peuvent être enregistrées par la
pléthysmographie nocturne.
Les neuromédiateurs
Ils sont surtout étudiés au niveau périphérique et ont un rôle fondamental dans la
régulation du tonus musculaire lisse caverneux. Les fibres musculaires lisses des
corps caverneux et des artères péniennes se relâchent du fait de l’appauvrissement
en calcium des cellules musculaires. Ces mouvements du calcium intracellulaire font
intervenir l’AMP cyclique et la GMP cyclique.
Le monoxyde d’azote (NO) synthétisé par les fibres parasympathiques est le
principal
médiateur
non
adrénergique
non
cholinergique.
Il
augmente
la
concentration intracellulaire de GMP cyclique et favorise donc la survenue de
l’érection. La GMP cyclique est inactivée par la 5 phosphodiestérase. Les nouveaux
traitements des troubles de l’érection (sildenafil, tadalafil, vardénafil) inhibent l’action
de cette 5 phosphodiestérase.
A l’opposé les médiateurs synthétisés par le système sympathique sont à l’origine
d’une contraction des fibres musculaires lisses et donc d’une détumescence.
Les muscles du périnée
Ce sont essentiellement les muscles bulbo-caverneux et ischio-caverneux. En se
contractant, ces muscles vont assurer une augmentation de la pression intracaverneuse .
LES MECANISMES DE L'ERECTION
Trois phénomènes se succèdent:
- relaxation du tissu érectile,
- vasodilatation et augmentation du débit artériel,
-
blocage du retour veineux en particulier sous albuginée conséquence de
l'augmentation de pression intracaverneuse.
Ces mécanismes nécessitent sur le plan purement organique :
- une commande neurologique normale avec des neuro médiateurs efficaces,
- un apport artériel correct,
- un blocage veineux efficace,
- un tissu érectile souple et fonctionnel.
Il ne faut cependant pas simplifier à l'extrême car :
- le phénomène érectile n'est pas encore parfaitement connu dans sa totalité,
- le déficit d'un des éléments n'est pas nécessairement synonyme
d'impuissance car il existe des phénomènes compensateurs. L’érection résulte d’un
équilibre précaire entre ces différents mécanismes.
- de nombreuses impuissances ont une origine multifactorielle.
ORIENTATION DIAGNOSTIQUE DEVANT UN TROUBLE DE L'ERECTION
Avant tout, il faut :
- évaluer avec précision les motifs de la consultation en utilisant un vocabulaire
compréhensible par un homme non médecin
- se souvenir qu'il est impossible de définir une norme en matière de vie sexuelle,
- ne pas cacher son ignorance en demandant des explorations qui ne déboucheront
sur aucune conclusion pratique
- ne pas négliger la composante psychologique même si une cause organique
évidente est au premier plan
L'INTERROGATOIRE
C’est l’élément essentiel et souvent suffisant pour établir un diagnostic.
Il précise :
- l'âge du patient, sa situation familiale, affective et professionnelle,
- le trouble :
- sa nature : impuissance totale, érections instables ou tumescence sans
rigidité, pénétration possible ou non, coït possible ou non,
- sa date de début, sa survenue brutale ou progressive, les éventuels
événements déclenchants (vie affective, vie professionnelle, maladie, deuil ...), sa
survenue permanente ou intermittente. L’existence d’un stress sous jacent, la
relation à l’intérieur du couple, anxiété de performance
- l'existence d'autres troubles sexuels associés (troubles de l'éjaculation, troubles du
désir +++). En effet de nombreux malades consultent pour érection instable et il
s'agit en fait d'une éjaculation précoce entraînant une détumescence rapide avant la
pénétration.
