GE20 : Guide méthodologique
Phase 2 : Mobilisation d’un cadre d’analyse
1 Vos "données d’entrée"
La première phase du travail vous a amenés à circonscrire et définir votre sujet, dans une démarche de
problématisation. A l’issue de cette première phase, vous devez disposer :
d’une thématique générale
d’une question de départ, structurante
de quelques notions ou concepts associés à ce questionnement.
Ces données d’entrée doivent vous guider dans la recherche de supports théoriques (articles,
ouvrages…) qui alimenteront la construction d’un cadre d’analyse. Pour des non économistes, ce
travail est évidemment peu évident. A ce moment de votre travail, faites appel au prof qui, a priori,
connaît mieux le domaine que vous. Il pourra ainsi vous suggérer des lectures en phase avec votre
questionnement.
2 Vers l’élaboration d’un cadre théorique
Il s’agit dans deuxième partie de construire ou de mobiliser un cadre d’analyse pour vous permettre de
conduire votre travail de manière rigoureuse. Cette phase se place à un niveau beaucoup plus théorique
et conceptuel que la première phase, exploratoire. La construction de ce cadre peut notamment se faire
de manière assez détachée du terrain (secteur, groupe…) qui vous intéresse. Elle explicite des
éléments de nature plus générique et abstraite, pour traiter votre question.
Métaphoriquement, ce cadre d’analyse est votre filet de pêche. La première partie vous a permis de
savoir ce que vous souhaitiez pêcher, il s’agit maintenant de choisir le bon filet pour rapporter les
poissons souhaités. Si les mailles sont trop grandes, le poisson passera à travers ; si elles sont trop
petites, vous ramènerez le poisson et tout un tas de déchets qui ne vous intéressent pas.
L’appui sur un cadre d’analyse a deux intérêts principaux :
il permet d’affiner votre questionnement, et de progresser dans votre investigation de manière
structurée et balisée. C’est notamment à partir de définitions précises de concepts ou notions
que vous affinerez votre travail. Ainsi, au final, une sorte de grille d’analyse vous permettra
d’orienter et de collecter les informations de terrain.
Il permet de tenir compte de travaux déjà menés et de s’appuyer dessus pour ne pas réinventer
la roue. Notamment pour vous, il s’agit plus de mobiliser des cadres existants et pertinents que
d’élaborer de nouveaux cadres (hors de propos et d’atteinte dans le cadre de cette UV).
Si par exemple, votre question est "quelles sont les stratégies de diversification des groupes de
l’agroalimentaire ?", votre cadre d’analyse doit vous permettre de préciser ce qu’est la diversification,
au-delà de la considérer comme une nouvelle activité productive. Ainsi, vous serez probablement
amenés à considérer plusieurs sous catégories de diversification : verticale, industrielle, conglomérale,
qui répondent à des objectifs stratégiques différents. Ici, l’objectif, n’est pas de répondre à la question
posée, mais d’envisager une manière d’y répondre rigoureusement. Autrement dit, sur cet exemple, on
ne cherche pas à se renseigner sur les stratégies dans l’agroalimentaire, mais plutôt à préciser la notion
de "stratégies de diversification", à un niveau suffisamment fin pour pouvoir ensuite identifier des
éléments concrets dans l’industrie agroalimentaire.
3 Comment analyser un texte académique ?
La construction de ce cadre se base sur l’analyse de textes, le plus souvent académiques, dont la
synthèse vous fournira l’ensemble des éléments nécessaires à votre propre cadre. Voici quelques
éléments pour vous aider dans cet exercice de lecture et de synthèse.
1. Problématique de l’auteur : tout comme vous, l’auteur du document que vous analysez
souhaite répondre à une (ou plusieurs) questions. Essayez d’expliciter ce questionnement.
2. Concepts clés mobilisés : pour répondre à cette question, l’auteur mobilise un certain nombre
de concepts. Quels sont-ils ? Quelle finition en donner ? Parfois, la définition de ces
concepts pourra vous conduire à la consultation d’autres références (ou du prof) pour les
clarifier.
3. Argumentation proposée : essayez de synthétiser la chaîne argumentative de l’auteur, qui
l’amène à apporter des éléments de réponse à la question initialement posée.
4. Validation empirique : cette argumentation est fréquemment confrontée à un terrain
d’observation. Quel est-il ? Quel secteur ? Quelles entreprises ? Quels sont les
parallèles/différences possibles entre ces terrains d’observation et votre propre terrain à vous ?
