Théorie du contrôle social - École secondaire catholique Renaissance

Théorie du contrôle social
Le contrôle social tend par définition à prévenir la déviance. Ce faisant, il contribue à
l'intégration des individus et à la cohésion du groupe. A contrario, un relâchement du
contrôle social peut favoriser l'écart aux normes : c'est le cœur de la théorie de la
« désorganisation sociale ».
Cependant, même serré, le contrôle social n'est pas nécessairement efficace. Aucune
société, même la plus contraignante, n'a jamais pu complètement empêcher la déviance :
Émile Durkheim observe au contraire que « le crime est normal ». La conformité n'est
que l'une des attitudes possibles de l'individu face au contrôle social : Robert K. Merton
en distingue quatre autres, du ritualisme à la rébellion.
Émile Durkheim
Le crime, un fait social:
Le crime existe dans toutes les sociétés, bien que celles-ci lui assignent un
contenu variable.
Ex. l’avortement fait l’objet de sanctions pénales dans certains pays, alors
qu’il est autorisé dans d’autres.
Le crime, un fait social « normal », voire utile à la société :
Un certain taux de criminalité est « normal » pour une société donnée. Ce n’est
que lorsque la criminalité dépasse ce taux qu’elle peut être considérée comme un
phénomène « pathologique » du point de vue sociologique
La sanction d’un criminel permet à la société de réaffirmer son unité à travers la
défense d’un certain nombre de valeurs morales.
Le crime comme facteur d’innovation et de changement social
Des comportements « criminels » peuvent, à terme, faire évoluer les
normes sociales : ex. de l’avortement
Robert K.Merton
Chaque société définit:
Des objectifs, dont certains sont plus particulièrement valorisés (ex.
gagner de l’argent)
Des moyens légitimes d’atteindre ces objectifs (ex. travailler)
« Mode d’adaptation » d’un individu = acceptation ou refus des objectifs et/ou des
moyens
Conformisme, innovation, ritualisme, évasion et rébellion (voir tableau)
Référence : A. Revillard, Introduction à la sociologie, [En ligne],
annerevillard.files.wordpress.com/.../7_diapos-chapitre-5-normes-dc3a9, 17 avril 2014.
Théorie culturelle
La théorie culturelle développée par Mary Douglas considère la perception et la gestion
des risques sous l’angle de leur participation à la constitution de l’ordre social.
Elle s’appuie sur une typologie grid-group des institutions sociales et souligne qu’à
chaque type d’institution correspondent des attitudes particulières à l’égard des
incertitudes et des dangers.
Tableau 1 : Typologie grid-group des institutions sociales
Rôle
prescrit
B Subordination ou isolement
social
*Assignation des rôles
*Absence d’autonomie
*Sujétion sociale
C Hiérarchique communautaire
*Frontières externes
*Rôles et statuts différenciés et
interdépendants
*Prédominance du groupe
Rôle
construit
A Individualiste
* Concurrence
* Choix maximaux
* Mobilité sociale
D Égalitaire
* Frontières externes
* Rôles ambigus, sujets à la
négociation
Individu
Groupe
Son approche a pour cadre de référence un individu qui a une conscience plus ou moins
grande de son intégration à une totalité sociale et qui choisit entre différents modèles
possibles de conduites et de relations.
Selon elle, « cette approche permet plusieurs possibilités pour l’individu, du désaccord à
la rébellion, à la recherche de soutiens pour changer le contexte, ou à la migration vers
une place plus agréable sur la carte des institutions ».
Les choix que l’individu fait dépendent des possibilités et des contraintes qu’offre le
contexte social dans lequel il agit. La capacité que l’individu a de choisir est ainsi
contrainte par la nature des gratifications et des sanctions qui accompagnent l’adhésion à
un modèle donné de relations ou le changement de modèle. En optant pour un modèle de
relations, il est également contraint d’adopter un style de pensée compatible avec ce
modèle ou inversement il doit développer des relations et des actions cohérentes avec les
principes auxquels il marque son adhésion sinon il tombe dans la déviance et doit choisir
un autre contexte social.
Référence : Marcel Calvez, L’analyse culturelle des risques. Apports et limites des
recherches sur le sida, Université Rennes 2, Rennes, 2006, p.1.
Marcel Calvez, L’analyse culturelle de Mary Douglas : une contribution à la sociologie des
institutions,[En ligne], http://sociologies.revues.org/522, 24 mars 2014.
Théorie de l'association différentielle
La théorie de l'association différentielle est le fruit des travaux d'E. Sutherlan (1883-
1950) professeur de criminologie à l'Université de Chicago. Elle s'inscrit dans un des
principaux courants de la sociologie américaine de la déviance.
