ÉNONCÉ DE PRINCIPE DE L'APC
Programme-cadre de formation des résidents en psychiatrie sur l'alcoolisme et la toxicomanie
Nady el-Guebaly, MD, FRCPC1, Yvon Garneau, MD, FRCPC2
Cet énoncé de principe, préparé par la Section de toxicomanie en collaboration avec la
Commission d'éducation, a été approuvé le 25 mars, 1996, par le Conseil d'administration de
I'Association des psychiatres du Canada.
I. OBJECTIFS GÉNÉRAUX
En Amérique du Nord, on estime qu'une personne sur 7 abuse d'alcool ou en est dépendante, et
qu'une personne sur vingt abuse d'autres drogues ou en est dépendante (1). Les répercussions
de la consommation abusive d'alcool et d'autres drogues sur la morbidité, la mortalité et
l'économie sont énormes. Pourtant, aux États-Unis, moins de 25 % des personnes présentant
des troubles de toxicomanie déclarent recourir à des soins (2). À titre de phénomène
biopsychosocial, la consommation abusive représente un défi particulier pour le psychiatre,
dont la formation, le point de vue et la compétence doivent être éclectiques (3). En Amérique du
Nord, on voit des améliorations au niveau de la quantité et de la qualité de la formation dans ce
domaine, mais celle-ci ne se compare pas encore à la formation pour des problèmes cliniques de
prévalence semblable (4).
En 1985, l'American Psychiatrie Association (APA) a élaboré un manuel de référence pour
l'intégration d'une formation adéquate sur l'abus de l'alcool et des drogues dans les
programmes de résidence en psychiatrie. Ce manuel a été utilisé comme notre source principal
pour l'élaboration du programme-cadre de formation proposé dans cette article (5) ; la
bibliographie du manuel de l' APA a du être mise à jour parce qu'un certain nombre de
nouveaux livres sont désormais disponibles (6-10). La dernière déclaration de principes de
l'association américaine, en 1994, était axée sur le besoin d'une meilleure formation en matière
de traitement des patients qui présentent des troubles de toxicomanie conjointement avec
d'autres troubles psychiatriques (11).
Au Canada, en 1989, un congrès national sur l'enseignement médical et sur le rôle que celui-ci
joue dans la prévention des problèmes d'alcoolisme a servi de catalyseur aux efforts jusque-là
dispersés des médecins à ce chapitre (12). L'année suivante, le Collège Royal des Médecins et
Chirurgiens du Canada énonçait le rôle et les responsabilités de la profession médicale dans ce
domaine (13). La section de toxicomanie de l'Association des psychiatres du Canada (APC) a
également tenté de souligner et de délimiter le rôle du psychiatre (14).
Un programme-cadre de formation sur l'alcoolisme et la toxicomanie pour les résidents en
psychiatrie est proposé en vue de :
améliorer les connaissances, compétences et attitudes des psychiatres à l'égard des
troubles de toxicomanie à un niveau comparable aux autres troubles mentaux ;
assurer une meilleure évaluation et un meilleur traitement des personnes qui abusent
d'alcool ou d'autre drogues ;
favoriser une meilleure connaissance de l'effet de la toxicomanie comorbide sur le
traitement et l'évolution d'autres états physiques et psychiatriques ;
prévenir la marginalisation et la « démédicalisation » excessive des services cliniques
pour toxicomanes ;
assurer une meilleure connaissance chez les psychiatres de la gamme des ressources
disponibles et des services offerts aux alcooliques et toxicomanes ; et
stimuler la sous-spécialisation en alcoolisme et toxicomanie d'un plus grand nombre de
psychiatres afin de développer les services cliniques, l'enseignement et la recherche
dans ce domaine.
