Ménon de Platon Sur la vertu, genre probatoire
Savoir éristique
exotérique (tout le monde).
Le genre probatoire est la preuve, la définition de la vertu avec arguments.
Anythos = celui qui bâcle
L’esclave = la connaissance est indépendante de la condition sociale.
Gorgias = un sophiste (c’est un maître de rhétorique) autrement di il apprend à ses élèves l’art
de bien parler.
I] Question initiale : la vertu est-elle inée ou acquise ? la 1er réplique de Ménon)
(p125) :
II] Question préalable : Il faut déjà se demander qu’est ce que la vertu ? (p126) :
C’est la recherche d’une conceptualisation de la vertu c'est-à-dire qu’il faut trouver tous les
points communs aux différentes vertus pour savoir si elle est innée ou acquise.
Ménon est l’hérité d’une tradition grecque qui définit la vertu par le corps, être vertueux c’est
être fort, courageux. C’est un héritage d’une civilisation qui valorise les Jeux Olympiques. Et
au contraire Socrate, va définir la vertu comme étant celle de l’âme ou de l’esprit, être
vertueux c’est être bon ou moral.
1) La première réponse du texte est une réponse dogmatique, non donne son
opinion, il fait preuve de précipitation et de montre dogmatique (p127) :
Dogmatique : c’est la première étape dans la recherche de la vérité c’est lorsque l’on croit
savoir sans savoir.
La première leçon de sagesse de Socrate consiste à montrer à Ménon que quand on sait pas il
faut le reconnaître car reconnaître son ignorance est la condition pour aller plus loin et
chercher le vrai. La première erreur de Ménon c’est d’énumérer des cas particuliers. C’est
faux car une définition est universelle et ne s’intéresse pas aux différences propres à chaque
cas particulier. La réponse de Socrate est ironique, son but c’est de mettre son interlocuteur
dans l’embarras ou de le mettre en contradiction avec lui-même. Pour aider Ménon, Socrate
prend l’image des abeilles. Cette image insiste sur le décalage entre le particulier et
l’universelle, la définition doit être universelle : elle doit rassembler en elle tous les points
communs à une même classe d’objets ; alors que l’énumération porte sur les différences entre
les cas particuliers.
Cette image est imparfaite puisqu’elle compare une vertu morale et un fait.
P129 : remarque : cette image de la santé est meilleur que l’image des abeilles parce qu’elle a
le même objectif mais c’est une valeur comme la vertu donc il y a une analogie entre des
termes comparables :
âme
vertu
Homme
santé
Un raisonnement par analogie concerne l’idée de proportion : elles sont conservées de part et
d’autre du signe = mais les termes ne sont pas identiques.
P130 : Socrate va aider Ménon en lui donnant un indice sur deux points communs à tous les
êtres vertueux : la vertu implique tempérance (pas d’excès) et justice.
Tempérance vertu chez les Grecs depuis Aristote.
Justice la balance qui veut dire l’égalité devant la loi : tous les Hommes peuvent être
vertueux de la même manière, et l’épée qui symbolise la sanction pénale si on ne respecte pas
les lois on peut être puni.
2) Deuxième réponse (p132) Image = opinion « c’est la capacité de commander
aux hommes » c’est le moment du doute ou le moment sceptique :
Cette réponse est meilleur car Ménon essai de donner une vraie définition et non pas une
énumération de cas particuliers. De plus sa réponse est une question donc cela signifie que
Ménon commence à douter.
Le doute est heuristique c'est-à-dire qu’il incite à la recherche de la vérité, la limite de cette
réponse est qu’elle n’est pas valable pour tout le monde, donc il lui manque l’universalité.
Socrate va essayer de l’aider en lui proposant une caractéristique de la vertu vraiment valable
pour tous les Hommes : c’est la justice.
Le verbe être à quatre sens :
1) Il permet de poser une existence : Socrate est.
2) Il permet d’affirmer une identité, relation identité = tautologie ; A est A est
différent de A=A.
3) Relation d’appartenance : Socrate est un homme.