- les antécédents médicaux (cardio-vasculaires, diabète ...), chirurgicaux, (chirurgie
pelvienne élargie ou chirurgie artérielle ...) et les antécédents de traumatisme du
rachis ou du bassin,
- l'importance de l'intoxication tabagique (le tabac altérant le fonctionnement des
muscles lisses intracaverneux)
- la prise de médicaments à visée psychiatrique ou agissant sur le système nerveux
végétatif
- les traitements déjà entrepris pour ce problème sexuel
Au terme de l’interrogatoire, il existe parfois une cause évidente :
- psychologique (élément de vie déclenchant, relation dans le couple, anxiété de
performance)
- traumatique,
- iatrogène (chirurgie pelvienne élargie ou prise médicamenteuse contemporaine à la
survenue du trouble),
L'EXAMEN CLINIQUE
- génital : on apprécie la souplesse et l'élasticité de la verge.
- Le palper des bourses et le toucher rectal rechercheront une infection génitale
sous-jacente ou une suspicion de cancer de la prostate ce qui ferait contre indiquer
un androgénothérapie en cas de déficit en testostérone
- vasculaire : avec prise de la tension artérielle et recherche des pouls
périphériques,
- neurologique avec appréciation de la sensibilité périnéale et des membres
inférieurs
- général à la recherche de signes en faveur d'une atteinte endocrinienne.
En fait,
- une cause organique évidente ne doit pas faire éliminer une composante
psychologique
- cet examen initial est souvent négatif et il faut demander des examens
complémentaires en allant du plus simple au plus compliqué.
LES EXAMENS COMPLEMENTAIRES DE 1 ère INTENTION
LES EXAMENS BIOLOGIQUES :
Les examens les plus utiles en fonction du contexte sont :
- testostéronémie surtout intéressante en cas de baisse de la libido, d’altération de
l’élan vital
- PSA si un traitement androgénique est envisagé pour un homme de plus de 50 ans
Le dosage de la glycémie à jeun à la recherche d'un diabète et celui de la
prolactinémie afin de dépister un adénome à prolactine ne font plus partie du bilan
de base
LE DOPPLER DES ARTERES A DESTINEE GENITALE
Cet examen réalisé après injection intracaverneuse de produit vaso-actif peut
objectiver une atteinte artérielle locale
Sa prescription est nécessaire chez un sujet jeune chez qui on évoque une
impuissance post traumatique par fracture du bassin. Chez l’artéritique connu il
montrera souvent une atteint des artères de verge. Une diminution isolée du flux au
niveau d’une artère caverneuse ne devant pas faire conclure hâtivement à une
cause artérielle de l’impuissance.
Il est souvent normal hormis ces situations et son indication systématique est donc
discutable. Cependant sa normalité rassurera le patient. Ceci représente alors le
premier temps de la prise en charge psychologique de l’homme impuissant.
LES EXAMENS DE 2ème INTENTION
LES EXAMENS BIOLOGIQUES :
En cas d’hypotestostéronémie constatée à 2 dosages espacés de quelques
semaines, il faut connaître l’origine centrale ou périphérique de cette anomalie. Un
dosage de la LH et de la prolactinémie est indiqué
LE TEST INTRA CAVERNEUX :
Principe :
Injecter en intracaverneux direct un produit favorisant la relaxation du tissu
érectile et la vasodilatation. Les drogues utilisées sont nombreuses. Les produits
ayant obtenus l'autorisation de mise sur le marché (AMM) sont les alpha-bloquants
et surtout les prostaglandines E1. Paradoxalement, la papavérine utilisée
empiriquement depuis des années n'a pas l'AMM dans cette indication. Les alpha
bloquants sont moins érectogènes que les prostaglandines.
Technique:
L'injection se fait sans anesthésie locale, au niveau de l'extrémité distale d'un
corps caverneux. La dose de produit utilisée est empirique et dépend des habitudes
de chacun et de l'étiologie de l'impuissance. En pratique les malades psychogènes
ou neurologiques réagissent à de faibles doses de drogues vasoactives. Les alpha
bloquants voient dans ces cas leurs meilleures indications. En cas de lésions du
tissu érectile ou de lésions vasculaires importantes, l'utilisation des prostaglandines
est préférable.
