ECONOMIE ET
SECURITE
171 ESCEW 07 F bis
Original : anglais
Assemblée parlementaire de lOTAN
SOUS-COMMISSION SUR LA COOPERATION ET LA
CONVERGENCE ECONOMIQUES EST-OUEST
LA SITUATION ECONOMIQUE EN MOLDOVA
RAPPORT SPECIAL
KURT BODEWIG (ALLEMAGNE)
RAPPORTEUR FAISANT FONCTION
ET PRESIDENT DE LA SOUS-COMMISSION
Secrétariat international 7 octobre 2007
Les documents de l’Assemblée sont disponibles sur son site internet, http://www.nato-pa.int
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TABLE DES MATIERES
I. INTRODUCTION ....................................................................................................... 1
II. L'ECONOMIE ............................................................................................................. 2
III. LE COMMERCE ET L’ENERGIE ............................................................................... 5
IV. LE MARCHE DE LA TRANSNISTRIE ET L'ECONOMIE MOLDOVE ........................ 7
V. AUTRES ACTEURS IMPORTANTS ........................................................................ 11
VI. CONCLUSIONS ....................................................................................................... 13
ANNEXE ............................................................................................................................ 15
BIBLIOGRAPHIE ............................................................................................................... 16
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I. INTRODUCTION
1. Bordée à l’ouest par la Roumanie et au nord, à l'est et au sud par l’Ukraine, la République
de Moldova comprend la partie orientale de la principauté roumaine de Moldavie (1359-1859).
Longtemps terre d’occupation, sa culture politique et économique en a gardé des traces. Les
Ottomans l’ont annexée au XVIe siècle et le territoire, appelé alors Bessarabie, a été cédé à
l’Empire russe en 1812. Ce territoire était délimité à l’ouest par le fleuve Prout, au nord et à l’est
par le Dniestr, au sud par la mer Noire et au sud-est par le bras Chilia du Danube. La Bessarabie
est restée sous domination russe jusqu’en 1918, date à laquelle elle a été rattachée à la
Roumanie. Lors de la Seconde Guerre mondiale, le pays a été occupé par les troupes soviétiques.
Brièvement repris par la Roumanie, il a finalement été intégré à l'URSS sous le nom de
République socialiste soviétique moldave. Le 27 août 1991, cette République socialiste soviétique
a proclamé son indépendance par rapport à l’Union soviétique et a pris le nom constitutionnel de
République de Moldova.
2. La République de Moldova est le pays le plus pauvre d’Europe et est aujourd’hui dirigée par
un régime communiste. Le « conflit gelé » avec la Transnistrie, ainsi que le rôle douteux du pays
en tant que plaque tournante du trafic d'êtres humains et de la contrebande ont conduit les
analystes à voir en la République de Moldova l’un des derniers gros problèmes de sécurité en
Europe. Cela étant, le pays cherche désormais à se rapprocher de l’UE et de l’Occident en
général, ce qui a pour effet de compliquer ses relations avec la Russie, dont il a reçu un soutien
politique, économique et financier.
3. La fertilité de ses terres mise à part, la République de Moldova n’est pas riche en ressources
naturelles. Elle dépend entièrement des importations pour satisfaire un grand nombre de ses
besoins en matière de consommation, d’industrie manufacturière et d’énergie. Après avoir
proclamé son indépendance, le pays s’est vu privé des subventions directes et indirectes de
l’Union soviétique qui représentaient jusque-là près de 25 % de son PIB –, ce qui s’est traduit
par une forte dégradation de ses termes de l’échange (« Trade Diagnostic Study 2004 », Banque
mondiale). La République de Moldova a du même coup perdu l’accès aux marchés de la CEI,
tandis que l'afflux soudain de produits importés de l'ouest et la diminution rapide du revenu
disponible ont eu un effet dévastateur sur la demande intérieure de produits de fabrication
moldove. Si la République de Moldova était considérée au moment de son indépendance comme
un pays aux revenus moyens, sa situation économique s’est considérablement détériorée au
cours des dix années qui ont suivi. En 1999, le taux national de pauvreté était de 73 %. Après une
série de réformes structurelles destinées à relancer la croissance, ce taux est passé en 2005 à
14,7 % dans les grandes villes, 48,5 % dans les petites villes et 42,5 % dans les zones rurales
(« Moldova-Country Brief 2006 », Banque mondiale). La forte croissance économique de ces sept
dernières années n’a pas permis de retrouver le niveau de PIB de l’ère soviétique. En 2006, le PIB
ne représentait que 55 % environ de ce qu’il était en 1991.
4. Sur le plan politique, une question est au cœur des débats en Moldova : le pays doit-il se
rallier au système de la Russie et de la CEI, ou au contraire chercher à s'intégrer dans l'Europe ?
