Eléments de correction khôlle n°9
Après avoir présenté les avantages des régimes de change flottant vous en soulignerez les
inconvénients
Je ne reviens pas sur les remarques de forme dont j’ai parlé dans la correction de la
khôlle n°8.
Il fallait dans ce sujet avoir à l’esprit qu’il existe un flottement pur et un flottement
impur ce qui permettait notamment de traiter la question de la coordination des
politiques de change entre grandes nations depuis 1976 à chaque fois que sont apparues
des crises de change les concernant.
Idée d’accroche : je pense qu’il est très simple de reprendre l’exemple chinois en
concluant cette fois non pas sur l’intérêt que les autorités chinoises ont de contrôler le
régime de change mais plutôt quel intérêt elles ont à le libéraliser.
Définition : un régime de change flottant est un régime de change dans lequel l’autorité
monétaire laisse le marché des changes fixer le cours de la devise en fonction de l’offre
et de la demande. On verra au cours de la dissertation que le flottement est très
rarement pur et plus souvent impur.
Quels sont les avantages des changes flottants
L’état de la balance des paiements n’est plus une contrainte
La problématique des changes flottants émerge progressivement durant les années
1960 lorsque le système de Bretton woods se heurte à des difficultés intrinsèques qui
vont le conduire à son éclatement (il faut citer et expliquer ici le dilemme de Triffin).
On doit aux auteurs monétaristes sous l’impulsion de Milton Friedman (document 1)
une défense des changes flottants. C’est d’ailleurs ce point de vue qui sera adopté par les
Etats-Unis au moment des accords de la Jamaique. Face à des français désireux de
maintenir des parités fixes, les américains ont, au contraire, défendu le flottement des
monnaies.
Quels sont les arguments des monétaristes ? comme le rappel D.Plihon (document 2), les
changes flottants permettent à la balance des paiements de se rééquilibrer de manière
automatique. Un pays en situation déficitaire voit sa monnaie se déprécier ce qui stimule
ses exportations et rééquilibre sa balance courante. Les changes flottants permettent
donc à ce que les déséquilibres des balances courantes (essentiellement des balances
commerciales) soient temporaires. Il ne peut, théoriquement, pas y avoir de balances
courantes structurellement déficitaires (si c’était le cas, elles seraient durablement, et
non temporairement, déficitaires).
La politique monétaire gagne en autonomie
Le second argument monétariste qui découle du premier, c’est que les autorités
monétaires n’ont alors plus besoin de s’occuper de défendre la parité de leur monnaie ;
en change flottant, les attaques spéculatives disparaissent. Or, ces attaques étaient de
plus en plus fréquentes dans le système de Bretton Woods entraînant l’épuisement des
réserves de change et, au final, des dévaluations (Franc 1969 par exemple).
Le troisième argument découle du triangle d’incompatibilité. Dès lors que les capitaux
circulent librement et que la puissance publique souhaite pouvoir utiliser la politique
monétaire pour des objectifs internes (lutte contre le chômage par exemple), il faut
laisser flotter les monnaies. Les français ne possédant pas encore de marchés libres des
capitaux dans les années 1970 défendaient bien sûr un point de vue opposé.
Les inconvénients ou limites de l’utilisation des changes flottants
Nous pouvons tout d’abord nous demander si l’adoption des changes flottants a permis
au système monétaire international de mieux fonctionner et si les difficultés et
problèmes rencontrés sous le système de Bretton Woods ont définitivement disparu.
Les régimes de change flottants n’éliminent pas les guerres des monnaies et la
spéculation sur les devises : les politiques monétaires restent donc contraintes
Les régimes de change fixe permettent-ils plus d’autonomie des politiques monétaires,
comme le triangle des incompatibilités en fait l’hypothèse ?
Le fait que des pays adoptent des changes flottants ne signifient pas les politiques de
change disparaissent. On constate ainsi qu’une politique monétaire se traduit par des
variations du taux de change et a donc un impact sur le commerce extérieur ou les flux
de capitaux. Par exemple en 2010, les brésiliens ont accusé les américains d’utiliser leur
politique monétaire afin de manipuler leur taux de change pour renforcer leur
commerce extérieur au détriment de leurs partenaires commerciaux, ce qui correspond
à une situation de « guerre des monnaies ». Les américains menaient à l’époque une
politique de création monétaire intense après le choc de 2008 ce qui avait tendance à
faire déprécier le dollar. Cela signifie que les politiques monétaires des uns (les grands
pays) ont des impacts sur celles des autres (les petits pays ou les émergents) et donc que
l’autonomie de la politique monétaire (des petits pays ou des émergents) est remise en
question alors que nous sommes en change fixe.
Les régimes de change fixe permettent-ils moins de spéculation sur les monnaies ?