Résultats
Un test positif (érection satisfaisante qui permettrait la pénétration) serait en
faveur d'un tissu érectile souple et permet d'envisager un traitement par
vasodilatateur per os ou par auto-injections intracaverneuses. Un test négatif ne
permet pas de conclure de manière formelle sur l'état du tissu érectile. En effet, le
stress provoqué par l'injection peut modifier le résultat du test intracaverneux. Il est
donc nécessaire de répéter au moins 2 fois le test à quelques jours d’intervalle avant
d'affirmer sa négativité.
Risques
L'érection prolongée est la complication la plus fréquente du test
intracaverneux. Il est donc impératif de ne laisser repartir le patient que lorsque la
détumescence est complète. Le traitement en urgence de l'érection prolongée
consiste à vidanger les corps caverneux par simple ponction.
Indications
- évaluer l'état du tissu érectile,
- test thérapeutique avant d'instituer un traitement par auto-injections,
- prouver à certains patients qu'ils sont capables d'avoir des érections de bonne
qualité avec de très faibles doses de drogues intracaverneuses. Le but est alors de
rassurer le malade.
LES AUTRES TESTS PHAMACOLOGIQUES :
Les prostaglandines intra-urétrales peuvent être utilisées à la place de la voie
intra-caverneuse. Cependant l’efficacité de cette voie d’administration est nettement
inférieure à celle de la voie intra-caverneuse
La prise d’inhibiteurs de la 5 phosphodiestérase ou d’apomorphine per os
peut être utilisée comme test préthérapeutique
LES EXAMENS DE PRESCRIPTION EXCEPTIONNELLE
LA PLETHYSMOGRAPHIE NOCTURNE:
Devant une impuissance, la disparition des érections nocturnes fait plutôt évoquer
une cause organique alors que leur normalité évoque une cause psychologique. Les
techniques d'enregistrement ont fait de gros progrès et actuellement, on peut évaluer
non seulement la tumescence mais aussi la rigidité de la verge. L'interprétation des
résultats doit être prudente en particulier si le résultat est négatif. En effet la qualité
de l'enregistrement est directement lié à la qualité du sommeil qui doit être parfait.
Cet examen très en vogue il y a quelques années n'est plus actuellement un examen
de base. Il est surtout utilisé dans le cadre d'expertises médico légales
LA CAVERNOGRAPHIE :
Principe :
L'injection du produit de contraste dans les corps caverneux permet :
- d'apprécier l'état du tissu érectile,
- de visualiser le drainage veineux. Cependant les images sont à interpréter avec
prudence car les critères de normalité sont mal définis,
- d'apprécier dynamiquement le débit de perfusion nécessaire à obtenir et à
maintenir une érection
Indications :
Elles sont actuellement peu nombreuses. Ce sont surtout des situations dans
lesquelles une iconographie est souhaitable avant de proposer un traitement
agressif:
- recherche d'une atteinte du tissu érectile (fibrose par exemple) ou d'une lésion
focale d'un corps caverneux (fibrose distale, goulot d'étranglement)
- érection instable évoquant un blocage incomplet de l'érection lié le plus souvent à
une atteinte du tissu érectile objectivée par des débits d'obtention et de maintient de
l'érection très élevés.
L'ARTERIOGRAPHIE SELECTIVE DES ARTERES DE VERGE :
La diminution de la fréquence des indications de cet examen est liée à la rareté des
indications chirurgicales vasculaires dans l'impuissance. Réalisée en cas de Doppler
anormal, elle permet de distinguer les lésions des troncs proximaux dont le
traitement chirurgical donne de bons résultats, des lésions distales d'abord
thérapeutique plus difficile. Elle seule permettra de poser l'indication d'un pontage
artériel.
LES EXAMENS ELECTROPHYSIOLOGIQUES :
La mesure du temps de latence du réflexe bulbo-caverneux tend actuellement à être
remplacée par la mesure des potentiels évoqués. Ces examens seront demandés en
cas de suspicion d'une atteinte neurologique :
- traumatisme du rachis ou du bassin,
- atteinte des nerfs pelviens,
- neuropathie.
