employés dans de nombreuses affections où un tel processus inflammatoire est en cause
(rhumatologie, traumatologie, stomatologie, ORL, urologie, gynécologie, …). Le nombre croissant
d'AINS est profitable aux patients car la réponse thérapeutique est soumise à de grandes variations
individuelles et un choix étendu augmente les chances de trouver un médicament à la fois efficace
et bien toléré pour un malade donné. C’est la classe thérapeutique la plus prescrite au monde (4 à 9
% de toutes les prescriptions dans les pays industrialisés). La part de l'auto-prescription semble
croissante dans cette consommation : 30 millions de personnes en consomment chaque jour et 30
milliards de comprimés sont consommés sans ordonnance par an aux seuls USA.
Les AINS, acides faibles, liposolubles, chimiquement très différents les uns des autres, ont en
commun certaines propriétés :
- une action anti-inflammatoire mais aussi antalgique et antipyrétique,
- une activité biologique sur les médiateurs de l'inflammation, notamment en inhibant la synthèse
des prostaglandines,
- des effets secondaires communs, au premier rang desquels une toxicité gastro-duodénale plus on
moins importante.
MECANISMES D'ACTION
A l'échelle cellulaire, les mécanismes d'action restent encore imparfaitement connus, mais on sait
que les AINS :
- diminuent la production de radicaux libres responsables des lésions tissulaires du foyer inflam-
matoire,
- inhibent plusieurs enzymes membranaires des poly-nucléaires neutrophiles, des macrophages et
des plaquettes,
- stabilisent les membranes lysosomiales, limitant la libération d'enzymes,
- inhibent la formation des kinines,
- inhibent l'incorporation de l'acide arachidonique dans la membrane cellulaire du macrophage
- inhibent la migration leucocytaire et leur chimiotactisme.
a) Ils ont également des effets variables selon la molécule sur le taux des protéoglycanes et leur
synthèse dans le cartilage.
- mais surtout, ils inhibent la synthèse des prostaglandines en bloquant l’activité de la cyclo-oxygé-
nase (COX), enzyme qui transforme l’acide arachidonique venu des phospholipides
membranaires, en prostaglandines (fig. 1). Cette inhibition peut être irréversible (aspirine) ou
réversible (les autres AINS). Elle explique en partie les propriétés des AINS (anti-inflammatoire,
antipyrétique, antalgique et antiagrégant plaquettaire) mais aussi la plupart de leurs effets
indésirables (toxicité digestive, bronchospasme, prolongement du temps de gestation, …),
Depuis 10 ans, on sait en outre qu’il existe deux iso-enzymes de la COX (fig. 2) :
b) La COX-1, physiologiquement présente dans la plupart des tissus,
induit la production de PG « physiologiques » variables selon le tissu
considéré : les plaquettes libèrent de TXA2, agent vasoconstricteur et
agrégant, les cellules endothéliales synthétisent surtout de la PGI2
(prostacycline) aux effets contraires. La PGI2 prédomine aussi dans la
muqueuse gastrique exerçant une activité cytoprotectrice. L’inhibition
de la COX-1 par les AINS est responsable des complications de ces
molécules.
c) La COX-2, inductible, produite par les cellules de l’inflammation
(macrophages, synoviorthèses), absente ou faiblement présente dans
les tissus dans les conditions physiologiques (synthèse de PGI2 dans
les cellules endothéliales, de PGE2 dans le rein), Au cours de
l’inflammation, cette COX-2 inductible est synthétisée sous
l’influence de cytokines pro-inflammatoires telle l’IL-1. Son
inhibition explique l’efficacité des AINS.