Chapitre V

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Economie
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Chapitre IV
La consommation et l’épargne
Consommer, c’est utiliser un bien ou un service pour satisfaire un besoin. L’épargne est la part du
revenu qui n’est pas consommée.
I-
L’approche microéconomique
A- Les décisions de consommation : le problème du choix du consommateur
1- La contrainte budgétaire
Les décisions que doit prendre tout individu concernant ses dépenses, son travail, son épargne et ses
investissements font partie des choix économiques de base. Comment le consommateur prend ses
décisions de dépenses ? Comment doit-il dépenser son revenu disponible (revenu après impôts et
transferts de redistribution) ? Il lui faut pour cela allouer (c’est-à-dire répartir) ce revenu disponible
entre différents biens.
Le consommateur définit le domaine de ses choix possibles, c’est-à-dire ce qu’il est possible d’obtenir
compte tenu des contraintes auxquelles il est soumis. Dans la plupart des cas, les dépenses des
consommateurs sont contraintes par leur revenu (selon Hicks, prix Nobel d’économie en 1972, le
revenu d’un individu désigne ce qu’il peut consommer au cours d’une période de temps sans entamer
la valeur de son patrimoine). Toutefois, dans un grand nombre de cas, les décisions sont aussi
contraintes par le temps. Une fois le domaine des choix possibles défini, le consommateur sélectionne
le point qu’il préfère à l’intérieur de ce domaine.
Le domaine des choix possibles d’un individu est défini par sa contrainte budgétaire. Elle définit ce
qu’un montant donné de revenu permet d’acheter, compte tenu des différents prix.
2- Les préférences des individus
La contrainte budgétaire et l’identification des arbitrages possibles constituent le point de départ de
l’étude du comportement des consommateurs. Le processus d’identification des contraintes
budgétaires et des arbitrages est le même quel que soit l’individu considéré. Les individus prennent
des décisions en examinant les coûts et les avantages supplémentaires (ils s’intéressent aux variations
à la marge).
3- L’impact de la variation du revenu sur la consommation
Lorsque le revenu d’un individu augmente, il peut dépenser davantage pour sa consommation : il
peut acheter un peu plus de biens, même si certains biens voient leur consommation augmenter plus
que d’autres. En outre, les individus ne vont pas tous utiliser de la même manière leur supplément de
revenu.
L’élasticité-revenu de la demande (ou élasticité de la demande par rapport au revenu) désigne la
sensibilité de la consommation à une variation de revenu. Elle indique comment la quantité demandée
d’un bien particulier réagit en réponse à une augmentation du revenu :
Elasticité-revenu de la demande = variation en pourcentage de la consommation : ΔC/C
variation en pourcentage du revenu
ΔR/R
Autrement dit, l’élasticité-revenu de la demande est la variation en pourcentage de la consommation
consécutive à une hausse de 1% du revenu. Si l’élasticité-revenu de la demande d’un bien est > à 1,
une hausse de 1% du revenu entrainera une hausse de plus de 1% des dépenses consacrées à ce bien.
La dépense pour ce bien augmentera donc proportionnellement plus que le revenu. Par définition, si
l’élasticité-revenu de la demande est < à 1, alors une hausse de 1% du revenu entrainera une hausse
des dépenses < à 1%. Dans ce cas, la part du revenu dépensée pour ce bien baisse à mesure que le
revenu augmente.
Lorsque les revenus des individus augmentent, les types de biens qu’ils consomment changent. Des
sommes plus importantes deviennent disponibles pour acheter des biens autres que ceux nécessaires à
la survie.
La consommation de certains biens baisse à mesure que le revenu croit et augmente à mesure que le
revenu décroit. Ces biens sont appelés des biens inférieurs (bien dont la demande diminue lorsque le
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revenu s’accroît : la margarine, le saindoux, les légumes secs). Ils sont opposés aux biens normaux,
dont la consommation augmente avec le revenu.
Elasticité-revenu de la demande : dans le cas d’un bien normal (à élasticité-revenu de la demande
positive) :
- L’élasticité-revenu de la demande pour un bien est la variation en pourcentage de la
consommation de ce bien consécutive à une hausse de 1% du revenu.
