Service de Coopération et d’Action Culturelle
Institut Français, rue de Damas, Beyrouth
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publique en 1916, accusés de haute trahison. De 1914 à 1920, du fait de la répression, peu de titres
paraissent au Liban : 90% de la presse libanaise est éditée à l’étranger pendant la Première Guerre
mondiale.
À cette presse implantée dans l’espace qui va devenir plus tard le Liban, il faut ajouter la
multiplication des publications outre-mer, en lien avec la constitution d’importantes diasporas
libanaises à partir des années 1860-1870.
La prise en compte de cette période doit permettre de mettre en exergue le combat nationaliste porté
par le biais de la presse contre la présence ottomane et les conséquences qui en ont découlé en termes
de persécution à l’intérieur du Mont-Liban. L’opposition s’organise depuis l’extérieur. Il serait à ce
titre très intéressant d’inclure dans cette étude la presse libanaise de la diaspora (Égypte en premier
lieu, mais aussi l’Amérique latine, Amérique du Nord, l’Europe, notamment la France). À ce moment,
ces organes de presse, fondés par des hommes de lettres qui maintiennent encore des liens très étroits
avec leur patrie d’origine, sont très mobilisés dans ce combat.
Médias et opinion publique sous le mandat français : 1920-1943
La presse demeure le média quasi-exclusif pendant cette période. Cependant, c’est à cette époque que
les autorités françaises créent la station de radio « Radio Orient », le 3 septembre 1938. Les
programmes sont essentiellement culturels et politiques. Elle passe sous le contrôle de l’État après
l’indépendance et devient « Radio Liban » en 1946.
Le retour des journalistes après la Première Guerre mondiale relance la presse libanaise. Elle
s’organise pour défendre ses droits avec la fondation du premier syndicat de la presse (1919) et du
syndicat des propriétaires de journaux (1932). Cependant, certains éléments de la loi ottomane sur la
presse restent en vigueur jusqu’en 1924, date à laquelle les autorités françaises établissent une
nouvelle loi, appliquée aux pays placés sous leur contrôle. Selon cette loi, le directeur de publication
doit avoir un casier judiciaire vierge, savoir lire et écrire la langue maternelle du journal et déposer
une caution de 500 livres syriennes. De même, le vendeur ambulant chargé de vendre les exemplaires
du journal dans la rue doit à son tour obtenir une autorisation et il lui est interdit de crier les
informations importantes en vue d’attirer le public. Un décret de 1926 impose l’autorisation préalable
et rend le directeur et l’imprimeur co-responsables de toute infraction commise. Une bonne partie des
titres de presse naît entre les deux guerres mondiales dans les conditions que nous venons de décrire
.
L’étude de cette période du mandat français, et tout particulièrement de la montée du nationalisme
libanais, est un des points focaux de cette leçon. Elle permet aisément de montrer le rôle que joue la
presse d’opinion qui s’affirme alors dans les processus de structuration et de mobilisation d’une
opinion publique libanaise. Il s’agit de montrer qu’à travers l’affirmation d’une véritable presse
d’opinion, la société civile libanaise devient un acteur de plus en plus important de la vie politique et
sociale du territoire sous mandat.
En effet, la presse libanaise se lance activement dans la lutte politique et nationaliste, en particulier à
partir des années 1930. Les négociations menées en 1936 entre la France et ses mandats du Levant
confirment un processus d’indépendance séparée de la Syrie et du Liban. Ce moment peut être pris
al-Hurriyya (La Liberté, 1918), qui devint par la suite l’organe des nationalistes arabes, al-Dabbūr (Le Frelon, 1923),
hebdomadaire satirique de Yūsif Mkarzel, al-Nahār (le Jour, 1933) fondé par Ğibrān Twaynī, al-ʿAmal (Le Travail, en
1938), hebdomadaire puis quotidien porte-parole des Katā’ib (les Phalanges), composé surtout des chrétiens maronites,
al-Hadaf (Le But, fondé en 1942 par Saʿīd Frayha), organe du parti al-Nağğāda, composé en majorité de musulmans
sunnites, al-Sayyad (Le Chasseur, fondé en 1943), hebdomadaire politique et satirique, devenu, par la suite, une entreprise
de presse puissante possédant plusieurs publications à vocation politique et récréative, dont la plus célèbre était le
quotidien du même nom (1959).