Sur quels types de données s’appuie le raisonnement ? Quel est, in fine, le domaine de validité
de la réponse qu’apporte l’auteur ?
5. Conclusions : à l’issue de ce travail, l’auteur propose un certain nombre de
résultats/conclusions. Quelles sont-elles ? Quelles sont les limites de ce travail ?
Ces différents éléments vous permettent de synthétiser le texte et de mettre en évidence les apports de
la contribution. Il est tout à fait souhaitable de les formaliser dans une fiche de lecture par exemple,
pour garder trace de cette lecture.
Le plus important par rapport à cette lecture est de voir comment cette lecture vous permet d’enrichir
et d’affiner votre questionnement. Il est donc impératif à ce stade de confronter cette synthèse avec
votre question de départ. En quoi les différents éléments abordés dans le texte vous permettent
d’enrichir votre réflexion ? Quels sont les éléments à remobiliser dans votre propre travail, et ceux qui
n’auront pas d’importance dans votre analyse ? Ce travail, exigeant, est fondamental pour que cette
lecture soit connectée avec votre travail et alimente votre réflexion.
4 Présentation du cadre d’analyse
Dans le cadre de GE20, ces lectures théoriques seront modestes. Un texte ou deux devraient suffire à
la construction de votre cadre d’analyse. Il s’agit alors de reprendre les différents éléments pertinents
des textes et de progresser dans votre questionnement.
Votre cadre d’analyse devrait pouvoir se présenter de manière relativement schématique, pour
présenter les différents concepts, leurs liens et les propositions qui y sont associées. Il s’agit donc
d’une synthèse théorique qui fournit des éléments d’explication et d’orientation pour la conduite de
l’étude de terrain.
Si nous reprenons le texte de Rainelli "le marché et l’organisation interne des transactions", on peut
avoir une question ainsi formulée : "quels sont les déterminants de l’internalisation ou de
l’externalisation des activités de l’entreprise ?". Les concepts du cadre d’analyse sont, entre autres :
transactions et coûts de transaction
spécificité des actifs
fréquence des transactions
incertitude.
La synthèse (très très très rapide) de ce cadre serait ainsi formulée sous forme de deux propositions :
les arbitrages entre internalisation et externalisation relèvent d’une comparaison entre coûts de
transaction et coûts d’organisation
le niveau des coûts de transaction est fonction de trois dimensions des transactions : spécificité
des actifs, incertitude et fréquence des transactions.
5 Retour sur le terrain
Ce cadre d’analyse a pour vocation d’orienter la collecte de vos données de terrain. Votre sujet se
focalise, sur un groupe, un secteur ou autre objet d’études. Sur cet objet, vous trouverez très
probablement une information abondante, vaste, hétérogène. Votre cadre d’analyse est là pour fixer les
bornes entre les données pertinentes pour votre sujet, et celles qui ne seront d’aucune utilité pour
répondre à votre question.
Il s’agit donc, à ce niveau du travail, d’assurer la transition/traduction de ce cadre vers la réalité de
terrain. Cela se fait à l’aide d’indicateurs qui seront des traductions concrètes des concepts et
propositions que structurent votre cadre d’analyse. Cet exercice de passage de la théorie au terrain fait
toute la rigueur (mais aussi la difficulté) d’un tel travail. C’est pour cela qu’il est souhaitable que cette
réflexion soit amorcée et présentée lors de votre expod’avancement. Ce moment d’exposé est un
lieu de discussion et de suggestion pour assurer la bonne liaison entre théorie et observation.
Par exemple, dans le cas des internalisations/externalisations précédentes, il faut trouver des
déclinaisons concrètes des concepts de transaction, spécificités des actifs… Voici quelques
propositions :
Transactions : identifier les différents achats que réalisent l’entreprise pour sa propre
production ; identifier les différents produits et services qu’elle vend sur le marché
Spécificité des actifs : les fournisseurs avec lesquels l’entreprise échange ont-ils des
compétences, machines, localisations géographiques très spécifiques, peu répandues ailleurs
sur le marché. Si oui, on peut parler de transaction engageant des actifs spécifiques. De même,
les propres compétences et ressources de l’entreprise sont elles peu communes ou au contraire
relativement disponibles sur le marché ?
Ce travail de traduction doit vous permettre de cibler vos recherches d’information, la nature de ce que
vous cherchez : des données chiffrées, des visions stratégiques d’acteurs lors d’interviews, des
données monographiques sur le développement du groupe… Il s’agit ainsi de poser les bases solides
de la dernière phase qui sera celle de l’observation du terrain à proprement parler.
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