Six personnages en quête d’auteur
de Pirandello
Nouvelle traduction de François Regnault
Mise en scène de Emmanuel Demarcy-Mota
Recréation 2014
Six personnages en quête d’auteur
Texte Pirandello
Nouvelle traduction François Regnault
Mise en scène Emmanuel Demarcy-Mota
Assistant à la mise en scène Christophe Lemaire
Scénographie Yves Collet
Musique Jefferson Lembeye
Costumes Corinne Baudelot
Maquillages Catherine Nicolas
avec Hugues Quester, Valérie Dashwood, Alain Libolt, Charles-Roger Bour,
Stéphane Krähenbühl, Gérald Maillet, Pascal Vuillemot (distribution en
cours)
Production
Théâtre de la Ville (Paris)-Théâtres de la ville du Luxembourg
En quête de tout le théâtre, Emmanuel Demarcy-Mota
Un théâtre vide, un plateau nu, inutile
de faire semblant. Ou plutôt si. C’est toute la
question du semblant qui se pose ici, celle des
rapports de l’illusion à la réalité. Est-ce parce
qu’aujourd’hui, il nous semble que la réalité
s’est substituée à l’idée, que la figure de ce
monde passe et n’est qu’une illusion, que nous
croyons que « le monde entier est une
scène » ?
On a plutôt aujourd’hui le sentiment
que l’illusion a gagles corps et les âmes, et
engendré ce malaise de sujets
irrémédiablement divisés. On se retrouve sur
une scène fantomatique, incarnée par des corps
pris dans leurs rêves. On considère alors la vie
de ces personnages au travers de ces agitations
mal contenues, de ces violences mal étouffées
du passé, prises ici dans le laboratoire de
l’activité théâtrale.
La pièce de Pirandello peut exprimer
toute sa puissance, sa force énorme, parce
qu’elle contient un mystère qui est la
contamination du monde visible par le monde
invisible, « un monde surréel », où la magie
cachée, terrifiante et meurtrière, à laquelle on
ne pouvait pas s’attendre au départ, prend
naturellement sa place dans le théâtre.
Le théâtre se trouve alors envahi par ce
qui lui est essentiel, son propre cœur, sa sève :
les personnages ! Des personnages qui ne sont
pas seulement en quête d’auteur, mais de la
totalité du théâtre, tout le théâtre doit se mettre
à leur service, être vampirisé par leur
existence, par leur inachèvement, par leur
drame violent qui n’est même pas consommé.
Ce drame qu’il faut répéter pour le faire
advenir.
La richesse de ces imbrications met en
place le vertige, et ouvre une réflexion sur la
création théâtrale dans ses tenants et ses
aboutissants les plus intimes. Le monde du
théâtre devient comme le lieu de la fabrication
de tous les possibles : de l’inceste à peine
déguisé à la mort violente des innocents.
La famille des personnages se situe
dans le futur par rapport à des acteurs qui sont
dans le présent, qui fonctionnent comme un
chœur au présent.
Et l’apparition soudaine de Madame
Pace devient alors la mise à jour de la
puissance scénique elle-même, qui ouvre une
brèche vient se glisser le personnage que
requiert la situation ; le drame de la scène
sexuelle et de la mort peut alors apparaître. On
réinvente ici et maintenant une action passée,
une scène primitive. Pour la Belle-Fille, cette
répétition n’a pour but que de sceller
l’irréversible de l’acte incestueux.
Cela a lieu sous le regard du Directeur
de théâtre, qui voit que la scène redonne à ces
personnages du sang frais, afin qu’ils puissent
être des victimes coupables chez les vivants
plutôt que de pâles héros chez les morts. Afin
qu’ils puissent s’illusionner sur leur histoire.
C’est l’occasion jamais de chercher
à dépasser les limites du théâtre, non en les
niant, mais en les portant à des conséquences
paradoxales. De faire un rêve moderne : un
rideau tombe sous un souffle d’air, palpite
comme une chose vivante, se fige dans
l’immobilité absolue, un drap devient maison
ou théâtre.
Un ring mobile, un échafaud, un
radeau, chacun se retrouve, comme dit le
Père, « enchaîné et cloué pour l’éternité ».
Note sur la traduction, François Regnault
La parole italienne est profuse. Il
arrive au français d’être plus laconique.
Sans faire de cette différence un système,
le metteur en scène et moi avons tenu à ne
pas rendre toutes les interjections, les
incises, les insistances, les redites, les
répétitions, la faconde de la parole
italienne de Pirandello. Parola, en italien,
d’ailleurs, signifie le mot.
