i. introduction

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ECONOMIE ET
SECURITE
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Original : anglais
Assemblée parlementaire de l’OTAN
SOUS-COMMISSION SUR LA COOPERATION ET LA
CONVERGENCE ECONOMIQUES EST-OUEST
LA SITUATION ECONOMIQUE EN MOLDOVA
RAPPORT SPECIAL
KURT BODEWIG (ALLEMAGNE)
RAPPORTEUR FAISANT FONCTION
ET PRESIDENT DE LA SOUS-COMMISSION
Secrétariat international
7 octobre 2007
Les documents de l’Assemblée sont disponibles sur son site internet, http://www.nato-pa.int
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i
TABLE DES MATIERES
I.
INTRODUCTION ....................................................................................................... 1
II.
L'ECONOMIE ............................................................................................................. 2
III.
LE COMMERCE ET L’ENERGIE ............................................................................... 5
IV.
LE MARCHE DE LA TRANSNISTRIE ET L'ECONOMIE MOLDOVE ........................ 7
V.
AUTRES ACTEURS IMPORTANTS ........................................................................ 11
VI.
CONCLUSIONS....................................................................................................... 13
ANNEXE ............................................................................................................................ 15
BIBLIOGRAPHIE ............................................................................................................... 16
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I.
1
INTRODUCTION
1.
Bordée à l’ouest par la Roumanie et au nord, à l'est et au sud par l’Ukraine, la République
de Moldova comprend la partie orientale de la principauté roumaine de Moldavie (1359-1859).
Longtemps terre d’occupation, sa culture politique et économique en a gardé des traces. Les
Ottomans l’ont annexée au XVIe siècle et le territoire, appelé alors Bessarabie, a été cédé à
l’Empire russe en 1812. Ce territoire était délimité à l’ouest par le fleuve Prout, au nord et à l’est
par le Dniestr, au sud par la mer Noire et au sud-est par le bras Chilia du Danube. La Bessarabie
est restée sous domination russe jusqu’en 1918, date à laquelle elle a été rattachée à la
Roumanie. Lors de la Seconde Guerre mondiale, le pays a été occupé par les troupes soviétiques.
Brièvement repris par la Roumanie, il a finalement été intégré à l'URSS sous le nom de
République socialiste soviétique moldave. Le 27 août 1991, cette République socialiste soviétique
a proclamé son indépendance par rapport à l’Union soviétique et a pris le nom constitutionnel de
République de Moldova.
2.
La République de Moldova est le pays le plus pauvre d’Europe et est aujourd’hui dirigée par
un régime communiste. Le « conflit gelé » avec la Transnistrie, ainsi que le rôle douteux du pays
en tant que plaque tournante du trafic d'êtres humains et de la contrebande ont conduit les
analystes à voir en la République de Moldova l’un des derniers gros problèmes de sécurité en
Europe. Cela étant, le pays cherche désormais à se rapprocher de l’UE et de l’Occident en
général, ce qui a pour effet de compliquer ses relations avec la Russie, dont il a reçu un soutien
politique, économique et financier.
3.
La fertilité de ses terres mise à part, la République de Moldova n’est pas riche en ressources
naturelles. Elle dépend entièrement des importations pour satisfaire un grand nombre de ses
besoins en matière de consommation, d’industrie manufacturière et d’énergie. Après avoir
proclamé son indépendance, le pays s’est vu privé des subventions directes et indirectes de
l’Union soviétique – qui représentaient jusque-là près de 25 % de son PIB –, ce qui s’est traduit
par une forte dégradation de ses termes de l’échange (« Trade Diagnostic Study 2004 », Banque
mondiale). La République de Moldova a du même coup perdu l’accès aux marchés de la CEI,
tandis que l'afflux soudain de produits importés de l'ouest et la diminution rapide du revenu
disponible ont eu un effet dévastateur sur la demande intérieure de produits de fabrication
moldove. Si la République de Moldova était considérée au moment de son indépendance comme
un pays aux revenus moyens, sa situation économique s’est considérablement détériorée au
cours des dix années qui ont suivi. En 1999, le taux national de pauvreté était de 73 %. Après une
série de réformes structurelles destinées à relancer la croissance, ce taux est passé en 2005 à
14,7 % dans les grandes villes, 48,5 % dans les petites villes et 42,5 % dans les zones rurales
(« Moldova-Country Brief 2006 », Banque mondiale). La forte croissance économique de ces sept
dernières années n’a pas permis de retrouver le niveau de PIB de l’ère soviétique. En 2006, le PIB
ne représentait que 55 % environ de ce qu’il était en 1991.
4.
Sur le plan politique, une question est au cœur des débats en Moldova : le pays doit-il se
rallier au système de la Russie et de la CEI, ou au contraire chercher à s'intégrer dans l'Europe ?
Il y a cinq ans, le parti des communistes de la République de Moldova (PCRM), dirigé par Vladimir
Voronin, a été élu sur un programme pro-russe préconisant la russification linguistique, une
politique étrangère et de sécurité inspirée de celle de la Russie, et l'intégration dans la CEI. Après
trois ans au pouvoir, le président Voronin s’est déclaré lui-même déçu par la Russie et a, face à
l’énorme pression du Kremlin, adopté un ensemble de réformes pro-occidentales visant à
rapprocher la République de Moldova des institutions euro-atlantiques. Cette volte-face a permis à
son parti de remporter 56 sièges sur 101 lors des élections législatives de 2005. Voronin a réussi,
par la même occasion, à recueillir le soutien des principaux partis d'opposition, le parti du peuple
chrétien-démocrate (CDPP) – de la droite conservatrice – et le parti socio-libéral (SLP) – penchant
à droite. Pour gagner leurs faveurs, Voronin a élaboré un plan de coopération en dix points,
comprenant notamment une importante série de réformes du système judiciaire et des médias
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fondées sur le plan d'action de l'UE. Sous l’effet de ce partenariat, la vie politique de la République
de Moldova a connu une période de tranquillité sans précédent. Le président Voronin a
récemment adopté une position, plus favorable d'une certaine façon à la Russie et plus opposée à
la Roumanie, mais il se peut que cela soit motivé par un calcul électoral à court terme. Frappée
par des scandales et des querelles internes, l'opposition est aujourd’hui relativement faible. Cela
étant, le président fait l’objet d’une pression croissante de la part de certaines forces politiques,
vraisemblablement à cause des lenteurs dans la mise en œuvre des réformes.
5.
La région séparatiste de la Transnistrie appelle une réponse des plus urgentes de la part de
la République de Moldova. Ayant proclamé son indépendance par rapport à la Moldova en 1990,
cette région a connu des affrontements sanglants avec l’armée moldove en 1992. Bien que les
parties belligérantes aient signé un cessez-le-feu cette même année, cela n’a pas réglé le fond du
problème, à savoir le degré d'autonomie à accorder à la région. La Transnistrie est un refuge pour
les organisations criminelles se livrant à la vente illégale d’armes, à la contrebande et au
blanchiment de fonds. Elle abrite le plus grand entrepôt militaire de l’ère postsoviétique à
Colbasna, la 14e armée russe (autrefois soviétique) et plusieurs usines d’armement de l’époque
soviétique. Bien que le conflit avec la Transnistrie présente une dimension ethnique, il semble bien
que les facteurs économiques soient les plus importants. Malgré la petite taille de la Transnistrie
(12 % du territoire et 17 % de la population), c’est dans cette région sécessionniste que l’on trouve
la majeure partie des industries moldoves. En 1990, la Transnistrie représentait 40 % du PIB
réalisé par l’ex-République socialiste soviétique de Moldavie, 33 % de sa production industrielle et
90 % de sa production d’énergie (Mackinlay et Cross).