Il y a cinq ans, le parti des communistes de la République de Moldova (PCRM), dirigé par Vladimir
Voronin, a été élu sur un programme pro-russe préconisant la russification linguistique, une
politique étrangère et de sécurité inspirée de celle de la Russie, et l'intégration dans la CEI. Après
trois ans au pouvoir, le président Voronin s’est déclaré lui-même déçu par la Russie et a, face à
l’énorme pression du Kremlin, adopté un ensemble de réformes pro-occidentales visant à
rapprocher la République de Moldova des institutions euro-atlantiques. Cette volte-face a permis à
son parti de remporter 56 sièges sur 101 lors des élections législatives de 2005. Voronin a réussi,
par la même occasion, à recueillir le soutien des principaux partis d'opposition, le parti du peuple
chrétien-démocrate (CDPP) de la droite conservatrice et le parti socio-libéral (SLP) penchant
à droite. Pour gagner leurs faveurs, Voronin a élaboré un plan de coopération en dix points,
comprenant notamment une importante série de réformes du système judiciaire et des médias
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fondées sur le plan d'action de l'UE. Sous l’effet de ce partenariat, la vie politique de la République
de Moldova a connu une période de tranquillité sans précédent. Le président Voronin a
récemment adopté une position, plus favorable d'une certaine façon à la Russie et plus opposée à
la Roumanie, mais il se peut que cela soit motivé par un calcul électoral à court terme. Frappée
par des scandales et des querelles internes, l'opposition est aujourd’hui relativement faible. Cela
étant, le président fait l’objet d’une pression croissante de la part de certaines forces politiques,
vraisemblablement à cause des lenteurs dans la mise en œuvre des réformes.
5. La région séparatiste de la Transnistrie appelle une réponse des plus urgentes de la part de
la République de Moldova. Ayant proclamé son indépendance par rapport à la Moldova en 1990,
cette région a connu des affrontements sanglants avec l’armée moldove en 1992. Bien que les
parties belligérantes aient signé un cessez-le-feu cette même année, cela n’a pas réglé le fond du
problème, à savoir le degd'autonomie à accorder à la région. La Transnistrie est un refuge pour
les organisations criminelles se livrant à la vente illégale d’armes, à la contrebande et au
blanchiment de fonds. Elle abrite le plus grand entrepôt militaire de l’ère postsoviétique à
Colbasna, la 14e armée russe (autrefois soviétique) et plusieurs usines d’armement de l’époque
soviétique. Bien que le conflit avec la Transnistrie présente une dimension ethnique, il semble bien
que les facteurs économiques soient les plus importants. Malgré la petite taille de la Transnistrie
(12 % du territoire et 17 % de la population), c’est dans cette région sécessionniste que l’on trouve
la majeure partie des industries moldoves. En 1990, la Transnistrie représentait 40 % du PIB
réalisé par l’ex-République socialiste soviétique de Moldavie, 33 % de sa production industrielle et
90 % de sa production d’énergie (Mackinlay et Cross).
6. Selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), la République de Moldova est
le pays d’où provient le plus grand nombre de victimes du trafic d'êtres humains en Europe de
l'Est. Les services chargés de l’application de la loi ont identifié 1 643 victimes moldoves entre
janvier 2000 et décembre 2004 (http://www.iom.int). Des organisations criminelles se livraient au
trafic de femmes, d’enfants et d’hommes à des fins d'exploitation sexuelle, pour répondre aux
besoins de main-d'œuvre bon marché et pour alimenter les réseaux de petite délinquance. Plus de
80 % de ces victimes ont franchi illégalement des frontières. Les itinéraires d’acheminement pour
les activités de mendicité et la petite délinquance passent souvent par la Pologne et la Russie,
tandis que pour le trafic de migrants vers l’Europe du Sud-Est et l’Union européenne, les
trafiquants utilisent des itinéraires bien rôdés à travers les Balkans. Malgré les campagnes
d’information et les programmes de lutte contre ces trafics menés par les autorités moldoves en
collaboration avec l’OIM, l’OSCE, le PNUD (Programme des Nations unies pour le
développement) et d’autres organisations, il est difficile de prendre la mesure des efforts engagés
pour éradiquer le problème et d'évaluer leur efficacité. Si l’on en juge par le nombre croissant de
victimes identifiées, il semblerait que les dispositifs de police et de poursuites judiciaires se soient
améliorés. Il n’en reste pas moins que le problème demeure très grave. La plupart des victimes
invoquent l’extrême pauvreté comme origine première du problème.
7. Depuis l’adhésion de la Roumanie à l’UE en janvier 2007, la République de Moldova partage
la nouvelle frontière orientale de l’Union européenne. Compte tenu des profondes divisions
politiques, des conditions socio-économiques désastreuses et des énormes problèmes de sécurité
qui règnent en République de Moldova, l'UE devra prêter une attention encore plus grande à ce
pays et mettre au point une stratégie pour que la situation s'y améliore.