II. OBJECTIFS SPÉCIFIQUES DE FORMATION
A. Connaissances
Le résident doit acquérir des connaissances sur les notions suivantes :
1. Notions générales
a. perspective historique sur l'approche de la consommation et de l'abus d'alcool
et des autres drogues
b. la consommation et l'abus d'alcool et d'autres drogues dans un contexte
biopsychosocial
c. la notion de maladie et autres modèles
d. les définitions de la dépendance
e. évolution naturelle et étiologie
2. Sciences fondamentales
a. pharmacologie
récepteurs, renforcement, tolérance et dépendance (par exemple,
études des endorphines et des membranes)
pharmacologie humaine, pharmacocinétique et interaction
médicamenteuse
b. neurochimie, neurophysiologie, imagerie cérébrale (par exemple, P300)
c. toxicologie
d. génétique
population
moléculaire
e. sciences du comportement
psychologie du comportement
psychodynamique
systèmes familiaux
facteurs socioculturels
3. Épidémiologie et démographie
a. incidence et prévalence de la consommation au sein de groupes démographiques
donnés : les jeunes, les personnes âgées, les femmes
b. les facteurs de risque
4. Prévention
a. modèles et efficacité de la prévention
b. prévention des troubles iatrogéniques
traitement de la douleur chronique
traitement de l'insomnie, de l'anxiété chronique
c. reconnaissance des populations, des situations et des modes de vie à risque
élevé
d. connaissance des ressources de santé communautaires et participation à la
promotion de la santé
5. Aspects juridiques
a. connaissance du programme fédéral des substances contrôlées
b. tests de dépistage (par exemple, sang, urine, ivressomètre, salive)
c. responsabilités civile et criminelle associées à l'alcool et aux autres drogues
d. confidentialité et dangerosité
B. Compétences
Le résident doit devenir compétent dans les domaines suivants :
1. Évaluation médicale
Une évaluation complète du patient qui comprend :
les antécédents d'alcool et d'autres drogues
les antécédents familiaux de maladie psychiatrique et d'abus d'alcool ou
d'autres drogues
une anamnèse physique et psychiatrique
un examen physique
les traitements précédents pour abus d'alcool et d'autres drogues
un examen de l'état mental
l'interprétation des tests de laboratoire
l'interprétation des tests neuropsychologiques
l'intégration des conséquences néfastes de la toxicomanie sur les domaines du
fonctionnement personnel, social et économique
le recours approprié aux autres professionnels
2. Diagnostic et diagnostic différentiel
a. diagnostic de troubles reliés à la consommation d'alcool et d'autres drogues
b. complications psychiatriques des troubles reliés à la consommation d'alcool et
d'autres drogues
c. diagnostic multiple (états physiques et psychiatriques coexistants)
d. les critères diagnostiques du DSM et de la CIM
e. une analyse de cas et un plan de traitement personnalisés
3. Techniques d'intervention
a. techniques d'intervention et de confrontation
évaluation du potentiel de dangerosité envers soi et les autres
formation d'une alliance thérapeutique
motivation du patient pour son traitement et sa réadaptation
stratégies d'intervention avec la famille et l'entourage
b. processus de référence et d'orientation :
ressources :
organismes communautaires
groupes d'entraide
méthodes :
choix de l'orientation
exécution de l'orientation
suivi de l'orientation
4. Évaluation des complications médicales et psychiatriques
a. effets de l'alcool et des autres drogues sur le foetus et le nouveau-
b. traumatisme
c. pathologie chronique associée aux effets toxiques de l'alcool et des autres
drogues
d. évaluation de la dangerosité et de la violence
e. influence sur la famille, le travail et la vie sociale
5. Traitement
a. traitement actif
intoxication
sevrage
surdose
réactions toxiques, y compris l'interaction de différentes drogues
b. traitement à long terme
établissement d'une relation thérapeutique à long terme
modalités de traitement et résultats prévus (programmes d'entretien)
pharmacothérapie des principaux états reliés à l'abus d'alcool et des
autres drogues
psychothérapie du patient toxicomane
prévention des rechutes
participation à une équipe interdisciplinaire
c. traitement biopsychosocial actif et à long terme des comorbidités
l'effet de l'abus d'alcool et des autres drogues sur le cours de la
schizophrénie, des troubles de l'humeur, de l'anxiété et de la
personnalité, et sur les traitements simultanés.
C. Attitudes
Les résidents doivent acquérir :
une compréhension des responsabilités professionnelles du médecin
face aux personnes alcooliques ou toxicomanes ;
une approche exempte de jugement moral à l'égard des patients
toxicomanes ;
un certain réalisme au sujet de l'alcoolisme et de la toxicomanie en tant
que maladies chroniques ;
un optimisme de bon aloi à l'égard du potentiel personnel du patient ;
la capacité de démontrer de la compassion, de l'empathie et de la
compréhension ;
la capacité d'accepter que l'alcoolique ou le toxicomane mérite des
soins médicaux ; et
la capacité de reconnaître la maladie chez un patient ou un collègue.
III. PROGRAMME RECOMMANDÉ
A. Cours d'introduction et séminaires didactiques
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