Anesthésiologie spéciale des petits animaux (MEV 4315)

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Anesthésiologie spéciale des petits animaux (MEV 4315)
Titre du cas : Correction d'une persistance du canal aortique chez un chiot
Par (noms des étudiants) : Geneviève Bruneau, Sébastien Garneau, Scott D. MacFarlane et
Chantale Tessier
1- Anamnèse (maximum 5 lignes)
Pompon, un golden mâle de 5 mois pesant 8 kg
Généralité:
La persistance du ductus artériosus est la malformation congénitale cardiaque la plus commune
chez le chien. Elle est dérivée de la sixième arche aortique gauche et agit de façon à détourner la
circulation pulmonaire durant la vie fœtale.
En temps normal, suite à la parturition, il y a augmentation de pression partielle d'oxygène au
niveau sanguin ainsi qu’une inhibition locale des prostaglandines. Ces changements ont un effet direct au
niveau de la musculature lisse que compose la paroi du ductus artériosus. La résultante est la fermeture
du ductus.
Races prédisposées:
-- Chihuahua, Collie, Maltese, Caniche, Poméranien, Épagneul anglais, Keeshond,
Bichon frisé, Shetland, Berger allemand, Terre-neuve et le Labrador.
-- femelles sont plus sujettes à acquérir la malformation (rapport de 2:1)
Généralités
-- souvent sans signes cliniques (seulement souffle continuel audible à
l'auscultation mitrale mais plus intense a/n artère pulmonaire)
-- animaux semblent cliniquement sains mais peuvent être maigres
-- tachypnée
-- défaillance cardiaque congestive gauche
-- pouls artériel hypercinétique (a/n artère fémorale)
-- muqueuses rosées (sauf si défaillance du cœur gauche ainsi que de
l'œdème pulmonaire)
-- croissance retardée, de l'intolérance à l'exercice, léthargie et même
des vomissements
-- Si l'animal est symptomatique, il faut le stabiliser avant
d'aller en chirurgie: -- digoxin
-- furosemide
-- inhibiteur des prostaglandines
Pathophysiologie du PDA
------>(Entrez le schéma #1)
-- possiblement une différence histologique au niveau de la paroi du
ductus.
i) forme fruste
ii) PDA (shunt gauche à droite)
iii) PDA (shunt inversé)
-- transmission de la malformation est d'origine polygénique
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(DONC ne pas utiliser ces sujets pour la reproduction !!!)
Questions :Est-ce que les récidives de recanalisation, suite à la chirurgie, demeurent une constante
importante?
Commentaires du spécialiste : Suite à la chirurgie, la recanalisation peut se produire
PDA(gauche à droite)vont mourir à l'intérieur de la
première année suite au diagnostic. Vu l’excellent
prognostic de cette intervention et la faible proportion
de récidives, la chirurgie réside alors le traitement de
choix ! (Selon certains auteurs, la ligature du ductus
serait plus favorable d’être faite entre 8 et 16
semaines d'âge.)
__________________________________________________________
2- Examen et diagnostic
2.1 Examen physique (texte) :
température: 38,9
fréquence cardiaque: 120
muqueuses rosées
temps de remplissage capillaire  2 secondes
aucultation cadiaque: souffle continu
fréquence cardiaque: halètement
Rien à signaler pour le reste de l’examen physique.
==== investigation du probème cardiaque
2.2 Tests diagnostiques
1) aucultation cardiaque:
 Souffle continu crescendo-decrescendo.
=== caractéristique d’un PDA
2) Radiographies thoraciques:
 Augmentation de volume du ventricule et de l’oreillette gauches.
 Dilatation de l’aorte, de l’artère pulmonaire et des vaisseaux
pulmonaires.
3) Angiocardiographie:
 Milieu de contraste permettant de visualiser le PDA.
4) Électrocardiogramme:
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 Augmentation de l’amplitude du complexe QRS ( augmentation de
volume du ventricule gauche).
 Augmentation de la durée de l’onde P (augmentation de volume de
l’oreillette gauche).