6.
Selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), la République de Moldova est
le pays d’où provient le plus grand nombre de victimes du trafic d'êtres humains en Europe de
l'Est. Les services chargés de l’application de la loi ont identifié 1 643 victimes moldoves entre
janvier 2000 et décembre 2004 (http://www.iom.int). Des organisations criminelles se livraient au
trafic de femmes, d’enfants et d’hommes à des fins d'exploitation sexuelle, pour répondre aux
besoins de main-d'œuvre bon marché et pour alimenter les réseaux de petite délinquance. Plus de
80 % de ces victimes ont franchi illégalement des frontières. Les itinéraires d’acheminement pour
les activités de mendicité et la petite délinquance passent souvent par la Pologne et la Russie,
tandis que pour le trafic de migrants vers l’Europe du Sud-Est et l’Union européenne, les
trafiquants utilisent des itinéraires bien rôdés à travers les Balkans. Malgré les campagnes
d’information et les programmes de lutte contre ces trafics menés par les autorités moldoves en
collaboration avec l’OIM, l’OSCE, le PNUD (Programme des Nations unies pour le
développement) et d’autres organisations, il est difficile de prendre la mesure des efforts engagés
pour éradiquer le problème et d'évaluer leur efficacité. Si l’on en juge par le nombre croissant de
victimes identifiées, il semblerait que les dispositifs de police et de poursuites judiciaires se soient
améliorés. Il n’en reste pas moins que le problème demeure très grave. La plupart des victimes
invoquent l’extrême pauvreté comme origine première du problème.
7.
Depuis l’adhésion de la Roumanie à l’UE en janvier 2007, la République de Moldova partage
la nouvelle frontière orientale de l’Union européenne. Compte tenu des profondes divisions
politiques, des conditions socio-économiques désastreuses et des énormes problèmes de sécurité
qui règnent en République de Moldova, l'UE devra prêter une attention encore plus grande à ce
pays et mettre au point une stratégie pour que la situation s'y améliore.
II.
L'ECONOMIE
8.
La République de Moldova étant une économie ouverte et peu développée, elle a très mal
résisté aux chocs extérieurs tels que la crise de la monnaie russe en 1998. Parallèlement, le fait
que les nombreuses coalitions qui se sont succédé au pouvoir ne soient pas parvenues à un
consensus politique sur les orientations économiques a souvent rendu plus difficile l’élaboration de
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réformes structurelles cohérentes. Les problèmes économiques du pays trouvent leur origine à la
fois dans des facteurs internes et des facteurs internationaux.
9.
Il va sans dire que la transition économique de la République de Moldova a été ponctuée de
nombreux épisodes douloureux. Le premier, qui a débuté en 1990, a consisté à libéraliser les prix,
les échanges et la gestion des entreprises. Une seconde étape a été amorcée en 1993 lorsque,
en coopération avec le FMI et la Banque mondiale, le pays a entrepris la privatisation à grande
échelle des entreprises publiques, introduit une nouvelle monnaie nationale plus stable (le leu) et
mis en place une bourse des valeurs nationale. En 1995, cependant, le processus de réforme
s’est enlisé et l’économie est entrée dans une phase de récession qui a atteint son point culminant
avec la crise de 1998 (http://www.case.com.pl/plik--1589572.pdf?nlang=19). La privatisation des
terres s’est ralentie, et le gouvernement n’a pas mis longtemps à accumuler des dettes
extérieures. Ce n’est qu’après 2000 que l’économie moldove a commencé à se relever. Les
élections de 2001 ont investi le gouvernement d’un mandat plus vigoureusement orienté vers les
réformes, ce qui a favorisé la mise en œuvre d’une politique économique plus cohérente et plus
axée sur la réforme.
10. La privatisation a commencé en 1991 avec la distribution de bons (droits patrimoniaux) à
l’ensemble des citoyens moldoves. Le but était de répartir les biens publics parmi la population et
de créer un secteur privé autrefois inexistant. Les particuliers étaient cependant les seuls à
pouvoir participer à cette opération, et cela a privé l’industrie d’une source potentielle importante
de capitaux étrangers. En 1996, 60 % de l’industrie, 93 % du secteur agroalimentaire et 95 % des
services et du commerce étaient privatisés (http://www.case.com.pl/plik--1589572.pdf?nlang=19).
Entre 1997 et 2000, le gouvernement a procédé à la privatisation des terres et a vendu
942 entreprises en lançant des appels à l'investissement. L'objectif du programme était alors de
s'assurer que l’infrastructure industrielle était gérée par des moyens privés et attirait des
investissements étrangers dont le besoin se faisait cruellement sentir. A titre d’exemple, la société
espagnole Union Fenosa a acheté en 1999 les compagnies de distribution énergétique du sud, du
centre et de Chisinau, et des investisseurs israéliens ont acquis 83,29 % du capital de la chaîne
hôtelière Moldovatur (http://www.naai.moldova.md/3privat.htm). Après 2001, les privatisations sont
devenues plus occasionnelles, et la tendance était clairement de vendre aux sociétés russes en
échange d’une réduction de la dette. Plusieurs entreprises publiques stratégiques n’ont pas
encore été privatisées. Il s’agit notamment de sociétés vinicoles, de manufactures de tabac et de
Moldtelecom, la société de télécommunications moldove. Des sociétés pharmaceutiques,
compagnies de distribution d’eau, compagnies des chemins de fer et sociétés d’aviation civile
présentent des atouts pour les investisseurs étrangers, mais n'ont pas encore été mises en vente.
Les étrangers ne sont toujours pas autorisés à acheter des terres agricoles ou forestières en
République de Moldova.
11. Au cours des cinq dernières années, la République de Moldova a enregistré une croissance
du PNB de 7 % en moyenne par an, avec une hausse de seulement 5 % en 2006 (« Moldova
Country Report », The Economist Intelligence Unit). Plusieurs raisons expliquent la vigueur de ces
performances : tout d’abord, les réformes structurelles ont commencé à porter leurs fruits, et les
principaux partenaires commerciaux du pays (la Russie, l’Ukraine et la Roumanie) ont connu un
essor économique remarquable, ce qui a entraîné une augmentation de leur demande de produits
moldoves. Les hausses de production ont, curieusement, été faciles à gérer et n’ont pas eu d’effet
inflationniste, cela en raison de la sous-utilisation précédente des ressources. Par ailleurs, des
conditions météorologiques favorables ont contribué à l’augmentation de la production agricole (le
secteur agricole et agroalimentaire représente près de 30 % du PIB). Enfin, les dépenses de
consommation ont explosé, stimulées par une forte hausse des salaires réels et des pensions de
retraite, ainsi que par les envois massifs d’argent par les Moldoves travaillant à l’étranger, qui ont
représenté 33 % du PIB pendant deux années consécutives, en 2005 et 2006 (estimations de la
Banque mondiale) (The Economist Intelligence Unit). Cet afflux de devises étrangères a, par voie
de conséquence, contribué à doper la demande intérieure.
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12. En fait, la croissance économique de la République de Moldova repose surtout sur la
consommation. Les investissements sont restés à un niveau très bas, et bien que les exportations
aient nettement augmenté – pour atteindre 52 % du PIB en 2005 –, les importations
représentaient cette même année 83 % du PIB (base de données sur les indicateurs de
développement dans le monde, Banque mondiale). En 2006, sous l’effet de l’embargo russe, la
situation est encore moins reluisante, car les exportations ont baissé de 3,6 % mais les
importations ont continué de croître de 17,5 % d'une année à l’autre (The Economist Intelligence
Unit). Il y a peu de chances pour que le taux de croissance enregistré entre 2001 et 2006 puisse
se maintenir à moyen et long termes, à moins d’une nette amélioration des conditions régissant
les investissements ou d’une augmentation rapide des exportations nettes. Or, aucune des deux
ne semble possible, au vu des orientations actuelles des partenaires commerciaux de la
République de Moldova en matière politique et commerciale.
