1. LE RENFORCEMENT MUSCULAIRE SPECIFIQUE
Synthèse de l’intervention de J. DUCHATEAU lors de l’EURATHLON 95
Cahiers de l’INSEP N°21
La musculation spécifique trouve sa place en fin de planification d’un programme de
musculation, après les cycles de musculation générale de type foncier et de musculation
multiforme orientée au cours duquel on s’oriente progressivement vers le geste de la
discipline sportive. La recherche de la force dans le mouvement de compétition
constitue l’objectif majeur avec une attention particulière à la vitesse d’exécution.
La spécificité du travail sera alors l’élément clé de l’efficacité de cette phase ultime de
la préparation.
Voici en quels termes comment cette spécificité devrait s’exprimer :
- spécificité du mouvement ou de la posture : travail alternatif ou simultané des
segments, angles dans lesquels la force doit être exprimée afin de faire
fonctionner au mieux les coordinations et les synergies musculaires,
- spécificité en fonction du régime de contraction : les différents types de
contractions musculaires sont à prendre en compte : isométrique, concentrique,
excentrique. Dans la plupart des activités, on rencontre des situations où une
contraction concentrique est précédée d’une contraction excentrique. Il est donc
intéressant de connaître les apports respectifs du travail concentrique et
excentrique dans le cadre de la préparation spécifique. Des travaux ont mis en
évidence que l’entraînement concentrique provoque une augmentation de la force
dès le début du programme d’entraînement pour ensuite plafonner très
progressivement. Au contraire, l’entraînement excentrique induit une diminution
initiale de la force (probablement suite à des micro-déchirues provoquées par ce
travail) pour ensuite engendrer des améliorations régulières dans la deuxième
partie du programme. A la fin d’un programme de 8 semaines, les gains en
excentrique sont en principe supérieurs, mais il apparaît une plus grande raideur
musculaire.
- spécificité en fonction de la charge : si la vitesse n’est pas prise en compte, on
distingue en gros 2 zones d’entraînement : les charges comprises entre 25% et
50% de la résistance maximale (RM) servent principalement au développement de
l’endurance musculaire. Les adaptations mises en place sont d’ordre métabolique.
Les charges comprises entre 60% et 100% de 1 RM servent le développement de
la force. Les adaptations mises en place sont d’ordre nerveux puis structural
(hypertrophie). Si les charges sont mobilisées à vitesse maximale, la force
s’installe plus rapidement après un travail explosif mais le gain en force maximale
est limité. Avec des charges lourdes (70% à 100%) la vitesse de mise en tension
n’est pas modifiée tandis que la force maximale augmente de façon plus
conséquente.
- spécificité par rapport a la vitesse : les gains de force sont spécifiques des
vitesses d’entraînement, notamment en raison des adaptations de l’activité
nerveuse.