5) Échocardiographie:
 Visualiser le shunt directement.
 Apprécier l’augmentation de volume de l’oreillette et du ventricule
gauches, la dilatation de l’aorte et de l’artère pulmonaire.
Pathophysiologie du PDA
PDA avec shunt inversé (droite ===gauche)
- Lors d’hypertension pulmonaire.
- Signes cliniques : animal à bout de souffle, présentant de la faiblesse
des membres postérieurs, de la cyanose des muqueuses caudales
entraînant une polycythémie et de l’acidose métabolique, des
tremblements, un collapse.
- Augmentation de volume du ventricule droit.
- Possibilité d’arythmies et de mort subite.
- Aucun traitement possible; repos, éviter le stress.
2.3 Complications possibles
Questions :Est-ce que les récidives de recanalisation, suite à la chirurgie, demeurent une constante
importante?
Commentaires du spécialiste : Suite à la chirurgie, la recanalisation peut se produire
PDA(gauche à droite)vont mourir à l'intérieur de la
première année suite au diagnostic. Vu l’excellent
prognostic de cette intervention et la faible proportion
de récidives, la chirurgie réside alors le traitement de
choix ! (Selon certains auteurs, la ligature du ductus
serait plus favorable d’être faite entre 8 et 16
semaines d'âge.)
Matériel multimédia à inclure :
1) Bruit de souffle continu ( cassette).
2) Radiographies VD et latérale du thorax.
3) Échocardiographie (vidéo).
Organisation de la section : Note explicative pour les radiographies thoraciques: Sur chacune des
projections, on note que la silhouette cardiaque est augmentée de volume. Il en va de même pour le
diamètre de chacun des vaisseaux pulmonaires. L'oreillette gauche nous apparaît aussi très augmentée
de volume particulièrement sur la projection latérale. Sur la projection ventro-dorsale, le diamètre
apico-basillaire nous apparaît allongé, ce qui suggère une dilatation de l'arche aortique. Sur cette même
projection, on a l'impression de voir une légère protubérance au niveau de la silhouette cardiaque entre 2
et 3 heures. Ceci pourrait être consécutif à une augmentation de volume de l'oreillette gauche. Il est
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difficile de bien visualiser l'arche aortique et le tronc pulmonaire sur cette radiographie. Sur la projection
latérale on a aussi l'impression qu'il y a dilatation de l'artère pulmonaire qui se représente par une légère
protubérance dans la portion crâniale du cœur. Sur les deux projections, on note qu'il y a une
augmentation de densité du parenchyme pulmonaire caractérisée par une infiltration interstitielle diffuse
mais particulièrement dans la région caudo-dorsale du poumon. Toutes ces lésions sont compatibles
avec un diagnostic de PDA avec début d'œdème pulmonaire.
Courte explication de l’échocardiographie:
Notez qu’en diastole on observe un flot sanguin dans
l’artère pulmonaire alors que normalement, on ne doit pas en retrouver . Ceci confirme le passage du
sang de l’aorte vers l’artère pulmonaire donc le diagnostic de PDA.
Organisation de la section :
Matériel audiovisuel associé à chacun des moyens diagnostiques.
Note explicative sur les radiographies et l’échocardiographie avec le vidéo.
3- Protocole anesthésique
2.4 Considérations générales (les mêmes que celles du cas #1)
2.5 Considérations particulières
PARTICULARITÉS LORS DE LA CHIRURGIE ET DE L’ANESTHÉSIE
La ligature du PDA est une chirurgie à thorax ouvert qui implique donc une ventilation positive lors
de l’anesthésie du patient. Cette ventilation contrôlée est généralement bien tolérée par l’animal puisque
son débit pulmonaire est augmenté. Une attention particulière doit aussi être apportée au maintien de la
température car l’ouverture du thorax occasionne une perte de chaleur très important (surveiller
régulièrement la température lors de l’anesthésie). Un tapis chauffant ainsi que l’administration de
fluides chauds peuvent réduire les risques d’hypothermie.