13. Bien que les réformes structurelles de la République de Moldova aient entraîné la fermeture
des entreprises, le chômage est resté relativement stable au cours des cinq dernières années, se
situant autour de 8 % (6,6 % en 2005) selon les estimations de la Banque mondiale, mais
s’élevant à plus de 20 % selon les statistiques de The Economist Intelligence Unit. Si les chiffres
les plus bas peuvent sembler rassurants, ils cachent une réalité plutôt inquiétante : 25 % de la
population active a quitté la République de Moldova, et 50 % de ceux qui sont restés se sont
tournés vers l’agriculture pour survivre. Le salaire mensuel, qui est en moyenne de 1 695 lei
(MOLDSTAT), soit environ 129 dollars américains, n’est tout simplement pas suffisant pour vivre.
On comprend mieux alors qu’il existe en République de Moldova une vaste économie
souterraine – qui, en deux mots, représente des revenus cachés importants –, et le rôle qu’elle y
joue. La croissance économique de ces dernières années ne s’est pas traduite par un regain de
l’emploi. L’Etat reste le deuxième employeur (avec près de 16 % de la main-d'œuvre), après
l'agriculture. L’économie moldove ne parvient donc pas à générer suffisamment d’emplois.
14. Depuis la crise du rouble de 1998, l’inflation en République de Moldova s'est maintenue à un
niveau relativement faible (11,7 % en 2004, 13,1 % en 2005). Or, ce taux est reparti à la hausse
pour atteindre 14,1 % en 2006, soit l’inflation la plus élevée de tous les pays de la CEI, malgré une
politique financière d’austérité. Les taux d’intérêt ont continué à baisser. Entre 1998 et 1999, la
base monétaire du pays s’est accrue d’environ 40 % (CASE). La Banque centrale a reconstitué
ses réserves internationales, tout en finançant un déficit budgétaire croissant. Pour cela, elle a
offert des crédits directs au ministère des Finances et acheté des bons du Trésor pour son propre
portefeuille. Bien que l’augmentation de la masse monétaire qui en a résulté aurait dû provoquer
une poussée inflationniste, cela n’a pas eu lieu en raison d’une demande accrue du leu, due à une
forte hausse du PIB. Les grosses sommes d’argent envoyées par les Moldoves travaillant à
l’étranger ont permis de stopper la dévaluation catastrophique du leu par rapport aux devises
occidentales. Bien que cette monnaie se soit dévaluée quelque peu par rapport à l’euro et au
dollar américain, elle s’est simultanément appréciée par rapport au rouble russe, la devise de son
principal partenaire commercial.
15. La Russie et la CEI étant les marchés à l’exportation traditionnels de la République de
Moldova, l’appréciation du leu par rapport au rouble a eu un effet néfaste sur les exportations. La
base des exportations du pays est peu étendue et se limite à un nombre relativement faible de
denrées agricoles et de produits textiles. L’embargo russe sur la viande et le vin moldoves, entré
en vigueur en mars 2006, a donc eu d'importantes répercussions négatives sur la balance
commerciale moldove. Les autorités moldoves ont engagé des discussions bilatérales avec leurs
partenaires russes pour obtenir la levée de l'embargo, mais sans résultat concret pour l’instant. La
République de Moldova important la quasi-totalité de sa consommation énergétique et la plupart
de ses matières premières industrielles, les récentes hausses du prix du gaz russe ont eu des
conséquences particulièrement fâcheuses sur la balance commerciale et les termes de l’échange.
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16. Le déficit commercial du pays a en outre contribué au déficit des comptes courants. Bien
que le compte de capital ait été excédentaire ces dernières années, cela n'a pas suffi pour
compenser le déficit des comptes courants. Les investissements étrangers directs (IED) n'ont
cessé de baisser jusqu'en 2003, en partie sous l’effet de la dégradation du taux d’investissement
moldove. Ce taux s’est ensuite amélioré. En 2006, l’institut d’analyse Fitch a attribué à la
République de Moldova la note B-(stable). Ce progrès peut s’expliquer par une plus grande
confiance politique, une meilleure mise en œuvre des droits de propriété et l’amélioration générale
des conditions régissant les opérations commerciales et les investissements. Les IED ont, par voie
de conséquence, regagné du terrain. Il n’en reste pas moins que les investisseurs potentiels
évitent les participations au capital, préférant les prêts à court et moyen termes.
17. Une opération importante, enregistrée statistiquement en tant qu’IED, a été le transfert de la
moitié du capital de la compagnie de gaz publique Moldovagaz à la société russe Gazprom, au
titre de remboursement de la dette que la République de Moldova avait contractée sur ses
précédentes importations d’énergie. Cette transaction n'a évidemment pas rapporté de liquidités à
l'Etat. La crainte est que la dépendance énorme de la République de Moldova envers les
ressources énergétiques russes ne la rende vulnérable face aux augmentations de prix imposées
unilatéralement par la Russie, grâce au monopole dont jouit ce pays dans le domaine du gaz. La
République de Moldova peut, de son côté, être tentée de financer les importations énergétiques
en bradant d’autres actifs. Ce n’est évidemment pas une politique durable, et le risque est que le
pays ne se transforme en vassal des intérêts énergétiques russes si une approche plus viable
n’est pas adoptée en ce qui concerne la sécurité énergétique nationale.
18. La situation budgétaire de la République de Moldova a également constitué un problème. Si
le PIB a baissé sans discontinuer après l’indépendance, cela n'a pas été le cas des dépenses
publiques. L’inévitable déficit budgétaire a, pour finir, eu un effet catastrophique sur les finances
publiques. A partir de 1997, le gouvernement a mis en œuvre une politique budgétaire plus
rationnelle afin de réduire les dépenses publiques. Il a ainsi effectué des coupes sombres dans les
subventions directes et indirectes dont bénéficiaient toute une série de secteurs et d'emprunteurs
(principalement des entreprises publiques déficitaires), mais a également réduit les dépenses
publiques affectées à la santé, l’éducation et la protection sociale. La situation de la dette s’est
améliorée, mais au détriment des services de base à la population. La fraude fiscale étant une
pratique généralisée, le risque d'une crise budgétaire est toujours là, et l'Etat ne peut continuer à
couper les crédits du secteur social.
19. La dette extérieure de la République de Moldova s’élevait en 2006 à 2,5 milliards de
dollars américains. Ses principaux créanciers sont des institutions financières internationales mais
aussi, dans une moindre mesure, la Russie et d’autres membres du Club de Paris. En 2006, outre
la signature d’un accord de 118,2 millions de dollars américains avec le FMI dans le cadre de la
Facilité pour la réduction de la pauvreté et la croissance, le pays a réussi à négocier un
rééchelonnement de sa dette de 150 millions de dollars américains avec ses créanciers du Club
de Paris. Bien que cette seconde mesure ait atténué les pressions budgétaires, le montant
exorbitant de la dette moldove continue de peser lourd sur l’économie nationale.
III.