Nous avons pratiqué des
resserrements, ménagé des coupes.
Mais il fallait bien entendu rendre
le style des personnages : un peu « théâtral
du Père, comme il le dit lui-même,
passionné de la Belle-Fille, supplicié,
exclamatif, de la Mère, laconique,
renfermé, du Fils, interloqué, curieux,
ouvert, du Directeur, etc.. En bref, toute la
Grande Psychologie pirandellienne.
Il fallait que le Directeur fût aussi
un véritable metteur en scène, et non
seulement le Directeur chef de troupe. Et
donc ses Acteurs et ses Techniciens des
personnages aussi, et non seulement des
comparses.
Il fallait donc que ces derniers ne se
contentent pas de réflexions bienvenues,
convenues. Pirandello d’ailleurs, demande
parfois aux acteurs d’improviser
réellement. Ainsi, dans Chacun à son idée,
(Ciascuno a suo modo, traduit aussi
Comme ci ou comme ça, ou On ne sait
jamais tout !), il fournit une longue liste de
répliques possibles. Comme elles portent
sur une pièce de théâtre, elles ont aisément
trouvé place dans la bouche des Acteurs
des Six personnages, au lieu où l’auteur
suppose un entracte.
Dans toutes ces occasions, je
pouvais trouver, sous la luxuriance du
style, le roc de la fable et la solidité des
idées, théâtrales et philosophiques, de cette
immense dramaturgie de l’existence.
Un caillou sur la route, comme le
dit une actrice…
La presse à la création extraits
Libération, Pirandello
dans un halo, René Solis.
« La grande réussite de la mise en scène
tient à cela : il en émane l’étrange lueur
imaginée par Pirandello, et toute la
représentation semble nimbée d’un halo
fantastique qui maintient le spectateur dans
un état de rêve éveillé. Rarement le grand
plateau du théâtre de la ville aura été aussi
bien utilisé ».
Le Monde, Le souffle de
Hugues Quester, J-L Perrier.
« Emmanuel Demarcy-Mota, ce jeune est
brillant metteur en scène, semble avoir le
théâtre pour langue maternelle et des accès
directs aux codes de la belle ouvrage.
Hugues Quester est un phénomène de père
et un phénomène d’acteur. Il bataille en
direct. Un instant il est blême, suspendu,
exprimant une sueur glacée, avant qu’une
fièvre soudaine n’emporte sa phrase au
loin. On ne sait jamais quelle note sera la
suivante. Son intensité. Mais elle tapera
dans le mille qu’il vient d’inventer ».
Le Figaro, La poésie, le
mystère, la vérité, F. Ferney.
« Emmanuel Demarcy-Mota est-il visi
par la grâce ? D’emblée tout frémit, tout
conspire, tout semble neuf, vivant.
Demarcy a le don d’embellir tout ce qu’il
touche, il rend à Pirandello sa fureur, son
mystère. Si l’on est ému jusqu’aux larmes
(de vraies larmes s’il vous plait), c’est que
soudain on découvre une œuvre
magnifique. Merci jeune homme !
L’humanité, Pirandello
dormait d’un œil, Léonardini.
« Emmanuel Demarcy-Mota impose tout
du long à son récit scénique une respiration
de l’ordre de la poésie, dont le secret nous
semblait perdu depuis au moins Patrice
Chéreau. Seize interprètes donnent avec
feu cette tragi-comédie des erreurs sur la
personne. Hugues Quester déploie de façon
sublime un je ne sais quoi de fantomatique,
Alain Libolt semble danser la partition du
directeur, Valérie Dashwood, assume la
part maudite du fantasme fait femme. En
un mot comme en cent, Emmanuel
Demarcy-Mota prend ici son élan vers la
maitrise. »
Télérama, Du théâtre-
théâtre, Fabienne Pascaud.
« C’est avec une rare maestria que le jeune
Demarcy-Mota use des mille artifices de la
grande mise en scène pour nous raconter
cette sombre et mystérieuse histoire en
infinis jeux de miroirs et obscurs
labyrinthes. Emmanuel Demarcy-Mota
magnifie toute la magie du plateau, pour en
montrer aussi les abîmes assassins.
Envoutant et inquiétant. »
Le point, ****
Frédéric Ferney
« La Dramaturgie marie la poésie et la
virtuosité, le rire et la primauté. On est
ému jusqu’aux larmes. Bravissimi ! »
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