La théorie de Sutherland est ambitieuse puisqu'elle vise à identifier les causes nécessaires
et suffisantes du crime, néanmoins l'auteur ne prétend pas rendre compte de l'ensemble
des facteurs menant au crime.
Ce sociologue considère que le comportement délictueux est appris en s'associant avec
des délinquants. Cet apprentissage social se fait par la transmission et l'imitation de
techniques et d'attitudes délinquantes dans un processus de communication et
d'interaction avec les membres d'un groupe constitué en sous-culture.
Un individu adopte un comportement délinquant lorsque son exposition aux définitions
favorables à la violation des lois l'emporte sur les définitions défavorables à de tels actes.
Les croyances et valeurs sous-culturelles adoptées par l'individu sont donc considérées
comme une cause principale d'évolution vers la déviance.
L'appartenance au groupe délinquant, par le biais d'un processus de socialisation, va
permettre l'acquisition de techniques et d'attitudes délinquantes véhiculées par la sous-
culture du groupe. Une fois les apprentissages réalisés, l'individu pourra à son tour
perpétrer des délits.
La théorie envisage donc un lien de causalité entre l'interaction avec des délinquants et la
commission de délits. De plus les mécanismes d'apprentissage de la déviance sont conçus
comme semblables à ceux qui mènent à la conformité, seuls leurs contenus diffèrent.
Référence : E. H. Sutherland & D. R. Cressey, Principe de criminologie, Paris, Lujas,
1966.
E. H. Sutherland, Le voleur professionnel, Paris, Spès, 1963.
Théorie de l'étiquetage : formation de l'identité déviante
Le phénomène de stigmatisation sociale qui a porté historiquement le toxicomane sur le
banc des exclus de la société, est un mécanisme que la sociologie américaine
conceptualise tout au long des années 50 et 60, pour aboutir à la théorie dite de
l'étiquetage (labeling theory), dont E. M. Lemert, E. Goffman et H. Becker sont alors les
principaux représentants (ils s'intéressent respectivement à la délinquance, la maladie
mentale et la toxicomanie).
L'approche conçoit donc la déviance comme résultant d'un processus interactif et
séquentiel au cours duquel le sujet considéré comme déviant est d'abord étiqueté comme
tel par ses proches, puis par les institutions qui vont sanctionner ses transgressions. A
chaque étape le sujet va intérioriser l'image que les autres se font de lui et va s'auto-
définir comme déviant, façonnant ainsi tout un pan de son identité. Cette identité déviante
va à son tour favoriser la commission d'actes déviants ce qui en retour va solliciter de
nouvelles réactions sociales stigmatisantes.
On voit donc bien ici comment peut se faire la transition entre l'attribution de
caractéristiques (stigmatisation) qu'opère l'environnement social à l'encontre d'un
individu (ou groupe d'individus) et l'acceptation (auto-attribution) de telles
caractéristiques qui viennent modifier l'identité même du sujet.
Pour simplifier cette approche :
1- Un sujet pose un geste jugé déviant.
2- On le désigne alors par son geste ....il est déviant !
3- Cet étiquetage fait vivre des problèmes au sujet.
4- Le sujet commet d'autres actes déviants en réaction aux problèmes qu'il rencontre.
Référence: E. M. Lemert, Social Pathology, New York, Mc Graw-Hill, 1951
École secondaire catholique Renaissance
Défis sociaux 12e année Sophie Ouellet HSB4U
Classement des théories de déviance
1- Un individu choisit un modèle avec les contraintes associées.
2- La stigmatisation oblige un individu à modifier son identité pour accepter sa
déviance.
3- Selon Durheim, le crime est un fait social normal.
4- Un délinquant va intégrer les valeurs d’une sous-culture déviante afin d’appartenir
à un groupe.
5- Avec les sanctions, la société favorise les actes déviants.
6- Un individu veut la mobilité sociale et accepte la compétition qui en résulte.
7- Les personnes qui travaillent au noir sont des gens qui acceptent les objectifs de la
société, mais qui refusent les moyens.
8- Apprentissage des techniques et d’attitudes des délinquants.
École secondaire catholique Renaissance
Défis sociaux 12e année Sophie Ouellet HSB4U
Classement des théories de déviance
1- Un individu choisit un modèle avec les contraintes associées.
2- La stigmatisation oblige un individu à modifier son identité pour accepter sa
déviance.
3- Selon Durheim, le crime est un fait social normal.
4- Un délinquant va intégrer les valeurs d’une sous-culture déviante afin d’appartenir
à un groupe.
5- Avec les sanctions, la société favorise les actes déviants.
6- Un individu veut la mobilité sociale et accepte la compétition qui en résulte.
7- Les personnes qui travaillent au noir sont des gens qui acceptent les objectifs de la
société, mais qui refusent les moyens.
8- Apprentissage des techniques et d’attitudes des délinquants.
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