LE COMMERCE ET L’ENERGIE
20. Avant l’embargo russe, les principaux partenaires de la République de Moldova à
l’exportation étaient la Fédération de Russie (39 %), l’UE (26,7 %), la Roumanie (11,4 %),
l’Ukraine (7,1 %) et le Bélarus (5,2 %). A l’importation, ses partenaires sont l’UE (36 %), l’Ukraine
(22 %), la Fédération de Russie (13 %), la Roumanie (7 %) et le Bélarus (3,6 %) (statistiques 2004
de la CNUCED). Une certaine réorientation des échanges a eu lieu. En 2006, par exemple, la
Fédération de Russie était encore le premier importateur de produits moldoves (17,3 %), devant la
Roumanie (14,8 %), l’Italie (12,2 %), l’Ukraine (12,2 %) et l’Allemagne (7 %). Quant aux
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importations de la République de Moldova, elles provenaient d’Ukraine (19,2 %), de la Fédération
de Russie (15,5 %), de Roumanie (12,8 %), d'Allemagne (8 %) et d'Italie (7,3 %). Depuis
l’adhésion de la Roumanie à l’UE en janvier 2007, l’UE dans son ensemble est devenue le
principal partenaire commercial de la République de Moldova, avec 56,1 % de ses exportations et
44,4 % de ses importations, alors que la CEI représentait 31,7 % de ses exportations et 39 % des
ses importations (The Economist Intelligence Unit). A noter que la quasi-totalité du carburant et de
l'électricité importée par la République de Moldova provient de Russie.
21. Les réserves pétrolières de la République de Moldova sont estimées à 15 millions de barils
(Energy Information Administration, Etats-Unis). Dans les années 60, les Soviétiques ont
commencé à explorer les sols pour trouver du pétrole et du gaz dans le sud de la Moldova, mais
ont abandonné ces puits lorsque des réserves plus prometteuses ont été découvertes dans
d’autres parties de l’Union soviétique. Dans sa recherche d’alternatives aux importations russes, le
gouvernement moldove a, en 1995, concédé un droit exclusif d'exploitation du pétrole et du gaz à
la société américaine Redeco Energy Inc. En 1999, Redeco a procédé à un forage expérimental
sur le gisement de pétrole de Valeni et le gisement de gaz de Victorovca. Le potentiel de
production est évalué à 100 000 tonnes par an pour le pétrole et à 5 millions de mètres cubes par
an pour le gaz. Cela ne peut couvrir qu’une infime partie de l’ensemble des besoins énergétiques
de la République de Moldova (Levine). En 2005, la compagnie azerbaïdjanaise AZ-Petrol a obtenu
une concession de 99 ans qui lui permet d’investir dans le terminal pétrolier inachevé de
Giurgiulesti, sur le Danube, et lui donne le droit de construire une raffinerie de pétrole et
50 stations-services. En juin 2005, AZ-Petrol a ouvert à Comrat la première raffinerie de pétrole de
la République de Moldova. D'une capacité de 600 barils/jour, cette raffinerie transforme le pétrole
brut provenant de Valeni. En novembre 2005, AZ-Petrol Moldova a commencé à exporter les
premiers fruits de la production pétrolière nationale vers la Bulgarie.
22. Comme indiqué plus haut, la République de Moldova a accumulé ces dernières années une
dette colossale envers Gazprom. En janvier 2006, cette compagnie a interrompu les livraisons
après un différend lié au prix, et n’a recommencé à approvisionner la République de Moldova
qu’après que celle-ci a accepté de payer le gaz 3 dollars/millier de pieds cubes, contre 2 dollars
auparavant. La République de Moldova a ensuite entamé des négociations avec la compagnie
kazakhe Ascom pour trouver d’autres sources d’approvisionnement, mais le transport du gaz
naturel depuis le Kazakhstan pose problème à cause de l’état actuel du gazoduc. En janvier 2007,
sous une forte pression des autorités russes, un accord a été signé entre Gazprom et le
gouvernement moldove, qui prévoit la hausse du prix du gaz sur les cinq prochaines années pour
l’aligner sur les normes européennes.
23. La République de Moldova produit peu d’électricité et dépend là aussi beaucoup des
importations. Une usine thermique est en construction à Burlaceni, et devrait être opérationnelle
en 2008. Le projet est géré par Gazprom, et le terrain sur lequel l’usine est construite appartient à
Itera. Jusqu'en 2001, les Moldoves étaient privés d’électricité pendant 10 à 14 heures par jour.
Grâce à l’instauration en 2002 d’un programme de réduction des pertes sur le réseau de
distribution, l’électricité est désormais disponible 24 heures sur 24 dans la majeure partie du pays.
Début 2000, la société espagnole Union Fenosa International SA a racheté à l’Etat des sociétés
de distribution d’électricité. En 2001, la Société financière internationale (SFI) et la Banque
européenne pour la reconstruction et le développement (BERD) ont prêté chacune 25 millions de
dollars américains pour accroître les performances et développer les réseaux de distribution
existants.
24. Le fait que le commerce moldove était orienté vers l’est posait toute une série de problèmes
pratiques, dont le plus épineux était que les marchandises échangées ont longtemps dû passer
par la Transnistrie. La République de Moldova a donc consacré une partie de ses ressources déjà
limitées à la déviation des voies de chemins de fer et des axes routiers vers le nord et le sud de sa
frontière avec l'Ukraine. Cela a entraîné à la fois une hausse du coût des transports et des
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exportations, mais a apporté un minimum de sécurité à l’exportation. Bien que la République de
Moldova ait conclu un accord de libre-échange avec l’Ukraine, la liberté de circulation n’est pas
encore entrée dans les faits.
25. Les autorités moldoves souhaitent ardemment réduire la dépendance du pays envers la
Russie et l’Ukraine, et projettent pour cela de nouer des relations plus étroites avec l'UE. La
situation géographique, la taille et les richesses de l’UE en font un partenaire commercial évident
pour la République de Moldova. En vertu du plan d’action conclu entre l’UE et la Moldova, cette
dernière bénéficie, à compter de 2007, de toute une série de préférences commerciales, ce qui lui
permet d'exporter vers l'UE la plupart de ses marchandises sans être soumise à des quotas ou
des droits de douane, à l'exception du vin, de la viande de jeune bovin et de certains produits de
pêche. Pourtant, bien que l’UE ait supprimé certaines de ses barrières commerciales, des
obstacles intérieurs continuent de limiter le volume des exportations moldoves, comme par
exemple :






les normes, réglementations et procédures moldoves ne sont pas conformes à celles de
l’UE ;
les procédures de contrôle aux frontières sont inefficaces, coûteuses et entachées de
corruption ;
les frais de transport en République de Moldova sont élevés à cause du mauvais état de
l’infrastructure ;
des dispositions limitent les prêts en devises étrangères, qui peuvent être accordés aux
exportateurs moldoves ;
le rapatriement des revenus de l'exportation est long, et la procédure de contrôle,
d'enregistrement et de suivi de l'opération jusqu'au système bancaire coûte cher ;
l’environnement est dans l’ensemble peu propice aux opérations commerciales et aux
investissements (Banque mondiale).
La République de Moldova arrive au 103e rang dans l’étude « Doing Business » 2006 de la
Banque mondiale, qui est le classement mondial des pays en fonction de la facilité d'y faire des
affaires. Le classement va de 1 à 175, le « 1 » correspondant à l’environnement le plus propice
aux opérations commerciales. Dans l’indice de la corruption de Transparency International, la
République de Moldova se place au 79e rang sur 158 pays (« Doing Business », Banque
mondiale ; Transparency International).
IV.
LE MARCHE DE LA TRANSNISTRIE ET L'ECONOMIE MOLDOVE
26. On ne peut, lors d’une analyse de la situation socio-économique moldove, ignorer le rôle
joué par le marché de la Transnistrie, même si cette économie n’est pas comptabilisée dans les
statistiques officielles de l’économie moldove. La Transnistrie possède trois grandes sources de
revenus : le commerce licite, les subventions russes et le commerce illicite (contrebande).