4) Il permet de poser des caractéristiques communes entre plusieurs ensembles.
Socrate veut faire comprendre à Ménon qu’il y a des caractéristiques communes à la vertu et à
la justice et non pas une relation d’identité.
1er argument : il y a d’autres vertus que la justice.
2ème argument : la justice est aussi une institution qui ne se réduit pas à la vertu.
3) Détour par la figure (Socrate veut faire comprendre l’idée de limite) :
L’intérêt du passage c’est de faire réfléchir Ménon sur ce qu’est une définition (voir p136), la
définition rassemble les points communs à une même classe d’objets. Il y a une analogie entre
la vertu et la figure, le but de Socrate est de montrer à Ménon qu’une finition à une forme
achevée. En Grèce la définition est de type analytique parce qu’elle donne d’abord son genre
puis son espèce.
Exemple : L’homme est un animal doté du langage.
Le but du passage par la couleur est identique, Socrate veut montrer que toutes définitions
doivent être achevées.
4) 3ème réponse :
La vertu est le désir des belles choses avec le pouvoir de se les procurer. C’est la 3ème fois que
Ménon se trompe parce que d’une part il glisse vers des valeurs esthétiques et d’autre part il
conserve l’idée de puissance (hériter de la valorisation du corps) Ménon se trompe parce que
cette définition ne s’applique pas à tout le monde et d’autre part il confond les valeurs morales
et les valeurs esthétiques, c’est pas parce que c’est beau que c’est bon.
Ici on a une thèse célèbre de Socrate, pour Socrate : « Nul n’est méchant volontairement » on
ne peut pas désirer le mal sachant que c’est le mal, on ne peut désirer le mal qu’en croyant
que c’est le bien. Cette morale a été remise en question au XVIIIème siècle par les morales de la
liberté. Socrate défend une morale du bien alors qu’à partir du XVIIIème siècle (Kant) on
défend des morales du sujet, de la liberté. Pour Socrate la morale dépend des valeurs,
l’Homme ne peut vouloir le mal que parce qu’il ne connaît pas ce qu’est le bien, la raison est
qu’il a intérêt à bien agir sinon il sera puni par la justice des Hommes ou par celle de Dieu.
Au XVIIIème siècle la morale est définie par l’intension du sujet : si mon intention est bonne
alors je suis moral même si mon action échoue.
Conclusion du II :
Cette partie du texte est consacrée à la recherche d’une définition mais Ménon n’y parvient
pas car il propose quatre ponses successivement fausses, la 1er parce que c’est une
énumération, la 2ème parce qu’elle s’applique qu’aux dirigeants, la 3ème confond justice et
vertu et la 4ème dérive vers des valeurs esthétiques et non plus morales.
III] La doctrine de la réminiscence comme fondement de la recherche :
1) Intermède : Socrate, poisson torpille :
Ménon refuse de jouer le jeu du dialogue et il répond à Socrate en l’attaquant sur sa personne.
Il n’a pas compris qu’en philo on peut remettre en question une idée sans attaquer la personne
qui se trompe. Il accuse Socrate de sorcellerie c'est-à-dire d’utiliser des moyens irrationnels
pour l’empêcher de répondre. Cette réponse est déplacée il cherche à sortir du dialogue pour
éviter d’avoir à remettre en question ses idées. Socrate utilise la méthode de l’aporie (blocage
de la pensée) il cherche à embarrasser son interlocuteur pour qu’il prenne conscience qu’il ne
sait pas.
2) Exposé de la doctrine (p152) :
a) Argument éristique :
Il donne un argument éristique pour éviter d’avoir à répondre sur la question principale. C’est
un procédé rhétorique qui vise à empêcher d’avoir une réflexion réelle. Il enferme
l’interlocuteur dans un cercle vicieux : ce que je ne sais pas, je ne peut pas le rechercher car je
ne sais même pas qu’il existe et je ne le reconnaîtrai pas, et ce que je sais je ne le cherche pas
non plus parce que je le sais. Cet argument vise à rendre impossible tous enseignements, c’est
un argument paresseux mais critiquable.
