Cours n° 10 : APP 21/10/2008 LES ANTI-INFLAMMATOIRES (AI) Objectifs : → Définir les anti-inflammatoires → Connaître les principales classes d’AINS et d’AIS → Connaître les effets thérapeutiques et les principales indications → Repérer les principales contre indication et effets indésirables → Etre capable de mettre en place une surveillance IDE adaptée, en tenant compte du mode d’administration → Connaître les conseils hygièno diététiques à dispenser au patient traité par AI Signes de l’inflammation : → Douleur → Chaleur → Rougeur → Œdème Définition : → Médicaments visant à diminuer une inflammation → On distingue 2 grandes familles : les AI stéroïdiens (AIS) et les AI non stéroïdiens (AINS) Les AIS ou corticoïdes : → Anti inflammatoires stéroïdiens → Dérivés synthétiques des hormones naturelles, la cortisone et ses dérivés → Effet sur le processus inflammatoire Les AINS : → Anti inflammatoires non stéroïdiens → Synthétiques → Inhibiteurs de la synthèse des prostaglandines (médiateurs chimiques intervenant dans le processus d’inflammation) → Effet essentiellement symptomatique I. LES CORTICOÏDES (ou glucocorticoïdes) (anti inflammatoires stéroïdiens) : 1. Effets thérapeutiques et voies d’administration : Effets thérapeutiques : → Classe thérapeutique majeure : * anti-inflammatoire : * même à faible dose (0,1mg/kg/j) * si pas d’inflammation, pas d’action antalgique → Antiallergique et immunosuppresseur : * à dose plus élevée Voies d’administration : → Orale : traitement court ou à long terme (bonne absorption digestive) → Veineuse : traitement de l’urgence → Infiltrations : par voie locale → Crème, pommade → Inhalation (poudre) 2. Principales indications : → Traitement de courte durée : dans l’urgence, laryngite et crise d’asthme, manifestation allergiques → Traitement de fond Maladies chroniques inflammatoires auto immunes : polyarthrite rhumatoïde, lupus 3. Les effets indésirables : → Liés aux propriétés pharmacologiques des corticoïdes → Dépendants de : * la durée du traitement * la posologie quotidienne * de facteurs individuels (sensibilité…) → Touchent plusieurs fonctions Hypercorticisme : → Obésité face-tronc par redistribution des graisses (« bosse de bison ») → Hyperglycémie → Prise de poids par stimulation de l’appétit → Hypokaliémie et rétention hydrosodée (œdèmes) → Manifestations cutanées quand traitement prolongé : fragilité de la peau, acné, vergetures, retard de cicatrisations des plaies → Faiblesse et atrophie musculaire (> 10mg/j pendant de long mois) → Déperdition osseuse (dose et durée dépendante) avec risque d’ostéoporose (chez la femme âgée, ménopause) → Retard de croissance chez l’enfant → Aménorrhée (absence de règles), impuissance Risque infectieux : → Induit par l’effet immunosuppresseur → Manifeste à dose > 20mg/j → Se traduit soit par une surinfection → Ou par reviviscence d’une infection latente (tuberculose, toxoplasmose, herpès, zona…) → Particularité des corticoïdes inhalés : candidose buccale (rincer la bouche après la prise +++) Manifestations neuropsychiques : → Action insomniante et excitatrice → A dose élevée > 40mg/j, troubles psychiatriques types dépression, délire, hallucinations, agitation maniaque Autres complications : → Oculaires : * cataracte et glaucome * même à faible dose * tardive, longtemps asymptomatique * nécessite un bilan ophtalmo annuel → Digestives : * dyspepsies (difficulté à digérer) * risque d’ulcères quand forte dose 4. Les contre indications : → Etat infectieux non maitrisés (tuberculose), affections virales (herpes, zona…) → Vaccinations par de germes vivants atténués 5. Modalités de prescription : → Peu de risques quand utilisation sur une courte période (<7j) → Contraintes +++ liées à la corticothérapie prolongée → Le rapport bénéfice/risque doit être évalué en particulier, pour le patient présentant des facteurs de risques importants → Bilan préalable au traitement : infectieux, sanguin, interrogatoire et examens clinique 6. Modalités d’administration : → Pise unique le matin, pour éviter les insomnies → Cas particulier de la polyarthrite rhumatoïde, fractionnement en 2 prises pour couvrir les manifestations douloureuses de