Les manipulations autour du cœur peuvent occasionner plusieurs changements au niveau de
l’activité cardiaque et vasculaire. En effet, des battements ventriculaires ectopiques sont parfois
rencontrés et le suivi sur ECG est alors recommandé. La proximité du nerf vague peut également
causer une bradycardie si celui-ci est stimulé lors de la chirurgie. Après la fermeture du PDA, il y a
augmentation de la pression artérielle (le sang ne passe plus de l’aorte à l’artère pulmonaire) et ainsi une
bradycardie réflexe. Un anticholinergique (glycopyrrolate) devrait donc être à la portée de la main lors de
l’anesthésie si une bradycardie trop importante se présente. Étant donné le risque d’hémorragie pouvant
survenir lors de la fermeture du ductus, il est bien de prévoir le nécessaire pour effectuer une transfusion
sanguine. Si les patients sont asymptomatiques, c’est-à-dire aucun œdème pulmonaire ou changements
hémodynamiques importants, la cinétique des agents volatils utilisés n’est pas modifiée.
Les patients rencontrés lors de PDA ont généralement un retard de croissance dû à leur anomalie
cardiaque. Ils sont ainsi plus susceptibles à l’hypothermie (fluides chauds et tapis chauffant). Étant
donné que la fermeture est préférable entre 8 et 16 semaines, nous avons alors à anesthésier un patient
pédiatrique et certaines différences physiologiques doivent alors être prises en considération par
l’anesthésiste.
DIFFÉRENCES PHYSIOLOGIQUES CHEZ LES PATIENTS PÉDIATRIQUES
Les enzymes hépatiques peuvent être immatures jusqu’à l’âge de 6 à 12 semaines. Ceci peut
donc occasionner un délai dans le métabolisme des drogues utilisées lors de l’anesthésie. Une
immaturité de la fonction rénale peut aussi être rencontrée jusqu’à 4 à 8 semaines, occasionnant une
diminution de l’excrétion des drogues. C’est pourquoi il est préférable de diminuer les doses des agents
anesthésiques.
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Les jeunes patients ont peu de contrôle vasomoteur et sont ainsi plus vulnérables à l’hypothermie
et à l’hypotension. Leur surface corporelle est également plus grande comparativement à un animal
adulte et il y a moins de gras au niveau sous cutané, ce qui les prédispose encore une fois à
l’hypothermie.
La barrière hémo-encéphalique des patients pédiatriques est plus perméable que celle des
adultes, ce qui provoque des effets anesthésiques plus profonds et plus rapides. Les doses devraient
donc être diminuées pour éviter une anesthésie trop profonde et un réveil plus long.
Les jeunes patients ont un compartiment intracellulaire moins important que les adultes. Ils sont
donc plus susceptibles à se déshydrater (important de donner des fluides durant la chirurgie).
3.1 Prémédication
Question: tenant compte de toutes les données et considérations énumérées auparavant, quel
serait votre choix en ce qui a trait à la prémédication?
a) Acépromazine 0,1mg/kg / Butorphanol 0,2-0,4mg/kg IM
b) Acépromazine 0,1mg/kg / Oxymorphone 0,1-0,2mg/kg IM
c) Midazolam 0,07-0,22mg/kg / Oxymorphone 0,1-0,2mg/kg / Glycopyrrolate
0,01mg/kg IM
d) Acépromazine 0,1mg/kg / Butorphanol 0,2-0,4mg/kg / Glycopyrrolate 0,01mg/kg IM
Si réponse a), mettre dessin #1 et passer à la suite...
Si réponse b), mettre dessin #2 et passer à la suite...
Si réponse c) ou d), mettre dessin #3 et passer à la suite...
Nous privilégions pour notre part la combinaison acépromazine/butorphanol. Évidemment,
comme mentionné dans les considérations particulières, le glycopyrrolate est contre-indiqué dans les cas
de PDA, augmentant la fréquence cardiaque, la magnitude du shunt et le travail du myocarde (déjà
fortement sollicité à cause du shunt).