Cet argument est critiquable : il repose sur une erreur de logique : il suppose que soit l’on sait
tous soit l’on sait rien c'est-à-dire qu’il accepte une disjonction qui n’existe pas. On sait
toujours quelque chose c'est-à-dire que l’Homme est entre les deux.
Il repose sur une erreur chronologie entre je ne sais pas et je sais il y a la dimension du
temps c'est-à-dire que pour apprendre il faut du temps.
Il repose sur une erreur modale : il existe deux modes possibles du savoir : ce qu’on
appelle le savoir en puissance et le savoir en acte. Le savoir en puissance c’est ce que je peux
savoir, savoir potentiel. Le savoir en acte c’est au contraire le savoir que je maîtrise
actuellement. L’erreur de Ménon est de considérer que l’on peut passer d’un savoir en
puissance à un savoir en acte. Or Socrate lui montre qu’avec le devenir c'est-à-dire du travail
et des efforts on peut passer d’un savoir en puissance à un savoir en acte.
b) « Chercher et apprendre, c’est se ressouvenir » (p153-154) :
Socrate détruit l’argument éristique avec la théorie de la réminiscence. Ménon voulait
démontrer que la recherche de la vérité est impossible que l’on soit ignorant ou savant, et
Socrate veut montrer le contraire.
L’Homme est capable d’accéder à la rité parce que l’âme est porteuse d’idée et elle est
immortelle, se sont les deux postulats ou axiomes sur lesquels repose la théorie de la
réminiscence. Chez les Grecs ce double postulat a le statut d’un mythe et c’est un principe
d’individuation : c’est à l’âme que l’on reconnaît quelqu’un.
Pour Platon il y a deux sortes de mémoires, la 1er la mémoire empirique que l’on appelle
réviviscence c’est le fait de réactualiser un souvenir de l’extérieur, la 2ème la réminiscence qui
est la véritable mémoire, elle consiste à faire ressurgir les souvenirs oubliés que l’âme connaît
de toutes éternités, elle signifie que l’Homme est capable d’atteindre la vérité ou encore qu’il
y a en lui une capacité à reconnaître les idées vraies lorsqu’elles se présentent à sa raison. La
réminiscence c’est le fondement de la vérité, c’est ce sur quoi repose toutes théories de la
connaissance chez les Grecs.
3) Vérification sur l’esclave (p155-171) :
Socrate met à l’épreuve la théorie de la réminiscence il veut montrer que même un Homme
qui n’est pas éduqué peut atteindre la vérité parce que apprendre c’est se souvenir. L’intérêt
du passage est de rappeler par quelles étapes l’esprit passe dans la recherche de la vérité :
L’étape dogmatique = c’est répondre précipitamment (sans réfléchir) et c’est croire
qu’on sait cas limite : fanatisme.
L’étape sceptique = c’est être capable de remettre en question ses idées, c’est douter,
suite à une aporie (un obstacle dans la pensée).
L’étape critique = c’est être capable d’accueillir des idées vraies grâce à la
réminiscence.
Ce passage illustre la conception de la réminiscence de Socrate.
IV] Retour à la question préalable :
1) Discours sur la méthode : Mathématique et dialectique (p172) :
Ménon refuse de chercher la question préalable parce qu’il veut se concentrer sur la question
initiale. Il se montre borner et il veut faire comme-ci il n’avait rien appris. Il refuse de mettre
de l’ordre dans ses questions. Il veut savoir si elle s’enseigne ou non avant de savoir se qu’elle
est. Socrate accepte de réfléchir à la question initiale sans procéder d’abord à l’examen de la
question préalable à condition que Ménon lui accorde d’utiliser un procédé mathématique :
résonner par hypothèse sur la vertu sans savoir se que qu’elle est. Quelle est la valeur des
mathématiques pour Socrate et quels sont les points communs entre science hypothético-
déductive et l’art du dialogue (dialectique) ?
Pour le comprendre il faut réfléchir aux conditions d’apparition de la science mathématique.