L’interrogatoire et l’examen cliniques se suffisent souvent à eux même devant un
tableau évoquant une pathologie neurologique.
Ces examens sont surtout utiles en cas d’expertise médicale après traumatisme afin
d’établir une relation possible entre le traumatisme, l’atteinte neurologique et la
survenue d’une impuissance
AU TOTAL:
On pourra évoquer une composante psychogène dominante sur certains éléments :
Evénements déclenchant, stress, dysfonctionnement relationnel au sein du
couple, anxiété de performance, impuissance du sujet jeune
On pourra évoquer parfois une composante organique:
- une cause artérielle : artériopathie connue, tabac, Doppler altéré,
- une atteinte fonctionnelle du tissu érectile : érection instable, résultat du test
intracaverneux intermédiaire malgré l’utilisation de fortes doses de drogue
vasoactive.
- une destruction du tissu érectile : fibrose caverneuse idiopathique ou
survenue à la suite d'un priapisme, résultat du test intracaverneux négatif malgré
l’utilisation de fortes doses de drogue vasoactive.
- une cause neurologique : traumatisme du rachis, du bassin ou des nerfs
pelviens,
vessie
neurologique,
anomalies
des
enregistrements
électro-
physiologiques, hyper réactivité au test intracaverneux (qui doit dans ce cas être
toujours réalisé à faibles doses).
- une hypoandrogénie suspectée devant une altération de la libido, une baisse
de l’élan vital et confirmée par un dosage de la testostéronémie
- une pathologie multifactorielle :
. diabète (neuropathie, vascularite, fibrose caverneuse), la composante
organique étant souvent sur estimée et la composante psychologique sous estimée.
cause artérielle et anomalie caverneuse concomitant (expliquant
d'ailleurs les résultats aléatoires de la chirurgie artérielle)
.
l'impuissance après prostatectomie radicale ou radiothérapie prostatique fait
intervenir des facteurs neurologiques mais aussi artériels.
La découverte d'une anomalie organique isolée doit inciter à la prudence dans
l'indication d'un traitement chirurgical de cette anomalie. En effet il n'existe pas
toujours de relation de cause à effet entre l'anomalie découverte et l'impuissance
constatée. De plus la composante psychologique est toujours présente même si le
problème organique domine le tableau clinique.
EN RESUME, LE BILAN MINIMUM INITIAL RECOMMANDE D’UN TROUBLE DE
L’ERECTION DOIT COMPRENDRE:
-
Interrogatoire et examen physique
-
Testostéronémie totale et parfois PSA
Les autres explorations sont motivées par les constatations cliniques.
PRISE EN CHARGE THERAPEUTIQUE
- les causes multifactorielles sont souvent très fréquentes,
- l'encadrement psychologique est à envisager même si la cause organique est évidente,
LES METHODES THERAPEUTIQUES
Les conseils de base et le soutient psychologique
L'écoute du malade et du couple fait partie du traitement. Elle peut mettre en évidence des
éléments simples qui perturbent l'acte sexuel (dyspareunie féminine ou sécheresse
vaginale, méconnaissance des bases minimales de physiologie et d'anatomie provoquant
des "blocages" psychologiques). L'entretient permettant d'exprimer le trouble permet
souvent au couple de "faire le point"
La prise en charge psychologique, quel que soit son degré (de la simple écoute à la prise
en charge psychiatrique) doit toujours être proposée.
L'arrêt momentané de médicaments modifiant l'action du système nerveux végétatif ou le
statut hormonal peuvent être bénéfique.
L'équilibre d'un diabète connu préviendra l'aggravation de l'impuissance au même titre
que les autres complications dégénératives.
Les traitements pharmacologiques d’aide à l’érection
Les traitements médicaux
- Les traitements vasodilatateurs et veinotoniques sont souvent prescrits. Leur mécanisme
d’action sur l'impuissance est mal connu. L'effet placebo a probablement un rôle important.