- Si l’élasticité-revenu de la demande d’un bien est > à 1, une hausse de 1% du revenu d’un
individu entrainera une hausse de plus de 1% des dépenses consacrées à ce bien.
- Si l’élasticité-revenu de la demande d’un bien est < à 1, alors une hausse de 1% du revenu
d’un individu entrainera une hausse de ses dépenses pour le bien considéré < à 1%.
Dans le cas particulier d’un bien <, l’élasticité-revenu de la demande est, à la différence d’un bien
normal, négative. Une baisse de 1% du revenu entraine alors une baisse de la dépense pour ce bien.
4- L’effet revenu et l’effet substitution
L’effet revenu est un effet résultant de l'arbitrage d'un agent économique entre deux situations (le
travail ou le loisir par exemple). Il traduit le fait qu’une variation de prix modifie le pouvoir d’achat
du revenu et donc la demande des agents. L’ampleur de l’effet revenu dépend de deux facteurs :
- l’importance accordée par l’individu au bien c’est-à-dire de la proportion de son revenu qu’il
dépense pour ce bien,
- l’ampleur de l’élasticité par rapport au revenu.
Comme les individus affectent en général une part peu élevée de leur revenu à un bien particulier,
l’effet revenu est relativement faible (sauf pour le logement : les individus dépensent en moyenne
entre un quart et un tiers de leur revenu pour se loger et l’effet revenu d’une hausse du prix de
l’immobilier est important).
L'effet de substitution, de même que l'effet revenu, résulte de l'arbitrage d'un agent économique,
selon son coût d'opportunité, entre deux situations. Ce sont les variations de la demande d’un produit
résultant de la modification de son prix relatif. Dans l'exemple de l'arbitrage du travailleur entre
travail et loisir, l'agent compare ses avantages entre le travail (et donc un salaire) et le loisir. Il y a effet
de substitution lorsque le prix sur le marché du travail augmente (c'est-à-dire le salaire).
 Par effet revenu, on entend le changement que provoque dans la consommation un changement
dans le revenu réel (revenu exprimé à prix constant c’est-à-dire sans variation de prix) d’un
consommateur. Quand le prix d’un bien consommé par un ménage augmente, son revenu réel est
diminué parce qu’il ne peut plus s’offrir le même niveau de consommation. En sens inverse, si le
prix d’un bien consommé par ce ménage baisse, son revenu réel augmente.
Par effet de substitution, on entend le changement dans la consommation provoqué un
changement dans les prix relatifs des biens. Quand le prix d’un bien consommé par un ménage
augmente, ce bien devient plus cher par rapport aux autres biens. Cela incite ce ménage à réduire sa
consommation pour le bien dont le prix s’est accru et à accroitre sa consommation pour les autres
biens.
 En règle générale, les courbes de demande sont décroissantes. En effet, quand le prix d’un bien
est abaissé, les consommateurs sont dans une meilleure situation et consomment une plus grande
quantité des autres biens (effet revenu). De plus, le prix relatif plus faible provoque un
accroissement de la consommation (effet substitution).
5- La théorie de l’utilité
Les économistes appellent utilité la satisfaction que procure à un individu la consommation d’une
combinaison de biens ou de services. On mesure l’utilité à l’aide d’une question simple : combien un
individu est-il disposé à payer pour se trouver dans une situation plutôt que dans une autre ?
Le prix que l’individu est disposé à payer traduit ses préférences. La disposition à payer est un bon
instrument pour mesurer l’utilité. En particulier, elle permet souvent de savoir comment un individu
alloue son revenu le long de sa contrainte budgétaire.
L’utilité marginale est mesurée par le montant supplémentaire qu’un individu est disposé à payer.
Lorsqu’un individu détient une quantité croissante d’un bien particulier, chaque hausse successive
de ce bien lui procure une utilité moindre. On appelle ce phénomène la loi de l’utilité marginale
décroissante.
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 Utilité marginale et choix du consommateur : les consommateurs allouent leur revenu entre les
différents biens de telle sorte que l’utilité marginale procurée par la dernière unité achetée soit, par
unité monétaire dépensée, la même pour tous les biens.