27. Bien que non reconnue par la communauté internationale, la Transnistrie est une région qui
exporte et importe. La République de Moldova a mis en place un système d’enregistrement pour
les sociétés de Transnistrie qui exportent via la frontière entre la République de Moldova et
l’Ukraine. Cette mesure devrait être perçue comme une approche constructive du gouvernement
moldove en ce qui concerne le règlement pacifique du conflit en Transnistrie. Le commerce licite
en Transnistrie s’appuie surtout sur les vestiges de l’économie soviétique. L’acier produit à Ribnita
génère 50 % du total des recettes d’exportation officielles de la région. Bien que ses principaux
partenaires commerciaux soient la Russie, l’Ukraine et la République de Moldova, la Transnistrie a
diversifié ses marchés à l’exportation et elle exporte vers les Etats-Unis, l’UE, l’Afrique et l’Asie.
Les subventions de la Russie sont indispensables. Ce pays accorde à la région séparatiste un tarif
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préférentiel pour ses importations de gaz naturel, et la fait souvent bénéficier de la gratuité de sa
facture énergétique. Les activités de contrebande se présentent généralement sous la forme de
stratagèmes de réexportation permettant d'éviter le paiement des droits à l'importation et de la
TVA imposés par l'Ukraine et la République de Moldova : les marchandises arrivent dans les ports
ukrainiens en ayant soi-disant pour destination finale la Transnistrie, mais dès leur arrivée dans
cette République, elles sont réexportées vers l’Ukraine ou la République de Moldova. La
Transnistrie est ainsi devenue la source d’un véritable fardeau fiscal pour les pays et les régions
limitrophes. Le fait qu’il n’y ait pas d’obligation de rendre des comptes sur le plan commercial est
également très préoccupant pour les dirigeants des pays européens et des Etats-Unis, qui ont
exprimé de vives inquiétudes concernant les trafics d’armes et d’êtres humains transitant par cette
région.
28. De toutes les régions séparatistes de l’ère post-soviétique, la Transnistrie a atteint un niveau
relativement élevé d’autosuffisance (CISR). Elle dispose d’une infrastructure relativement correcte
(chemins de fer, réseaux d’alimentation en gaz et en électricité, télécommunications), a introduit
sa propre monnaie et a mis en œuvre une politique efficace en matière d’exportation. Lorsqu’elle a
proclamé son « indépendance » par rapport à la République de Moldova il y a dix ans, la
Transnistrie était extrêmement centralisée et comptait surtout des entreprises publiques. La
situation a commencé à changer en 2000. L’élite politique de la région a modifié les modalités de
répartition du pouvoir entre les principales institutions politiques (Président, Conseil suprême,
pouvoir exécutif) et redéfini les relations entre les pouvoirs publics et les acteurs économiques du
secteur privé.
29. La République autoproclamée a adopté un système présidentiel. Le président désigne les
membres du Cabinet ministériel (pouvoir exécutif) sans l’accord du Conseil suprême (parlement à
une seule chambre), et il nomme les juges. Le Conseil suprême donne toutefois son accord pour
les présidents de la Cour constitutionnelle et de la Cour suprême, ainsi que pour le président de la
Banque centrale nommé par le président. Ce dernier est également commandant en chef des
forces armées. Ce régime constitutionnel sied au « Khozyain » (patron, père, homme fort) qui se
considère comme le garant du bien-être de la nation, rôle que se plaît à jouer le président en
exercice, Igor Smirnov (Ryan).
30. Le système instauré en Transnistrie a par ailleurs mis fin aux distinctions habituelles entre
l’intérêt public et l’activité économique privée. Le Conseil suprême, composé de
43 parlementaires, compte 33 membres permanents à plein temps et 10 délégués combinant rôle
politique et intérêts commerciaux. Les intérêts privés et publics sont ainsi directement représentés
dans le projet politique de la Transnistrie, ce qui conforte certains analystes dans leur sentiment
que le conflit entre cette République et la République de Moldova est dû très nettement à des
raisons économiques, et non à des considérations ethniques ou religieuses.
31. En 2000, le gouvernement de Transnistrie a privatisé les entreprises publiques. Cette
démarche constituait une réponse pragmatique à la crise économique relativement grave qui
sévissait. L'économie de la région est très ouverte (le chiffre d’affaires du commerce extérieur
représentait 309,7 % du PIB en 2006) (Ryan), et le marché intérieur est assez limité. La région
doit ainsi constamment s’adapter à l'évolution du marché extérieur. Ces facteurs, ajoutés à
l’insuffisance des investissements et à la diminution des stocks d’immobilisations, ont entraîné une
profonde dégradation de l’économie locale. La privatisation a donc été perçue comme une solution
à la crise budgétaire, et comme un moyen de rendre les entreprises locales plus performantes. Le
gouvernement a, par conséquent, privatisé les trois quarts des actifs de l’Etat, en les vendant
principalement à des sociétés russes. Certaines voix se sont élevées pour indiquer que cette
privatisation était à la fois illégale et mal conduite. Elena Cernenco, ministre de l’Economie de
Transnistrie, a affirmé que la privatisation avait eu lieu si rapidement et en privilégiant tellement le
capital russe « qu’il ne restait rien pour les Moldoves » (Botan). Cette liquidation concernait
notamment la centrale hydroélectrique moldove de Cuciurgan (achetée par la société russe
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9
RAO EES), qui était importante sur le plan stratégique, et l’usine métallurgique moldove de Ribnita
(achetée par le groupe austro-ukrainien Hares). Quoi qu’il en soit, ces opérations ont bel et bien
renfloué les caisses avec des devises étrangères qui faisaient cruellement défaut. En 2005, les
recettes des privatisations ont financé plus de la moitié du budget de la région. Cette injection de
capitaux a été utile, car le gouvernement de Transnistrie avait accumulé une dette extérieure
colossale depuis la sécession de la région. Cette dette s’élevait à plus de 1,5 milliards de
dollars américains en 2005. Gazprom en est le principal créancier, à la fois pour les importations
de gaz et les amendes résultant des factures impayées. En janvier 2005, les amendes pour les
livraisons de gaz impayées se montaient à 525 millions de dollars américains (Ryan).
32. La Transnistrie est un importateur net. L’éventail de ses exportations est peu étendu et
comprend les produits suivants : pièces laminées (61,4 % en 2004), textiles, électricité,
chaussures, machines et équipement (Botan). Ses principaux marchés à l’exportation sont la
Russie, la CEI (42 % en 2004) et l’UE (33,3 %). La République dépend en quasi-totalité des
importations de produits alimentaires (20 % du total des importations), mais importe également de
l’énergie, des métaux non ferreux, des machines, des équipements de transport et des produits
chimiques. Les pays de la CEI constituent la principale source de matières premières, et l’Ukraine
est aujourd'hui le plus gros importateur.
