DF1 102 Sociologie de la Déviance Lundi 26 Mars 2012 D

DF1 102 Sociologie de la Déviance Lundi 26 Mars 2012
D. DACQUET
Approche Sociologique de la Déviance
I - Le rôle de normes dans la société : de la morale sociale aux normes de la société
DURKHEIM (1858-1917)
« Se conduire moralement, c’est agir selon une norme, déterminant la conduite à tenir dans le cas
donné avant même que nous n’ayons été nécessités à prendre parti. Le domaine de la morale, c’est le
domaine du devoir, et le devoir c’est une action prescrite. »
Les normes s’orientent suivant les actions et les comportements sociaux. Il y a automatiquement un
ensemble de normes définit.
Les normes s’orientent suivant les actions ou comportements sociaux conformes à une morale sociale.
Les morales sont contraignantes et extérieures à l’individu.
Le pouvoir contraignant des normes peut se retrouver dans les sanctions. Les sanctions affirment les
normes. Le respect des règles et de la norme passe automatiquement par l’adhésion des individus.
Suivant une éducation morale, un esprit discipliné. Une fois atteint, c’est à ce prix-là, que le caractère
contraignant des normes organise la cohésion sociale. Le caractère contraignant des normes organise la
cohésion sociale permettant la régulation et l’intégration.
II - Les normes sociales : réalité des besoins du système social
Les sociologues de l’école fonctionnalistes appréhendent la société comme un tout. Il en est de même
pour les culturalistes. Pour eux seul la culture fait partie des règles et des normes qu’ils doivent
respecter.
PARKSON analyse la société comme un système social. Les rôles et les statuts sociaux ont une fonction
de régulation. Pour cela qu’il y a des rôles et des fonctions de chacun. La hiérarchie sociale renvoie à la
hiérarchie des valeurs au sein du système social et au respect de cette hiérarchie. Les normes servent à
« faire la société. »
Chez les fonctionnalistes, la société forme un système de relations sociales cohérent et intégré la
place de l’individu est essentielle. Ils considèrent que le rôle et le statut dans le fonctionnement du
système social permettent à l’individu d’être acteur.
Ces normes sont intériorisées par les agents grâce à la socialisation. Ainsi le concept de rôle agit aussi
selon la position sociale et le statut des agents (terme repris par BOURDIEU : agent = individu). La
socialisation garantie la cohésion sociale.
Selon T Parsons, les valeurs ont un rôle prépondérant dans le maintien des modèles d’un système
social, avec une fonction d’intégration.
Si le degré d’intégration des valeurs est faible pour un individu, si le respect des valeurs
communes ne reste pas contraignant, alors la légitimité de l’individu peut suffire à faire apparaître des
comportements non conformes à l’identité du groupe, donc DEVIANT.
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III - Les interactions sociales : résultats des normes
Facteurs d’intégration et de régulation des individus. C’est ce qui fait qu’à un moment donné,
l’individu va s’intégrer de par les lois, les normes, les valeurs.
Pour les fonctionnalistes, c’est la culture qui s’impose à l’individu ; pour les durkheimiens, c’est la
morale. Il ne peut pas y avoir de régulation ou d’interaction entre les individus sans MORALE.
Norbert ELIAS autre conception de la norme. «
Si les individus ‘font la société’ alors les faits
sociaux apparaissent d’avantage comme des constructions sociales que comme des données
objectivables.
» (WEBER : c’est l’individu qui fait la société, et non la société qui fait l’homme). Tous les
faits sociaux qui existent au sein d’une société vont permettre à l’individu de se forger sans faire les
mêmes erreurs. Elles ne s’imposent pas aux individus, elles résultent des interprétations. L’individu va
orienter ces lois pour éviter la même chose (-> lecture et interprétation). Le regard des
interactionnistes se pose sur l’interprétation des acteurs et ce qui se produit lors des interactions entre
les intervenants.
Pour les interactionnistes, les normes ne sont plus des données extérieures à l’individu, mais elles
résultent des interprétations, des lectures que les individus font du comportement d’autrui.
IV - L’origine de la redéfinition du rôle des normes
Les nombreuses recherches au sein des années 20 par l’école de Chicago : nouvelles définition
du rôle des normes au sein de la société. De nombreux sociologues vont retravailler en prenant en
considération le comportement de certains individus comme des comportements déviants jugés
anormaux.
Fumeurs de cannabis
.
Développement de la sociologie interactionniste = renversement de l’appréhension morale des
comportements déviants, jugés « anormaux ».