la nuit → Une fois la maladie contrôlée, la diminution des doses doit être progressive, pour éviter l’insuffisance surrénalienne (glande au repos) 7. Les mesures préventives : → Visent à limiter les complications → Justifiées par les doses et la durée du traitement → Consistent en mesures hygiéno-diététique Mesures hygiéno-diététiques : → Limitation des : sucres rapides, et apports sodés → Apport supplémentaire : laitages, protides, calcium associé à la vitamine D → Prévention de l’athérosclérose : arrêt du tabac, traitement Hyper tension artérielle et dyslipidémie 8. Les infiltrations de corticoïdes : Indications : → Injections intra articulaires : arthrite inflammatoire, et poussée d’arthrose → Infiltrations péri articulaires : tendinopathies, bursites → Infiltrations épidurales : sciatiques rebelles Contre indications : → Infection générale ou locale ou cutanée → Troubles de la coagulation ou traitement Anti coagulant → Hypersensibilité connue à un consistant Précautions : →Respect +++ des règles d’asepsie : éviter infiltration répétées Effets indésirables : → Passage systématique des corticoïdes lors des infiltrations → Risque de « flush » : céphalées, rougeur cutanée → Risque d’hypersensibilité : éruption cutanée, œdème 9. Rôle de l’IDE / corticothérapie : Surveillance : → Dépiste d’éventuelles complications → Evalue l’efficacité du traitement → Clinique : EVA (évaluation visuelle analogique, PA (pression artérielle), T°, Poids, œdèmes, état cutané, digestif → Biologique : kaliémie, glycémie → Éducation du patient Education du patient II. LES ANTI INFLAMMATOIRES NON STEROÏDIENS : 1. Les effets thérapeutiques : Action antipyrétique : → Quelque soit l’origine : infectieuse, inflammatoire, ou néoplasique Action antalgique : → Syndrome aigu : post opératoire, migraines, coliques néphrétiques → Douleur chronique : affections rhumatologiques, arthrose… → Alternative aux antalgiques classiques inefficaces Action anti-inflammatoires : → Dans les poussées aigues des rhumatismes chroniques → ORL, stomatologie 2. Les voies d’administrations : → Orale → Rectale → Intramusculaire (IM) rapidité d’action (colique néphrétique) → Intra veineuse (post opératoire) → Gel, pommade 3. Les effets indésirables : Digestifs : → Dyspepsies, nausées, gastralgies cédant à l’arrêt du traitement → Ulcères gastriques : * quand la posologie est élevée * en association avec un autre AINS * avec traitement anticoagulant, risque d’hémorragie digestive Cutanéo muqueux : → Prurit (démangeaisons) → Eruptions diverses pouvant s’aggraver, nécessitant l’arrêt du traitement → Stomatites, rhinites → Bronchospasme, rarement choc anaphylactique Vasculaires : → Accidents thromboemboliques → Infarctus du myocarde, AVC Complications rénales : (plus fréquent chez la personne âgée) → Précoces et doses dépendantes → Rétention hydrosodée (OMI = œdème des membres inférieurs, et HTA = hyper tension artérielle) → Insuffisance rénale aigue réversible à l’arrêt du traitement Troubles neurosensoriels : → Céphalées, vertiges, acouphènes 4. Les contre indications : → Ulcère gastroduodénal évolutif → Insuffisance rénale ou cardiaques sévères → A partir de 6mois de grossesse → Antécédent d’allergie à un AINS → Pas d’IM en cas de trouble de l’hémostase 5. Les précautions d’emploi : → Asthme → Patient sous anti coagulant → Quand risque de déshydratation → Diurétique, traitement cardiaque Conseils au patient : → Limiter la durée de traitement, et dose minimale → Ne pas co-prescrire 2 AINS, éviter l’association avec des corticoïdes (sauf cas particuliers) → Associer un protecteur gastrique → Informer le patient sur les signes d’alertes →prendre en milieu de repas++, avec grand verre d’eau Surveillance IDE : → Tolérance au traitement → dépister les effets indésirables → éduquer le patient : peut moduler la prise selon la symptomatologie (arrêt, diminution des doses) III. CONCLUSION : → Classe de médicaments incontournable → Malgré de puissants effets thérapeutiques, à utiliser avec précaution → Effets indésirables très nombreux, le rapport bénéfices/risques doit être évalué +++ → Vigilance particulière de l’IDE dans le dépistage des effets indésirables