33. En février 1996, les autorités de la République de Moldova et de la Transnistrie ont signé un
protocole de suppression des contrôles douaniers intérieurs, et ont convenu d'instaurer des
contrôles douaniers conjoints à la frontière entre la Transnistrie et l’Ukraine. La République de
Moldova a remis les cachets et les scellés de la douane aux autorités de Transnistrie, et les deux
parties se sont entendues pour harmoniser les réglementations et procédures douanières. Par
ailleurs, les autorités moldoves ont décidé d’exonérer de taxes les produits importés et exportés
de Transnistrie. Si la République de Moldova a tenu ses engagements, ce n’est pas le cas de la
Transnistrie. Les sociétés de cette région exportent en effet légalement sans payer de taxes à la
République de Moldova. Compte tenu des taxes très faibles, voire nulles, appliquées par les
autorités de Transnistrie sur les importations, un commerce extrêmement juteux de réexportation
des marchandises provenant de pays tiers s'est mis en place. Les marchandises importées de
pays tiers sont bien meilleur marché que celles provenant de la République de Moldova (car leur
prix comprend les droits de douane). Une grande quantité et variété de marchandises ayant pour
destination officielle la Transnistrie se « perdent » d’une façon ou d’une autre lors de leur transit
via l'Ukraine ou la République de Moldova. Ainsi, selon les statistiques officielles des importations,
500 000 habitants de Transnistrie consomment 12 fois plus de poulet que les Allemands (The
Economist, 21 septembre 2006).
34. En 2003, la République de Moldova a changé ses cachets douaniers, et toutes les sociétés
exportatrices de Transnistrie doivent aujourd’hui s’enregistrer auprès de ce pays pour obtenir une
autorisation d’exportation. Dans la pratique, cependant, ces sociétés continuent d’exporter sans
payer de taxes à l'Etat moldove. Le principal objectif de cette mesure est de reprendre en main les
échanges transfrontières de marchandises et de combler les innombrables failles qui facilitent la
contrebande ainsi que toute une gamme d'activités économiques illégales et non réglementées.
La contrebande touche un grand nombre d’articles, dont le carburant, l’alcool, le tabac et les
denrées alimentaires. Par ailleurs, les médias moldoves ont fréquemment fait état de l’existence
d’un trafic d’armes entre la Transnistrie et la Tchétchénie ainsi que l’Abkhazie, mais ces
allégations n'ont pas encore été prouvées [International Crisis Group (ICG), rapport sur l’Europe
n° 157, 17 juin 2004].
Compte tenu des taxes très faibles (voire nulles) appliquées par la Transnistrie sur ses
importations, les revenus officiels de la réexportation des marchandises importées sont
insignifiants. Les véritables bénéficiaires sont les particuliers de Transnistrie et leurs partenaires
commerciaux de la République de Moldova, d’Ukraine, de Russie et d’ailleurs. Pour reprendre les
termes du président moldove Vladimir Voronin, le conflit avec la Transnistrie est un « conflit
35.
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10
d’intérêts ». Un jour, le président a également déclaré que les activités menées dans son pays
par des acteurs non identifiés de Chisinau, Kiev et Moscou empêchaient la résolution du conflit. Il
a également indiqué que la machine à blanchir de l’argent de Transnistrie générait près de
2 milliards de dollars américains par an (ZIUA, 7 février 2006). Tout règlement du conflit « gelé »
avec la Transnistrie entraînerait, presque par défaut, la fin des flux de liquidités vers cette
économie parallèle illégale et florissante. Les parties ayant des intérêts dans la situation actuelle
œuvrent évidemment en faveur du statu quo (rapport de l’ICG).
36. Les dirigeants de Transnistrie recherchent activement des amis et des alliés pour légitimer
leur autorité. Ils ont donc noué des liens étroits avec toute une série d'institutions russes. C’est
vers les couches intermédiaires de l’administration présidentielle, la Douma russe, les universités,
les ONG et l’Eglise orthodoxe russe qu’ils se sont principalement dirigés. En Ukraine, les autorités
de Transnistrie ont recueilli le soutien de la présidence et de la Rada, qui ont toutes deux reconnu
les bienfaits d’une intensification des relations commerciales avec la région. En novembre 2004, le
président ukrainien d’alors, Leonid Koutchma, a déclaré qu’un blocus économique de la
Transnistrie entraînerait un blocus de l’Ukraine (CISR). Les dirigeants de Transnistrie ont eu un
certain succès auprès des responsables de la République de Moldova. Outre le mouvement
nationaliste russe Ravnopravie (« Egalité des droits »), le gouvernement et les partis moldoves
sont radicalement anti-sécessionistes. En revanche, des entreprises moldoves ont participé à
l’économie souterraine de la Transnistrie et ont contribué à l’inefficacité des mesures prises pour
enrayer le commerce illicite dans la région.
37. La question de la Transnistrie est récemment revenue sur le devant de la scène. Sur le plan
intérieur, il semblerait que la région sécessionniste soit le théâtre d'une lutte pour le pouvoir entre
d’une part le président en exercice Igor Smirnov et son parti du renouveau, et d’autre part le
président du parlement Yevgeniy Sevchuk (« Transnistria on the Brink: Sheriffs vs. Patriots »).
Igor Smirnov semble par ailleurs être en froid avec le Kremlin, après que des millions de dollars
d’aide humanitaire fournis par la Russie se sont en quelque sorte volatilisés (« Moldova Country
Report », The Economist Intelligence Unit, mai 2007). Sur le plan extérieur, les pays membres de
l'OTAN ont conditionné la signature d'une version adaptée du Traité FCE au retrait des troupes
russes de Transnistrie et de Géorgie, conformément aux engagements pris par la Russie lors du
sommet de l’OSCE à Istanbul en 1999. Les rumeurs récentes concernant la négociation secrète
d’un plan de paix pour la Transnistrie entre le président Voronin et son homologue russe, en
dehors du format « 5+2 », ont attiré l’attention de la communauté internationale (Socor,
13 avril 2007).
38. Suite aux affrontements militaires qui ont éclaté entre l’armée moldove et les séparatistes de
Transnistrie en 1992, on a tenté à de nombreuses reprises de créer un cadre juridique pour régir
les relations entre la République de Moldova et la Transnistrie, mais sans succès.
39. En 1997, la République de Moldova et la Transnistrie ont signé un mémorandum préparé
par Yevgheny Primakov, président de la Commission nationale russe sur le règlement de la
situation en Transnistrie. Ce mémorandum proposait la création d’un « Etat commun » pour la
République de Moldova et la Transnistrie, sans définir clairement cette expression. La République
de Moldova l’a interprétée comme une entité unie, dans laquelle la Transnistrie bénéficierait d’une
large autonomie. De son côté, la Transnistrie l’a comprise comme une confédération de deux
entités placées sur un pied d’égalité. Faute de consensus sur la question fondamentale de la
« notion » d’Etat, le conflit entre la République de Moldova et la Transnistrie est resté « gelé ».
40. Entre 2002 et 2004, plusieurs propositions de création d’un Etat fédéral ont été avancées et
présentées comme la seule issue possible au conflit. L’une d’elles, connue sous le nom de
« mémorandum Kozak » et préparée par Dimitri Kozak, directeur adjoint de l’administration du
président de Russie, a été sur le point d’être signée par le président Voronin. Or, des
manifestations de grande ampleur à Chisinau et la pression diplomatique de l’UE et des
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Etats-Unis l’en ont empêché. Ce projet envisageait la création d’une fédération asymétrique, dans
laquelle la Transnistrie aurait eu le droit de veto sur les politiques fédérales qui auraient « nui à
ses intérêts ». Par ailleurs, il était stipulé que la Transnistrie et la Gagauzie pourraient organiser
des référendums et déclarer leur indépendance par rapport à la République de Moldova.
V.
AUTRES ACTEURS IMPORTANTS
41. Au cours des dernières années, l’UE a commencé à s’intéresser de plus près à la
République de Moldova et à la région. Son engagement s’est intensifié à partir de 2004.
