Platon (427 – 347 av. J.-C.) Ou l`art suprême du dialogue

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Platon (427 – 347 av. J.-C.)
Ou l’art suprême du dialogue:
Auteur d’une série de dialogues où Socrate, dont il fut le disciple, a le plus souvent le
rôle principal. Il est le premier a utilisé le dialogue (Socrate se contentait d’enseigner par sa
parole, sinon on utilisait des poèmes ou des traités sérieux). Le dialogue renouvelle l’intérêt
de la lecture. Variation des styles (discussion, fables, récits, éloges). Il fait survenir des
épisodes (arrivée inopinée d’Alcibiade ivre au banquet d’Agathon). C’est par une convenance
supérieure que la forme du dialogue est choisie pour exprimer la vérité de la philosophie.
Ainsi, Platon identifie l’accès à la philosophie par la dialectique (art du dialogue). La pensée
est à l’intérieure de l’âme un dialogue pour elle même qui se produit sans voix. Le dialogue
est l’examen des réponses à une question. Les propositions qui fondent sa conclusion ne
peuvent être que celles auxquelles le répondant a explicitement donné son accord.
Ex : bref dialogue, l’Hippias mineur. Pour Hippias, Homère opposerait les caractères
d’Achille et d’Ulysse comme ceux de l’homme vrai et droit, et de l’homme faux et divers.
Socrate pose la question de savoir si l‘homme qui commet le mal sans le vouloir est meilleur
que celui qui le commet par stratégie, car cela implique déjà de dissocier le mal du bien, ce
qui est une qualité. Socrate parvient à faire dire à Hippias qu’une âme connaissant le bien et le
mal et capable des deux doit valoir plus qu’une âme inconsciente du mal. Toutefois, tous deux
refusent d’admettre la vérité de cette conclusion, elle dément uniquement, par la
démonstration par l’absurde, les affirmations du sophiste. Alors que Socrate dénonce
l’incohérence des dires de Hippias, celui-ci soupçonne l’autre d’avoir forgé de toute pièce
l’apparence, en jouant sur les mots, ou de s’être mal exprimé.
En raison de notre conviction nous inclinons à juger que nous n’avons pas été
compris : la vérité ne peut donc être découverte que par nous-mêmes. Si un homme se
contredit dans un même entretien, c’est que le langage l’a dupé, celui-ci étant maniable
comme un outil de persuasion. La rhétorique est donc l’art royal pour captiver les esprits.
Socrate serait plus orateur que les orateurs, plus sophiste que les sophistes, parce qu’il
s’abstiendrait ironiquement de faire profession de l’être. Nietzsche insinuera que la pratique
du dialogue par Socrate n’exprimait peut-être qu’un désir de négation et destruction des
convictions affirmatives des forts. L’ironie serait alors de faire croire qu’il cache une
quelconque sagesse alors qu’il ne croit à rien (1er nihiliste). Le souci de Platon était de
déterminer comment le monde devait être changé pour qu’y advienne le règne de la justice.
Le savoir du bien ne peut qu’être également vouloir accompli. L’opposition à la philosophie
se rencontrera toujours en toute société, car nul ne peut croire aisément que le bien qu’il
poursuit ne soit pas le vrai bien. Le scandale n’est pas le fait qu’Athènes ait voulu tuer en
Socrate le plus juste et le plus sage des hommes de son temps, car l’enseignement de Socrate
montre qu’ils suivent leur illusion de bien faire, mais notre ignorance de ce qui réalise le bien.
La constitution de la Cité idéale dans la République, est donc strictement le modèle du seul
gouvernement de soi. On doit vivre selon la loi du gouvernement sitôt qu’on la comprise.
Le tyran est halluciné par la croyance infantile que le bien serait l’accomplissement de
tous les désirs, comme s’il prenait ses rêves pour la réalité. Toute connaissance est toujours
exprimable comme un discours : l’opinion interprète et juge les phénomènes, mais elle peut
être vraie ou fausse. Le dialogue est le seul recours approprié pour juger d’un désaccord de
langage.
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