B- Les décisions d’épargne des ménages
Quand les ménages épargnent, c’est-à-dire dépensent moins que le montant de leur revenu, ils
mettent des fonds à la disposition de ceux qui veulent dépenser plus que ce qu’ils gagnent. Quand une
personne dépose de l’argent à sa banque ou achète des titres en bourse, elle n’a peut-être pas
l’impression de prêter de l’argent à d’autres mais c’est pourtant ce qu’elle fait.
Le marché du capital – ou marché des fonds prêtables – est le marché où les fonds rendus disponibles
grâce à l’épargne des ménages sont redirigés vers les personnes et les entreprises qui souhaitent
emprunter.
Lorsqu’ils décident d’épargner, les individus choisissent quand dépenser ou consommer. S’ils
consomment moins aujourd’hui – en d’autres termes s’ils épargnent plus aujourd’hui – ils pourront
consommer davantage demain. Ce choix peut être analysé au moyen de la contrainte budgétaire.
1- L’intérêt
L’épargne peut rapporter des intérêts : quand on dépose de l’argent sur un compte, on prête de
l’argent à sa banque et celle-ci vous paie en retour un intérêt. Un intérêt est la rémunération d’un
prêt. C’est un flux de revenu qui dépend du montant du prêt et du niveau du taux d’intérêt.
Le taux d’intérêt est un prix et, comme les autres prix, il est un révélateur des conditions d’arbitrage.
Il nous indique le montant de consommation que l’on peut obtenir dans le futur en renonçant à une
consommation présente. Il nous indique le prix relatif entre un achat dans le présent et un achat dans
le futur. C’est le prix que doivent payer les agents économiques qui bénéficient d’un crédit (taux
d’intérêt débiteur), et c’est aussi le prix que perçoivent les agents économiques qui ont octroyé un
crédit (taux d’intérêt créditeur). Le taux d’intérêt s’exprime généralement en %.
Les taux d’intérêt sont normalement positifs.
2- Inflation et taux d’intérêt réel
Le taux d’intérêt est un prix, il nous indique combien d’euros on peut obtenir dans le futur si l’on
renonce à un euro aujourd’hui. Les euros n’ont pas d’autre valeur que celle des biens qu’ils permettent
d’acheter. Du fait de l’inflation (processus durable de hausse cumulative du niveau général des prix),
un euro dans le futur permettra d’acheter moins de biens qu’un euro aujourd’hui. On appelle taux
d’inflation le rythme auquel s’accroit chaque année le niveau général des prix.
Les individus veulent savoir combien ils pourront consommer demain s’ils renoncent à consommer
un euro aujourd’hui. Pour cela il faut connaitre le taux d’intérêt réel. Ce taux ne doit pas être confondu
avec le taux d’intérêt nominal, c’est-à-dire le taux qui est affiché à la banque et dans les journaux, et
qui indique simplement le nombre d’euros que l’on peut obtenir l’année prochaine en échange d’un
euro aujourd’hui (il repose sur un raisonnement aux prix courants). Le taux d’intérêt réel est égal au
taux d’intérêt nominal moins le taux d’inflation (le taux moyen annuel de variation des prix).
 Taux d’intérêt réel : Taux d’intérêt nominal – taux d’inflation
Il est possible d’utiliser la contrainte budgétaire pour comprendre comment les changements du taux
d’intérêt agissent sur les décisions d’épargne. Le taux d’intérêt corrigé du taux d’inflation est le taux
pertinent pour expliquer les décisions d’épargne (c’est-à-dire le taux d’intérêt réel).
La hausse du taux d’intérêt a à la fois un effet revenu et un effet substitution. Si un individu est un
épargnant, des taux d’intérêt élevés améliorent son niveau de vie. Comme il dispose de plus de
moyens, il va consommer plus aujourd’hui, c’est-à-dire qu’il va réduire son épargne. Il s’agit de l’effet
revenu. Mais la rémunération de son épargne (c’est-à-dire de sa consommation différée) va
augmenter. Pour chaque euro de consommation qu’il remet à plus tard, il obtiendra plus de
consommation pour sa retraite. Cela l’incite à consommer moins – et donc à épargner plus. Il s’agit de
l’effet substitution. Une hausse du taux d’intérêt peut entrainer plus ou moins d’épargne. La plupart
des estimations indiquent que l’effet substitution l’emporte sur l’effet revenu, de sorte qu’une hausse
du taux d’intérêt réel a un effet légèrement positif sur le taux d’épargne.