L’intégration du pays à la « politique européenne de voisinage » (PEV) laisse présager un accès
privilégié au marché européen et l'instauration d'un dialogue politique plus approfondi et inscrit sur
la durée. Reste à savoir si cette forme de coopération peut, à terme, conduire à une adhésion à
l'UE. La République de Moldova et l’Ukraine voisine aspirent toutes deux à devenir des candidates
à part entière de l'UE – le plus tôt possible de préférence –, même si, comme le savent de
nombreux analystes, il faudra plus d’une décennie de réformes régulières et une plus forte
croissance économique pour satisfaire aux conditions requises pour l'adhésion. L’UE devra pour
sa part se remettre de son apparente lassitude par rapport à l'élargissement et modifier ses
institutions de façon à laisser place à une plus grande diversité. Le débat actuel sur la Constitution
de l’UE revêt donc une énorme importance pour les ambitions européennes des deux pays.
42.
Après l'adoption du plan d’action de la PEV en février 2005, un représentant spécial pour la
République de Moldova a été désigné, puis une délégation de l’UE a été constituée à Chisinau en
octobre 2005. L’UE a en outre, comme les Etats-Unis, acquis le statut d’observateur dans les
négociations dirigées par l’OSCE (dans le format « 5+2 ») pour trouver une issue au conflit avec la
Transnistrie. Après des débuts prometteurs, le processus « 5+2 » est arrivé à un dangereux point
mort à la fin février 2006. Suite à la demande conjointe des gouvernements moldove et ukrainien,
l’UE a lancé en décembre 2005 une mission d'assistance frontalière (EUBAM), afin d'aider à
stopper la contrebande le long des 1 400 km qui séparent les deux Etats, dont presque 500 km
attenant à la Transnistrie. Les deux gouvernements ont, avec le soutien de l’UE, décidé de
renforcer les contrôles douaniers. Les marchandises provenant de Transnistrie doivent donc
désormais comporter un cachet des douanes moldoves pour être exportées vers l'est. Les
sociétés de Transnistrie qui souhaitent exporter doivent en outre s'enregistrer auprès des autorités
moldoves pour obtenir une autorisation d'exportation ; elles sont donc obligées de payer des taxes
à l’Etat moldove. Bien que cette politique n’ait pas généré de revenus, elle a redonné à la
République de Moldova un certain pouvoir de contrôle sur la région séparatiste. Il n’est donc pas
surprenant que les autorités de Transnistrie et de Russie aient critiqué cette politique en
l’assimilant à un « blocus ».
43. L’attitude de l’Ukraine à l’égard de la République de Moldova a été plutôt cohérente. Ce
pays n'a aucune revendication territoriale sur la République de Moldova et est disposé à coopérer
avec elle. Le récent soutien de l’Ukraine à l'initiative d'aide frontalière de l’UE est une
manifestation de l'ambition européenne affichée de ce pays. L’Ukraine n’est pas indifférente à
l’influence de la Roumanie sur la République de Moldova, et la plupart des analystes pensent
qu’elle ne verrait pas d’un bon œil l’unification de ces deux Etats [International Crisis Group (ICG),
rapport sur l’Europe n° 157].
44. La Roumanie a été le premier Etat à reconnaître l’indépendance de la République de
Moldova. D’abord amicales au début des années 90, les relations entre ces deux pays se sont
ensuite plutôt refroidies. Les autorités moldoves s’inquiètent du discours unioniste tenu parfois à
Bucarest, et s’irritent de ce que d’aucuns en Roumanie considèrent leur pays comme le « grand
frère » de la République de Moldova. Les relations entre les deux pays ont périclité en 1994, après
la déclaration du Parlement roumain concernant l’adoption de la nouvelle Constitution moldove.
Ce texte parlait de la nation et de la langue moldoves, mais ne faisait aucune allusion à un
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patrimoine culturel hérité de la Roumanie, comme l’avait espéré le Parlement roumain. Le
Parlement moldove a accusé la Roumanie d’ingérence dans ses affaires intérieures et d’atteinte à
sa souveraineté. La République de Moldova a pourtant adopté plusieurs symboles nationaux de la
Roumanie, dont les couleurs de son drapeau (rouge, jaune et bleu), sa monnaie (le leu) et son
blason (un aurochs avec une étoile entre les cornes). En 1992, la Roumanie était intervenue
brièvement comme médiatrice dans le conflit avec la Transnistrie, mais cela avait été mal perçu
par la Russie. Depuis 1991, la Roumanie est l’un des principaux pays qui fournissent de l’aide à la
République de Moldova. Un fonds créé pendant la période 1991-2003 et géré par le
gouvernement roumain a financé toute une série de projets de coopération bilatérale approuvés
par l'Etat. La Roumanie a en outre accordé de nombreuses bourses à des étudiants moldoves. La
Pologne et la Lituanie ont été particulièrement actives en Moldova et ont apporté à ce pays une
aide considérable dans son travail de réforme. De leur côté, les Etats-Unis considèrent le
règlement du conflit avec la Transnistrie comme un élément indispensable pour stabiliser la région
de la mer Noire, et ont engagé le dialogue avec Moscou sur cette question.
45. La récente adhésion de la Roumanie à l’UE a généré à la fois de l'émotion et des problèmes
pratiques dans ses relations avec la République de Moldova. De 1991 à janvier 2007, les deux
pays ont laissé de côté le système de visas qui régissait les déplacements entre l'un et l'autre. Or,
depuis qu’elle est devenue membre de l’UE, la Roumanie a dû réintroduire l’exigence des visas
pour les ressortissants moldoves, et renforcer la sécurité aux frontières. Ces mesures ont
bouleversé la vie de plusieurs milliers de Moldoves qui étudiaient, travaillaient ou géraient un petit
commerce de l'autre côté de la frontière, en Roumanie. Il existe, dans la quasi-totalité des grandes
villes roumaines, ce qu'on appelle les « marchés russes », où de nombreux Moldoves vendent
toutes sortes de produits (denrées alimentaires, chaussures, vêtements, tapis, cosmétiques,
articles de poterie, pièces mécaniques, etc.). Parce que peu de pays ont un consulat à Chisinau,
un grand nombre de citoyens moldoves prévoyant de se rendre dans les pays occidentaux pour
travailler ou voyager avaient l'habitude d'aller à Bucarest pour se procurer leurs visas. Depuis le
1er janvier 2007, ils sont obligés d’obtenir un visa roumain avant de postuler pour le second visa
(European Voice, vol. 13, n° 3, 25 janvier 2007).
46. L’argent envoyé de l’étranger joue un rôle essentiel dans l'économie moldove, aussi le fait
de refuser aux travailleurs migrants moldoves le droit de se rendre à l'ouest pourrait avoir des
conséquences économiques graves. Selon l’OIM, 100 000 travailleurs migrants moldoves
transitent chaque année par la Roumanie. D’après le Bureau national des statistiques, la
population active moldove est de 1 484 000 personnes. Parmi elles, 25 % travaillent à l’étranger et
envoient de l’argent, des sommes qui représentent 33 % du PIB (estimations de la Banque
mondiale). Les 100 000 travailleurs migrants qui auraient transité par la Roumanie représentent
presque un quart du nombre total de travailleurs migrants. Les accords de réadmission et
d'assouplissement des procédures en matière de visas conclus avec l'EU sont entrés en vigueur
le 25 avril 2007. Les autorités moldoves ont cependant, contre toute attente, rejeté la demande de
la Roumanie d’ouvrir de nouveaux consulats (dans les villes de Cahul et Balti). Cela pourrait
entraîner de nouveaux tracas pour les citoyens moldoves qui demandent un visa roumain, car les
services consulaires roumains en République de Moldova sont tous concentrés à Chisinau. Le
Centre européen de demande centralisée de visas qui a été créé à Chisinau pourra certes
apporter une solution, mais ne résoudra pas complètement le problème.