Comme tranquillisant, l’acépromazine est le meilleur choix. On doit privilégier un bon effet anxiolytique de
façon à éviter une augmentation des catécholamines circulantes, celles-ci pouvant causer des
dysrythmies cardiaques par leur effet sur les récepteurs adrénergiques du cœur. L’acépromazine remplit
ce mandat de façon fort adéquate. Il faut aussi mentionner que l’ACP a un effet antiarythmique
intrinsèque, par son action sur les récepteurs 2 cardiaques. De plus l’acépromazine potentialise l’effet
des autres agents utilisés, réduisant donc les doses à utiliser et de ce fait les effets cardiaques anticipés
de ces drogues. Finalement, c’est un agent hypotenseur (vasodilatation périphérique) qui aidera à
diminuer la magnitude du shunt, le rendant par le fait même plus facile à ligaturer. Cette hypotension n’a
que peu de conséquences pour notre animal puisqu’à ce stade les changements hémodynamiques et
cardiaques sont minimes. Par contre, si cela avait été le cas ou si notre patient avait été anémique, cette
drogue aurait été à éviter. Règle générale, les patients présentés pour la ligature du PDA sont
asymptômatiques et les changements cardiaques sont peu marqués à absents.
Pour l’analgésie et un complément à la tranquillisation, les opioïdes sont indiqués. Autant les
agonistes  /agoniste  (oxymorphone) que les antagonistes  /agonistes  (butorphanol) sont
dépresseurs respiratoires, mais l’animal va éventuellement être mis sous ventilateur. Notre prédilection
pour le butorphanol va peut-être en étonner plus d’un étant donné son pouvoir analgésique moindre et sa
durée d’action inférieure comparativement à l’oxymorphone. Cependant, il faut tenir compte du fait que
nous utiliserons une méthode alternative d’analgésie post-opératoire (discutée dans la rubrique
´†analgésie†ª) , qui viendra s’additionner à l’effet de notre opioïde et ceci nous rend confiants que
l’analgésie que procure le butorphanol sera suffisante. Puisqu’aucune côte ne sera coupée dans
l’approche chirurgicale, la manipulation chirurgicale la plus douloureuse sera l’incision de la plèvre
pariétale, et le butorphanol amène une analgésie adéquate pour cette douleur. Il faut aussi savoir que la
chirurgie comme telle dure rarement plus d’une heure, et la durée d’action de notre butorphanol en
prémédication peut durer de 1 à 2 heures, ce qui est amplement correct. Maintenant, à ceux qui
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demanderont ´†pourquoi pas l’oxymorphone?†ª, nous répondons que l’oxymorphone a des effets
cardio-vasculaires plus importants que le butorphanol, notamment une bradycardie plus marquée qui sera
significative en post-op.
Le midazolam peut amener une sédation et n’a que très peu d’effets sur le système
cardio-vasculaire, puisqu’il est hydrosoluble et n’a donc pas besoin du propylène glycol comme véhiculant.
Nous ne le considérons pas pour la prémédication de ce cas parce qu’il ne présente pas d’avantages sur
l’acépromazine comme tranquillisant et même il pourrait amener de l’excitation chez notre patient. On
considère généralement que le midazolam est un excellent sédatif chez les patients abattus ou débilités,
mais chez un patient en forme comme la plupart des chiots avec PDA cela provoque souvent de
l’excitation, par suppression des comportements acquis, et la combinaison oxymorphone / midazolam est
souvent explosive pour rendre un patient non coopératif. Il est donc préférable d’éviter cette drogue, pour
ne pas risquer d’augmenter le taux de catécholamines circulantes. Si nous sommes en présence d’un
patient à risque de convulser et qu’une benzodiazépine est alors essentielle, nous recommandons
d’administrer le midazolam (jamais le diazépam, à cause des effets cardio-vasc. du propylène glycol) à
l’induction.