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 La décision d’épargner revient à décider à quel moment consommer : aujourd’hui ou demain
 L’une des principales raisons pour lesquelles un individu épargne est de lisser sa consommation
afin que celle-ci conserve un niveau similaire pendant ses années de retraite et pendant sa vie
active.
3- Les facteurs agissant sur l’épargne
Les deux déterminants de base sont le revenu et les taux d’intérêt. Quand le revenu croit, les individus
veulent consommer plus au moment de leur retraite. Par conséquent, ils doivent épargner plus.
Quand les taux d’intérêt changent, les effets revenu et substitution s’exercent dans des directions
opposées, de sorte que l’effet net est ambigu.
II- L’approche macroéconomique
Le revenu disponible brut des ménages (revenu obtenu après impôts et transfert de redistribution)
est affecté à la consommation et à l’épargne.
A- La consommation
1- La fonction de consommation keynésienne
L’analyse de Keynes (1883-1946) change la perspective en adoptant un raisonnement
macroéconomique. Les principaux déterminants de la consommation sont, dans l’optique
keynésienne, des facteurs objectifs comme les effets de patrimoine (ou effet de richesse) et de revenu.
L’effet de patrimoine traduit le fait qu’une variation de la valeur de leurs actifs patrimoniaux incite
les agents économiques à modifier leur demande. Ils l’accroissent en cas de hausse de la valeur du
patrimoine, ils la réduisent en cas de baisse. Mais Keynes insiste surtout sur le revenu, dont dépend la
propension moyenne à consommer (part du revenu consacrée à la consommation : C/R).
La consommation devient une grandeur passive. Elle suit la loi psychologique fondamentale : la
consommation croit avec le revenu mais « non d’une quantité aussi grande que l’accroissement du
revenu ». La fonction de consommation est stable à court terme avec une propension marginale à
consommer constante (rapport entre la variation de la consommation consécutive à une variation du
revenu : C/R ; elle correspond à la hausse de la consommation consécutive à une hausse du
revenu disponible d’un euro) mais inférieure à l’unité. Elle conduit à deux conséquences différentes :
- Les variations du revenu conduisent à des variations de la consommation. En d’autres termes,
la propension moyenne à consommer diminue lorsque le revenu augmente et la propension
marginale à consommer est décroissante ;
- A long terme l’enrichissement de la société se traduit par une hausse de l’importance relative
de l’épargne. Les économies de marché se caractériseraient ainsi par une tendance à la sousconsommation et donc au sous-emploi.
2- Le débat sur la fonction de consommation et les autres théories
Au cours des années 1940, différentes analyses statistiques ont cherché à vérifier cette approche. Les
études se sont appuyées sur deux types de données statistiques :
- Celles portant sur des séries de coupes instantanées indiquant le niveau de consommation
atteint à un moment donné par les ménages dans chaque classe de revenu. Les résultats ont
bien confirmé que la consommation augmente avec le revenu ;
- Celles portant sur l’évolution de la consommation globale et du revenu disponible global. S.
Kuznets (prix Nobel 1971) observe à partir du cas des Etats-Unis de 1879-1888 et 1919-1928
une stabilité de la propension moyenne à consommer et une stabilité de l’épargne dans le
revenu national malgré l’important accroissement du revenu par tête au cours de cette
période, ce qui est contradictoire avec la conception keynésienne d’un accroissement de
l’épargne à mesure que le revenu s’élève. Pour réconcilier ces résultats contradictoires sur la
propension moyenne à consommer en coupe instantanée et en dynamique plusieurs
orientations ont été explorées :
o L’effet de cliquet et l’effet d’imitation
J-S Duesenberry (1948) propose une fonction de consommation qui intègre l’influence du contexte
social sur la consommation.