47. Pour éviter les problèmes de visas, un grand nombre de citoyens moldoves ont demandé la
nationalité roumaine. Quelque 100 000 Moldoves ont ainsi été exaucés entre 1991 et 2007, en
vertu d’une loi roumaine autorisant la ré-acquisition de la citoyenneté roumaine à ceux qui l’avaient
perdue pour des raisons indépendantes de leur volonté (suite à l’annexion de l’ex-province
roumaine de Bessarabie par l’URSS). Depuis août 2006, les demandes de ré-acquisition de la
nationalité roumaine affluent (variant de 450 000 à 800 000 selon les estimations). Il y a ici un
certain paradoxe, car 21 % de la population moldove aspire à la nationalité roumaine, alors que le
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recensement de 2004 a révélé que seuls 1,9 % des Moldoves se déclaraient être des Roumains
de souche.
48. L’UE et les Etats-Unis ont toujours soutenu la République de Moldova dans sa volonté de
construire une démocratie dotée d’une économie de marché fonctionnelle et régie par l’Etat de
droit. C’est ainsi que, depuis des années, les Etats-Unis sont le principal donateur bilatéral de la
République de Moldova, même si leur aide est moins élevée que la contribution globale de l’UE.
Les Etats-Unis ont appelé au retrait des munitions et des troupes russes de la région, et ont
proposé de dédommager la Russie des coûts de ce transfert. Les autorités russes ont décliné ces
offres. Après le 11 septembre, les Etats-Unis se sont intéressés avec beaucoup d’attention à la
République de Moldova car la Transnistrie est perçue, avec son statut non reconnu et l'absence
de protection de ses frontières, comme un éventuel refuge pour les terroristes et une filière
potentielle d’acheminement illicite de composants nécessaires à la fabrication d’armes de
destruction massive et d’armes conventionnelles (Atlantic Council).
49. La République de Moldova a adhéré au programme de partenariat de l’OTAN en mars 1994.
En mai 2006, le Conseil de l’Atlantique Nord a approuvé le premier plan d’action individuel pour le
Partenariat (IPAP) avec ce pays. Ce programme a pour but de renforcer les relations entre la
République de Moldova et l’Alliance, à la fois en regroupant des activités de coopération sous un
seul programme, et en ajustant les activités de l'OTAN de façon à fournir une aide accrue aux
efforts de réforme du gouvernement moldove. Dans le cadre de l’IPAP, la République de Moldova
a fixé un ensemble d’objectifs de réforme pour le secteur de la sécurité. Suite à l’évaluation
provisoire de l’IPAP en janvier 2007, le pays se prépare à la première évaluation annuelle du plan
d’action. Les Alliés ont encouragé les autorités moldoves à poursuivre l’élaboration du concept de
sécurité nationale, qui devrait fournir des consignes stratégiques pour le processus de réforme de
la défense. Ce projet a été harmonisé avec le plan d’action de la politique européenne de
voisinage mis au point entre l’UE et la République de Moldova, afin de garantir une certaine
complémentarité et d’éviter les doublons. Outre la République de Moldova, la Géorgie,
l’Azerbaïdjan et l’Arménie ont également signé un IPAP avec l’Alliance dans le but d’approfondir
leurs relations avec elle. D'un montant de 8,7 millions de dollars américains par an, les dépenses
militaires de la République de Moldova sont très faibles et ne représentent que 0,4 % du PIB
(http://www.tkb.org).
50. Le 12 décembre 2006, l’UE et la Banque mondiale ont organisé une conférence des
donateurs pour la République de Moldova, à laquelle ont participé la plupart des principaux
bailleurs de fonds intervenant dans ce pays. L’objectif était d’évaluer les progrès et de réaffirmer
l’engagement des donateurs à l’égard du programme de réforme et de l’agenda de
développement du pays, tels qu’énoncés dans le plan d’action de la politique européenne de
voisinage UE-Moldova et la Stratégie de la République de Moldova en matière de croissance
économique et de réduction de la pauvreté (EGPRSP). Cette conférence a également été
l'occasion de solliciter des fonds supplémentaires pour aider la République de Moldova à faire
face aux récents chocs extérieurs qui ont créé un déficit de financement à court terme, mettant en
péril les objectifs du pays en matière de croissance et de réduction de la pauvreté. Dans ce
contexte, les donateurs ont annoncé le versement d’une aide de près d’un milliard d’euros sur les
trois prochaines années.
VI.
CONCLUSIONS
51. Le récent élargissement de l’UE a incité le rapprochement direct de la République de
Moldova de l’UE et de l’OTAN. La perspective d’adhésion à l’une ou l'autre de ces organisations
dans un proche avenir étant faible, certains en Moldova s’inquiètent de ce qu’un nouveau « rideau
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de fer » s’est abattu sur l’Europe et que leur pays paie le lourd tribut de cette évolution. Il ne faut
pas laisser faire ça.
52. Premièrement, la République de Moldova doit poursuivre ses réformes internes. Elle doit
renforcer ses institutions, mettre en œuvre des programmes de lutte contre la corruption et
améliorer les conditions régissant les opérations commerciales et les investissements.
Deuxièmement, elle serait bien avisée de promouvoir ses intérêts régionaux avec plus
d'assurance vis-à-vis de l'extérieur. La République de Moldova et ceux qui la soutiennent
devraient faire pression pour obtenir un meilleur accès au marché européen, et agir pour que la
question de la Transnistrie figure parmi les thèmes prioritaires de l’UE. L'Ukraine devrait être mise
à contribution pour traiter le problème de la Transnistrie.
53. De son côté, l’UE doit considérer la République de Moldova comme un moyen de mettre à
l'épreuve ses capacités d’intégration et son rôle de locomotive des réformes. L’expérience de l'UE
dans le renforcement des institutions pourrait aider ce pays à devenir un Etat plus solide, capable
de se doter d'une économie renforcée. Cela nécessitera, à terme, une plus grande ouverture du
marché au profit de la République de Moldova, ainsi qu’une aide ciblée pour faire progresser le
processus de transition de ce pays. L’UE doit continuer à s’opposer au statu quo concernant le
« conflit » avec la Transnistrie, et s’efforcer de trouver une solution. Des efforts supplémentaires
doivent être faits pour régler le problème du contrôle des frontières et des trafics, qui présentent
une multitude de risques au niveau de la sécurité. Les problèmes de frontières qui existent dans la
région favorisent aussi le trafic d'êtres humains en Europe. Enfin, l’OTAN doit continuer à aider la
République de Moldova à moderniser ses structures militaires et à apporter son soutien à la
société moldove pour qu'elle soit assurée qu’un contrôle démocratique s’exerce sur l’armée.
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Annexe
15
ANNEXE
Indicateurs macroéconomiques pour
2006
PIB (milliards de dollars US)
Croissance réelle du PIB (%)
Indice des prix à la consommation (moy. %)
Population (millions)
Exportations de biens (millions de dollars US)
Importations de biens (millions de dollars US)
Balance courante (millions de dollars US)
Réserves de devises étrangères, sauf l’or
(millions de dollars US)
Dette extérieure totale (milliards de dollars US)
Service de la dette payé (%)
Taux de change (moy.) du leu/dollar US
3,3
4,0
12,5
3,3
1 090
-2 670
-518
Origine du PIB (2004)
Agriculture et pêche
Industrie
Bâtiment
Services
% total
21,3
19,1
4,8
54,3
Structure du PIB (2005)
Consommation privée
Consommation publique
Investissements fixes bruts
Formation brute de capital
Exportations nettes
% total
91,6
16,9
24,4
5,4
-38,2
Source : EIU,2006
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