certaine forme de rationalité économique. Le classement des propositions de projets qui
en découle n’est pas parfait, mais peut tout de même être accepté comme un
rapprochement raisonnable du classement économique. Le problème majeur reste qu’un
tel classement ne propose pas de ligne de démarcation claire. C’est en effet le budget
disponible qui détermine le nombre de projets pouvant être financés et l’on ne sait pas si
ce budget répond aux objectifs, ni s’il est en dessous ou au-dessus du niveau
d’investissement optimal.
Un autre problème que l’on retrouve souvent consiste à s’écarter du classement afin
d’obtenir un éventail politiquement acceptable de projets sélectionnés couvrant
différentes matières premières, thèmes, zones géographiques et organismes
d’exécution. Avec cette méthode, les propositions figurant en haut du classement sont
abandonnées au profit de projets moins bien classés, ce qui réduit la rentabilité globale
de la série de projets sélectionnés.
Différence entre optimum public et privé
Selon que l’évaluation d’une série de propositions de projets est menée dans une
perspective publique ou privée, le résultat (en termes de projets sélectionnés et de
dotation budgétaire optimale) sera différent. Deux facteurs sont à l’origine de cette
différence :
1. Le taux de rendement minimal utilisé par le secteur privé (de l’ordre de 15 à
20 %) est sensiblement plus élevé que le taux utilisé par l'État (environ 6 % dans
les pays développés et 12 % dans les pays en développement). Cela peut
s’expliquer par le fait que l’emprunt de fonds revient généralement plus cher au
secteur privé. De plus, ce dernier ajoute une marge bénéficiaire conséquente en
complément du taux d’intérêt.
2. Dans le calcul du taux de rendement attendu d’un projet d’innovation, le flux
d'avantages tel que déterminé par le secteur public comprend à la fois les
avantages pour le producteur et le consommateur, tandis que le flux d'avantages
tel que déterminé par le secteur privé (ou par un organisme agissant en son
nom) ne prend en compte que les avantages pour le producteur. Les coûts des
projets sont les mêmes dans les deux cas de figure. Par conséquent, le même
projet d’innovation présente un taux de rendement attendu plus élevé lorsqu’il
est évalué d’un point de vue macro-économique (celui du planificateur central)
que s'il est évalué d’un point de vue micro-économique (celui de l’entreprise
privée). De plus, le classement relatif des projets sera également affecté – les
projets qui génèrent des avantages surtout pour le consommateur seront moins
bien notés dans le classement privé. L’un dans l’autre, on peut s’attendre à ce
que le niveau d’investissement privé optimal soit inférieur à celui du public. Cela
constitue un argument de poids en faveur de subventions pour l’innovation privée
dans une économie de marché. Du point de vue du secteur privé, de telles
subventions réduisent les coûts des projets d’innovation et augmentent donc leur
taux de rendement attendu. Ainsi, un nombre supérieur de propositions de
projets dépassera le taux de rendement minimal privé, ce qui réduira l’écart entre
les niveaux d’investissement optimaux du privé et du public.
L’offre de projets d’innovation
La sélection économique de propositions de projets d’innovation agricole telle que nous
venons de la présenter ne s’applique qu’aux propositions qui sont soumises pour
évaluation. À cet égard, l’optimum calculé est celui qui est fondé sur la capacité
d’innovation humaine (en termes de chercheurs, de spécialistes de la vulgarisation, etc.)
et physique existante. Les décisions concernant le développement de cette capacité ne
peuvent être guidées par des projets individuels, mais relèvent du long terme et de la
stratégie. Par exemple, pour qu’un pays puisse tirer parti de la biotechnologie dans