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Les habitudes persistent en courte période même lorsque les revenus déclinent. Les consommateurs
tendent à défendre le niveau de vie précédemment atteint (effet de cliquet). Mais lorsque le revenu
s’élève un certain mimétisme social (effet d’imitation) joue positivement sur la propension moyenne à
consommer. Les classes moyennes vont tenter de se rapprocher de la consommation des couches
supérieures.
o L’influence du passé
Selon l’étude de TM Brown de 1952, ce n’est pas le seul revenu présent qui joue dans la
consommation, l’influence du passé doit aussi être prise en compte en ajoutant au revenu, la
consommation de la période précédente. Cela revient à intégrer un coefficient d’inertie de la
consommation (coefficient qui est compris entre 0 et 1) qui rend ainsi compte du fait que la
propension marginale à consommer de longue période est supérieure à celle de courte période.
o Le revenu permanent
Le revenu permanent est le revenu sur lequel comptent à long terme les individus et qu'ils considèrent
comme normal et habituel.
Pour M Friedman, l’hypothèse du revenu permanent rend compte d’une stabilité de la fonction de
consommation à long terme (relation entre la consommation permanente et le revenu permanent) et
d’une instabilité de cette fonction à court terme (la propension marginale à consommer est < à la
propension moyenne en cas de hausse du revenu). La relation de consommation s’inscrit dans des
choix individuels où une hausse non anticipée du revenu n’a qu’un impact minime sur la
consommation, tandis qu’une hausse permanente du revenu entraine un ajustement à la hausse de la
consommation.
Les keynésiens ont objecté à la théorie friedmannienne qu’elle impliquait que les ménages puissent
librement et sans coût déplacer des revenus d’une période à une autre, ce qui suppose l’existence de
marchés financiers parfaits et complets permettant de connaitre le prix des biens présents et futurs.
Une telle hypothèse est loin d’être réaliste : les possibilités d’emprunter ou de placer de l’argent sont
souvent très réduites pour les ménages les plus modestes. Mais les innovations financières rendent la
critique keynésienne moins pertinente.
Pour certains statisticiens, la relation consommation/revenu se situe entre les théories du revenu
courant et les théories du revenu permanent. La propension moyenne à consommer depuis 1960 se
situe en France autour de 85 %. Mais, les tests empiriques corroborent la validité de l’analyse
keynésienne en montrant que le pouvoir d’achat du revenu est le contributeur essentiel aux évolutions
de la consommation. La propension du pouvoir d’achat (+ 5.4 % par an) a permis la croissance de la
consommation des ménages (+ 5.8 % par an en volume) jusqu’en 1973. Mais l’ajustement de la
consommation sur la croissance du revenu n’exclut pas des fluctuations. 1974 marque seulement un
ralentissement dans la propension de la consommation (+ 3 % par an jusqu’en 1981). On observe des
périodes d’accélération de la consommation plus rapide que le pouvoir d’achat (par exemple en 1976)
grâce à la diminution de la propension à épargner et le recours à l’endettement (entre 1982 et 1987, le
pouvoir d’achat progresse faiblement soit + 1.3 % par an alors que la consommation croit plus vite, +
2.6% par an). La marge de manœuvre des ménages porte sur leur possibilité de différer le
remplacement de leurs biens durables pendant un temps, ce qui conduit à des cycles des biens
durables (particulièrement en 1986-1987). A certaines périodes, le dynamisme de la consommation
peut devenir inférieur à l’évolution du pouvoir d’achat comme ce fut le cas entre 1988 et 1993 (avec
respectivement + 1.8 % et + 2.4 % par an). Les événements conjoncturels conditionnent les
comportements de consommation conduisant à des arbitrages contraints (par exemple en 1995 et en
2005). L’incertitude en matière d’emploi, de retraite, de prix des actifs affecte la consommation à
travers des facteurs psychosociologiques.
