Selon HOBBES, « le pouvoir s’il est extrême est bon parce qu’il est utile à la protection ». Notre
expérience de la démocratie est révélatrice de l’incompatibilité entre sécurité totale et respect absolu des
formes légales. Un état démocratique ne peut être totalement protecteur sans basculer dans le
totalitarisme.
De ce constat, il est évident que la Sécurité d’un Etat démocratique ne peut être assurée
essentiellement par une protection civile.
La sécurité sociale protège contre le risque social (évènement qui compromet la capacité des
individus à assurer eux-mêmes leur indépendance sociale).
Au lendemain de la Révolution, la priorité fut donnée à la protection de la Propriété, car celle-ci
assurait l’indépendance sociale des propriétaires. Ceci a eu pour effet de créer l’insécurité sociale au sein
de la classe dite « non propriétaire », classe largement majoritaire.
La société moderne de l’après guerre a institué la « propriété sociale » : la retraite. En effet, le
retraité est devenu l’équivalent du rentier. Ainsi, la protection fut axée sur le travail réhabilitant le « non
propriétaire ». Parallèlement au système des retraites, le développement de l’Etat-social a permis la
création d’une Sécurité Sociale généralisée. Evidemment, la société salariale était loin d’être égalitaire,
Robert CASTEL la qualifie de « société de semblables » (différenciée, hiérarchisée). Il va s’en dire que la
croissance économique de l’époque, et la forte protection des collectifs syndicaux, ont été les conditions
de réussite de la protection sociale.
Face à ce qu’a appelé WAGNER « la crise de la modernité », la stabilité sociale de l’après guerre
s’est trouvée fortement ébranlée.
A partir des années 70, nous avons assisté à la mondialisation et donc au developpement d’un
système capitaliste, ainsi qu’à la construction communautaire. Ce contexte a mis notre Etat-Social en
difficulté, en réduisant sa capacité à piloter l’économie au service du maintien de l’équilibre social.
Robert CASTEL cite deux phénomènes : l’individualisation et la décollectivatisation.
L’Etat à déléguer les prises en charges sociales aux entreprises, ce qui a eu un effet contre-
productif. Face aux objectifs de rentabilité et aux surcoûts imposés pour financer les charges sociales, les
entreprises ont précarisé l’emploi. La concurrence entre égaux s’est insinuée dans la société salariale et a
donc par voie de conséquences fragilisée l’individu. Ainsi, l’individualisation des trajectoires
professionnelles a affaiblie les systèmes de régulation collective et a donc obligé les agents a se
responsabiliser face à leur avenir.
De plus, « La crise de la modernité » a marqué le retour des classes dangereuses. Des professions
comme l’artisanat, ont plus ou moins été exclues du « marché » entraînant une frustration collective en
quête d’un responsable à leur déchéance sociale. Ensuite, tout s’est accéléré, chômage de masse,
déqualification des diplômes comme le CAP, ressentiment criant des laissés pour compte… Le sentiment