Le malade est conscient que l'on ne reste pas insensible à sa plainte et ce traitement
associé à un discours rassurant est parfois suffisant.
- Les inhibiteurs de la 5 phosphodiestérase favorisent la relaxation de la fibre musculaire
lisse intracaverneuse. Ce traitement est formellement contre indiqué chez les hommes
prenant des dérivés nitrés. Le risque d'hypotension dramatique est alors majeur. Parmi ces
médicaments, la prise de sildénafil ou de vardénafil doit se faire une heure avant le
rapport.. La demi vie plus prolongée du tadalafil permet une utilisation moins contraignante.
L'effet ne sera présent que s'il existe une stimulation sexuelle
- L’apomorphine agit au niveau cérébral. Son action est rapide (moins de 20 minutes). Il n’y
a pas de contre indication médicamenteuse. Son efficacité est cependant nettement moins
bonne que celle du sildenafil. L’apomorphine per os est surtout efficace dans les
impuissances à dominante psychogène
- L'androgénothérapie a surtout sa place quand il existe une baisse importante du désir et
que le taux de testostéronémie libre est abaissé
Les injections intra caverneuses
Deux molécules ont actuellement l'AMM dans cette indication: le moxysilite (alphabloquant)
et l'alprostadil (prostaglandine). Après une injection test à la consultation, le médecin peut
décider soit de réaliser une série d'injections en consultation (4 à 6 injections en moyenne
dont le but est essentiellement de rassurer le malade sur ses capacités érectiles), soit de
mettre en route un programme d'autoinjections à domicile (le malade s'injecte quelques
minutes avant le rapport et l'injection est alors une "prothèse" chimique)
L'érection survient 5 à 10 minutes après l'injection et doit persister le temps du rapport
sexuel.
Les complications des injections intracaverneuses sont:
- les érections prolongées. Toute érection persistant plus de 6 heures après
l'injection doit faire réaliser une ponction évacuatrice. le malade doit être prévenu de cet
état de chose. Il doit donc pouvoir joindre 24 h/ 24 un médecin compétent. L’injection
intracaverneuse d’alpha mimétiques n’est pas à réaliser de première intention.
- les nodules de fibrose caverneuse sont devenus rares avec l'abandon de la
papavérine. L'examen régulier de la verge du malade est nécessaire. Cette complication
doit conduire à proposer au malade de s’injecter à tour de rôle dans les 2 corps caverneux.
Le vacuum
Il s'agit d'un système qui permet d'appliquer une dépression sur les corps érectile associée
à un garrottage à leur base. Ce traitement très utilisé dans les pays Anglo-saxons est
relativement peu utilisé en France du fait d'une manipulation difficile et d'une érection
donnant une verge peu esthétique.
Les gels intraurétraux de prostaglandines
Ces produits donnent des résultats moins bons que les traditionnelles injections
intracaverneuses. Leurs effest secondaires (douleur lors de l'érection, concentration
importante de prostaglandines dans l'éjaculat) posent encore des problèmes.
les traitements chirurgicaux
Ils sont devenus rares
- Les pontages artériels : la chirurgie des troncs proximaux donne de bons résultats. Les
chances de succès des pontages sur les artères de la verge sont plus aléatoires. La
technique la plus utilisée consiste à revasculariser une
artères dorsale de la verge par
l'artère épigastrique (18,19).
- les prothèses
Actuellement 3 types de prothèses sont utilisés:
- les prothèses semi-rigides sont des tubes de silicone à armature métallique. Un
tube est placé dans chaque corps caverneux. L'avantage de ce type de prothèse est la
facilité de la mise en place, de manipulation et la fiabilité. Leur inconvénient est l'absence
de flaccidité.
- les prothèses gonflables sont pour la plupart constituées de 2 cylindres implantés
dans les corps caverneux reliés à un réservoir intra-abdominal. Une pompe de gonflage dégonflage est placée dans le scrotum. L'aspect esthétique et fonctionnel est satisfaisant.