B-
L’épargne
L’épargne totale de l’ensemble des individus est appelée épargne globale. A tout moment, certains
individus épargnent pendant que d’autres dépensent leur épargne (ou, comme le disent les
économistes, désépargnent). L’épargne globale correspond à ces deux actions effectuées au même
moment. Le taux d’épargne global est égal à l’épargne globale divisée par le revenu global. Les
facteurs démographiques, en particulier le taux de croissance de la population, sont des déterminants
importants du taux d’épargne global.
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L’épargne peut prendre diverses formes : les comptes épargne, les actions, l’immobilier (mais choix
risqué).
1- La propension marginale à épargner
Les individus peuvent soit dépenser, soit épargner chaque euro supplémentaire de revenu disponible,
de sorte que la consommation et l’épargne sont le reflet l’un de l’autre. La définition « revenu
disponible = consommation + épargne » nous indique que, si le revenu disponible augmente d’un
euro et si la consommation croit de 90 c, l’épargne enregistrera une hausse de 10 c.
La hausse de l’épargne due à un euro supplémentaire de revenu est appelée la propension marginale
à épargner (PmE). Etant donné que tout euro supplémentaire est soit consommé, soit épargné, la
somme de la propension marginale à épargner est toujours égale à 1 : PmC + PmE = 1.
Si la propension à épargner est forte, la propension à consommer sera faible.
Dans l’analyse keynésienne, la propension moyenne à consommer (c) est décroissante avec la hausse
du revenu. La PmE, qui est égale à (1-c), est donc croissante avec le revenu. Le volume global
d’épargne (S) est aussi une fonction croissante du revenu Y : S =sY.
2- Le revenu relatif
Les études réalisées après la seconde guerre mondiale ont mis en évidence une stabilité des taux
d’épargne (rapport entre l’épargne brute – c’est-à-dire la différence entre le revenu disponible et les
dépenses de consommation- et le revenu disponible brut = E/R) malgré la forte hausse du niveau de
vie constatée en longue période. Les analyses développées par J. Duesenberry sont fondées sur deux
modèles :
- Celui de l’effet de démonstration. Retenant l’hypothèse que le niveau de la consommation
dépend de l’émulation au sein d’un groupe social et que l’effet d’imitation qui en découle tend
à renforcer la propension moyenne à consommer, le taux d’épargne d’un individu dépend,
non du niveau absolu de son revenu, mais de sa situation relative dans l’échelle des revenus.
Si les revenus progressent tous dans la même proportion, il en résulte une stabilité des taux
d’épargne ;
- Celui du revenu relatif. L’hypothèse retenue repose sur une rigidité plus forte de la
consommation qui décroit relativement plus lentement que le revenu. La PmE est ainsi à long
terme plus faible.
Selon la reformulation de T.M. Brown (1952), l’agent tient compte dans ses décisions de ses habitudes
de consommation, ce qui crée une inertie à court terme de la consommation. En conséquence, son
épargne dépend du revenu et du niveau de consommation de la période précédente.
3- L’arbitrage intertemporel et le cycle de vie
La théorie du cycle de vie de F. Modigliani (prix Nobel 1985) introduit l’idée d’un arbitrage
intertemporel des agents. Les variables démographiques (espérance de vie) et l’âge de la retraite
pèsent dans le comportement d’épargne des ménages. Une population jeune ou très vieillissante
épargne peu, voire désépargne. L’épargne apparait plutôt comme liée à une gestion de trésorerie de
longue période. Les préférences sont indépendantes du niveau des ressources.
En France, le recours au crédit à la consommation par les classes d’âge jeunes qui s’est largement
diffusés dans la seconde moitié des années 1990, a été freiné de manière significative par
l’augmentation du chômage depuis 2002.
4- Le revenu permanent
La théorie du revenu permanent de M. Friedman (prix Nobel 1976) fait dépendre la consommation
d’un individu du revenu qu’il attend sur un horizon temporel long. Dans cette optique, la
consommation d’une période donnée peut être plus grande ou plus petite que le revenu courant de la
même période et l’épargne (ou la désépargne) d’une période sert à compenser la désépargne (ou
l’épargne) d’une autre période. Le motif de l’épargne est alors lié à la gestion globale du patrimoine
en longue période : aux motifs de sécurité et de prévoyance s’ajoute un motif de spéculation ou de
rendement.
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