En change flottant, la spéculation sur les marchés des changes s’est transformée. Alors
qu’en change fixe, il s’agissait essentiellement de spéculer sur une dévaluation future, en
change flottant, la spéculation consiste à anticiper la valeur future d’une devise et essayé
d’en tirer profit. On rentre ici dans les explications des bulles spéculatives sur les
monnaies (partie du cours sur les taux de change que je n’ai pas encore traité). Pour faire
simple, les investisseurs internationaux considèrent que les variations d’une devise
indiquent ce que le marché pense de la valeur de cette devise. Cela implique que les
investisseurs ont intérêt à suivre le marché : spéculer à la baisse sur le dollar quand il
monte est voué à l’échec. Pour représenter cette situation, on dit que « l’on ne peut pas
battre le marché », on dit aussi « qu’il vaut mieux avoir tord avec le marché que raison
contre lui ». En conséquence, les investisseurs adoptent des comportements mimétiques
ce qui provoque des emballements sur les cours. Cette explication a été utilisée pour
expliquer les fluctuations importantes du dollar durant les années 1980, mais également
celle de l’euro durant les années 2000.
Les régimes de change flottants n’éliminent pas les problèmes de déséquilibres
financiers internationaux et leurs conséquences
Les régimes de change fixe permettent-ils d’éliminer les contraintes liées au
déséquilibre des balances courantes ?
On constate que les déséquilibres des balances des paiements sont nombreux et
durables. Cela peut s’expliquer par le développement des échanges de capitaux. Les pays
en besoin de financement, possédant donc une balance courante déficitaire, trouvent sur
les marchés mondiaux des capitaux le financement qui leur permettent de pouvoir
consommer plus qu’ils ne produisent. C’est effectivement le cas des Etats-Unis dont la
contrepartie du déséquilibre courant et l’entrée de capitaux venus du monde entier. Le
risque de cette situation est alors de voir les capitaux refluer et sortir soudainement du
pays (sudden stop) provoquant une dépréciation soudaine de la monnaie et asséchant le
crédit dans le pays (attention, il existe aussi des sudden stop avec des pays pratiquants des
changes fixes, comme les pays d’Asie en 1997). Il est aussi possible d’être dans une
situation inverse où c’est le trop plein de liquidité qui peut provoquer une crise : la
période du début des années 2000 aux Etats-Unis correspond à une période d’entrées
très importante de capitaux qui vont stimuler et provoquer un cycle de crédit aux Etats-
Unis qui se terminera avec la crise des subprimes. On constate donc qu’avec l’ouverture
des marchés des capitaux, les échanges internationaux ne fonctionnent plus comme le
décrivaient les monétaristes dans les années 1960. L’essentiel des échanges est
aujourd’hui concentré sur les flux de capitaux et non pas sur les flux commerciaux. Les
flux de capitaux permettent aux déséquilibres des balances des paiements de se
maintenir durablement (ce qui permet à l’économie de pouvoir s’écarter de la contrainte
imposée par une économie fermée), mais ils peuvent aussi avoir deux effets néfastes :
d’une part, les entrées et sorties de capitaux peuvent provoquer des crises financières, et
d’autre part, les flux de capitaux ont une dimension de court terme (de très court terme)
qui expliquent pourquoi les taux de change sont très volatiles.
Variations erratiques des monnaies, mouvements brusques de capitaux et spéculation
sur les monnaies posent donc un problème aux Etats : lorsque les cours sont trop
volatils cela handicape les échanges internationaux. On peut donc comprendre pourquoi,
comme le rappelle Stiglitz dans le document 5, certains pays adoptent des stratégies de
coopération pour stabiliser les taux de change (cf intervention 1985 et 19887 pour
stabiliser le dollar ou 2000-2002 pour stabiliser l’euro). On comprend aussi pourquoi
certains pays choisissent de s’écarter des régimes de change flottant : on y trouve
beaucoup de pays en développement qui préfèrent ancrer leurs monnaies (et limiter la
liberté de circulation des capitaux) ou bien pratiquer des changes fixes plus durs
(document 7). Il existerait ainsi « une peur du flottement » (Calvo et Reinhart) qui
justifierait l’écart entre le nombre de pays proclamant de jure un régime flottant mais
pratiquant de facto un régime fixe.
Si les changes flottants concernent de plus en plus de pays, ce type de régime de change
soulève aussi un certain nombre de réserves. Il existe donc des contraintes qui
tempèrent l’intérêt pour ce type de régime de change. Ces contraintes portent sur la
perte d’autonomie de la politique monétaire et sur les risques de voir se développer les
pratiques spéculatives sur les marchés des changes. Comme l’affirme donc Frankel
(1999), il n’existe pas un régime de change qui convienne à tous les pays en toutes
circonstances.
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