Les inconvénients sont un coût excessif, la survenue de problèmes mécaniques et une
manipulation de la pompe parfois difficile. Ces prothèses restent cependant le matériel de
référence.
- les implants souples se présentent comme une prothèse semi - rigide mais de
consistance plus souple. Le but est de favoriser une hyperpression intracaverneuse en
conservant du tissu caverneux périprothétique fonctionnel. Ce matériel est en cours
d'évaluation.
La prothèse, quelque soit sa structure, est un tuteur intra caverneux. Sa mise en place
implique donc une destruction au moins partielle du tissu érectile et expose au risque
infectieux de toute chirurgie prothétique. La prothèse doit rester un traitement de dernier
recours. Le malade sera toujours prévenu du fait que l’érection prothétique est
incomparable à une érection normale tant sur le plan de la rigidité que sur celui des
sensations ressenties.
LES INDICATIONS
l'impuissance de cause artérielle
Les techniques de pontage artériel donnent des résultats aléatoires. Ce n'est qu'en cas de
lésion parfaitement visualisée et localisée à l'artériographie qu'un pontage peut être
proposé. Ces cas sont rares et on s'oriente le plus souvent vers un traitement par
inhibiteurs de la 5 phospodiestérase ou apomorphine per os ou un programme d'injections
intra caverneuses. En cas d'échec la prothèse reste l'ultime recours.
l'impuissance par fibrose du tissu érectile
Le diagnostic de fibrose des corps caverneux est difficile à poser sauf lorsqu'il existe des
antécédents de priapisme mal traité. La seule solution thérapeutique est la mise en place
d'une prothèse pénienne après avoir constaté l'échec d’inhibiteurs de la 5 phospodiestérase
per os et des injections intra caverneuses.
l'impuissance d'origine neurologique
En cas de traumatisme neurologique (rachidien ou pelvien), les inhibiteurs de la 5
phospodiestérase et l’apomorphine donnent de bons résultats. Les drogues vaso-actives
intracaverneuses sont aussi utilisables. Les malades neurologiques sont hypersensibles
aux drogues intracaverneuses et une dose très faible peut conduire à une érection
prolongée. Il faudra être très prudent lors de la mise en route d'un programme
d'autoinjections chez le neurologique. Il faut répéter les tests à dose faible et prévenir le
malade des dangers de l'augmentation même minime de la dose sans avis médical.
l'instabilité de l'érection
Cette symptomatologie est un motif de consultation fréquent. Pendant longtemps cette
instabilité a été rapportée à une "fuite veineuse". Ce terme ne doit plus être employé car
cette "fuite" ne serait qu'une des conséquences de l'incapacité du tissu érectile à comprimer
de manière efficace le réseau veineux sous albuginé. Le sidénafil et l’apomorphine donnent
de bons résultats. Les drogues vaso-actives intracaverneuses sont aussi utilisables.
les cas particuliers
- le diabète associe à la fois un terrain psychologique fragile (maladie chronique
invalidante), une artériopathie, une neuropathie et une atteinte du tissu érectile. Après
échec du sildénafil et des injections intracaverneuses, la prothèse est souvent la solution à
proposer avec des risques infectieux importants.
- l'impuissance après prostatectomie radicale ou radiothérapie prostatique fait
intervenir des facteurs neurologiques mais aussi artériels. Sa prise en charge doit être
précoce (en pratique dès le 2ème mois post thérapeutique). Les injections intra
caverneuses donnent d'excellents résultats surtout si le malade a été prévenu en pré
opératoire du risque sexuel et de sa prise en charge par un programme d'autoinjections. Le
sildénafil ne donne pas plus de 30% de bons résultats. De meilleurs résultats sont
annoncés avec les autres inhibiteurs de la 5 phosphodiestérase, mais sont à confirmés
Les dysérections de causes psychologiques prédominantes : voir question 40 :
sexualité normale et ses troubles.
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