Il est né en Sicile, à Girgenti (aujourd’hui Agrigento), le 28 juin 1867, pendant une épidémie de
choléra, naissance qu’il décrivit ainsi dans le livre de souvenirs que sa mort laissa inachevé : «Une
nuit de juin, je suis tombé comme une luciole sous un grand pin solitaire dans une campagne
d’oliviers sarrasins, à la crête d’un haut plateau de terre bleue au-dessus de la mer africaine.» La
Sicile, île pauvre et illettrée, vouée aux superstitions et au fanatisme religieux, venait de se joindre à
une Italie qui était encore en processus d’unification. Mais, sur cette âpre terre, des siècles de
civilisation gréco-romaine et musulmane avaient déposé leurs traces, et, en voulant expliquer le
caractère sicilien, Pirandello allait accorder une grande importance à leur enchevêtrement. Il inscrivit
dans son oeuvre la sicilianité profonde, c'est-à-dire l'insularité étouffante, le complexe de
l'encerclement, le sentiment tragique de la vie, la clôture de la conscience, la solitude et la souffrance,
la violence des sentiments et le respect aveugle des traditions. Impressionné par les histoires
terrifiantes que lui contait sa nourrice paysanne, Maristella, il allait écrire certaines de ses oeuvres
dans le dialecte de sa région, pensant que «l'italien est la langue du concept et de la raison, le
dialecte celle du sentiment», et évoquer avec tendresse ceux que, bien qu’agnostique, il appelait
« Povere Cristo ».
Il grandit, entre Porto Empedocle et Girgenti, à l'extrême sud de l’île, sur un littoral plat, limoneux,
hébété de chaleur, au lieu-dit ‘’lu Causu’’ (‘’le Chaos’’ : il pourra dire : «Je suis né du chaos»), dans la
bourgeoise propriété familiale, car son père, don Stefano, était propriétaire d’une mine de soufre.
Autant sa mère était douce, conciliante mais terrorisée, autant son père était autoritaire et violent. Sa
soeur, qui hallucinait, le voyait en loup. Lui-même eut, avec cet homme souvent absent car absorbé
par ses affaires et qui, les rares fois où il était à la maison, se montrait violent, se déchaînait dans des
colères terribles. Dans son « roman familial », il se vit comme un « enfant échangé », interverti par
accident, et, tout au long de sa vie et d’une oeuvre foisonnante, il allait s'efforcer de confirmer ce
statut en se consacrant à l'écriture, il interrogea ce père qu'il lui fallut accepter comme sien mais qu’il
détestait, avec lequel il avait des relations difficiles. À l'âge de quatorze ans, il le surprit avec sa
maîtresse au visage de laquelle il cracha. Auparavant, à l'âge de dix ans, il aurait fait l'apprentissage
traumatisant, au point d'en garder l'empreinte pour la vie entière, de la mort et de l'amour, car, étant
allé à la morgue par curiosité et y ayant observé un cadavre, il aurait découvert un couple qui y faisait
l'amour en cachette. L’expérience de la vie familiale, les incompréhensions, les trahisons allaient être
les premières sources de son oeuvre qu’il aurait inaugurée à l’âge de douze ans en écrivant une
petite tragédie qui fut jouée en famille.
En 1882, la famille vint habiter Palerme.
En 1884, Pirandello travailla avec son père à l’exploitation de la mine de soufre.
En 1885, il commença des études de droit et de lettres à Palerme.
Avec l’obéissance d’un fils de bonne famille, il se fiança, en vue d’un mariage de convenance
typiquement sicilien, avec Antonietta Portulano, fille d’un associé de son père, qu’il n’avait vue
qu’enfant.
En 1889, grâce à la pension que lui versait son père, il poursuivit ses études à la faculté de lettres de
Rome, logeant chez un oncle qui avait été un lieutenant de Garibaldi.
Il écrivait des poèmes, des nouvelles et des pièces de théâtre.
Il publia d'abord des poèmes :
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‘’Mal giocondo’’
(1889)
‘’Mal joyeux’’
Recueil de poèmes
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En 1891, Pirandello, qui s’était querellé avec un de ses professeurs de Rome et qui suivit l’avis d’un
autre professeur, passa à l’université de Bonn, où il fut reçu docteur en philosophie pour une thèse