3.2 Induction
Question: Maintenant, quelle(s) drogue(s) utiliseriez-vous pour induire l’anesthésie générale ?
a) Thiopental sodique 10mg/kg IV
b) Agents Inhalants, au masque (5%)
c) Propofol 4mg/kg IV
d) Kétamine 5mg/kg / Diazépam 0,25mg/kg IV
Si réponse a), ou c),mettre dessin #1 puis passer à la suite...
Si réponse b), mettre dessin #2 puis passer à la suite...
Si réponse d), mettre dessin #3 puis passer à la suite...
Comme pour la plupart des anesthésies, un cathéter intraveineux est essentiel pour l’induction,
autant pour avoir une voie ouverte en cas d’urgence que pour administrer des fluides. D’autant plus pour
une ligature de PDA o? nous aurons plusieurs drogues à administrer par voie intraveineuse lors de la
chirurgie!
Il faudra aussi penser à préoxygéner notre patient, à moins qu'il tolère mal le masque et que du
stress s'ensuive (toujours ces catécholamines!).
Pour notre part, nous optons pour le thiopental. Nous ne sommes pas en présence d’une maladie
cardiaque sévère o? le cœur arrive à peine à maintenir une normotension. Il n’y a donc aucun problème à
faire face à l’hypotension initiale souvent observée avec le thiopental. Le thiopental diminue la
post-charge, ce qui est encore une fois positif pour diminuer la magnitude du shunt. Le thiopental
augmente toutefois la fréquence cardiaque ainsi que la consommation d’oxygène par le myocarde, mais
ces effets sont négligeables étant donné la nature peu sévère des changements hémodynamiques et
cardiaques amenés par le PDA ainsi que la très courte durée d’action des thiobarbituriques. Il faut
toutefois garder en tête que des arythmies ventriculaires sont possibles avec l’utilisation du thiopental.
Le propofol pourrait être une bonne alternative. Il présente sensiblement les mêmes effets
cardio-vasculaires que le thiopental et possède une durée d’action encore plus courte. Il sensibilise aussi
le myocarde à des arythmies induites par les cathécolamines. Cependant, le risque de myoclonies et son
coût plus élevé d’utilisation le rendent moins avantageux à utiliser que le thiopental (sur lequel il n’a que
l’avantage d’avoir une durée d’action plus courte au point de vue cardio-vasculaire) pour les persistances
du ductus arteriosus.
Les agents inhalants au masque peuvent être utilisés pour induire l’anesthésie, mais on pourra
noter plusieurs points négatifs. Il est évident que d’utiliser le masque pour endormir notre patient enlève
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une drogue et ses effets cardio-vasculaires indésirés. Il faut toutefois se rappeler que les agent volatils
tels l’isoflurane et l’halothane ne sont pas dépourvus d’effets cardio-vasculaires même si ceux-ci sont
peu importants aux concentrations utilisées habituellement, et qu’il faudra les utiliser à un pourcentage
beaucoup plus élevé qu’à la normale, augmentant donc ces effets. L’intervalle de temps pendant lequel
nous n’aurons pas le contrôle des voies respiratoires sera aussi prolongé, ce qui est plutôt inquiétant. De
plus, l’animal pourrait être stressé par son masque tel que mentionné plus haut. Finalement, cette
méthode d’induction augmente définitivement la pollution atmosphérique et pourrait avoir des effets sur la
santé du personnel.
Note de l'anesthésiste: la kétamine est contre-indiquée dans la plupart des maladies cardiaques à cause
de ses effets majeurs sur l'hémodynamique (augmentation de la fréquence, du débit cardiaque et de la
pression sanguine). De plus, le propylène glycol qui sert de véhiculant pour le diazépam peut avoir un
impact important sur le système cardio-vasculaire, dont entre autres une hypotension marquée.
3.3 Maintien
Question: Quelle(s) drogue(s) utiliseriez-vous pour maintenir l’anesthésie générale au niveau
souhaité, avec des paramètres cardio-vasculaires normaux, et faciliter le travail du chirurgien?
a)Isoflurane
b)Halothane
c)Atracurium (100-200 mcg/kg)
d)Vécuronium
e)Nitroprusside (perfusion)
f)Glycopyrrolate (0,01 mg/kg)
g)Passer à la suite
Si réponse a), c), d),et e) mettre dessin #1 puis retourner à la question;
Si réponse b), f), mettre dessin #2 puis retiurnerà la question;
Si réponse g) passer à la suite.