Etudes sur le mode de vie des « déviants » (codes, contraintes, normes et valeurs). Les histoires de vie
des sociologues de Chicago, celle du « paysan polonais » immigré aux Etats Unis de William THOMAS et
Florian ZNANIECKI (Le paysan polonais en Europe et en Amérique : récit de vie d’un migrant (Chicago
1919) Ed Armand Colin, 2005), celle du « Hobo » de Nels ADERSON (Le Hobo : Sociologie du sans-abri
Ed. Nathan, 1993) ou celle de H.S. BECKER Outsiders », Ed. Métaillé, 1985) montrent les trajectoires
de vie de certains individus pour lesquels les processus d’interaction entre les membres de groupes
culturels différents influencent le sens de l’existence.
L’adhésion ou le rejet des normes d’un autre groupe peut interférer sur l’identité sociale.
V - Peut-on parler de la déviance comme phénomène pathologique ?
Dans les règles de la méthode sociologique, DURKHEIM définit le comportement normal comme
celui «
qui se produit dans la moyenne des sociétés
». Inversement tout écart par rapport à la norme
de santé est qualifié de pathologique. Ainsi, selon DURKHEIM, il est possible de distinguer une déviance
normale d’une déviance pathologique. Il utilise le terme d’ANOMIE pour désigner tout comportement
déviant d’un individu dans ses relations avec son milieu social. Pour DURKHEIM, on les appeler les
«
asociaux
», qui échappait à la régulation exercée par la société.
Les interactionnistes et ethno-méthodologues américains de l’école de Chicago rupture avec
l’idée que la déviance peut être considérée comme pathogène. La question de l’interaction pose le
principe que tout individu réalise des comportements déviants suivant l’origine de groupe social
d’appartenance. L’acquisition du caractère déviant clame avant toute chose une constante dans la
déviance. La transgression exceptionnelle de telle ou telle norme ne suffit pas à faire d’un individu un
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déviant. La répétition de la transgression nécessite des interactions avec d’autres déviants. Il existe une
certaine visibilité de l’acte déviant qui modifie profondément tout à la fois le mode de vie et l’identide
l’individu considéré. Par l’étiquetage, le déviant acquiert plus ou moins définitivement le statut de
déviant qui se substitue à son statut antérieur.
Intégration dans un groupe déviant = apprentissages et maîtrise de savoir-faire dans la mise en
œuvre d’activités déviantes avec un minimum de risque.
Reconstituer un réseau social = maintien de son rôle dans la société.
Appartenance à une communauté déviante = Rationalisation de son identité.
Trois cas de figures :
Entre le caractère déviant et l’acte déviant en fonction de la nature, de la norme transgressée et
de la place que l’occupe la déviance dans la définition de l’identité sociale des personnes à considérées.
La norme transgressée est de nature juridique mais l’individu, parce que cette transgression est
occasionnelle, ou considérée comme peu importante, ou encore peu visible, n’est pas étiqueté
comme déviant
La norme transgressée est de nature sociale mais, pour les mêmes raisons que précédemment,
l’individu n’est pas considéré comme déviant.
La norme transgressé est de nature juridique et/ou sociale mais l’individu, parce que cette
transgression est repérée, que la réprobation est forte, que l’acte est visible …, est considéré
comme déviant.
La sociologie de la déviance pose donc comme principe la relativité de la déviance, ce qui n’existe
pas. Par ce principe les recherches sociologiques américaines de l’école de Chicago s’intéressent aux
comportements délinquants en rejetant quelconque caractère inné mais en spécifiant au contraire leur
origine dans la socialisation aux mondes de la délinquance. Les comportements déviants nécessitent un
mode d’apprentissage, ce qu’a très bien montré Howard BECKER, avec son étude sur les fumeurs de
marijuana et les musiciens de jazz. Malgré tout, ces individus « déviants » ne sont pas pour autant en
dehors du système même s’il qualifie la société comme étrangère à leur monde et qu’ils sont eux-
mêmes désignés comme étranger à la société (double sens de Outsiders).
Déni de leur propre responsabilité en interprétant leur propre comportement déviant comme le
produit de forces extérieures et supérieures au contrôle de leur volonté et des conséquences néfastes
de leurs actes.
Avec la notion de stigmate, Erwing GOFMAN introduit des nuances et des distinctions à la
sociologie de la déviance. «
Ce n’est qu’à partir du moment la société désigne des individus comme
déviants et qu’elle instaure à leur encontre des mécanismes de contrôle et des formes de prises en
charge que ces individus deviennent déviants.
»
Le processus de stigmatisation est le produit d’une discordance entre les attentes normatives
associées à l’identité sociale d’un individu et de son identité réelle (sa réalité physique et morale).
La stigmatisation façonne notre personnalité en introduisant une discontinuité entre notre identité
privée et notre identité sociale. Les individus ne deviennent donc déviants qu’à partir du moment la
société les désigne comme tels et en particulier, les institutions qui les prennent en charge et s’efforcent
de les contrôler.
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