En Egypte
Lieu : dans la technique de
l’arpentage (mesure de la superficie
du terrain, en arpent).
But : besoin, utilité, efficacité.
Nature : c’est un instrument, un
moyen.
Méthode : par essais et erreurs, par
expérience sensible, par
tâtonnements.
Légitimation : a posteriori fondé sur
l’expérience.
Conséquence : des recettes, des
connaissances empiriques.
Epistémologie : discours sur la science.
Cela à donner le calcul.
En Grèce :
Thalès (-640/-556)
Pythagore (-570/décès inconnu)
Euclide (-322/-285)
Lieu : la Grèce en même temps que la
philosophie.
Buts : les mathématiques ont un but
désintéresser, c'est-à-dire une fin en
soit (théoria).
Nature : elle est théorique.
Méthode : la démonstration (on
appelle démonstration un
enchaînement logique de proposition
dont le passage de l’une à l’autre est
nécessaire et entraîne l’assentiment
universel).
Légitimation : a priori fondé sur un
raisonnement.
Conséquence : on abouti à des
théories unifiées qui se caractérise par
une unité, une fermeture de la théorie,
la progression jusqu’à saturation. La
conséquence c’est qu’on abouti à une
théorie systématique (qui repose sur
des axiomes, qui procède à des
déductions, qui utilise des définitions,
qui aboutisse à des théorèmes). Ça
veut dire qu’il y a une progression de
toutes les capacités que contient le
point de départ de la démonstration.
Cela à donner les mathématiques.
Quelles sont les raisons de l’apparition de la science mathématique ?
Raison politique : en Grèce il y avait une circulation libre des idées favorables au
développement de la science sur l’agora (forum).
Raison économique : les Hommes libres avaient des esclaves pour assurer le travail et
donc ils avaient du temps pour penser. La philosophie et les mathématiques sont filles
du loisir.
Raison psychologique : les Hommes ont pris du plaisir dans la recherche des
intéressés.
La valeur des mathématiques pour Platon et Socrate :
Les mathématiques sont une science propédeutique c'est-à-dire qu’ils entraînent
l’esprit à rechercher la vérité.
La géométrie s’appui sur des figures donc elle entraîne l’esprit à passer du sensible à
l’intelligible (monde des idées).
Au fronton de son école Platon avait inscrit la phrase : « Nul n’entre ici s’il n’est
géomètre. ». Avant philosopher il faut être capable de résoudre des problèmes de
géométrie.
Les limites des mathématiques pour Platon :
L’hypothèse mathématique ne donne jamais lieu à une réflexion sur les conditions de
possibilité du discours mathématiques.
Les mathématiques ne permettent pas de traiter les questions portant sur des valeurs,
ex : la vertu.
Platon lui reproche de conserver une dimension sensible (la figure) au lieu d’être
entièrement intelligible.
2) Polémique sur la méthode des sophistes :
Qu’est ce qu’un sophiste ? (p. 180 à 185).
Un sophiste est un savant qui apprend l’art de bien parler à ses élèves. Au départ un
sophiste vient du mot grec sophia (sagesse) donc c’est un métier honorable. Le métier se
pervertie lorsqu’en -480 avant Jésus-Christ, Gorgias commencera à se faire payer pour
enseigner. Les grecs les accusent d’être responsable de la coupure publique/privée. La
monnaie est quelque chose de nouveau et elle ne joue aucun rôle dans la citoyenneté donc les
sophistes sont comparés à des prostituées. Ils sont des nomades, ce sont des professeurs
itinérants. Or les grecs définissaient la citoyenneté par l’attachement à une cité. Comment
défendre une cité et ses intérêts politiques si on est nomade ?
Les sophistes posent un problème politique = Comment est-il possible de considérer la
politique comme un métier alors que pour les grecs la politique est l’affaire de tous. Il y a une
opposition entre deux fondements de la politique :
- La politique est fondée en nature c'est-à-dire que tout homme peut
remplir les charges politiques ( philosophes).
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