Isoflurane: L’isoflurane est un excellent anesthésique volatil qui est souvent utilisé à toutes les sauces.
Il diminue le travail du myocarde et par le fait même ses besoins en oxygène. Il diminue davantage la
post-charge que l’halothane. Ce serait donc notre choix pour le maintien de l’anesthésie générale.
Halothane: l’halothane ne serait pas nécessairement un mauvais choix pour l’anesthésie d’un PDA mais
puisqu’il diminue plus le débit cardiaque que l’isoflurane, qu’il sensibilise le myocarde aux
cathécholamines circulantes et qu’il a un effet bénéfique moindre que l’isoflurane sur la post-charge, nous
ne pouvons que recommander l’isoflurane lorsqu’il est disponible.
Atracurium / Vécuronium: Ces produits sont des myorelaxants qui peuvent être donnés avant l’ouverture
du thorax. Ils inhibent la respiration volontaire, ce qui facilite la vie du chirugien et diminuera les
manipulations erratiques près du cœur qui, comme mentionné plus haut, induisent des arythmies
cardiaques. Ils durent de 10 à 20 minutes, ce qui est la plupart du temps, amplement suffisant. Si nous
n’avons plus besoin de cet effet paralysant, il nous est toujours possible d’utiliser la néostigmine ou
l’edrophonium comme antagonistes. L’atracurium et le vécuronium ont des effets cardio-vasculaires
négligeables. Par contre, les 2 antagonistes peuvent causer une bradycardie par stimulation vagale, ce
qui justifie donc la préparation d’une dose de glycopyrrolate si le besoin se fait sentir (effets additifs de la
bradycardie réflexe et de la bradycardie pharmacologique due aux antagonistes...).
Nitroprusside ou nitroglycérine: Ces deux produits sont utilisés en perfusion (drip), démarrée un peu avant
et se poursuivant après la ligature du shunt. Ils sont des vasodilatateurs, ils diminuent donc la magnitude
du shunt en diminuant la post-charge mais surtout diminuent le risque de bradycardie réflexe. En effet,
puisque ces deux produits agissent directement au niveau de la pression sanguine, sur la tension
veineuse et artérielle, ils sont un traitement plus logique de la bradycardie réflexe (due à l’augmentation
de la pression vasculaire) que le glycopyrrolate (qui agit comme inotrope positif par ses effets
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vagolytiques). Il est à noter que le nitroprusside est plus efficace que la nitroglycérine parce qu’il est un
vasodilatateur artériel plutôt que veineux.
Glycopyrrolate: il faut en avoir une dose prête sous la main pour contrer les effets d’une stimulation vagale
directe (manipulation chirurgicale) ou pharmacologique (edrophonium, néostigmine). Certains auteurs le
proposent également comme traitement de la bradycardie réflexe, mais comme vous venez de le lire au
paragraphe précédent, ce n’est qu’un traitement symptomatique, il ne s’attaque pas directement à la
cause de la bradycardie contrairement au nitroprusside et à la nitroglycérine. Cependant, rappelez-vous
que si vous choisissez d’utiliser un anticholinergique, le glycopyrrolate a beaucoup moins d’effets
cardio-vasculaires que l’atropine.
Note de l’anesthésiste: il est très important que l’anesthésiste fasse une superinflation des poumons avant
la fermeture du thorax pour diminuer le pneumothorax et il est préférable de demander au chirurgien
d’installer une valve de hemlich.
3.4 Surveillance
Pour la surveillance anesthésique, nous suggérons les outils suivants. Veuillez prendre note
cependant que cette liste est exhaustive et qu’une anesthésie pour un PDA peut très bien se faire sans
tous ces appareils (ceux qui sont facultatifs sont marqués d’un astérisque).