II. L'ECONOMIE
8. La République de Moldova étant une économie ouverte et peu développée, elle a très mal
résisté aux chocs extérieurs tels que la crise de la monnaie russe en 1998. Parallèlement, le fait
que les nombreuses coalitions qui se sont succédé au pouvoir ne soient pas parvenues à un
consensus politique sur les orientations économiques a souvent rendu plus difficile l’élaboration de
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réformes structurelles cohérentes. Les problèmes économiques du pays trouvent leur origine à la
fois dans des facteurs internes et des facteurs internationaux.
9. Il va sans dire que la transition économique de la République de Moldova a été ponctuée de
nombreux épisodes douloureux. Le premier, qui a débuté en 1990, a consisté à libéraliser les prix,
les échanges et la gestion des entreprises. Une seconde étape a été amorcée en 1993 lorsque,
en coopération avec le FMI et la Banque mondiale, le pays a entrepris la privatisation à grande
échelle des entreprises publiques, introduit une nouvelle monnaie nationale plus stable (le leu) et
mis en place une bourse des valeurs nationale. En 1995, cependant, le processus de réforme
s’est enlisé et l’économie est entrée dans une phase de récession qui a atteint son point culminant
avec la crise de 1998 (http://www.case.com.pl/plik--1589572.pdf?nlang=19). La privatisation des
terres s’est ralentie, et le gouvernement n’a pas mis longtemps à accumuler des dettes
extérieures. Ce n’est qu’après 2000 que l’économie moldove a commencé à se relever. Les
élections de 2001 ont investi le gouvernement d’un mandat plus vigoureusement orienté vers les
réformes, ce qui a favorisé la mise en œuvre d’une politique économique plus cohérente et plus
axée sur la réforme.
10. La privatisation a commencé en 1991 avec la distribution de bons (droits patrimoniaux) à
l’ensemble des citoyens moldoves. Le but était de répartir les biens publics parmi la population et
de créer un secteur privé autrefois inexistant. Les particuliers étaient cependant les seuls à
pouvoir participer à cette opération, et cela a privé l’industrie d’une source potentielle importante
de capitaux étrangers. En 1996, 60 % de l’industrie, 93 % du secteur agroalimentaire et 95 % des
services et du commerce étaient privatisés (http://www.case.com.pl/plik--1589572.pdf?nlang=19).
Entre 1997 et 2000, le gouvernement a procédé à la privatisation des terres et a vendu
942 entreprises en lançant des appels à l'investissement. L'objectif du programme était alors de
s'assurer que l’infrastructure industrielle était gérée par des moyens privés et attirait des
investissements étrangers dont le besoin se faisait cruellement sentir. A titre d’exemple, la société
espagnole Union Fenosa a acheté en 1999 les compagnies de distribution énergétique du sud, du
centre et de Chisinau, et des investisseurs israéliens ont acquis 83,29 % du capital de la chaîne
hôtelière Moldovatur (http://www.naai.moldova.md/3privat.htm). Après 2001, les privatisations sont
devenues plus occasionnelles, et la tendance était clairement de vendre aux sociétés russes en
échange d’une réduction de la dette. Plusieurs entreprises publiques stratégiques n’ont pas
encore été privatisées. Il s’agit notamment de sociétés vinicoles, de manufactures de tabac et de
Moldtelecom, la société de télécommunications moldove. Des sociétés pharmaceutiques,
compagnies de distribution d’eau, compagnies des chemins de fer et sociétés d’aviation civile
présentent des atouts pour les investisseurs étrangers, mais n'ont pas encore été mises en vente.
Les étrangers ne sont toujours pas autorisés à acheter des terres agricoles ou forestières en
République de Moldova.
11. Au cours des cinq dernières années, la République de Moldova a enregistré une croissance
du PNB de 7 % en moyenne par an, avec une hausse de seulement 5 % en 2006 (« Moldova
Country Report », The Economist Intelligence Unit). Plusieurs raisons expliquent la vigueur de ces
performances : tout d’abord, les réformes structurelles ont commencé à porter leurs fruits, et les
principaux partenaires commerciaux du pays (la Russie, l’Ukraine et la Roumanie) ont connu un
essor économique remarquable, ce qui a entraîné une augmentation de leur demande de produits
moldoves. Les hausses de production ont, curieusement, été faciles à gérer et n’ont pas eu d’effet
inflationniste, cela en raison de la sous-utilisation précédente des ressources. Par ailleurs, des
conditions météorologiques favorables ont contribué à l’augmentation de la production agricole (le
secteur agricole et agroalimentaire représente près de 30 % du PIB). Enfin, les dépenses de
consommation ont explosé, stimulées par une forte hausse des salaires réels et des pensions de
retraite, ainsi que par les envois massifs d’argent par les Moldoves travaillant à l’étranger, qui ont
représenté 33 % du PIB pendant deux années consécutives, en 2005 et 2006 (estimations de la
Banque mondiale) (The Economist Intelligence Unit). Cet afflux de devises étrangères a, par voie
de conséquence, contribué à doper la demande intérieure.
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