Exemple d*une dissertation dialectique

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Exemple d’une dissertation dialectique Au 2014
Nom :
Réponse à la question Socrate s’est-il bien défendu devant le tribunal de l’Héliée ?
Sujet amené
Certains disent que Socrate fut le messie de la philosophie, tant il a inspiré la tradition
intellectuelle qui l’a suivi. Si on peut ainsi le qualifier, c’est aussi parce qu’il a été
condamné à mort, comme Jésus. Contrairement au Christ, c’est un juré de citoyens
Problématique
avec une
controverse.
Sujet divisé.
athéniens qui l’a condamné à mort. Comment se fait-il que Socrate, grand maître de
l’argumentation, ait été reconnu coupable d’impiété et de corruption de la jeunesse
par les Athéniens ? Cette dissertation dialectique cherchera à évaluer la valeur de
l’argumentaire de Socrate afin de déterminer ce qu’il voulait justifier. Ainsi, s’il n’est
pas parvenu à justifier son mode de vie à la population athénienne, peut-être a-t-il
réussi à immortaliser le mode de vie philosophique?... On verra dans une première
partie que notre philosophe est, à notre avis, parvenu à réfuter les deux accusations
de Mélétos, Anytos et Lycon. Par contre, on constatera ensuite qu’il n’est pas parvenu
à toucher la sensibilité de ses juges et qu’il les a même ligués contre lui. Finalement,
on verra que sa condamnation était peut-être attendue par lui-même parce qu’en fait,
Socrate ne craignait pas la mort.
Thèse
Argum
ent
Confirmation1
démontrée par
une citation.
Confirmation2
démontrée par
une paraphrase.
Confirmation3
démontrée par
une explication.
Conclu partielle
Confirmation1
Confirmation2 :
énumération
Argument
Premièrement, il est évident que Socrate, tel que raconté par Platon, était un
excellent discoureur. De fait, il n’a pas eu de mal à réfuter les accusations de ses
adversaires qui se résumaient en ces mots : «Socrate est coupable en regard de la loi
de corrompre la jeunesse et de reconnaître non pas les dieux que reconnaît la cité,
mais des divinités nouvelles.»(Apologie, 24 b-c) Il réfute Mélétos (1) grâce à sa
méthode dialectique par laquelle il met son accusateur en contradiction avec luimême. De fait, en discutant avec lui, il démontre qu’il serait absurde qu’«un seul
homme corrompe la jeunesse, tandis que les autres œuvrent pour leur
bien.»(Apologie, 25b) Aussi(2), il démontre qu’il n’est pas assez stupide pour former
des jeunes gens au mal, alors qu’il aurait souffert de ces jeunes gens qui, une fois
devenus adultes, seraient devenus des êtres dangereux. (Apologie, 25 e) Il fera de
même(3) avec sa deuxième accusation en démontrant qu’il ne peut pas à la fois croire
aux enfants des dieux et ne pas croire en leurs parents qui sont les grandes divinités
(Apologie 27d)… Bref, alors que Socrate plaide pour sa vie, il se plaît encore à
dialoguer avec ses accusateurs et à les mettre face à leur propre contradiction. C’est
dire que la méthode dialectique de Socrate est ici des plus efficace pour réduire à
l’absurde des accusations non-fondées.
Par contre, Socrate a néanmoins perdu son procès(1). Pour certains, se serait là une
preuve qu’il ne s’est pas si bien défendu. À plusieurs reprises(2), le philosophe
harangue la foule en lui disant qu’il ne se défendra pas comme les autres qui pleurent,
qui récitent de beaux discours et qui font comme ceux qui usent de tous les moyens
Exemple d’une dissertation dialectique Au 2014
Confirmation 3
Argument ressaisi
dans la conclu
partielle
Thèse
Argument A v/s
sophiste
Argument B : la
nature du discours
Confirmation1 :
explique
l’argument B
Confirmation2 :
Prolonge les
conséquences de
l’arg. B
La conclusion
partielle ressaisit
la thèse générale
du paragraphe.
On saisit le propos
général du texte
en donnant les
principaux
arguments.
On termine par un
jugement
prescripteur qui
réactualise le
propos
rhétoriques pour contourner la vérité. Socrate dit qu’il privilégiera la vérité aux beaux
discours. En plus(3), quand vient le temps pour notre vieil homme de se donner sa
propre peine, il dit qu’il «devrait être nourri au prytanée pour le reste de ses jours. »
(Apologie, 36 d), ce qui a pour effet d’insulter le jury qui l’avait non pas condamné à
une récompense, mais à une peine ! Tant et si bien qu’on peut effectivement dire que
Socrate n’a pas agi avec une grande prudence dans son plaidoyer argumentatif et qu’il
a même sans doute précipité sa peine de mort…
Enfin, Socrate est mort, mais son plaidoyer est resté immortel, car il nous a été
rapporté brillamment par Platon et par Xénophon. En cela, son message nous semble
avoir mieux porté que (A) s’il avait suivi les conventions des sophistes de son temps et
qu’il avait usé de beaux discours pour séduire la foule. Le plaidoyer de Socrate doit (B)
moins être considéré comme le discours d’un homme qui voulait sauver sa peau d’une
accusation illégitime que comme une apologie du mode de vie philosophique luimême. De fait,(1) Socrate ne craint pas la mort, car il dit dans un premier temps qu’il
ne la connaît pas. Par contre, il connaît le sens de son existence, il connaît la mission
que lui a donnée le dieu de Delphes, c’est-à-dire celle d’interroger les Athéniens pour
démasquer leurs faux savoirs. En mettant ces deux considérations dans la balance de
son jugement, il choisit de poursuivre sa mission jusque dans son procès en énonçant
aux Athéniens leurs quatre vérités. D’ailleurs ,(2) il leur dit que sa condamnation à
mort ne réglera pas leur problème: «Il augmentera le nombre de ceux qui vous
demanderont de vous justifier , et que je m’employais à retenir sans que vous cous en
rendiez compte.» (Apologie, p. 39 c) Un peu comme si Socrate anticipait l’essor qu’il
avait donné à la philosophie éthique… Enfin, on comprendra que la mission de la
défense de la philosophie plaidée dans l’Apologie primait sur la crainte qu’il pouvait
avoir de la mort. Il ne fallait pas qu’il se défende lâchement, à la manière élégante des
sophistes, mais courageusement, en démontrant que ce mode de vie philosophique
qui nous incite à nous connaître nous-mêmes, qui nous incite à vivre selon nos
certitudes et à douter des préjugés de la cité est celui qui sied à un esprit trempé à la
philosophie !
Pour conclure, nous pouvons dire que bien qu’elle n’ait pas été rhétorique, la défense
de Socrate fut philosophique. Non seulement, parce que Socrate usa de sa méthode
dialectique contre Mélétos, mais surtout parce que notre philosophe justifie tout au
long de son plaidoyer un mode de vie qui l’a tourné vers la sagesse et qui lui permet
d’affronter la mort avec sérénité. Il nous reste à souhaiter que la philosophie fasse son
chemin dans les esprits de jeunes gens afin que ceux-ci se tournent vers les valeurs
intègres de cette discipline et qu’ils abandonnent progressivement les valeurs qui sont
en train de tuer notre planète…
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