VENTILATEUR: celui-là est essentiel; l’ouverture du thorax (créant un pneumothorax) et l’utilisation de la
curarisation rendent la respiration volontaire impossible. Il doit être ajusté à 15 à 20 ventilations par
minute, à un volume tidal de 14 mL/kg. Si un ventilateur n'est pas disponible, il est toujours possible de
ventiler manuellement l'animal avec le ballon-réservoir.
*Pression veineuse centrale (la pression est capitale lors de notre chirurgie, mais nous pouvons déduire la
pression veineuse autrement)
*Gaz sanguins: pour évaluer le travail de notre ventilateur. Très rassurant lors des maladies cardiaques.
*Ligne artérielle: la pression artérielle nous donne une bonne idée de la post -charge, mais le mécanisme
suivant est aussi un bon moyen d’y arriver, bien que moins précis...
Doppler et sphigmomanomètre: c’est le minimum qu’on peut avoir. Il faut pouvoir monitorer la pression
artérielle et la fréquence cardiaque tout au long de la chirurgie.
Température (rectale ou oesophagienne): également obligatoire, puisque nous avons affaire à des
patients pédiatriques ou presque et qui sont souvent “ radetisés ”. Ils auront donc un rapport surface:poids
corporel plus grand et cela amènera une perte plus grande de chaleur corporelle. Ils ont aussi moins de
gras pour leur servir d’isolant.
Électrocardiogramme: très utile parce qu’il nous permettra de déceler les arythmies dès leur apparition et
nous permettra de traiter en conséquence.
*Production urinaire: ordinairement obligatoire lors de maladie cardiaque sévère pour monitorer la
perfusion du rein, elle n’est pas vraiment indiquée dans ce cas o? la chirugie ne durera plus qu’une heure
et o? la maladie cardiaque n’amène que très peu de changements pour la perfusion des organes.
3.5 Fluidothérapie
Du lactate de ringer à 10 mL/kg/hre est adéquat. Encore une fois, un PDA est une maladie
cardiaque très peu sévère lorsque le shunt peu être ligaturé et nous n’avons pas à nous préoccuper des
ions et de leurs effets sur la pression sanguine.
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3.6 Antibiothérapie
Cette chirurgie dure moins qu’une heure et dans des conditions idéales, l’antibioprophylactie
pourrait être controversée. Nous recommandons tout de même l’utilisation de céphalosporines
(ex:ANCEF (R)) à un dosage de 22-30 mg/kg.
3.7 Analgésie
Butorphanol (ou oxymorphone, selon celui que vous avez utilisé pour la prémédication) au besoin, même
dose que pour la prémédication.
Bupivacaïne 0,5% 1,4 à 2,1 mg/kg intra pleural, injecté via le drain de la valve de hemlich. Le chien doit
être gardé sur le dos pour 5 à 10 minutes suivant l’injection de l’anesthésique local, pour assurer sa
bonne diffusion sur la racine des nerfs.
3.8 Conclusion et résumé
Il est important de comprendre qu’en anesthésiologie il n’existe pas de recette miracle et que
vous avez avantage à modifier votre protocole selon l’état et l’attitude de votre patient. La chirurgie de
ligature d’un PDA est élective et vous permet d’aller chercher toute l’information dont vous avez besoin
pour établir un protocole d’anesthésie sans risque pour votre patient. Il est important de tenir compte des
caractéristiques de notre patient (pédiatrique) et de la chirurgie (thorax ouvert, bradycardie et hémorragie
possibles).
3.9 Bibliographie
Bedford, Small animal anesthesia-the increased risk patient, 1991
Ettinger et Feldman, Textbook of veterinary internal medecine, 4e édition, vol 1 et 2, 1995
Lumb et Jones, Veterinary anesthesia, 3e édition, 1996
Muir et Hubbell, Handbook of veterinary anesthesia, 2e édition, 1995
Slatter, Textbook of small animal surgery, 2e édition, vol 1 et 2, 1993
Blais et Cuvelliez, Notes de cours d’anesthésiologie, 1996
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